Le dernier tome de ma saga érotique, familiale, provençale et un peu florale aussi.
Odette s’est installée en Provence, avec les autres membres de la Confrérie du Bouton d’Or. Tous s’apprêtent à recevoir Jim, fin décembre 2019, pour un séjour qui devrait durer sept semaines…
Odette se raconte, écoute les récits de ses amis. En tenant son journal, elle nous permet d’en apprendre un peu plus sur les liens qui les unissent. Elle y relate aussi les souvenirs qu’ils se tricotent, le grand âge venu.
Les mots d’Odette concluent de façon magistrale cette saga érotique, familiale, provençale et un peu florale aussi !
Pour le commander, rien de plus simple !
Le journal d’Odette ~ octobre 2019-février 2020
Le sixième et dernier tome de ma saga érotique, familiale, provençale et un peu florale aussi. (210 pages)
Contrairement à ce qui était prévu, je ne testerai pas le cheval mécanique aujourd’hui. Il me faudra attendre un jour de plus, parce que la journée d’hier et mon réveil charmant m’ont épuisée et comblée. Je ne veux pas que ce tour de carrousel ne soit pas à la hauteur de notre attente.
Linus le comprend fort bien et me remercie de cette attention. Nous profitons de ce répit pour lui faire visiter la maison rue Basse. Christian lui en dévoile les cachettes, les trappes sous les planchers, les œilletons secrets et invisibles. J’étais certaine qu’il aurait la réaction qu’il a eue, toutefois sa remarque « ils avaient l’âme steampunk avant la naissance du steampunk » me surprend.
Nous sommes tous les deux dans le cabinet de la curiosité, je viens de lui montrer les judas, la pièce sur laquelle ils donnent. Je m’apprête à refermer le petit volet coulissant quand je sens son souffle sur ma nuque.
– Décris-moi ce que tu vois.
– Que veux-tu que je te décrive ? La pièce est vide !
– Non ! Regarde mieux ! Qui vois-tu ?
– Personne !
Sa voix devient plus vibrante, plus métallique.
– Regarde mieux, Petronilla, sinon je vais devoir appeler la détestable PrincessHopequi ponctuera ses propos torrides de remarques acerbes, aussi désagréablesqu’un seau de glace jeté dans un bain relaxant !
– Je vois une femme inconnue se faire baiser par un homme que je distingue à peine. Je ne sais même pas s’il est petit ou grand, gros ou maigre, jeune ou vieux.
– Et pourquoi tu ne le vois pas ?
– Parce que tout ce qui m’intéressec’estderegardersabite alleret venir.Imaginer ce que cette femme ressent.
Je sens les mains de Linus se faufiler sous mon tee-shirt. Mon soutien-gorge dégrafé, il en profite pour caresser mes seins. Je sens aussi son souffle sur ma nuque. Sa bouche se pose à la naissance de mon cou.
– Continue…
– Par ta faute, je me pose des questions auxquelles je n’aurais jamais songé sinon. Se connaissent-ils ? Sont-ils des amants occasionnels ou vivent-ils une relation suivie ? Où sont leurs mains ? Je n’arrive pas à les voir…
– Ferme les yeux et laisse les images venir à toi…
– Je les ferme, mais j’ai besoin que tu me dises ce que tu…
– Ce que je ?
– Ce que tu vois, ce que tu veux voir, ce que tu veux me faire voir, ce que tu veux que je voie
Linus me fait pivoter, mes yeux sont toujours fermés. Il m’embrasse. Son baiser a le goût des films hollywoodiens… Je suis Pam Grier dans les bras de Burt Lancaster. Derrière nous, le décor projeté d’une tempête. Notre bateau tangue. À moins que ce ne soient que mes jambes. Je me demande si mon baiser a le même goût dans sa bouche quand je l’entends fredonner un chant de marin. La mélodie se répand dans mon corps. J’en ai le souffle coupé.
