
Valentin m’allonge sur le lit, s’assied sur le fauteuil, penche la tête pour mieux regarder le tableau que je lui offre, semble réfléchir, se relève, me couvre le visage, les épaules, la poitrine, le ventre, les bras de baisers pudiques et légers. Il pose ma main gauche sur ma culotte, écarte un peu plus mes jambes avant de se rasseoir et de me regarder.
– Par quelle tenue vais-je commencer ?
Devant la commode, Valentin ouvre un tiroir, en sort une robe, se retourne comme pour vérifier, me regarde, se ravise, range la robe dans son tiroir, ouvre un autre tiroir, recommence son manège. Dès le deuxième tiroir ouvert, profitant qu’il me tournait le dos, j’ai glissé ma main dans ma culotte et me caresse doucement comme s’il ne pouvait pas le remarquer.
Quand il se retourne, il s’en aperçoit immédiatement, ses yeux s’écarquillent, un sourire irrésistible naît sur ses lèvres, il porte sa main à son sexe par-dessus sa culotte Barbie, mais se ravise pour ne pas froisser la robe qu’il tient entre ses doigts. Il revient vers moi, me relève en me grondant.
– Mais où tu as mis ta main, vilaine ?! Regarde-moi ça, elle est toute… sale !
Il dit ce dernier mot avec une telle excitation dans la voix que mon corps s’enflamme comme une omelette norvégienne qui n’attendait que la flamme d’une allumette pour s’embraser et quand il entreprend de lécher, de sucer mes doigts pour les nettoyer, je vacille comme enivrée.
Valentin m’habille de cette robe près du corps, avant de remonter la fermeture-Éclair, il replace correctement mes seins dans la robe, j’aime sentir le tremblement de ses mains, ses caresses encore hésitantes, j’aime tout autant sentir son souffle sur mes épaules, entendre ses petits cris contenus, sentir la chaleur de son corps sur mon dos. Je me cambre pour sentir son sexe raide de désir et me frotter contre lui. La fermeture-Éclair remontée, il retourne à son fauteuil, me regarde, sa main serrée sur ses bourses. Il se relève, m’installe sur le lit, se rassied, se touche un peu plus longtemps avant de me déshabiller et d’aller choisir une autre robe.
Je n’ai jamais vécu une expérience aussi paradoxale, elle a débuté comme une mauvaise blague, cependant, en voulant ne pas peiner Valentin, en acceptant de jouer à la poupée, me voici emportée dans son fantasme, s’il m’autorisait à parler, je pourrais le supplier de me faire l’amour. Ai-je déjà désiré un homme aussi fort que je désire Valentin ? Il est fort probable que oui, mais à cet instant précis, je veux croire que non.
La quatrième robe remisée dans son tiroir, Valentin décide qu’il est temps de m’habiller avec une robe plus sensuelle, il la sort de son tiroir, se retourne, me regarde et me demande d’ôter ma culotte « trop enfantine ». Je m’exécute.
– Mais qu’est-ce que c’est que ces poils ? Il va falloir épiler tout ça !
– NON !
Ma voix est rauque de m’être tue si longtemps, elle produit un effet inattendu sur Valentin. Il range la robe qu’il s’apprêtait à me mettre, ouvre sa valise, en sort une tenue que j’ai du mal à distinguer. Quand il est près de moi, je réalise que c’est un corset en faux cuir noir. En le laçant, Valentin m’explique qu’il l’a cousu à mes mensurations, comme toutes les autres tenues, mais qu’il n’avait pas osé imaginer m’en revêtir.
Pour la première fois, Valentin se colle ouvertement contre mon dos, me caresse les seins, sa main descend jusque mon pubis, nos petits cris sont à l’unisson. « Que tu es belle, ma poupée, que tu es belle ! » puis, se ravisant, « Que vous êtes belle, Geneviève ! Admirez le spectacle ! » Il déplace le miroir afin que je puisse m’admirer en pied. Putain, c’est vrai que je suis belle comme ça ! Un genou à terre devant moi, Valentin me supplie.
– Prenez mon innocence, Geneviève, apprenez-moi l’amour !
