Back to the city again ! – Huitième épisode

Nous voici tous les trois dans la cave de notre conjoint. Mon époux adoré s’est muni de son énorme lampe-torche.

– Ouah ! Ben dis donc, t’es sacrément équipé !

– C’est ce que ces dames me disent souvent, en effet…

Je ricane avec eux, on a 14… 15 ans grand max. Éclairée, la cave m’apparaît bien différente que dans l’obscurité, un peu moins encombrée, un peu mieux rangée, la poussière est épaisse, elle recouvre même les toiles d’araignées. Je repère la malle sur laquelle j’étais assise l’autre jour. Elle semble venir tout droit d’une époque ancienne et révolue.

– Que contient-elle ?

– Je n’en sais rien.

– Arrête de me charrier !

– Je suis tout à fait sérieux, mon ange ! Elle a été confiée par un ami au frère de mon grand-père, qui avait fait la promesse expresse de ne pas chercher à l’ouvrir et de la conserver jusqu’à son retour. Je n’en sais pas plus. Le frère en question est mort vieux garçon. Mon grand-père en a hérité, il l’a transmise à mon père et j’ai fini par en hériter à mon tour. Je crois que personne de ma famille n’a eu les clés pour ouvrir la serrure. Je l’ai gardée sans y penser. Quand j’étais encore marié, elle était déjà entreposée dans la cave de mon ancien logement.

– T’es pas très curieux, moi… à ta place…

– Une promesse est une promesse, mon ange !

Je le taquine à nouveau sur sa manie des contrats et du respect de leurs termes. Nous faisons l’inventaire, les casiers sont remplis de bouteilles vides recouvertes de poussière. Elles étaient déjà là quand il a emménagé, elles y resteront. Le bric-à-brac est essentiellement constitué de vieux pots de peinture, de chutes de papier-peint, de lino, de moquette, quelques dalles de carrelage, de la colle qui finiront à la déchetterie.

Le vieil établi est plus problématique pour notre conjoint qui lui accorde une valeur sentimentale, il le verrait bien dans la remise du jardin, si toutefois il lui prenait l’envie de l’aménager en atelier. Il fera le tri parmi les outils, certains seraient récupérables, d’autres non. Nous les rapportons donc à l’appartement. En fin de compte, ce tri aura duré moins longtemps que prévu. Je regarde mes hommes, les bras chargés. Je m’assieds sur la malle.

– Lequel d’entre vous souhaiterait honorer ma bouche ? Non, non, non ! On ne pose pas ce qu’on a dans les bras !

Mon mari s’approche, je baisse son pantalon. Quel délice ! Ils ne sont pas dupes du plaisir que je prends à remonter son pantalon, après quelques minutes, malgré son érection « à la limite de la douleur ». Je fais mine de me relever.

– Et moi ?

– Et toi quoi ?

– Tu vas quand même bien me sucer un peu, mon ange ! C’est ma cave, après tout !

– Bon… si ça peut te faire plaisir… viens par ici…

– Vous vous tutoyez, maintenant ?!

Ma bouche à quelques millimètres de son gland, je demande à notre conjoint d’expliquer à mon époux le concept de rebelles de la pipe. Il rit avant de se lancer dans un long discours. Quel régal ! Je déguste sa grosse pine comme un œnologue le ferait avec un grand cru.

– Hé ! Mais y a triche ! Tu ne m’as pas sucé aussi longtemps !

J’ai les injustices en horreur, par conséquent, je remonte le pantalon de notre conjoint, malgré ses supplications. Nous voilà en route vers l’ascenseur, comme une petite troupe, j’ouvre la voie, la lampe torche à la main.

Les outils déposés « pour analyse » dans la chambre d’ami, nous redescendons au deuxième sous-sol pour récupérer la malle.

– Putain, elle est encore plus lourde que dans mon souvenir !

– Elle ne l’est pas, c’est toi qui es plus vieux.

– Merci de me rappeler mon âge ! Telle est donc la femme que j’aime…

– Si tu étais plus jeune, je ne te calculerais même pas… alors, imagine pour le reste !

– Qu’est-ce qui te fait préférer les vieux comme moi aux hommes plus jeunes ?

– Les grosses couilles des hommes de ton âge pendent davantage !

