Back to the city again ! – Quatrième épisode

Ce matin, notre voisin ne voulait pas quitter son kimono, il m’a même affirmé que c’est ainsi vêtu qu’il prendrait l’ascenseur, avec mon mari, en début d’après-midi pour leur partie quotidienne d’échecs. Sa voix sonnait tellement faux que j’ai répondu sur le même ton qu’il m’en verrait fort marrie.

Je me suis promenée une bonne partie de l’après-midi et je suis retournée à l’appartement. Je n’ai même pas eu le temps de me changer, je porte encore une jupe légère et un chemisier « bien comme il faut » quand ils font leur entrée.

– Tu veux savoir pourquoi je tergiverse ? Eh bien, voilà !

D’un air un peu trop fanfaron pour que je n’y décèle pas son trac, il lance une revue sur la table basse.

– Tu as honte d’aimer les romans-photos que tu empruntais à ta grand-mère ?

– Euh, ma chérie, tu devrais mettre tes lunettes…

– À moins que tu ne te fasses une drôle d’idée des lectures de ma mamie…

J’avais à peine jeté un coup d’œil sur la revue, à peine de quoi remarquer qu’elle datait des années 60 ou 70 et qu’elle contenait un roman-photo. En y prêtant plus attention, je me rends compte de mon erreur. Je ris plus fort que je ne le devrais.

– Je ne savais même pas que de tels romans-photos avaient existé ! Mais… tu parles le… c’est quoi comme langue au juste ?

– Je peux te donner une idée des dialogues, si tu…

Notre voisin s’approche de moi, mais d’un geste péremptoire je le renvoie, d’un mot cinglant comme une gifle, je lui ordonne « Kimono ! ». Il sourit, m’obéit et revient quelques poignées de secondes plus tard, débraillé comme un play-boy qui s’ignore

– Je suis en kimono, puis-je exiger en retour que vous ôtiez votre culotte, mon ange ?

– Ma culotte ? Quelle culotte ?

Devant l’air ahuri de mes deux hommes, je leur explique que depuis notre retour à Paris, je n’en porte plus, parce que l’idée que l’un ou l’autre soulève ma jupe ou y glisse une main quand je ne m’y attends le moins m’excite au plus haut point. J’aime le clin d’œil que mon mari adresse à son très cher ami.

Notre voisin s’installe à mes côtés sur le canapé, impatient et un poil anxieux, de me voir découvrir le contenu de cette revue. Je demande à mon mari adoré de se joindre à nous, mais il décline l’offre, il voudrait prendre des photos, si j’y consens. Et comment que j’y consens ! Moi qui ai toujours détesté être photographiée, je rêve de l’être à chaque instant ! Et je ne parle même pas des tableaux, des dessins qui naissent de certains clichés et qui tapissent les murs de la maison de campagne de notre partenaire.

Je décide de m’asseoir sur les genoux de mon sémillant amour, qui se plaint de ne pas bander. Je ne me fais aucun souci à ce propos, nous savons tous les trois que cet état ne sera que temporaire. Je le lui fais remarquer, il me répond qu’il aime tellement se l’entendre dire…

J’ouvre la revue, je sens le souffle de notre voisin sur mon épaule. Clic ! La séance photo vient de commencer.

– Ma chérie, pourrais-tu relever ta jupe qu’on puisse voir que tu ne portes pas de culotte ? S’il est vrai que tu n’en portes pas…

– Pas tout de suite, mais si tu as des doutes, demande à ton ami de glisser sa… hmmm… sa main virile sous ma jupe et de te confirmer… Oooh… mais comment diable faites-vous pour me toucher… avec… ooohh… autant de…

– Je confirme, cher ami, je confirme !

– Mais qui frappe à la porte ?

Je me lève, soulève ma jupe jusqu’à ma taille avant de me rasseoir sur les genoux de notre voisin.

– Ah, te voilà enfin ? Il paraît que tu ne voulais pas bander, je suis ravie de te voir revenue à de meilleures dispositions, jolie grosse pine !

Dès la première page, un sentiment sournois s’immisce en moi, je devrais être choquée de la crudité des clichés, je le suis, mais cette crudité m’excite, elle m’excite au-delà du raisonnable. Notre voisin devine mon trouble, il me demande si je veux poursuivre.

