Back to the city again ! – Cinquième épisode

Notre conjoint me tend une brochure.

– Que t’inspirerait cette histoire ?

Je fronce les sourcils et je réponds en bougonnant « Ça m’inspire un truc du genre mon mari est parfois le roi des cons »

– Mon ange, mon ange détrompe-toi, c’est moi qui ai eu l’idée de ce test. Je me refusais à croire ce qu’il me disait.

– Et que te disait-il, au juste ?

– Nous parlions des blocages qui peuvent paraître surprenants…

– Et je lui ai dit le mot à ne jamais prononcer devant toi… le mot qui te révulse…

– Comment aurais-je pu deviner que ce simple mot produisait un tel effet sur toi ? Il est si souvent utilisé pour… alors j’ai voulu m’en assurer… maintenant que c’est fait, je me demande pourquoi…

– Parce que j’y vois une traînée d’urine coulant le long d’un arbre, quand je l’entends, je sens l’odeur d’une vieille pisse mélangée à celle d’un tronc d’arbre…

– Une traînée d’urine sur un tronc d’arbre ? Un cyprès, par exemple ?

– Mais oui ! C’est exactement ça ! Un cyprès, de l’urine… voilà d’où me vient cette image ! Je ne m’expliquais pas cette association d’idées et toi, pof ! tu la découvres du premier coup ! Oh, pardon mon chéri, j’ai cru que tu avais voulu nous jouer un sale tour, alors que c’était tout le contraire. Comment me faire pardonner ?

– Laisse-moi y réfléchir…

Notre conjoint lui chuchote quelques mots à l’oreille avant de s’éclipser. Mon mari sourit de mon impatience et attend le retour de son complice qui ne tarde pas à nous rejoindre, une tablette numérique et un casque Bluetooth à la main. Il sort un masque de sa poche, de ceux que l’on distribue dans les avions pour pouvoir dormir malgré la lumière, ainsi qu’une large ceinture en satin rouge. « Je n’ai rien trouvé de plus approchant comme bâillon ». Les dés sont donc jetés, je devine sans trop d’efforts en quoi consistera ma pénitence.

Et pour tout dire, je m’en réjouis à l’avance.

Rapidement, je me retrouve les yeux bandés, la bouche bâillonnée. J’ai le temps d’entendre la question posée par notre conjoint « Les rideaux ouverts ou fermés ? » mais avant que mon époux n’y réponde, le casque recouvre mes oreilles et je n’entends que des gémissements, des râles, des cris de plaisirs ainsi que des bouts de dialogues cochons.

Des mains me déshabillent. Les rideaux sont-ils ouverts ou fermés ? Une main guide mes pas, je déambule, nue, du salon à la cuisine et de la cuisine au salon. Des mains, que je ne parviens pas à distinguer, me caressent par intermittence, comme pour évaluer mon degré d’excitation. Je souris intérieurement, parce que cette vérification me paraît inutile… À force de déambuler, je ne sais plus où je suis, les écouteurs emplissent ma tête de mots, de souffles, de cris qui m’interdisent de penser à autre chose qu’au désir.

Non seulement les rideaux sont ouverts, mais les portes fenêtres le sont aussi ! Je me sens rougir bien qu’il n’y ait pratiquement aucune chance que quelqu’un lève les yeux jusqu’au septième étage et m’aperçoive

Mon bâillon est desserré, je sens qu’on libère mes oreilles du casque. Je me dis que le pardon m’aura été bien vite accordé.

– Où tu as mis ton short de combat ?

– Au sale, mais…

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que le bâillon est resserré sur ma bouche et que le casque recouvre mes oreilles. La bande-son de notre conjoint est essentiellement constituée d’enregistrements de nos conversations cochonnes et de nos ébats à deux ou à trois. Au début, je suis un peu gênée d’entendre ma voix prononcer ces mots que je disais avec délectation, de m’écouter jouir bruyamment, je m’y habitue assez vite surtout en écoutant les mots, les cris de mes deux hommes me faisant l’amour ou me baisant, les compliments qu’ils s’adressent quand ils ne sont que spectateurs…

La joue rugueuse sur mon mollet m’indique que notre conjoint est chargé de m’aider à enfiler mon short. Je sens le satin raide de spermes séchés au niveau de la déchirure du tissu à l’entrecuisse. Au lieu de m’incommoder, cette sensation exacerbe mon désir.

