Chroniques matrimoniales – Lecture à voix haute

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Dessin de Milo Manara

Nous étions ici depuis trois jours, enfin, depuis trois nuits et nous étions à l’aube de cette troisième journée quand je quittai les bras du Balafré, encore endormi, pour préparer mon petit-déjeuner. Je fis la moue en ouvrant la porte du frigo… plus de lait… je devrais donc patienter encore, le mas était trop éloigné du premier commerce pour que je puisse m’y rendre à pied.

Je sortis dans la cour, je voulais cueillir quelques fleurs en espérant qu’une leçon de botanique serait au programme. Je me retournai en entendant des pas sur le gravier. Martial tenait un bidon de lait à la main et l’agitait au-dessus de sa tête.

Té pitchoune, tu ne veux pas déjeuner avant ?

Nous étions morts de rire, son accent méridional sonnait aussi faux que le mien !

Oh peuchère… j’ai faing, mais il n’y avait plus de lait…

Je revieng d’en acheter !

As-tu pensé au paing ?

Oui ! J’ai pensé au paing ! Et comme on dit au païs « du paing, du ving, du Boursing et tout va bieng ! »

Je reçus sur la joue quelques éclaboussures de l’eau que Jimmy avait jetée au visage de Martial. Ce qui nous fit rire davantage. Jimmy parut nous lancer une malédiction en provençal.

Qu’est-ce qu’il a dit ?

Je ne sais pas. Je ne parle pas le sauvage !

Pourtant, tu t’es installée par ici…

Je suis venue leur apporter la civilisation… une missionnaire en quelque sorte…

Avant que Jimmy ne mette ses menaces à exécution, nous nous réfugiâmes dans le mas. Je mis le lait à chauffer pendant que Martial dressait la table. Le café était en train de passer doucement et je me laissais bercer par la musique de la croûte de pain cédant sous la lame du couteau. Martial taillait des tranches épaisses en sifflotant. Par la fenêtre, je regardais Jimmy traverser la cour, pointant vers moi un index menaçant, mais ce qui me préoccupait était la bosse dans la poche de son jeans, que contenait-elle ?

Le lait était chaud, je m’apprêtais à le verser dans mon bol, quand Martial interrompit mon geste. « Laisse-moi le faire, ce matin ». Il prépara mon chocolat avec une attention que je n’avais jamais apportée jusque là. « Tu me diras ce que tu en penses ». Je m’assis, pris ma serviette et la posai sur mes cuisses. Le Balafré fit son entrée, le visage encore tout froissé de sommeil.

J’ai rêvé ou le mot « missionnaire » a été prononcé ?

Jimmy haussa les épaules d’un air las.

Pas dans le sens où tu l’entends… ils se moquaient de nous, si tu veux tout savoir…

Monique m’expliquait la raison de sa venue ici… une missionnaire venue apporter la civilisation dans une contrée peuplée de sauvages…

Il souriait. Le Balafré dodelina, leva les yeux au ciel.

Monique… Monique… !

Me méprenant, je pris Martial à témoin.

Tu es d’accord avec moi, non ?

Je reprochai au Balafré son air condescendant. Martial posa sa main sur la mienne, m’obligeant ainsi à le regarder dans les yeux.

Les missionnaires sont venus en Afrique pour apporter la civilisation aux sauvages qui la peuplaient… Mon père est arrivé en France avec les tirailleurs sénégalais pendant la seconde guerre mondiale…

Oh merde ! Pardon ! J’y avais pas pensé ! Pour moi, t’es juste un parisien, comme moi… pardon !

Ne t’en excuse pas ! Ça me fait tellement plaisir que tu n’y aies pas pensé !

Et ta mère est aussi sénégalaise ?

Non, pas du tout ! Pas plus que mon père qui est natif de Côte d’Ivoire…

Alors, pourquoi dis-tu qu’il était tirailleur sénégalais ?