Il desserre son étreinte, je m’accroche à lui et le supplie en français de m’embrasser encore. Son sourire bruyant comme un éclat de rire contenu m’indique qu’il en est ravi. Ce deuxième baiser a le goût d’un tatouage de marin fait à la plume dans l’arrière-salle crasseuse d’un bar portuaire. Le dessin s’affine quand je le regarde de plus près. En me concentrant pour le distinguer au milieu des volutes de fumée, j’y vois un profil épuré, des routes séparées qui se rejoignent, se séparent à nouveau pour se rejoindre encore avant une nouvelle séparation et de nouvelles retrouvailles dessinant une carte imaginaire… Je connais ce motif, mais je ne me souviens plus où je l’ai vu. Je glisse mes mains sous son tee-shirt, comme si le fait de sentir sa peau pouvait raviver ma mémoire.
Son baiser a désormais le goût de la lave. L’océan est en feu, mais tant que nos langues danseront ensemble, tant que ses mains caresseront ma nuque, mon corps, tant que mes caresses répondront aux siennes, nous ne risquerons rien.
Je sens qu’il a ouvert les yeux, je fais de même. Je me noie dans le plaisir de son regard, je sais que c’est réciproque. Il décolle sa bouche de la mienne le temps de me dire à quel point il aime nos baisers. J’ai la respiration haletante. Son sourire est incrédule quand il me demande si j’en veux encore.
Je lui reproche de me poser la question. Je le bouscule, le pousse contre le petit bureau, il trébuche et je l’embrasse avec une rage amoureuse. Je suis de nouveau à Hollywood, mais la bande-son est viscérale, des coups de baguette sur des timbales, un rythme frénétique qui va crescendo. Nous entamons alors un tango animal. Nous voulons contraindre au silence la violence de notre désir, il se venge en explosant de toutes parts.
Oh oui, je les vois ces images, et combien elles m’excitent ! Je comprends dans nos baisers que nous nous sommes masturbés pendant des années avec cette même rage, presque de la précipitation, qui contrastait avec ces autres séances de plaisirs solitaires, sereines où nous prenions le temps de jouir et de jouer avec la montée orgasmique.
Nous nous regardons encore. Ses yeux étonnés, je baisse les paupières pour lui donner l’autorisation muette de me poser la questionqui le taraude et que son regard vient de trahir. Toi aussi, tu t’es déjà enfermée, adossée à la porte pour te branler à toute vitesse ? Je lui souris. Oui. Il ne cache pas son sourire qui semble me dire et bien, pose-la ta question ! Je viens de regarder sa poche. T’en as sur toi ? Feignant la candeur, il agite le petit morceau de pierre d’alun.
– Tu n’es pas trop fatiguée pour… ?
– Je le suis certainement, mais l’envie de te sentir comme la dernière fois est bien plus forte. J’aurais tout le temps de me reposer plus tard ! Viens, mais promets-moi de m’embrasser encore quand tu ne pourras plus sortir de ma chatte !
Je ne sais pas ce qui me prend, quand il commence à tapisser les parois de mon vagin, je me mets à fredonner « What’s new pussycat ? » qu’il reprend en chœur et à mi-voix. Linus me propose de choisir le préservatif qu’il utilisera. Parmi les cinq, je choisis le plus texturé. Quitte à faire. Son rire contenu me transporte. J’aurais dû parier ! La légèreté disparaît aussi soudainement qu’elle était apparue.
Son gland à l’entrée de mon vagin, Linus me demande de lui décrire ce que je vois dans ses yeux. Nous ferons l’amour au gré de ces images.
— Je ne vois qu’un brouillard à couper au couteau. Il est trop épais pour que je puisse distinguer les personnages qui semblent s’animer.
– Un épais brouillard, tu es sûre ?
Son gland ne m’a toujours pas pénétrée. Son pouce caresse mon Mont de Vénus.
– Penche-toi un peu, que je voie mieux. C’est peut-être de la fumée… Oui ! Une salle enfumée qui sent le tabac.
Linus se penche, m’embrasse. Je ferme les yeux. L’image devient progressivement plus nette. Son baiser a le goût d’un pub irlandais tel que je me les imaginais à vingt ans.
– Que vois-tu ?
– Une pinte de bière brune surplombée d’une mousse épaisse, dense, ambrée… Un truc volète autour…
– Un truc ?!
– On dirait comme un insecte, mais ce n’en est pas un… Entre plus profond en moi, caresse-moi plus fort…
Linus y consent et embrasse la main que j’ai posée sur son épaule. Plouf ! Le truc a plongé dans le verre.
