Les confessions motorisées – Enzo ~ Amnésie

Depuis le départ de Lucas et Émilie, quand j’ai le cafard, je peux toujours compter sur Pauline, sur Manon et sur Vincent. Quand Pauline, ma Pauline remarque que je suis un peu triste, elle trouve un prétexte pour qu’on passe « de toute urgence » la soirée rue Basse avec Manon et Vincent. Je kiffe la regarder chercher une excuse, à chaque fois différente, alors qu’elle sait que je sais comment ça va se terminer.

Depuis hier, j’ai une autre raison de déprimer. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais en voulant faire un saut périlleux sur le trampoline dans le jardin de Daniel et Mireille, je suis mal tombé, je me suis cassé le poignet droit et en tentant de me relever, je suis retombé sur mon bras gauche, le radius a été fracturé à son tour. L’été est tellement pressé d’arriver qu’il est presque là, il fait une chaleur incroyable et j’ai les deux bras dans le plâtre !

J’en ai pour plusieurs semaines et avec tout ça, les gestes du quotidien comme manger, boire, faire ma toilette, etc. vont m’obliger à rester chez mes parents alors que je pensais passer mes jours et mes nuits avec Pauline et Manon.

Pauline est passée me voir à l’heure de la sieste. Pour me remonter le moral, elle m’a proposé de passer rue Basse pour regarder le diaporama de Manon. Je n’étais pas tenté.

– Non ?! Ne me dis pas que tu as encore oublié ! En plus de t’être cassé les deux bras, tu nous as encore attrapé l’amnésie ?!

Elle commençait à rougir. Je la regardais et putain, comme je l’aime ma Pauline, comme je l’aime ! Alors, j’ai joué le jeu qui nous plaît tant.

– Le diaporama ? Mais quel diaporama ? De quoi tu parles Pauline ? Le diaporama ? Le diaporama de Manon ? Non, je ne vois pas…

– C’est ce que je craignais ! Allez, suis-moi, on va rue Basse que Manon et Vincent te viennent en aide !

On entre dans la maison, Pauline salue Vincent « Bonjour, mon cousin ! », elle fait la bise à Manon et prend un air catastrophé.

– Ça y est, ça lui a repris…

– Non ?! Tu veux dire que…?

– Hé oui ! Il nous a encore attrapé l’amnésie ! Pose-lui la question du diaporama, si tu ne me crois pas, Manon !

– C’est vrai, Enzo ? Tu n’as aucun souvenir de ce fabuleux diaporama que j’avais fait ? Celui avec la musique et tout ?

– Mais de quel diaporama vous parlez, toutes les deux ? Tu l’as déjà vu, toi, Vincent ou elles se moquent de moi, ces deux femelles ?

– Gare à toi, mon garçon, si tu t’avises de m’appeler “femelle” !

Vincent me dit qu’on l’a déjà vu cent fois, ce diaporama, mais puisque j’ai encore l’amnésie, et qu’il est mon cousin et qu’il est bien brave, il veut bien le regarder à nouveau. À cause de la chaleur, les persiennes sont fermées, on est dans la pénombre, idéale dans cette situation. Je m’assieds entre Pauline et Manon. Vincent lance le diaporama qu’on visionnera en boucle, histoire que je ne l’oublie pas, et il s’assied à côté de Manon.

– Merde, je me suis trompé de fichier !

– C’est pas grave, Vincent, laisse-le tourner… de toute façon, le diaporama vient tout de suite après… Oh, mais à qui est cette énorme teub ?!

– Manon ! Soigne ton langage, on ne dit pas « énorme teub », on dit « cette magnifique verge au gland turgescent » !

– Tu as raison, Pauline, mais énorme teub ou magnifique verge au gland turgescent, je ne sais toujours pas à qui elle appartient… et… Regarde, on dirait qu’elle s’enfonce dans… comment dirais-tu, madame les bonnes manières ?

– Dans un étroit fourreau humide, bouillant de désir.

– Pas mal ! Alors à qui elle est ?

– À moi !

– Non content de nous faire les deux bras dans le plâtre, de nous faire l’amnésie, voilà qu’il nous fait la prétention !

– Mais non, Manon, je t’assure ! Vérifie si tu ne me crois pas !

Manon et Pauline me retirent mon pantalon. Je mets de la mauvaise volonté parce que ça les oblige à me toucher davantage et que je surkiffe la sensation de leurs mains qui courent sur mes jambes. Je bande comme un âne. Manon ne veut pas s’avouer vaincue.

– Mouais… peut-être… tu veux bien le sucer un peu, que je puisse voir si ça fait comme à l’écran ?