Putain, le con ! Sa voix, ses mots, son regard… et tout le reste, j’ai un orgasme au bord des lèvres ! Je plaque son visage contre mon pubis et lui demande de goûter mon sexe. La douce timidité de sa langue me fait jouir très vite. J’ondule tout en tenant fermement sa tête contre moi et en l’enjoignant de me lécher encore. Puis je relâche mon étreinte, lui demande de se relever, de m’embrasser. Nos langues nous offrent un plaisir auquel Valentin ne s’attendait pas, alors je lui dis qu’il est temps d’ôter sa culotte. À mon tour, je le gronde.
– Qu’as-tu fais de tes poils, Valentin ?! Tu crois que c’est des manières pour me séduire ?! Tu as la chance que je sois bien gentille, sinon… Allez, allonge-toi sur le lit et enfile une capote pendant que je donne assez de lumière.
Il m’obéit. Son sexe épilé me met un peu mal à l’aise, néanmoins, je m’accroupis au-dessus de Valentin, tremblant d’excitation. Il joue bien son rôle, quand même !
– Garde les yeux bien ouverts, je veux voir ton regard quand je te déflo… quand je prendrai ton innocence !
Je m’empale lentement sur lui. Valentin murmure des mots que je n’entends pas. Il veut jouer au puceau déniaisé par une amante experte, soit. Je décide de me mouler dans le rôle qu’il m’a attribué en lui faisant l’amour comme j’imagine qu’aurait pu le faire une professionnelle dévolue à cette fonction, une professionnelle consciencieuse, attentive au plaisir de son jeune client.
En quelques mots, je lui indique comment faire, ce qui me plaît, et par voie de conséquence, ce qui plaît aux femmes. Son regard, entre extrême attention et découverte, participe au plaisir que je prends à ce scénario, Valentin est certainement le meilleur acteur qu’il m’ait été donné de rencontrer.
– Oui, comme ça… quand tes mains remontent le long de mon dos… oui, c’est bon… Ne retiens pas tes cris, ne les retiens pas… Ta bouche, Valentin, appelle les baisers !
Je me penche vers son visage, nos gémissements de plaisir rebondissent dans nos bouches réunies donnant une sensualité incroyable à la danse lascive de nos langues emmêlées. Ses mains deviennent folles, en posant les miennes dessus, je l’enjoins à agripper mes hanches et à marquer la cadence de mes va-et-vient. Il arrache sa bouche de la mienne.
– Je vais jouir, Geneviève, je vais… je vais jouir !
D’un geste, dont la rapidité m’étonne moi-même, je saisis la base de son sexe et maintiens fermement le préservatif. Valentin et moi ne nous quittons pas des yeux, la lumière de son regard est sublime. Et son cri…! Un râle qui me fait l’effet d’un coup de fouet d’une cinglante douceur. Je trouve que Valentin surjoue un peu quand il me remercie comme il le fait.
Allongée à ses côtés, je retire la capote, la noue et change de position pour me pencher sur son sexe. L’absence de poils m’est vraiment désagréable.
– J’ai envie de découvrir un plaisir en même temps que toi, tu veux bien ?
Puisque Valentin est d’accord, je lèche son sexe flapi et me délecte de son sperme.
– Je voulais connaître le goût de ton sexe après l’amour.
– M’autorisez-vous à découvrir celui du vôtre, Geneviève ?
– Au point où nous en sommes, je préfère que tu me tutoies !
Je ne saurais dire si ce sont mes baisers ou si c’est le goût de mon sexe, mais je sens que Valentin rebande. Quelle folie de sentir une bite toute molle et rétrécie, s’allonger et durcir dans ma bouche ! Une grande part du plaisir que je prends en découle.
Plus tard, lovée dans ses bras, je le branle doucement en écoutant ses confidences qui achèvent de me sidérer. Il aime mes caresses et voudrait me rendre la pareille, je lui apprends à me faire jouir avec ses doigts. L’orgasme qui me saisit alors me fait frôler la mort. Et ressusciter aussitôt.
Nous nous endormons en nous disant de jolis mots, je ne doute pas de la sincérité de l’amour qu’il dit éprouver pour moi à cet instant précis.
Geneviève Duval