Si j’étais polythéiste, je dirais que les Dieux vous ont doté de la plus belle paire de couilles de toute la Création. Il me suffit de penser à elles pour avoir envie de les sentir bringuebaler contre mes cuisses, contre ma chatte, contre mes fesses. Regardez-moi, regardez mes yeux, regardez ma chatte, regardez comme je me touche, je le ferai en pensant à vous quand vous aurez regagné votre appartement. Dites-moi que vous vous branlerez en pensant à ces quelques jours passés avec nous. Que vous bénirez vos couilles de susciter tous mes fantasmes. Oh… j’adore quand vous les touchez comme ça ! Vous ne me croyez pas ? Venez donc vérifier, mon chéri ! Oh oui ! Comme ça… bourrez-moi comme ça ! Dites-moi que je suis votre voisine préférée ! Votre petite salope partagée ! Ai-je réellement prononcé ces mots ? Et tous ces « Bonne année ! Bonne année ! » prononcés dans toutes les modulations offertes par la jouissance…

Une main sur mes reins m’enjoint de me pencher en avant, une claque sèche à l’intérieur de ma cuisse m’ordonne de les écarter davantage. Ces mains qui me caressent, ces doigts qui me fouillent sans que je puisse savoir à qui elles appartiennent… la tête me tourne…

Une main a pris la mienne, m’a fait avancer de quelques pas. Je sens le canapé heurter mes genoux. À quatre pattes, j’attends la petite claque sèche pour écarter mes cuisses, je ne pensais pas à celles sur mes fesses pour m’inciter à me cambrer… Un gland me pénètre puis se retire. Un autre (ou est-ce le même ?) réitère. Combien de fois recommencent-ils leur manège, me pénétrant un peu plus à chaque assaut ? Quand je sens les grosses couilles de notre conjoint battre la mesure contre mes cuisses, je réalise que je suis en train de téter mon bâillon comme j’aimerais tant téter la queue de mon mari.

Des mains écartent mes fesses, titillent la raie, taquinent mon anus. Je ferme mes yeux bandés en espérant sentir la fraîcheur du lubrifiant annonciateur d’autres plaisirs. Mais rien de la sorte ne se produit. À la place, d’un geste assuré, notre conjoint, sans cesser ses va-et-vient en moi, redresse mon buste. Je sens alors mon mari s’installer sur le canapé. Notre conjoint desserre son étreinte, d’une main ferme et volontaire me fait reprendre la position antérieure. Entendent-ils mes cris de plaisir malgré le bâillon ?

Les cunnis de mon époux ont toujours été délicieux, même au début quand on ne savait pas trop comment s’y prendre ni à quoi s’attendre, mais ces derniers temps, les mots me manquent pour les qualifier… « parfaits » ne serait qu’un piètre euphémisme.

Et dans mes oreilles résonnent « les pointillés, ma chérie… les pointillés » « les pointillés, mon ange ! » enregistrés à maintes reprises… comme si j’avais besoin d’entendre leur voix pour me rappeler à quel point j’ai envie de sucer ! Je me cambre, j’ondule, je rue comme une jument entravée, la main de notre conjoint arrache le bâillon et offre la queue de mon mari à ma bouche avide. Son gland franchissant mes lèvres me permet de jouir enfin

Notre conjoint accélère, je visualise ses couilles comme les cloches d’une église sonnant à pleine volée pour annoncer un heureux événement. Il se fige soudain. Je sens les soubresauts de ses cuisses. Il se retire presque aussitôt. Les doigts de mon mari prennent la place de la grosse pine de son cher ami tandis que sa bouche et sa langue ne cessent d’offrir du bonheur à mon clitoris. Ma langue s’enroule autour du sexe de mon époux, comme un bébé boa le ferait autour d’une branche, plus rapide et plus impatient qu’un adulte. Je réalise que mes mains sont désormais entre ses cuisses, que je caresse ses couilles et son périnée… je sens le flot de son plaisir envahir ma bouche.

Nous restons statufiés dans cette position. Peu à peu, nous bougeons à la vitesse d’un paresseux épuisé. Je sens qu’on ôte le masque sur mes yeux et le casque sur mes oreilles. Je voudrais tenter une plaisanterie du genre « Alors, suis-je pardonnée ? », mais je ne parviens qu’à sourire. Une chance qu’après toutes ces années de mariage, mon mari me comprenne sans avoir besoin de mots. Il me rassure, oui, je suis pardonnée de ce mouvement d’humeur et de l’avoir injustement accusé. Notre conjoint me prend dans ses bras. Il sourit, faisant mine d’essorer la bande de satin rouge qui me bâillonnait.

– Mon ange, promettez-moi de me faire offense dès que l’occasion vous en sera donnée !

On me reproche mon sale caractère, mais tout le monde s’accorde à dire que j’ai bon fond, c’est pourquoi je lui fais la promesse de l’offenser bientôt… et peut-être même avant !