La nouvelle vie d’Odette – Blanche-Minette se cache pour sourire

– Blanche-Minette se cache pour sourire, on dirait…

– Oh, j’adore ta formule ! C’est parce que…

Je regardai Marcel dans les yeux, son sourire coquin me donna l’envie de le faire marner un peu. Feignant d’oublier qu’il m’avait posé une question, je repris mon observation à l’abri des persiennes. Il se colla contre mon dos.

– Ho, Blanche-Minette, dis-moi ce qu’il y a de si drôle !

– Si tu veux tout savoir, il faut le demander à Blanche-Minette la marionnette !

– Boudiou, si c’est pas malheureux…! Tu ne vois donc en moi que l’amant esseptionnel ?! Ne vois-tu pas le pauvre hère au cœur pur, innocent comme l’agneau qui vient de naître ? Mais s’il me faut en passer par là… vaï, je me sacrifie, mais c’est bien parce que tu l’exiges, sinon… Ho, put… ta culotte est déjà trempée !

– Oui, mais ça tu ne peux pas me le reprocher. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. C’est de ta faute ! Rien que de penser à tes mains, à tes doigts, à ce qu’ils me feront… Tout est de ta faute !

– À ce point ?!

– Ne joue pas les innocents avec moi, tu sais bien que tu nous fais toutes jouir comme des chiennes et qu’on adore ça !

– Pauvre de moi !

Marcel glissa sa main dans ma culotte pour la sentir sur le dos de sa main. Il se colla davantage contre mon dos. Je sentais son souffle taurin sur ma nuque. Ses doigts me fouillaient parfois à la limite de la brutalité, le plus souvent avec beaucoup de délicatesse, comme s’il voulait moduler le son de ma voix de marionnette. J’adore quand nous jouons ainsi.

– J’ai demandé à Socrates quand il avait pris la décision de proposer à Roweena de vivre avec lui… ooh… c’est bon quand tu… oh oui… comme ça… Et pourquoi il en avait eu l’envie… Arrête, tu vas me faire jouir !

– Et alors ? T’as droit qu’à un orgasme par jour désormais ? C’est ta résolution de 2020 ou quoi ?

– Oooohhh… !

– Ô pute… tu me fais bander comme un âne… mieux qu’un âne ! Si fort que j’ai l’envie de te fourrer de partout, mais d’abord, finis ton his… ô pute… quand en plus je sens tes tétons bandés, tout couverts de chair de poule… c’est encore plus pire, diablesse !

– C’est toi le dé… ooohh… mon… ooohh… !

– Boudiou, raconte-moi la suite, sinon quand je te fourrerai à la fin de ton histoire, ton minou sera si trempé que je serai obligé de mettre un masque et un tuba à mon membre pour qu’il ne se noie pas ! Et rigole pas, capoune, té ! T’as vu, ils nous ont presque repérés avec tout le boucan que tu nous fais !

– Je lui ai demandé…

– Ça, tu l’as déjà dit, qu’est-ce qu’il t’a répondu ?

– Qu’avant même d’avoir… hmm… c’est bon… divorcé, avant même de s’être séparé de sa femme… oh oui ! T’es un dieu, Marcel… le Dieu des marionnettistes ! Il faisait des rêves érotiques et se branlait au réveil… ooohh… en pensant à ce qu’il avait fait à cette… oh… oui… ooh… ! À cette inconnue dont il… ooh… ne se rappelait que… que… que la respiration et la douceur de sa peau… de ses caresses… Prépare ton attirail de… ooh… plongée ooh… Mar… tu… ooh… tu sens… ooh… comme… ? Oh putain, c’que c’est bon !

Des gazouillis électriques me parcouraient le corps de la plante des pieds à la nuque. Je sentais les tressautements de mes muscles et je savais qu’il les sentait aussi. Je me dégageais un peu de son étreinte pour me retourner et face à lui, l’embrasser. J’avais envie de sentir sa grosse langue épaisse, rugueuse et pleine de bave envahir ma bouche. Marcel embrasse comme un porc, mais bon sang ce que j’aime comme il le fait ! Il en profitait pour triturer mes fesses, pour frotter son corps contre le mien. Il ne mentait pas quand il s’était comparé à un âne. Il glissa à nouveau ses gros doigts velus dans ma chatte. Je me retournai et poursuivis mon récit.