– Je vois un bras tatoué. Le tatouage a vieilli, mais c’est celui que j’ai vu tout à l’heure. Les doigts plongent dans le verre pour en ressortir le truc qui est tombé dedans.
– Regarde mieux !
J’ouvre les yeux, plonge dans son regard. Je veux ne faire qu’une avec son sourire. Il le remarque, s’enfonce davantage en moi, taquine mes doigts avec ses lèvres.
– C’est ta main ! Je reconnais ta main ! Tu secoues le truc dans tous les sens pour le débarrasser de la mousse qui le recouvre. Oh ! Ce n’est pas un insecte. On dirait… un elfe… ou une fée… une banshee…
Je ferme les yeux. Linus m’embrasse. Il accélère les mouvements de son bassin. Je sais qu’il en profite au cas où, comme la dernière fois, il resterait coincé dans mon vagin. Son baiser a le goût des légendes irlandaises. Après avoir déposé la créature dans le creux de sa main, il l’essuie délicatement de la pulpe de son pouce, un coup de langue coquin pour retirer la mousse accrochée sur le bas-ventre dévoile un pubis immaculé. Linus m’embrasse toujours, mais je le sens sourire. Il sait que j’ai enfin compris, cette créature, c’est moi dans un univers dont j’ignore presque tout.
Je m’éloigne de mes sensations tout en les ressentant de plus en plus fortes. Ma main glisse de son épaule jusqu’à mon clitoris. Je me caresse et je sens épaissir la verge de Linus. Ses grognements de contentement pourraient me faire jouir. On dirait qu’ils cherchent à m’attirer hors de mon corps, hors de moi-même tout en me suppliant d’y rester. Son souffle n’a plus sa mélodie coutumière. Il est plus puissant, plus intime. Un bruissement d’ailes. Enfin, t’en as mis du temps ! Quel est ce phénomène qui parle ainsi à mon ectoplasme ? J’ouvre les yeux et le vois dans ceux de Linus, qui me sourit. Tu es un ange démoniaque et je suis un démon angélique. C’est tout ce que tu as à savoir de nous. Je ne te vois pas, mais entends parfaitement ta surprise. On fait le voyage ensemble ? Wow ! Tu jouis de ma proposition !
Une pudeur incongrue m’empêche de poser la question qui m’obsède. Pudeur surprenante autant que stupide puisque Linus la devine dans mon regard. Je ferme les yeux et me tais. Je veux me concentrer uniquement sur mes sensations. Mais insidieuse, cette petite chose me tarabuste, comme si elle me bousculait à petits coups de poings sur l’épaule. À quoi tu penses ? À quoi tu penses ? Je m’efforce de faire réintégrer mon corps à mon ectoplasme pour qu’il ne me trahisse pas. J’y parviens, mais une caresse sur mon ventre délie ma propre bouche. Toi aussi, tu as un ectoplasme ? Depuis combien de temps le sais-tu ? D’un haussement d’épaules, Linus m’avoue son ignorance. Je crois que je l’ai remarqué quand nous étions sur scène… Mais… je ne sais pas… Je crois que j’ai perçu le tien sans savoir ce que c’était, ni si c’était moi qui le percevais ou si c’était lui.
Linus sourit. J’entends sa question muette et j’y réponds de la même façon. Oui, je sens que mon vagin se resserre autour de sa verge. Oui, j’aime ça. Un bruissement d’ailes. J’entends le cœur de Linus battre à tout rompre. Il bat si fort qu’il résonne dans mon vagin. Sa bouche, la mienne nous crient leur envie d’être réunies. Son baiser a le goût du secret. Ses mains quittent mon corps pour se poser sur mes yeux. Comme si ce geste pouvait masquer quoi que ce soit !
Linus déambule sur un long tapis rouge, sûr de lui, hautain. Il traverse différents lieux. Une cohorte de femmes se pâment à son passage, l’interpellant, le suppliant. Il ne leur prête aucune attention, sauf à certaines auxquelles il consent à offrir son sexe, démesurément long et massif, à leurs baisers, à leurs seins, à leurs cuisses. À leurs cuisses ?! Mon ectoplasme est aussi curieux que moi. Le sien me répond. Quel homme serait assez stupide pour résister au plaisir de se faire branler ainsi ? Complices et malicieux, nos ectoplasmes concluent à l’unisson. À part cet idiot d’Alister ?!