Les pipes de Pauline sont divines. Elle a moins d’assurance que Manon, mais elle est aussi gourmande. Je sais qu’elle aime s’appliquer quand elle me suce, qu’elle aime entendre mes cris, les conseils de Manon. Elle lui a demandé de la guider pour faire exactement comme sur les images qui défilent et qu’elle ne peut pas voir, puisqu’elle est occupée avec l’énorme verge du garçon Enzo.

Manon la guide. Sa voix a un joli sursaut. Je la regarde. Vincent est en train de la prendre en douceur. Manon lève les yeux vers moi et me roule une pelle. Je suis assis dans le canapé, les deux bras plâtrés, Pauline me suce, Manon m’embrasse, Vincent la baise « à la bonne franquette », les images de nos ébats passés défilent devant mes yeux. Je commence à aimer cet été à venir.

Les confessions motorisées – La confession d’Émilie (suite et fin)

– Je n’ai pas tenu plus de 30 secondes.

– Je veux bien imaginer que tu étais choquée, tu n’avais que 15 ans !

– Euh, non… “choquée” n’est pas le mot ! Je les ai presque suppliés de faire la même chose que ce que je voyais à l’écran. Pareil. Il a fallu que je me dessape, et que je commence à dessaper Andy pour qu’ils soient sûrs d’avoir bien compris. J’étais encore vierge et je voulais savoir lequel des trois était le plus expérimenté parce que je tenais à ce que mon dépucelage… pas besoin de te faire un dessin.

– Oh, c’est merveilleux d’apprendre que tu as hérité ça de moi ! Je suis sincèrement touchée, ravie !

– J’ai eu du mal, beaucoup de mal à m’expliquer, mais bon. Matt a été parfait. Ils ont été parfaits. Tous les trois. Et j’ai su dès ce moment que c’était ça, le sexe pour moi. Plein de mecs autour de moi. Pour moi. Quel pied ! Oh la la ! En plus, j’avais remarqué que si un keum me baisait, les autres avaient le temps de recharger leur batterie pendant… et que ça pouvait durer super longtemps…

– Euh… leur jeunesse y était pour beaucoup !

– Au bout d’un moment, Darlene est réveillée par mes cris. « Tout va bien ? » Le temps qu’elle arrive, elle réalise que oui, manifestement, tout va bien pour moi. Elle me trouve en train de sucer son cousin, pendant que Nick me prend en levrette et que Andy nous regarde. Darlene était un peu mécontente.

– Je la comprends ! Elle devait en vouloir à mort à son cousin !

– Euh… non, elle nous en voulait de ne pas l’avoir réveillée ! Elle n’était déjà plus vierge, mais elle avait toujours rêvé de partouzer sans jamais avoir osé en parler. Je lui cède ma place et j’en profite pour fumer un autre joint avec Andy. Je me rends compte que je ne regarde plus les vidéos, que voir Darlene sucer Matt et se faire baiser par Nick m’excite davantage. Surtout que Matt lui répète un truc. Je ne comprends pas ce qu’il lui dit, mais manifestement ça plait à sa cousine. En fait, il lui dit qu’il y pensera à chaque réunion de famille. Darlene lui demande de prendre la place de Nick. Je suis folle d’excitation. Je m’empale sur Andy. Je regarde Matt enfiler sa capote. Nick vient s’asseoir à nos côtés pour tirer sur le joint. Je m’empale sur lui et j’alterne tout en regardant Matt et Darlene s’envoyer en l’air. Quel pied ! Juste avant de jouir, Darlene dit « Si tu me baises aussi bien après que je t’ai sucé, je te promets de le faire à la première occasion ! » Onze ans plus tard, je peux te dire qu’elle a tenu promesse. Qu’ils la tiennent toujours, bien qu’étant mariés chacun de leur côté. C’est beau, non ? Le lendemain, les parents de Darlene ne se sont rendu compte de rien, on avait fait le ménage en grand et Febreze a fait le reste. En revanche, on ne leur a pas caché la soirée picole, parce qu’on avait peur qu’ils l’apprennent par ailleurs et que…

– Que ça les rende suspicieux

– Exactement. Matt est passé pour le héros du jour, celui qui avait sacrifié son réveillon pour sa cousine et sa correspondante. Il a fait le modeste et a proposé que Darlene et moi passions notre dernière soirée avec lui, pour qu’il me fasse découvrir Bath-by-night… Ce fut ma deuxième nuit de partouze, avec les mêmes participants, sauf que j’avais décidé de ne pas boire, ni fumer, parce que je voulais savoir si c’était aussi bien sans substances. Ce qui était le cas.

Émilie s’agite, s’agace. « Elle s’ouvre quand, cette putain de boîte à gants ? » Odette donne un léger coup de volant, un chaos sur la route permet l’ouverture du retable de Sainte-Boitagan.