Qu’est-ce qui me prend ? Je lui montre une photo et d’une voix presque juvénile, je m’exclame « Oh ! On l’a fait ! Vous vous souvenez ? On l’a fait ! » Je le sens sourire, et il se remet à bander de plus belle. « On l’a fait, vraiment ? » Toujours aussi enthousiaste, je lui réponds « Oui ! Et plein de fois, en plus ! » Nous éclatons de rire.

Tandis qu’il tourne la page, je regarde entre mes cuisses, presque en m’excusant, je demande à notre voisin s’il veut bien m’enfiler. Comme ça… le temps de la lecture…

– On bougerait à peine, juste assez pour que vous débandiez un peu, alors je tripoterais vos belles couilles que j’aime tant et vous rebanderiez en moi… Vous êtes le seul à le faire avec autant de talent.

– C’est quoi, ces messes basses ?

– Votre épouse me fait une proposition… hmm… bien tentante. Je la soupçonne de vouloir me forcer la main pour que j’accepte d’être votre conjoint !

– Ah ! Me voilà rassuré !

Ma main dirige son gland à l’entrée de mon vagin. Je me penche. « Enfilez-moi, par pitié, enfilez-moi ! » N’y tenant plus, je m’empale d’un coup sec avant de reprendre la lecture. Mes mains rejoignent les siennes sur les pages de la revue.

– S’il vous plaît, déboutonnez mon chemisier, mon fringuant, et caressez mes seins avec la même rudesse que cet homme doit le faire !

– Vous l’imaginez comme ça ?

– Oh ! Ça aussi, on l’a fait ! Mais pas sur le capot d’une voiture…

Ses mains sur mes seins, sa bouche sur ma nuque… je ferme les yeux pour profiter de cet instant. J’ondule sous ses baisers, ce faisant, mes mains lâchent la revue qui tombe à terre. En la ramassant, une page s’en échappe. Je m’apprête à m’excuser d’avoir abîmé le roman-photo quand je remarque qu’il n’en est rien. La photo vient d’un autre journal, elle est en couleurs. Je la regarde en silence.

– Que vous arrive-t-il, mon ange ?

– C’est bizarre, cette nana… cette photo… tous les poncifs y sont… bouche entrouverte, lèvres humides, bout de langue tentateur, la main sur le sein, les pieds posés sur l’assise du fauteuil, les cuisses largement ouvertes… et ce regard… un peu en dessous, un peu vicieux, qui semble nous parler droit dans les yeux, qui semble dire « plonge, mon chéri, l’eau est bonne ! »… tous les clichés machistes de la femme offerte y sont… et pourtant…

– Et pourtant ?

– Et pourtant, j’aime cette photo, elle me parle aux tripes, elle me dit que je pourrais être cette femme et… je dois bien l’avouer, j’aimerais être cette femme… j’aimerais t’aguicher, euh… vous aguicher aussi facilement… oh oui, j’aime cette photo !

– Ô, mon ange… mon ange !

– Ma chérie, je ne sais pas de quelle photo tu parles, tu voudrais bien prendre la pose ?

– Oh oui, mon ange, faites-le pour nous ! Pour nous trois, mon ange…

– À condition que notre ami reste fiché en moi et que ses belles, ses magnifiques grosses couilles soient bien visibles.

La photo masquée par la revue que je tiens de la main droite, je prends la pose. Je me cambre. Mes pieds reposent sur la table basse. J’écarte les cuisses plus largement que la pin-up parce qu’elles sont plus épaisses que les siennes. Je me cambre davantage. La main sur mon sein est celle de notre voisin. Son autre main sur mon ventre m’aide à garder l’équilibre. Le plus difficile est de trouver la juste mesure pour le regard, de ne pas trop entrouvrir ma bouche. Mon mari me demande de mettre ma main gauche à l’arrière de mon crâne. Je pense « Tant mieux, mes seins paraîtront moins avachis ». Je sens sous mes doigts que mes cheveux sont un peu ébouriffés. Mon époux a raison, ma main gauche placée selon ses indications m’aide à trouver le juste équilibre dans le regard.

La photo prise, je demande si je peux poursuivre la lecture. Ma voix trahit mon état d’excitation. Le sexe de notre voisin durcit davantage dans le mien. J’ondule, je me cambre, j’ondule encore. Je gigote pour accentuer les caresses de ses couilles sur ma vulve. Il me demande si c’est l’inconfort de la position qui me fait trémousser ainsi. Je lui avoue la véritable raison à mi-voix. Je ne suis pas naïve, sa question était purement rhétorique, mais pourquoi devrions-nous nous priver du plaisir des mots ?