Nous rions, toujours unis dans le baiser. Linus consent enfin à me laisser ouvrir les yeux pour le regarder. Je plonge dans un océan de tendresse et d’émotion.
– Tu entends comme ta chatte est mélodieuse quand tu es sur le point de jouir ?
– C’est parce que tu as trouvé les accords pour la faire chanter… Écoute, écoute la mélodie de tes va-et-vient et tes couilles en guise de percussion…
Nous fermons les yeux pour mieux profiter de nos ectoplasmes. La porte du cabinet de la curiosité s’ouvre. Malgré nos paupières closes, nous savons qu’il est inondé de lumière. Odette ? Linus ? Le cabinet replonge dans l’obscurité. Personne ici non plus. La porte se referme. Comment se fait-il que Christian ne nous ait pas remarqués ?
La bouche de Linus est sur mon sein, sa langue tourne autour de mon mamelon couvert de chair de poule, comme s’il lui roulait une pelle. J’agrippe sa nuque. Je ne veux pas qu’il jouisse maintenant. Je veux profiter encore de la magie qui nous nimbe. Il relève la tête, s’approche de ma bouche. Son baiser a le goût de l’aventure.
Je surplombe Linus et le regarde, allongé sur le lit, l’air gourmand, les mains derrière la tête, il est heureux parce qu’il sait que son appétit sera bientôt satisfait. Dans ses yeux se reflète la cime d’un volcan enneigé qu’il regarde au travers de voilages qu’une brise soulève à intervalles réguliers. J’aime le goût de ce baiser serein au parfum d’aventure. D’ailleurs, d’où vient-il ce parfum ? Du trajet qui nous a menés jusqu’ici ?
– Viens ! Viens ! Suis-moi ! C’est le moment où jamais ! Viens avant qu’il ne soit trop tard !
L’ectoplasme de Linus attire le mien à l’entrée de mon vagin. Je l’entends se faufiler à l’intérieur impatient. Viens ! Mais viens donc ! J’écoute attentivement le son du frottement du préservatif à l’entrée de mon vagin. L’ectoplasme de Linus m’arrache à cette écoute et m’entraîne à l’intérieur. Quand il sera coincé, ce sera trop tard ! Excité comme un enfant, il s’extasie.
– Tu vois quelque chose ? Moi, je ne peux qu’entendre…
– Je ne sais pas si je vois, j’entends ou je ressens ou les trois, mais quelle importance ? Laisse-toi aller et prends ma main !
– Ta… main ?!
Linus m’embrasse toujours, ses doigts se glissent entre les miens. Comme ça. J’ouvre les yeux, les siens sont fermés. J’entends les frissons de nos corps de l’intérieur, ils sont parfois couverts par les remarques de nos ectoplasmes. Les lèvres de Linus s’étirent dans un large sourire, même sa langue paraît s’amuser de ce qu’il ressent. Nos ectoplasmes glissent le long de ses reliefs comme sur des toboggans en poussant des petits cris joyeux.
Mes parois se sont encore resserrées. La verge de Linus est coincée, mais mon vagin palpite fort. J’ondule du mieux que je peux. Ne crains rien, tu ne me feras pas mal. Linus me regarde, me rassure. Que vois-tu ? Je le décris, allongé sur le lit.
– Un volcan, c’est sûr, mais regarde mieux, dans et avec mes yeux !
L’image tourne à toute vitesse, comme une caméra qu’on aurait laissé filmer en passant d’un opérateur à l’autre. Oh ! Linus sourit. Point de voilages agités par les pales d’un ventilateur, point de volcan enneigé à l’horizon, mais mon pubis derrière un jupon que ses doigts s’amusent à soulever. D’où vient ce grondement comme une cavalcade ? Les cris de joie de nos ectoplasmes qui viennent d’être douchés par l’orgasme de Linus et qui en profitent pour s’échapper de mon corps. Il me semble les entendre s’ébrouer.
– Reste encore en moi…
– Parce que tu crois que j’ai le choix ?
– Offre-moi encore un baiser… Un baiser pour estomper le brouillard qui me masque le spectacle.