Parce que c’est ainsi qu’on appelait les indigènes d’Afrique incorporés dans les troupes françaises…

Mais c’est complètement con !

Martial me sourit. Jimmy regardait le Balafré, eux aussi souriaient.

Je trouve aussi

Et vachement méprisant, non ?

Si ! Aussi !

Fais attention, ma chérie, tu vas faire de la bouillie à force…

Toute à cet échange, j’avais oublié ma tartine qui trempait dans mon bol, elle se délitait dans le chocolat encore chaud. Je la mangeai rapidement, avant de boire une gorgée. Le chocolat était délicieux, je félicitai Martial.

C’est une recette de ma maman !

Tu sais d’où est originaire « maman Martial » ?

De Nice ?

– Non

– Marseille ?

– Non plus !

– Aubagne ?

– Non !

– Toulon ? Cassis ?

– Essaie encore…

– Je brûle ?

Éclat de rire des trois amis.

– Oui et non…

Jimmy reprocha aux deux autres de se moquer de moi, il me donna un indice « P’tète ben qu’oui, p’tète bien qu’non ! » Bon sang ! Son accent pointu était au moins tout aussi pourri que mon accent méridional ! Toutefois, je compris son message.

Ta mère est Normande ?

Oui, elle vient d’un village près d’Avranches…

Hé ! Mais si ça se trouve, on est cousins ! Ma grand-mère vient de Montchaton, à côté de Coutances !

– Sait-on jamais…

Je bus mon bol comme j’aimais à le faire, d’une seule gorgée, le tenant à deux mains. J’ai toujours aimé la sensation humide au-dessus de ma lèvre supérieure, la moustache de lait que j’essuyais avec ma serviette quand elle commençait à sécher. Depuis un an, j’avais appris à aimer le regard que les hommes portaient sur moi quand ils me voyaient faire. « Tu féliciteras ta mère de ma part, Martial, je n’ai jamais bu un aussi bon chocolat ! ».

J’allais plier ma serviette quand Jimmy sortit de sa poche un petit paquet fait à la va vite et me le tendit. Je l’ouvris et découvris un rond de serviette en bois gravé à mon prénom. Je ne savais pas si je devais en rire, alors, je me levai et embrassai la joue de Jimmy en me penchant au-dessus de la table.

Depuis notre arrivée, j’avais eu droit à quelques « leçons de rattrapage » en français. Les séances débutaient toujours de la même façon, je choisissais un costume, le Balafré, Jimmy et Martial se concertaient et décidaient quelle oeuvre ils allaient me raconter.

Mue par je ne sais quelle inspiration, sans doute liée à la mélodie d’une vieille ritournelle que sifflait le Balafré, occupé à faire la vaisselle, j’ouvris la valise et la vidai entièrement. Je reconnus la fameuse robe de bergère qui avait tant plu à Nathalie, je la dépliai avec l’idée de demander au Balafré si, comme moi, il trouvait qu’elle irait mieux à Cathy qu’à moi, mais ce faisant, le premier cahier de Bonne-Maman tomba sur le carrelage. Je le ramassai.

C’est toi qui as demandé à Christian de le mettre dans la valise ? Quelle bonne idée !

Hélas, non ! J’aurais aimé l’avoir eue, mais c’est une initiative de Christian !

Je souris en pensant à lui, mais je me retins de le dire au Balafré la phrase qui me brûlait les lèvres « C’est aussi pour ça que je l’aime ». Je ne voulais pas qu’il perde la face devant ses amis et j’ignorais encore que ça n’aurait pas été le cas. Je tendis le cahier à Jimmy « Tu veux le lire ? ». Il allait me répondre quand je remarquai son regard par-dessus mon épaule. Le Balafré lui avait fait signe de refuser ma proposition.

Si on en profitait pour varier les plaisirs ?

Une leçon de botanique ?