– J’ai toujours su que c’était mon truc, les partouzes. J’ai essayé la monogamie. Ça passe, mais bon… ça ne vaut pas… Vraiment pas. Je préférais me concentrer sur mes études et d’attendre d’aller chez Darlene pour baiser, mais alors… baiser comme jamais ! Parce que je n’avais pas envie de prendre le risque de me faire griller bêtement là où j’habitais. En 2015, Darlene et moi avons été secrètement conviées à l’enterrement de la vie de garçon de Matt, en fait l’enterrement “off” de la vie de garçon de Matt. Parce qu’il allait en faire un officiel et qu’avant, il s’offrait une retraite spirituelle à Torquay…

– Quels faux-jetons, ces angliches !

– J’ai pris l’avion jusqu’à Exeter, de là Andy me récupérait en voiture. Il y avait Clément, un autre invité français, qui arrivait par le même vol. Matt l’avait rencontré deux ans auparavant, ils étaient devenus potes. C’est fou, quand j’y repense, parce que cet ami était justement le passager assis à côté de moi dans l’avion et avec lequel j’avais pas mal sympathisé. En tout bien, tout honneur. Je tiens à le préciser. Donc, grosse surprise à l’arrivée. La soirée et la nuit tiennent toutes leurs promesses. Je ne pourrai pas assister à la noce parce que j’ai d’autres obligations en France, mais j’offre tous mes vœux de bonheur à Matt.

– Je te reconnais bien là

– Clément habite Strasbourg et il me propose de faire partie de sa bande d’amis. Je saute sur l’occasion, à des centaines de kilomètres de chez moi, je ne risque pas de rencontrer des connaissances de ma vie officielle d’étudiante… studieuse. C’est comme ça que j’ai pris mon pied toutes ces années. Et puis, Lucas s’est trouvé dans le même plan que moi. Putain ! Avec lui… J’ai toujours aimé baiser, ça a toujours été bon, mais avec lui… c’est encore meilleur. J’adore partouzer, surtout avec Vincent, Enzo, Pauline et Manon. On s’entend toutes et tous super bien, on s’accorde à la perfection question cul, il n’y a jamais aucune rivalité entre nous. C’est… génial. Vraiment génial. Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans des partouzes qu’avec eux… et mes amis britanniques.

– Mais ?

– Jamais mon plaisir n’est aussi fort que lorsque je couche avec Lucas. Je ne sais pas où placer le curseur, entre l’amour et le plaisir. Je n’ose pas lui avouer que je crois être amoureuse de lui, que je rêve de nous deux, rien que nous deux, à faire l’amour tendrement, à faire l’amour sauvagement et après seulement, aller ensemble rejoindre les autres. J’ai peur de le voir s’enfuir en courant si je lui dis tout ça, mais en me taisant, je ne suis plus honnête et ça me fout les boules. Qu’est-ce que t’en penses ?

– J’en pense que jeudi, vous allez partir tous les deux à Avranches, que les autres ne vous rejoindront pas avant le mois d’août et donc que ça te laisse quelques belles semaines pour trouver le courage de lui parler, ou de prendre la décision de te taire. Quant à moi, je serai muette comme une tombe, si tu vois ce que je veux dire.

Émilie fait semblant de rire, mais elle avait espéré en apprendre un peu sur la confession de Lucas, or, par cette dernière phrase, Odette vient de lui faire savoir qu’elle n’en dévoilera rien.

Les confessions motorisées – La confession d’Émilie

Émilie s’est invitée dans la voiture d’Odette qui sourit en s’approchant.

– C’est pour une confession ?

– J’espère que Jimmy n’a pas réparé ta boîte à gants !

– Ah ça, pour ça, tu peux compter sur lui !

Elles ont à peine roulé quelques centaines de mètres. Émilie prend une profonde inspiration. Par où commencer ?

– Je préférerais ne pas revenir sur le mois de décembre 2009, mais pour être honnête, pour t’expliquer tous les tenants et les aboutissants, je suis obligée de le faire. Pas besoin de te dire dans quel état nous a mis l’accident de pépé Jean-Baptiste et mémé Louise. Leur mort, leurs obsèques ont bouleversé non seulement nos âmes, mais aussi nos projets de vacances. On devait passer les deux semaines au ski, mais papa et maman ont préféré annuler ce séjour. Ils avaient besoin de créer un cocon dans lequel nous réfugier. Autant ce cocon les rassurait, leur faisait du bien, autant il m’étouffait. Ils s’en sont aperçu, je pourrais presque dire « avant moi ». On en a longuement parlé, c’est étonnant quand j’y pense, parce que je n’avais que quinze ans. Comme tu le sais, j’avais une correspondante anglaise, Darlene, qui m’a téléphoné pour prendre de mes nouvelles. Elle était une des rares personnes à qui j’en avais parlé. Tu avais d’autres choses en tête, alors je ne sais pas si tu te souviens de ce séjour inopiné dans le Somerset que j’ai fait fin décembre 2009.