– Quand nous avons traversé l’Atlantique à bord de ce bateau… ooh… oui… comme ça… que Red est devenue Roweena reine des pirates… il lui est arrivé… ooh… de partager sa couche… certaines nuits… Dès la première… quand… ooohh… oooOoohh… quand il s’est réveillé… il a reconnu… hmm… c’est bon… il a reconnu le souffle qui hantait ses rêves… il se branlait au même rythme… son autre main s’est posée sur la cuisse de Roweena… et il a su que c’était elle. La femme de ses rêves… la femme de… ooohh… de sa vie… Mais il n’osait pas le lui dire… parce qu’il… ooh… parce qu’il est plus jeune qu’elle de dix ans… et…

– Et ?

– J’ai envie que tu me défonces le cul, Marcel. Tu voudrais bien ?

– Bé, quand c’est demandé si gentiment… !

– Et… il y a cette histoire de religion… à la base, ils n’ont pas la même et tu sais qu’en Irlande… en plus, il est athée… tu vois ? Plus il rencontrait Roweena, plus il… ooh… il savait qu’elle était, la seule… ooh… l’unique… celle avec laquelle il voulait… hmm… vieillir… Il a fallu leur voyage en Provence, le vol du retour… ooh… pour qu’il ose le lui dire…

– Et c’est ça qui te faisait rire, capoune ?

– Non ! Ça c’est le contexte… Si tu veux savoir la suite…

– J’ai compris… pauvre de moi ! Mais je peux quand même continuer avec mes doigts ? Té, t’es comme ma douce Mireille ! T’as la culotte magique, assez souple pour qu’on la laisse… Et pis non, je m’en vais te la retirer quand même et me la garder dans la poche ! Comme ça… si elle la voit, et elle remarque toujours tout, je serai obligé de lui raconter comment elle est arrivée là et…

– Elle ne comprendra rien à tes esplications et que tu seras obligé de lui faire hmm… la démonstration !

– Tout juste, Auguste ! Té « comme dans du beurre », t’as vu ?

– …

– Blanche-Minette ?

– …

– T’as perdu la parole ?

– Attends… je profite… c’est si bon… oh Marcel… c’est si bon… !

– Alors, j’ai droit à la fin de l’histoire ?

– Oui. Laisse-moi revenir du Paradis… parce que tu m’encules comme un Dieu… oh putain, Marcel, c’que j’aime quand tu me fais ça ! Oooh oui ! Socrates me racontait ça quand Jim est arrivé… il l’écoutait et l’approuvait de la tête… Oooooh… tu t’es enfoncé jusqu’aux couilles !

– Et c’est trop ?

– Non ! Oh que non !

– Boudiou ! Tu t’y connais pour me redonner la vigueur de mes vingt ans… Tu sens comme je suis dur ?

– Oooh… oui… encore… oui… comme ça… ooh… vas-y plus fort !

– Allez, finis ton histoire qu’on baise sérieusement !

– Jim a commencé à parler… à expliquer à Socrates… ooh… ce qui dans son histoire ressemblait à la… ooh oui… fort comme ça ! Ressemblait à la sienne… Mais souvent… oooh… souvent… oh oui… mais souvent, il avait oublié les mots en anglais et… ooh… ceux qui lui venaient naturellement étaient en provençal… C’est ça qui me… ooh… faisait sourire…

– Brave petit… ça ne m’étonne pas de lui ! Brave petit… Té, mets-toi à quatre pattes qu’on se cache derrière le gros pot !

– Et pourquoi donc veux-tu te cacher ? T’as honte ou quoi ?

– Té non, ma nine, c’est que… vé… regarde par là-bas… notre descendance !

Nous pouvions voir, au loin, Émilie et Vincent s’approcher du mas en nous cherchant du regard. À chacun de mes éclairs de plaisir, Émilie sursautait, foudroyée par une sensation similaire. Ils souriaient. Vincent portait la main à son sexe, la glissait dans sa poche. Ils se séparèrent pour augmenter leurs chances de nous trouver ce qui rendait leur perception de nos sensations plus flagrante encore.

Le rire et le plaisir sont les fruits de l’amitié.
Edward Young ; Les nuits