Ton enthousiasme me va droit au coeur, fille de Mère-Nature,  non… je pensais… ce matin, tu nous lirais à voix haute… en soignant ta lecture… le cahier de Rosalie pendant que nous te ferions l’amour…

Ouah ! Tout le cahier ? !

Ah, ah ! Je te reconnais bien là, petite gourmande… ! Essaie déjà d’aller au bout d’un seul chapitre ! Mais je te laisse choisir lequel…

Je préfère que ce soit Jimmy qui choisisse.

Jimmy, touché, entreprit de le feuilleter, il s’extasia de la jolie calligraphie et sourit en découvrant les titres de chacun des chapitres.

Je ne résiste pas à Baudelaire…

Il  me tendit le cahier ouvert à la bonne page. Je fis sans doute la moue, puisqu’il me demanda ce qui me déplaisait. J’aurais préféré un chapitre plus joyeux, toutefois ma mine contrariée me permit de décider où et comment relever ce défi. Dans un des appentis était entassé tout un bric-à-brac, dont un vieux lit qui correspondait à l’image que je me faisais d’un divan profond comme un tombeau. Le mas avait subi quelques modifications au cours des décennies précédentes, l’époque était alors au modernisme et au formica. Combien de meubles anciens avaient fini en bois de chauffe ? Je ne saurais le dire, mais par chance, le lit n’avait été que démonté et ses éléments empilés dans un coin. Nous transportâmes le tout dans la cour pour un dépoussiérage et un remontage. J’avais estimé à une demi-heure le temps nécessaire à ces préparatifs, l’horloge sonna midi quand nous en vînmes enfin à bout ! Comme le fit remarquer le Balafré, si Valentino avait été là, nous aurions gagné un temps certain. J’aimais les regarder s’activer, s’interpeller. J’avais aimé leurs « Non ! Laisse-nous faire, Monique ! », mais par-dessus tout leur désobéir et ainsi leur prouver que je n’étais pas une faible créature.

Cette journée, un peu fraîche était malgré tout très ensoleillée, je ne portais que la chemise d’homme dans laquelle j’avais dormi, je décidai de ne pas la retirer pour le moment, au contraire, je la reboutonnai soigneusement pendant que Jimmy et Martial étaient partis chercher le grand matelas sur lequel nous dormions le Balafré et moi. Comme il le faisait souvent, le Balafré se caressa la commissure des lèvres en souriant, il ne savait pas encore à quel point ce geste m’excitait, mais il commençait à s’en apercevoir. Il me demanda, à brûle-pourpoint, si j’étais heureuse, pour toute réponse, je lui souris.

Approche !

Comprenant où je voulais en venir, il me dit « Tu vas t’écorcher les genoux, ma chérie ! »

Je m’en fous, la douleur sera minime comparée au plaisir que je vais prendre ! Mais avant…

Je me blottis dans ses bras, fermai les yeux et levai mon visage vers le sien. C’était notre petit rituel d’amour, de tendresse avant le déchaînement de nos pulsions, celui qui s’était imposé à nous sans que nous l’ayons choisi. J’aimais sentir le souffle du Balafré sur ma peau, sa main sur mes reins, l’autre qui caressait doucement mon visage, chaque caresse précédait un baiser léger, chaque baiser léger était suivi d’un mot d’amour, d’un compliment. Je me laissais faire, le corps déjà tendu vers le bonheur. Quand une mèche de mes cheveux le dérangeait, il soufflait dessus pour la remettre en place. Pour finir, il posait ses lèvres sur les miennes, ma langue forçait un peu ses dents pour retrouver la sienne et nous nous embrassions longuement. J’appréciai tout particulièrement la saveur de ce baiser matinal, sa salive au goût de café se mêlait à la mienne, chocolatée… Je détachai le bouton de son pantalon, fis glisser la fermeture, constatai qu’il ne portait rien dessous et qu’il bandait déjà très fort.