– Je ne me souviens pas qu’on en ait parlé, en revanche, je me rappelle que tu en étais revenue pleine d’allant, que ta joie de vivre a rejailli sur tes parents… et sur moi, par ricochet.

– Oui, quand tu es revenue de ta première cure ! Ah ah ! Jimmy serait ravi d’apprendre qu’il n’y est pour rien dans ton allégresse !

– Bon. Tu disais donc que tu es allée dans le Somerset ? C’est marrant, je croyais que tu avais séjourné à Bath… ou dans ses environs…

– En effet, c’est surprenant surtout quand on sait que Bath est justement dans le Somerset !

– Bon. Donc, ton séjour…

– J’y viens, j’y viens… Quand je suis arrivée, il y avait une certaine gêne entre ses parents, son frère aîné, sa femme et moi, ils ne savaient pas trop comment se comporter, alors que Darlene avait tout de suite compris que le sujet n’était pas tabou, mais que j’avais envie de légèreté, de rire, de faire la fête comme une ado de 15 ans. Il était prévu que ses parents, son frère et sa femme passent le nouvel-an à Bristol pour changer des festivités traditionnelles à Bath. Darlene avait prévu de rester pour faire la fête avec ses amis. Qu’est-ce que je préférais, aller à Bristol ou rester avec Darlene ?

– Je suppose que ton choix a été vite fait…

– Tu supposes bien ! On a fait la fête chez une de ses copines, on a picolé, picolé, picolé. C’était ma première cuite et putain, quelle cuite ! Il était hors de question de découcher, mais on n’était pas en état de rentrer chez Darlene. Elle a appelé son cousin Matt, qui est venu nous chercher en voiture. « This is my parent’s car, don’t puke in it, please ! » ont été les premiers mots qu’il m’a dits en joignant le mime à la parole, pour être sûr que j’avais bien compris. Il était accompagné d’un pote, Nick et en chemin, on a croisé Andy qui a dit quelques mots à Matt, il est monté dans la voiture. Darlene pleurnichait « I’m so sorry… I’m so sorry… » En fait, quand elle est bourrée, elle passe son temps à s’excuser. C’est son truc.

– Qui sommes-nous, pour la juger ?

– Andy a suggéré de finir la nuit chez Darlene, il avait quelque chose à fumer, c’est ce qu’il avait dit à Matt. C’était déjà ma première cuite et j’allais fumer de la weed pour la première fois…

– Ah ben, bravo les Rosbifs ! « La Perfide Albion »… les anciens avaient raison ! Pervertir la belle innocence de la jeunesse française… ah, qu’ils soient maudits, ces salauds !

– Bon, quand t’auras fini… je peux ?

– Allez, je peux tout entendre, une cuite et une défonce… Je ne vois pas ce qui pourrait arriver de pire question débauche, je me trompe ?

– Non. Bien sûr que non ! Bon. On a fumé, j’ai toussé. Darlene aussi. Elle s’est endormie profondément, l’effet de la weed et de l’alcool, mais moi, au contraire, au lieu de m’assommer, la weed m’a complètement speedée. J’étais super fière de discuter avec des mecs de 20 ans, déjà en anglais… c’était pas évident, quand même. Mais surtout, c’était un vrai échange, d’égal à égal. À un moment, je leur ai fait remarquer qu’en France, il faut avoir 18 ans pour pouvoir boire de l’alcool, que bientôt, il faudrait avoir 18 ans pour acheter des clopes… alors pour fumer de la weed… et je faisais tout ça à 15 ans et que ça m’éclatait de ouf. Enfin, je te résume, parce que mon anglais était trop scolaire pour parler comme ça… C’est moi qui ai ajouté « À part passer le permis de conduire, le seul truc réservé aux majeurs à checker sur la liste, c’est mater un film porno ! » Qu’est-ce que j’avais pas dit là ! Les uns après les autres, ils m’ont demandé au moins dix fois de confirmer « film porno », par oral, par écrit… Classe, quand même !

– Bon, je te le concède.

– Darlene est couchée dans son lit, je suis avec Matt, Andy et Nick dans le salon, ils me demandent de choisir la vidéo sur un site dédié… Non, Dédette, je ne te dirai pas lequel, ni le titre des vidéos… Je n’ai que 15 ans, je fais un truc un peu… con… Je voulais choisir un film à regarder entre amis, trois jeunes hommes et une jeune fille… je ne comprends pas que je sélectionne un scénario… Je savais à peine qu’on pouvait être plus que deux pour… Et…

– Et… ?