Son baiser a le goût du calme après la tempête. Je suis, nous sommes sur un bateau, un bateau de pirate semblable à celui qu’aurait eu Gideon lors de notre traversée transatlantique s’il avait possédé un bateau de pirate. Les mains de Linus glissent le long de mon corps, invitant les miennes à faire de même le long du sien. Le bateau devient de plus en plus grand à moins que ce soit moi qui rétrécisse.
Le baiser de Linus a désormais le goût de la poussière qui s’évapore, ce goût qui agace tout autant qu’il soulage. Un couvercle se soulève. Je me déploie, car je suis une petite ballerine qui tourne sur elle-même au rythme d’une boite à musique. Linus s’amuse de cette vision qui me fait rougir et me rend plus fragile. Plus fragile à mes yeux, plus désirable aux siens. Encore ? Mon vagin vient de se contracter, sa verge durcit de nouveau. Même à vingt ans, je ne rebandais pas aussi vite, ni aussi fort ! Il m’embrasse encore.
Son baiser a le goût de la sueur. Je rétrécis toujours, mais je ne le vois plus.
– Je suis perdue. Je ne sais pas où je suis et toi, où es-tu ?
– Regarde, regarde autour de toi ! Regarde au-dessus de toi ! Tu ne remarques rien ? Moi, je te vois.
– Je suis à l’intérieur d’une cathédrale de bois. Le toit est crevé, seules quelques poutres y sont accrochées.
– Combien de poutres ?
– …
– Tu ne peux pas répondre à cette simple question ?
– Embrasse-moi encore !
Je rentre ma tête dans les épaules en voyant passer une ombre au-dessus de moi.
– Je crains que ça ne suffise pas à t’ouvrir les yeux, ma belle !
Ses doigts caressent mon pubis, excitent mon clitoris qui n’attendait que ça. Le bruissement d’ailes familier. Un mot, un conseil chuchoté à plusieurs voix. Écoute !
– Ça y est, je te vois ! Ce ne sont pas des ombres menaçantes au-dessus de moi, mais tes doigts qui grattent les cordes d’une guitare ! Oui, cette cathédrale de bois, c’est une guitare et je suis à l’intérieur ! Oh, je t’en supplie, fais-moi vibrer comme ça. N’arrête pas ! N’arrête… pas !
Linus n’arrête pas, il joue de mon corps comme il sait si bien le faire avec son instrument et son souffle, les va-et-vient de sa verge me susurrent la plus merveilleuse des chansons. Alors, alors je m’entends chanter avec lui, d’une voix à la fois pure et éraillée. La voix dont j’ai toujours rêvé. La chanson dure longtemps et nous jouissons, bouche contre bouche, langue avec langue, mes ongles s’enfonçant dans ses reins, ses doigts autour de ma vulve.
Je le regarde, amusée, retirer son préservatif, y faire un nœud, regretter de ne pouvoir le conserver comme une sainte relique.
Quand nous rejoignons le salon, Jimmy et Christian sont en pleine discussion. Ils ne peuvent que remarquer d’où nous sortons.
– Mais… mais… comment…?
– Rien de tel qu’un peu de magie irlandaise pour nous rendre invisibles !
Christian s’amuse de la réponse de Linus. Jimmy se lève, m’entraîne dans la cuisine.
– Que s’est-il passé ? Tu as un drôle d’air. Linus n’aurait pas… Tu as l’air…
– Ne t’en fais pas… Linus n’a rien fait… enfin, rien de ce que tu sembles craindre.
– Alors, pourquoi cet air étrange, chagrin ?
– Tu connais mon esprit rationnel, ma passion pour la rigueur scientifique… Je ne m’explique pas ce que je viens de vivre. C’est ça qui me contrarie, mais sois tranquille, c’était agréable. Merveilleusement agréable !
– Tu me raconteras ?
– Oui, mais d’abord, je veux en parler aux Pomponnettes. Je vais avoir besoin de tous nos pouvoirs conjugués pour démêler les fils de cette étrange aventure…
Jimmy me serre dans ses bras, m’embrasse. Nous entrons dans le salon.
Au petit matin, la conversation à mi-voix entre Jim et Jimmy me sort du sommeil. Leurs caresses aussi. Jim, dans mon dos, s’extasie de pouvoir regarder mon corps sitôt réveillé et de pouvoir le toucher.