Mes paupières toujours closes, je m’agenouillai devant lui et tentai de redessiner le tracé de sa cicatrice du bout de ma langue. J’entendis crisser le gravier, puis le bruit mat du matelas jeté sur le sommier. Me sachant observée, je décidai de faire de cette pipe une véritable oeuvre d’art. J’humectai le gland en salivant le plus possible, j’avais déjà en horreur cette manie de cracher sur autrui, je n’y ai toujours vu que mépris, ce qui annihilait tout désir. Quand il fut assez humide à mon goût, j’avalai un peu plus sa queue, les mains du Balafré caressaient mon crâne sous mes cheveux… ma langue s’enroulait autour de son sexe… dans un sens… puis dans l’autre selon que je l’avalais ou au contraire que je le sortais de ma bouche. Nous déglutissions tous les quatre au même rythme et c’était moi qui l’imposais, ce rythme. Cette constatation m’emplit d’une force incroyable qui décupla ma fougue. J’entendis Jimmy s’extasier, me comparer à une prêtresse en adoration devant une divinité priapique. J’interrompis cette fellation pour lui demander ce que ça voulait dire.

Je te le dirai après ta lecture… si tu lis bien !

Je me relevai, malgré les jérémiades du Balafré et ordonnai à Jimmy de s’allonger sur le lit. Il était déjà nu et maintenait la base de sa queue déjà dure, de telle façon qu’une ombre se dessinait sur son ventre. Imitant tant bien que mal la voix du Bavard, je fis un clin d’oeil au Balafré et lui dis « Boudiou ! Mais c’est qu’il me fait pas le cadran solaire, le coquin ! » Le Balafré éclata de rire et fit semblant de me le reprocher.

J’allais m’empaler sur ce sexe dressé quand une petite voix me conseilla de ne rien en faire, de profiter du pouvoir que m’offrait la situation. La veille, ils s’étaient moqués de moi, de ma « candeur toute enfantine », j’avais la possibilité de leur rendre la monnaie de leur pièce, je n’allais pas m’en priver ! 

C’est parce qu’ils se remémoraient d’anciens souvenirs, que j’appris l’origine de leur amitié. Le Balafré et Jimmy s’étaient connus sur les bancs de l’université où tous deux étudiaient l’histoire, de sursis en sursis, ils avaient reporté leur incorporation et, comme Jean-Pierre, le cousin de Christian, le faisait à l’époque, ils avaient opté pour la coopération. C’est pendant leur service qu’ils avaient fait la connaissance de Martial, étudiant lui aussi. Leur amitié ne s’était jamais démentie au fil des ans. C’est au cours de sa coopération, que le Balafré avait décidé de changer son fusil d’épaule, si je puis m’exprimer ainsi, de renoncer à une carrière universitaire pour devenir instituteur. J’avais fait un calcul mental, mais doutant de mon résultat, j’avais fini par leur demander leur âge. J’avais bien calculé et m’étais exclamée « Mais vous êtes super vieux ! Je ne l’aurais pas cru ! » ce qui avait déclenché leurs moqueries. Plus tard, quand nous n’étions que tous les deux, le Balafré m’avait fait remarquer qu’il était plus jeune que Catherine et m’avait demandé si je la qualifierais de « super vieille ». Il avait raison, elle ne l’était pas, mais j’aurais cru qu’il avait l’âge de Christian quand il avait celui d’Alain. « C’est parce que je suis bien conservé ! »

Je les regardais donc, prenant tout mon temps, j’ordonnai à Jimmy de rester allongé, au Balafré d’apporter un coussin très épais, de le poser à terre près du lit, de s’agenouiller dessus, face à moi, qui me tenais à la droite du lit et à Martial de se tenir debout dans mon dos. Je voulais sentir leurs mains me caresser et m’échauffer des baisers savants du Balafré sur mes cuisses, sur mon sexe.