Je reprends ma lecture. Ce qui me dérangeait au tout début, ne me dérange plus. Je me laisse aller aux sensations nées de la vision de ces corps enchevêtrés, de ces corps poisseux.

– Pourquoi le tournez-vous dans tous les sens, mon ange ?

– Pour mieux comprendre de plaisir qu’ils prennent… et puis… ça me donne des idées…

– Ah bon, des idées ? Quelles idées ?

– Là, par exemple, quand je la regarde, je me dis… branlez mon clito si vous voulez savoir ce que… Ooohh ! Mais on pourrait croire que… hmmm… que vous aimez… que vous aimez me… Rhâââ… me faire jouir !

– Vous vous dites ?

– Oooh… vos doigts sont magiques… Ooh… le plaisir re…

– Mon ange démoniaque, allez-vous enfin me dire… Hmmm… votre chatte qui jouit… Quel supplice de résister… hmm… à l’envie de vous culbuter… Allez-vous enfin me le dire ?!

– Le bâillon… je n’aurais pas… imaginé que j’aurais envie d’être baisée et rebaisée… rebaisée encore… encore et encore… la bouche emprisonnée par un bâillon…

Je lance plus que ne pose la revue sur le canapé. Notre voisin agrippe ma taille et me fait aller et venir le long de sa verge. Je lui enjoins « Plus fort ! Plus profond ! » à la recherche de cette douleur particulière quand son gland heurte le col de mon utérus. Nous jouissons dans le déchaînement sauvage de nos sensations. J’appelle mon mari à la rescousse.

– S’il te plaît, viens m’embrasser !

Nous nous remettons de nos émotions, serrés les uns contre les autres sur le canapé. Après son charmant baiser, quand mon corps se séparait de celui de notre voisin, j’ai voulu taquiner mon époux qui avait tout salopé son beau tee-shirt. Sur un ton où se mêlaient l’amusement et les reproches, il m’a répondu que je n’avais aucune idée de l’effet produit par ce spectacle que nous lui offrions.

– Non seulement, je te voyais… je vous voyais vous envoyer en l’air, mais mon cerveau imaginait ce que tu regardais… plus je cherchais à imaginer, plus l’excitation s’emparait de moi… et puis, vos conciliabules, vos messes basses… Je me demandais « Mais qu’est-ce qu’ils sont en train de regarder ? » et pfuitt, c’est parti tout seul !

– Ne me dis pas que tu n’as pas eu la curiosité de mater la revue !

– Je ne sais pas si je l’ai vue, ma chérie, je ne le sais pas…

– Allez, fous-toi de moi ! Comme si tu pouvais oublier ce genre de truc !

– Euh, mon ange, permets-moi de te…

– Allez, vas-y, prends sa défense ! Ah la la, la solidarité masculine…

– Ma chérie, tu ne sais pas tout…

– Ah bon ? Et qu’est-ce que j’ignore ?

– Tu crois qu’une simple revue me mettrait si mal à l’aise ? (Il prend une longue inspiration). Entre les romans-photos, les revues pornos, les bandes dessinées, ma collection se compte par centaines… Si je partage ma vie avec vous, je devrais la cacher ou m’en débarrasser et… je ne sais pas si je suis prêt à faire un tel sacrifice.

– Des centaines ?! Ouah ! Et pourquoi devrais-tu t’en débarrasser ?!

– Ben… c’est que ça pue un peu la misère sexuelle, non ?

– La misère sexuelle ?! Et pourquoi donc ? J’y vois plutôt l’occasion de varier les plaisirs… de nous amuser à être les héros de ces aventures…

– Je crois que ton épouse va bientôt goûter du contact du capot de ta voiture sur sa peau !

– Si tu acceptes de partager notre vie, je te promets d’en tâter dès que nous serons de retour à la campagne.

– Dans ces conditions…

– Tu ne peux pas savoir quel bonheur c’est pour nous de pouvoir enfin t’appeler « notre conjoint » !

– Tu as raison, mon chéri, mais c’est pas tout ça… Si on allait fêter notre union au restaurant ?

– Je retrouve enfin mon épouse telle que je l’ai aimée, l’aime et l’aimerai toute ma vie, celle qui ne perd pas le Nord !

– Ni l’occasion de se taper la cloche, manifestement !

– Ni l’occasion de se taper la cloche, en effet !

Je les laisse ricaner entre eux, la perspective d’un énorme plateau de fruits de mer dans notre brasserie préférée vaut bien de supporter quelques rires sarcastiques.