– Tu as saisi la différence, maintenant ?
Pantelante, le souffle court, le cœur qui retrouve son rythme normal, je regarde Sophie, son regard conquérant, ses yeux rieurs… Trouve à ton tour une réplique amusante, caustique, excitante… !
Après des années de surdité inexpliquée, inexplicable, l’ouïe m’est revenue progressivement. J’ai mis quelque temps à m’en apercevoir. Je ne comprenais pas pourquoi, je ne comprenais pas comment. Les spécialistes non plus…
J’ai réintégré un cursus scolaire « normal », je veux dire pour entendants, au lycée avec seulement deux ans de retard. Le proviseur m’a recommandé d’expliquer aux élèves la raison de ce retard et de mon phrasé particulier. Debout, devant le tableau, face à la classe, j’ai trouvé les sourires contrits de certains assez désagréables, bien plus que l’indifférence lasse des autres. Quelques semaines plus tard, j’étais noyée dans la masse et m’en trouvais fort aise.
Cette semaine, commencent les premières évaluations. Après-demain, vendredi, oral de philo. Sophie m’a proposé de le préparer chez elle, dans sa chambre. Elle me fait choisir un sujet au hasard, petit papier que je lis et je commence à réciter mon cours. Elle m’interrompt.
– Articule mieux ! On entend « saphisme » !
– C’est bien le sujet non ?
– Non ! Le sujet c’est « sophisme et tautologie » ! SO-phisme ! Le sA-phisme, c’est…
Elle s’approche de moi, me prend dans ses bras, passe la main dans mes cheveux. Une envie folle de son corps s’empare de moi, m’enflamme comme une allumette frottée sur le grattoir…
Je voudrais avoir la lenteur de ses gestes, leur grâce, mais je lui arrache presque ses vêtements tant ma hâte de la voir nue, de la toucher est grande…
Nous nous allongeons sur son petit lit, je découvre son corps du bout des doigts… Elle découvre le mien du bout des lèvres… Elle gémit sous mes caresses… ses yeux, son sourire ne mentent pas… tout comme moi, elle découvre le plaisir qu’une fille peut offrir… Ses cuisses qu’elle ouvre, qu’elle ferme… son bassin qui danse pour que mes doigts ne s’éloignent pas de son sexe… Qu’il est doux sous mes doigts… ! Et chaud… ! Et humide… !
Sa bouche qui tète mon sein… sa main posée sur mon ventre… je la prends et la fais glisser vers mon bouton… Mes oreilles bourdonnent… vais-je reperdre l’audition ? Aucune importance, j’aurais au moins entendu ses soupirs, ses petits cris aigus, ses grognements plus graves !
– Oh oui ! Comme ça ! Touche-moi comme ça !
Alors, je remarque que je suis en train de signer entre ses cuisses S.O.F.I S.O.F.I S.O.F.I de plus en plus vite… de plus en plus fort… Sa main se crispe sur mes lèvres… elle la bouge vite… de plus en plus vite… Je frotte la mienne très fort… de plus en plus fort…
– Oh ! Ça brûle, mais c’est… c’est bon ! C’EST BON !
Par quel tour de passe-passe nous retrouvons-nous bouches contre sexes ? Quelle magie nous permet de nous donner autant de plaisir avec nos langues ? Comment avons-nous su ce qu’il nous fallait faire ?
Je n’avais jamais vu le sexe féminin d’aussi près, pourtant, quand de mes doigts, j’ai écarté ses lèvres, que j’ai vu son clitoris se découvrir, j’ai su d’instinct comment le lécher du bout de ma langue, j’ai su à quel moment la faire légère, quand l’appuyer davantage… lentement… vite… lentement…
Sophie me suce avec délice et je me laisse aller… Sommes-nous deux petites vicieuses à prendre du plaisir comme ça ? Les mots « vicieuses » « salopes » « gouines » « vice » résonnent dans ma tête, comme s’ils rebondissaient dans mon cerveau… Ils devraient me contraindre à arrêter, ces mots insultants que je déteste tant, mais au lieu de me refroidir, ils concourent à me faire jouir…
Mes cuisses se serrent autour de la tête de Sophie et je jouis… je jouis… je JOUIS !
Mon ardeur est décuplée par cet orgasme, je fais jouir Sophie avec ma bouche, ses mains plaquent ma tête contre son sexe… Je me fous de mourir étouffée, si je meurs ainsi ! Elle mord ma cuisse quand son orgasme explose à son tour.
À nouveau dans les bras l’une de l’autre, nous nous regardons, caressons nos joues, prêtes à recommencer, quand nous entendons des pas dans le gravier de l’allée du jardin. Nous n’aurons pas le temps, pas aujourd’hui…
Nous nous rhabillons… je regarde la bouche de Sophie, aux lèvres un peu plus gonflées… pulpeuses et rouges que d’habitude. J’aime son air léger qui l’embellit…
– Tu as saisi la différence, maintenant ?
Trouve à ton tour une réplique amusante, caustique, excitante… !
– Il y a tant de mots… de concepts… Si tu dois me les apprendre, il nous faudra plusieurs leçons…
– Je te les donnerais, si tu m’apprends à jouer avec mes doigts, à les faire danser comme tu l’as fait avec les tiens…