Avant de débuter la lecture, puisque vous ignoriez l’existence de ce cahier, laissez-moi vous en parler un peu. Ma grand-mère, Rosalie y raconte comment elle a quitté sa Normandie natale, chassée par sa famille, reniée pour avoir fait une fugue afin de rencontrer Pierrot, mon papé dont elle était marraine de guerre… Elle y raconte sa vie amoureuse, amicale et sexuelle… C’est à peu près ça, non ?

Le Balafré fit oui de la tête. Jimmy lui reprocha de ne pas avoir entendu la réponse. À regret, il décolla ses lèvres de mon entrecuisse et en profita pour ajouter « Le récit débute en 1917 et s’achève en 1920 ».

Les mains de Martial couraient sur ma peau, sous la chemise. Je me cambrai sous toutes ces différentes caresses. Martial pinçait mes tétons de la manière idéale… Je fermai les yeux, rejetai ma tête en arrière et tendis ma bouche vers la sienne pour quémander un baiser… Que ses baisers étaient délicieux ! Suaves… ! Il aimait tout autant les miens… J’interrompis quelques instants ce long baiser, le temps de m’empaler sur Jimmy car je voulais lui offrir cet orgasme qui menaçait d’exploser… Martial reprit ses caresses sur ma peau, ses pincements aussi… et son long baiser… le Balafré glissa ses doigts entre ma chatte et le ventre de Jimmy.

Tu… tu sens… Jimmy ? Tu me sens… jouir ?

Fatché oh oui ! Putain… c’que c’est bon ! Oh… put…

Martial détacha le premier bouton, celui du col de la chemise que je portais.

À chacun de tes orgasmes, j’en dégraferai un… tu devras avoir fini ta lecture avant de les avoir tous détachés, sinon…

Sinon ? Sinon quoi ?

Sinon, nous…

STOP, Martial ! STOP ! Sa grand-mère m’a prévenu « Aucune sanction, elle y prendrait trop de plaisir !

La sagesse faite femme !

Je débutai ma lecture, mais ils savaient y faire ! Mon troisième orgasme déclencha celui de Jimmy… Nous n’avions pas songé à cette éventualité, mais la solution fut vite trouvée… Le Balafré prit la place de Jimmy qui prit celle de Martial qui remplaça le Balafré… Il ne restait plus qu’un seul bouton quand Martial put enfin prendre la place du Balafré qu’il convoitait depuis pas mal de temps, maintenant. Il ne me restait plus qu’un bouton et je n’en étais pas à la moitié du texte ! Je m’empalai sur son membre, nous nous regardions et nous souriions… complices… du même coin… de Paris… je fis deux va-et-vient.

Ta queue est parfaite pour ma chatte !

Tu trouves aussi ?

Ouais… putain ! C’est… Ah oui… la lecture…

Le Balafré m’avait rappelée à l’ordre d’une petite claque sur la fesse… J’étais en train de chercher où j’en étais avant le changement de partenaires, je venais de trouver quand le Balafré caressa mon petit trou d’un doigt habile… léger… curieux… coquin.

C’est pas du… oooh… jeu… !

Le Balafré détacha le bouton, le dernier, celui du poignet droit, m’ôta la chemise, la lança au loin, en prit une autre qui pendait sur le dossier du lit, celle de Jimmy, justement… il me l’enfila, la reboutonna soigneusement… Il me fallut plusieurs chemises avant d’achever ma lecture. Le Balafré interrogea Jimmy et Martial, satisfait de leurs réponses, il me félicita.

Tu as réussi l’exercice, ma chérie ! Et si tu le souhaites… on pourrait dire que tu as inventé « la figure Monique »… !

Je rougis un peu. J’étais surtout épatée que Martial et Jimmy aient réussi à écouter et à mémoriser le texte ! Je me repris tout de suite. J’étais heureuse et je voulais les faire rire.