– Rien n’égale la lumière de l’aube provençale… Vé, elle fait resplendir sa peau comme si elle était recouverte de poussière d’or !
Je suis à chaque fois troublée d’entendre la voix grave de Jim lors de ses échanges avec Jimmy, l’anglais a presque déserté sa bouche et son accent australien cède peu à peu la place à celui chantant de la Provence. Les yeux toujours clos, je m’étire, féline, attrape la main la plus proche, la pose sur mon pubis. J’ondule et d’une voix éraillée par le sommeil, leur demande de se montrer polis. Je sens leur sourire.
– Et comment devons-nous nous montrer polis ?
Je me retourne pour sentir le corps de Jimmy contre mon dos.
– En respectant les traditions.
Je n’ouvre pas les yeux. Jim semble ignorer mon éveil et poursuit son propos brièvement interrompu.
– Tu crois qu’un peintre pourrait rendre cette impression ?
– Ou un photographe…
– Non. Aucun ne serait assez subtil. Il faut du temps pour rendre… vé… là… sur son ventre… sur ses seins… et son bras…
– Une chambre alors…
– Une chambre ?
– Une chambre photographique… tu sais, les vieux appareils… avec des plaques… le temps de pause était assez long…
Je sens l’érection de Jimmy contre mes reins.
– Il me tarde que ma Princesse sorte de son sommeil parce que la sentir vivante contre moi… Tu sais comment on réveille une princesse endormie ?
– Par le baiser de son Prince Charmant !
– Mais ce matin, lequel de nous deux le sera ?
– Embrasse ses lèvres du haut, je m’occupe de celles du bas…
J’ai du mal à réfréner mon envie de rire. Ce rire nerveux et incontrôlable qui monte en moi, un mélange de bonheur enfantin et d’émotion transgressive. Je me concentre pour ne pas ouvrir les yeux trop vite. Jouer à la princesse assoupie le plus longtemps possible, profiter encore de la douceur de leurs baisers. J’y parviens en imaginant une succession de paupières recouvrir mes globes oculaires comme des stores vénitiens qu’on descendrait d’une pichenette sur le cordon.
Les lèvres de Jimmy sur ma bouche, sa langue agace mes dents les incitant à s’entrouvrir, sa langue qui s’insinue pour partir à la rencontre de la mienne, ravie de la retrouver dans une danse sensuelle et humide. La bouche de Jim qui prend tout son temps avant d’embrasser ma vulve. Ses lèvres douces bien qu’un peu rugueuses semblent hésiter, elles s’attardent sur mes seins, descendent lentement jusqu’à mon pubis, remontent un peu. Je succombe et ne parviens pas à empêcher mes cuisses de s’écarter, mon bassin de se projeter en avant.
Je veux contenir mon plaisir, le retenir en moi, le faire bouillonner avant de le laisser exploser dans sa bouche. Les sensations de notre première sodomie polie m’assaillent. Ma peau se souvient de la fraîcheur qui régnait dans cette grotte, je sens encore l’odeur de nos souffles mêlés, celle de la peinture qui recouvrait nos corps, je me rappelle de l’obscurité totale qui me rassurait. Je veux croire que ces mêmes souvenirs les envahissent aussi, quand les doigts de Jimmy glissent le long de ma raie, quand Jim invoque son dieu dans un murmure, quand il attend un signe de son ami, son frère avant de me pénétrer, m’inondant de mots d’amour et enfin, enfin, sentir le gland brûlant de Jimmy à l’entrée de ce paradis que j’ai trop longtemps pris pour l’enfer.
Il se demande à mi-voix si dans mon sommeil, je pourrais percevoir le passage de sa petite bosse. Jim lui conseille de ne pas aller au-delà, d’aller et venir doucement, comme s’il voulait ne stimuler que son bourrelet. C’est ce que je ferais à ta place. Leur conversation reprend. Excitée et excitante.
– Pourquoi restes-tu immobile ?
– Parce que tes va-et-vient suffisent à me stimuler.
– Vraiment ?
– Vraiment.
– Et si j’arrête de bouger, tu bougerais à ton tour ?