Profitant qu’ils ont les mains occupées, je pars en courant vers l’ascenseur, mais je dois rebrousser chemin quand mon mari se met à crier « LUMIÈRE ! »

La malle sur la table de la cuisine, la question « L’ouvre-t-on ou ne l’ouvre-t-on pas ? » se pose. Elle est purement rhétorique, sinon pourquoi se seraient-ils donné tant de mal à la remonter ? Mais, voilà le hic, les serrures qui la verrouillent sont peut-être grippées et certainement délicates à déverrouiller. Aucun outil de fortune n’est assez fin pour l’exercice, y compris les petits tournevis. Notre conjoint préfère renoncer plutôt que prendre le risque d’esquinter l’objet qui a été confié à sa famille il y a plus d’un siècle.

Mes deux hommes décident de remettre cette tâche à plus tard. Je sors de l’appartement. Quand je reviens après quelques minutes, je suis accueillie par leurs quolibets. « Alors ? On a oublié le porte-monnaie, madame Tête de Linotte ? » Je les laisse ricaner et, sans un mot, le regard narquois, j’agite sous leurs yeux ébahis, le jeu de crochets que je suis allée chercher.

– Mais… ?

– Comment… ? Où… ?

– J’ai demandé à madame Dubois si son mari voudrait bien me prêter ses outils, tout simplement !

– C’est qui, madame Dubois ?

– Deuxième étage gauche. J’avais complètement oublié qu’il était serrurier !

– Et c’est moi la tête de linotte ! Monsieur Dubois s’est même proposé de venir chez nous pour ouvrir la malle, mais j’ai poliment décliné son offre…

– Et pourquoi donc, mon ange ?

– Parce que d’expérience, quand un voisin retraité ou presque franchit le seuil de notre appartement… pas besoin de te faire un dessin !

– Tu es l’insolence faite femme !

Je les regarde tenter d’ouvrir la première serrure. Je les écoute pester, mon mari se propose de chercher un tuto sur le Net.

– Je peux essayer ?

La première serrure cède facilement. J’attendrai un peu avant de leur expliquer qu’il y a quelques années, je m’étais retrouvée enfermée dehors et que madame Dubois m’avait gentiment ouvert la porte, son mari lui avait montré comment faire et que, dans l’enthousiasme du moment, elle m’avait à son tour enseigné la technique du crochetage.

La deuxième serrure se montre plus récalcitrante, mais elle finit par céder sous l’effet conjugué des crochets et de ma menace. « Je te préviens, si tu ne te laisses pas faire, je te crache dedans ! »

Notre conjoint se tient debout face à la malle. Il hésite encore à en soulever le couvercle. Je propose à mon époux de m’accompagner chez les Dubois pour leur rendre le jeu de crochets. Quand nous remontons, nous le retrouvons affairé autour de la malle. Un vieil uniforme est posé sur le canapé, ainsi qu’un chapeau et un casque colonial. Je m’étonne que ce soit lui qui ait moins bien résisté aux outrages du temps. L’explication est pourtant simple, l’uniforme était enveloppé dans plusieurs couches de papier, le chapeau dans une boite, mais le casque n’était pas protégé.

La malle contient également diverses breloques, des décorations et des insignes militaires entre autres, une boîte remplie de 78 tours, un guide touristique complètement bouffé aux mites, un livret militaire, quelques papiers devenus illisibles, une carte d’État-Major qui est tombée en miettes quand nous avons voulu la déplier, un poignard dans son étui, des bibelots asiatiques, une correspondance, mais surtout un album « Souvenirs du Tonkin ». En l’ouvrant, nous avons tout de suite compris quel genre de souvenirs il contenait

Nous le feuilletons rapidement, parce qu’il nous apparaît urgent de débuter une séance de ciné-club, mais avant toute chose, il nous faut passer sous la douche parce que nous sommes recouverts de poussière. Combien je regrette qu’on ne puisse les prendre à trois, outre qu’on perd un temps fou, j’ai appris à les apprécier dans la maison de notre conjoint.

Une fois lavée, je m’installe sur le canapé, vêtue d’un déshabillé de soie qui n’est, certes, ni de prime jeunesse, ni très chic, mais qui a le grand avantage d’allumer dans le regard que ces messieurs portent sur moi, des étincelles de désir fort émoustillantes, ma foi.