J‘ai pas droit à une récompense ?

Un bon-point, par exemple ?

Euh… non… je pensais à une récompense… plus… personnalisée !

Comme quoi ?

Je réfléchis quelques minutes, le temps de sentir mes cuisses commencer à devenir humides.

Vous me léchez à tour de rôle ! Toi d’abord… tu me lèches… me roules une pelle pendant que Martial me lèche… il me roule une pelle pendant que Jimmy me lèche… etc. jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien !

Si un jour, je rencontrais une nana comme toi, Monique, je la demanderais direct en mariage ! Je la laisserais pas passer !

Et tu la partagerais ?

Bien sûr ! Quand tu as la chance de trouver un tel trésor… tu… oh oui, je la partagerais !

En effet, le 31 décembre suivant, lors du réveillon, Martial rencontra Sylvie, ne la laissa pas passer et nous la présenta lors de leurs fiançailles qui ressemblèrent beaucoup aux miennes.

Leurs baisers s’avérèrent un peu trop efficaces à mon goût, mais le soleil déclinait déjà et nous étions morts de faim. Le matelas réintégra sa place. Le Balafré me demanda la raison de ce sourire en coin.

– J’imaginais la figure Monique avec toi, Christian et Aloune…

Surtout le final ?

– Ouais !

La figure Monique devint une de nos favorites, avec quelques variantes quand Cathy se joignait à nous.

Jimmy dévora le cahier de Rosalie. La Première Guerre Mondiale et les années qui suivirent étaient justement son sujet d’étude ! Quand il me parla de sa vie, j’en aurais pleuré. Sa mère avait accouché sous X en 1945, lui avait donné ce prénom, Jimmy, en hommage à son père, un soldat britannique, mais il n’en savait pas plus. Il fut envoyé en nourrice à Paradou, où il grandit sans que jamais personne ne vienne le chercher ou l’adopter. Il considérait ses parents nourriciers comme ses vrais parents, leurs enfants, biologiques ou pas, comme ses frères et soeurs et toute cette petite troupe formait une famille très unie, c’est pour cette raison qu’il me disait de ne pas avoir du chagrin quant à sa naissance. Il pensait que son goût pour l’histoire venait du fait qu’il ne connaîtrait jamais ses véritables origines, ses racines…

Quand le mas fut mis en vente, Jimmy l’acheta et nous nous y retrouvions dès que nous en avions la possibilité. J’y suis venue seule, accompagnée de Cathy, du Balafré, de Christian… en fait, dès que nous avions le temps pour un « week-end partouze » ou un « Woodstock sous la lavande ».

Soirée dansante entre amis

 

 

 

Chroniques matrimoniales – Aparté

J’avais laissé mes partenaires pour m’isoler et parler un peu avec le Bavard. Ça faisait quelque temps que je voulais le faire, mais l’occasion ne s’était jamais présentée et quand bien même, comment aborder le sujet ? À quel moment ? Sur quel ton ? Celui de la rigolade ? Le fait qu’il ait vu mon ectoplasme m’insuffla le courage nécessaire. Le Notaire et Madame ayant libéré leur poste d’observation pour se joindre à notre petite orgie, je saisis l’opportunité de m’isoler avec lui et l’invitai à me suivre.

Troublée de tout ceci et aussi parce que je n’étais pas familière de cette grande maison, j’ouvris la mauvaise porte et surpris Nathalie et son invité, Rosalie et Valentino. Je la refermai aussitôt en m’excusant. Je sais que mes yeux ont vu leur quatre corps nus, mais j’ai mémorisé l’image de leur corps à l’époque des photos que nous avions regardées l’avant-veille… Le Bavard avait voulu jeter un oeil par-dessus mon épaule, mais n’en avait pas eu le temps.

J’entrai dans l’autre chambre, ouvris la bouche pour entamer la conversation, mais aucun mot ne me venait à l’esprit.