– Oui
Jimmy s’enfonce un peu plus et se fige. Jim va et vient en moi. À la demande de Jimmy, il sort entièrement de mon vagin pour me pénétrer d’un coup de rein.
Je sens l’émotion dans la voix de Jim et dans la crispation de sa main sur mon épaule. J’entends à peine la réponse de Jimmy parce que la main de Jim caresse ma joue et s’est arrêtée sur mon oreille. Je crois avoir compris qu’il est question de chambre conjugale qui est désormais aussi la sienne.
Jimmy reprend ses va-et-vient plus vigoureusement. Je dois faire un effort surhumain pour ne pas ouvrir les yeux. J’ai renoncé à ne pas onduler. Mes lèvres se posent sur le torse de Jim. Je sens le bout de ses doigts effleurer ma nuque. Ils plaisantent sur ma scarification rituelle, la tendresse de leur ton me fait chavirer. Je n’y tiens plus, j’ondule plus visiblement. Dans un sursaut aveugle, je me redresse pour embrasser la bouche de Jim. D’une voix évaporée, je prononce ces mots qui scellent notre union. Je fais le vœu qu’à chaque fois où dans mes rêves, deux princes, frères d’âme, me feront l’amour comme ils le font en ce moment, ils ne puissent résister à l’envie de transpercer ma peau de leurs dents puissantes, que leur morsure me sorte du sommeil et qu’à mon réveil, je les trouve à mes côtés, aussi comblés que je le serai.
Je fais toujours semblant d’être endormie. Jim demande à Jimmy s’il a bien compris ce qu’il a cru comprendre. Je sens son cœur battre à tout rompre. Jimmy le lui confirme. Mais où devrais-je mordre Princess ? Il lit la réponse sur mes lèvres plus qu’il ne l’entend. Où tu le souhaiteras.
Jim ne bouge plus. L’étreinte de Jimmy se fait fougueuse. Il se déchaîne en me suppliant d’attendre un peu avant de me réveiller. Je sens dans mes orteils les picotements annonciateurs de cet orgasme qui n’attend qu’une étincelle pour exploser. Les yeux toujours clos, je sais exactement à quoi ressemble le visage de Jimmy. Je le sais à sa façon de déglutir, aux gouttes de salive qui s’échappent de sa bouche malgré ses efforts pour les retenir. Son souffle s’approche de ma nuque. Je visualise sa langue affutant ses dents. Que j’aime quand son cri transperce ma peau aussi sûrement que ses crocs !
L’étincelle a fait exploser le premier orgasme, mais mon corps en veut plus. Jimmy le comprend. Il se retire et pendant que Jim se déchaîne à son tour, ses doigts prennent le relai. Je me demande s’il sent les va-et-vient de son ami, son frère qu’il encourage. Quelle folie s’empare de moi, qui me fait supplier Jim de me donner son plaisir à boire ?
– Il ne fait jamais contrarier une princesse endormie.
Jim suit les conseils avisés de son ami, son frère et tandis que ses doigts prennent eux aussi la place de son membre, il me baise la bouche comme si nos vies en dépendaient. Je jouis comme une chienne lubrique et je tète son sexe comme un nourrisson affamé. En se penchant pour enfin goûter au plaisir de me mordre, son membre s’enfonce si profondément que je perçois à peine le goût de son sperme. Comme Alain, il a cette faculté à jouir longtemps, à longs jets, ce qui me permet d’en profiter quand même.
Quand ses dents déchirent ma peau, je perds le contrôle de mes jambes que je sens remuer dans tous les sens, comme celles d’un pantin désarticulé. Jamais cette perte de contrôle n’a été aussi vive.
Jim sort de ma bouche, m’embrasse d’un baiser au goût métallique, celui de mon sang. Jimmy m’embrasse à son tour. Je me retrouve dans la position de départ, face à lui, Jim dans mon dos. Je m’étire, baille exagérément avant d’ouvrir les yeux. Je les regarde alternativement et, ingénue, leur fais part des bribes du merveilleux rêve que je viens de faire. Tendrement, Jimmy caresse ma joue en m’affirmant envier ma chance et demande à Jim s’il ne m’envie pas aussi.
La faim nous tenaille, mais nous devons attendre une bonne demi-heure avant de trouver la force de sortir du lit. De notre lit. Notre lit conjugal.