Notre conjoint est le deuxième à passer sous la douche. Il s’amuse de mon regard lubrique quand il réapparaît dans le salon en kimono. Il singe la dégaine absurde et grandiloquente des mannequins défilant sur les podiums des diverses fashion-weeks. Il sait qu’en se déhanchant de la sorte, les limites du ridicule allègrement franchies, ses mâles attributs se dévoileront, l’air de rien. Putain, c’ qu’il est excitant, ce con ! J’essaie de rester stoïque, espérant que mon regard ne trahira pas ma pensée.

Mon mari sort de la douche, il porte une fois de plus son vieux pantalon à pince, bien trop juste. C’est sa nouvelle manie, il aime se sentir à l’étroit et ne sortir son sexe que lorsque l’inconfort commence à faire place à la douleur.

– Attendez-moi pour mettre le film… je vais nous préparer un petit plateau, vous m’en direz des nouvelles !

– Pff… ça va encore prendre des plombes… Tu veux bien m’enculer en attendant ?

– Il a demandé qu’on l’attende

– Pour le film ! Et puis… ça fait si longtemps… mon cul se languit de ta pine depuis si longtemps qu’il en a oublié les sensations…

– Mon ange, je t’ai enculée avant-hier, tu ne t’en…

– C’est bien ce que je te dis, avant-hier… autant dire une éternité…

– Dois-je comprendre que tu aimes quand… HAN !… j’enfonce ma grosse pine dans… hmm… ton accueillant joli cul ?

– Ooohh… tu… oui, comme ça… tu en doutes encore ?

Je pourrais devenir folle quand il pose ainsi sa main sur mon ventre, à l’orée du pubis, tandis que l’autre est arrimée à ma hanche. Mon époux adoré s’affaire en cuisine, en l’entendant siffloter, je réalise qu’il nous sera impossible de profiter pleinement du film si nous jouissons trop vite. Notre conjoint est un véritable maître en la matière, un maître doublé d’un poète. Je lui demande de ne plus bouger et de me caresser les seins.

– Je peux te poser une question en ayant la garantie que tu y répondras en toute franchise ?

– Bien sûr, mon ange !

– Tu n’avais vraiment jamais enculé aucune femme avant moi ?

– Tu as été la première et tu es la seule.

– Aucun homme non plus ?

– Aucun homme ! Mais pourquoi cette question, tout à coup ?

– C’est tellement facile avec toi… et si agréable…

– C’est que j’ai eu de bons professeurs, alors !

– Et que tu es un élève surdoué ! Tu veux bien soulever mon déshabillé pour dévoiler mon corps jusqu’aux reins ? (Il s’exécute) Maintenant… est-ce que… hmm… tu distingues quelque chose ?

– Je vois ma pine apparaître puis disparaître dans ton cul, dont je suis dingue soit dit en passant, apparaître… disparaître à chaque mouvement… ooh… que tu fais…

– Est-ce que… oh… tu… ooh… peux… voir comme c’est… doux… hmm… bon pour moi ?

– Oh oui, n’arrête pas !

Mon époux arrive enfin, tout sourire, un plateau entre les mains.

– Mais… je vous avais demandé de m’attendre…

– Vous aviez dit pour le film.

– Et d’une ! Et de deux… Ooohh… on n’a rien commencé du tout… ooh… je lui… montre… ooohh… pour le chat…

– Quoi ?! C’est quoi cette histoire de chat ?!

– Tu sais… la posture… ooohh… du chat… pour le… quand on a mal au dos !

– Ma chérie, l’émotion te trouble, ce n’est pas du tout ça ! Tu bouges d’avant en arrière ! Pour le dos, tu dois creuser tes reins… oui… comme ça… et après faire le dos rond… oui ! Alors que toi, tu avances puis tu recules !

– Quel chipoteur tu fais, mon chéri ! C’est presque pareil, non ? T’en penses quoi, toi ? Tu sens une différence ?

Je recommence la démonstration à maintes reprises, mais notre conjoint ne parvient pas à répondre à cette simple question (je le soupçonne d’y mettre un poil de mauvaise volonté).

– Le plus simple est que je vous cède ma place, mon cher, je suis trop novice en la matière.

Mon corps pleure de dépit quand il se retire, par chance, mon époux adoré parvient sans peine à le consoler. La séance de ciné-club peut enfin débuter.