Ho, capoune ! T’as perdu la parole ? Qu’est-ce que tu avais de si important à me dire ? Hou… fan ! Regarde-moi ça… ils lui font pas un coup de « mes hommages, Madame »… !

Le Bavard regardait par l’oeilleton et m’invita à reluquer aussi. J’étais folle de ces « Mes hommages, Madame ! » et je bouillais de désir en regardant la femme du Notaire les découvrir. Allongée sur le banc, offerte, les cuisses écartées, les petites lèvres maintenues ouvertes par son époux, elle gémissait de plaisir quand, chacun des hommes la prenait… un aller-retour… « Mes hommages, Madame ! » et laissait place au suivant… Cathy était après Alain et avant Christian. Son tour venu, elle s’agenouilla, la lécha de sa langue experte « Bienvenue parmi nous ! » avant de céder sa place à Christian.

Le deuxième tour débuta… mêmes partenaires… dans le même ordre… deux allers-retours… « Mes hommages, Madame ! »

Jacques Le NantecCombien de tours seraient nécessaires avant le premier orgasme qui sifflerait la fin de la partie ? Mes yeux glissèrent le long du corps du Bavard… Je le regardai, le trouvant follement excitant… N’interrompant pas sa branlette, le Bavard me reposa la question. Je regardai à nouveau par le judas. Il se mit derrière moi… ses doigts me fouillaient… avides comme s’ils n’avaient pas caressé une femme depuis des lustres… son gland battait la mesure dans mon dos.

Je crois que ton grand-père…

… est dans l’autre pièce ? Merci du renseignement ! Je le savais déjà !

Quoi ? ! C’est Barjaco l’invité de Nathalie ? !

– Peuchère, oui ! Tu ne le savais pas ?

Il ne cessa pas ses caresses pour autant, au contraire, il me toucha ainsi tout au long de notre échange.

Tu le sais depuis quand… pour les… grands-parents ?

Depuis notre première fois… ouh… tu mouilles, ma Nine ! Ça t’excite tant que ça ?

C’est toi qui m’excites… pourquoi… ho !… pourquoi j’aime tes grosses mains ? Ta langue baveuse ? Pourquoi c’est si facile de jouir avec toi ? Tu le savais déjà à la crique ?

Non… J’adore te faire jouir… c’est comme si j’avais toujours eu le mode d’emploi… Quand je suis rentré à la ferme, j’ai trouvé le papé… il m’a demandé si j’avais l’insolation… pourquoi que j’avais un drôle d’air… Oooh tu aimes aussi avec le petit doigt qui titille ta rondelle… ô, pute borgne, quelle bonne salope tu me fais là ! Et c’est un compliment !

– Je sais… n’arrête pas… même ta moustache de beauf  m’excite quand elle… frotte comme ça… sur mon épaule… j’aime bien être ta petite salope de parigote, tu sais… oohh… oui… c’est quoi… cette… hist… insolation… ? Oh… c’que c’est bon… !

Tu m’avais fait le coup de la petite fée… je crois que personne ne la voit à part moi… je pensais à ça… et puis à… quand je t’ai palpée… quand je t’ai prise… quand tu m’as sucé… OUI ! Crie comme ça… comme un oisillon tombé du nid… quand on a fait tout ça… c’était comme si c’était pas la première fois… comme si je retrouvais ton corps… Je lui ai raconté pour toi… j’étais déboussolé parce que sinon… il ne savait pas pour Cathy, pour les autres… pour le château… pour la crique… la camionnette à Paulo… non rien du tout…OUI ! Cambre-toi, ma pouliche ! J’ai dit que j’étais à la crique avec Alain… qu’on se promenait… et qu’on avait vu Christian et une vacancière se faire… du bien… que tu avais repéré Alain et que tu nous avais proposé de te baiser devant Christian… tu te rappelles ? Je t’avais fait bien jouir, hé ?

Oh oui ! Comme à chaque fois ! C’que tu m’baises bien… chuuu… arrête ! Je veux attendre que tu m’encules pour jouir… mais d’abord… finis ton histoire…

Je lui ai dit pour la sensation de… déjà-vu… et aussi pour le truc qui volait devant moi… qui me regardait… là, le papé a tourné la tête et m’a fait signe de sortir avec lui… quand on était hors de portée de voix, il m’a demandé comment tu t’appelais, j’ai dit « Monique »… oohh… Monique… laisse-moi au moins caresser tes petits nichons… et ton ventre… Oh ! Tu sens comme je suis le montreur de marionnette et que je te fais danser sous mes doigts… ? Alors, il m’a dit « Baise-la tant que tu veux, mais surtout respecte-la ! Et la règle absolue c’est « Motus et bouche cousue » ! Si tu la croises ailleurs, dis-toi qu’il ne s’est jamais rien passé entre vous ! Si j’apprends que tu lui as manqué de respect, rien qu’une fois, gare à toi ! Sa grand-mère est une femme admirable, son mari avait fait la Grande Guerre, tout comme moi… Si tu lui fais du mal, si tu lui manques de respect… rien qu’une fois… ma parole, je te tue ! » Après, il ma demandé à quoi… un peu le minou… ! s’il te plaît, Monique… un peu le min… rhâââ… putain, quand tu mouilles comme ça, j’ai envie d’y mettre le poing… !

Quand tu… me… fais mouiller… comme ça… j’ai envie de… que… tu le mettes… tant pis… c’est trop bon… mets-y les doigts ! Je veux jouir sur tes d…… aaahhh… !

Bon ! Je la continue mon histoire ? Si tu m’interromps tout le temps, je suis pas près de t’enculer, Princesse ! Il voulait savoir à quoi tu ressemblais… j’ai dit pas petite, mais pas grande non plus… blonde… les yeux bleus… des petits seins comme des oeufs sur le plat… un petit con bien accueillant… de longues jambes… un petit cul pommé… une belle bouche gourmande… et que je lui reparle du truc qui voletait devant moi… et là, il me demande pas « et en bas… c’est une vraie blonde ? » estomaqué, je lui réponds que oui et là… il joint ses mains comme pour la prière, il regarde le ciel « Elle a le bouton d’or ! » Je lui demande de quoi qu’il cause et il me dit « C’est comme ça qu’on appelait Rosalie, la grand-mère de Monique » et il m’a raconté quelques souvenirs… Voilà. L’histoire est finie. Installe-toi à ton aise que je t’encule con-for-ta-ble-ment !

Et pourquoi tu m’en as jamais parlé ?

Té ! Tu vas me faire le coup des trois messes de Noël ? J’aurai droit à ton petit cul qu’à la fin ? On avait dit une histoire pas plusieurs ! Ou alors… tu me suces pendant que je t’explique… hou… je suis sûr que quand tu rentres au Paradis… c’est moins agréable que dans ta bouche… boudiou ! on sent que tu aimes ça… hein.. tu aimes sucer les grosses pines… Regarde-moi… Suce-moi… Écoute-moi… et va en paix, ma fille !

T’es bourré ou quoi ?

Chuuuut… n’arrête pas de me sucer… regarde-moi, jolie Monique… Comment je pouvais savoir que tu savais pour ta grand-mère ? Si vous saviez pour la Nathalie ? Tu imagines ? Je te parle de l’amicale des anciens combattants et toi… tu m’entends dire que ta mamé… elle s’envoyait en l’air avec mon papé… que la grand-mère à Christian faisait pareil ! Qu’elles se gouinaient comme tu te gouines avec Catherine… tu imagines ? Si je te dis tout ça et que tu ne le savais pas avant ? Je vais vous faire de la peine à vous tous ! Et puis, vous me croiriez pas ! Et puis… vous m’en auriez vou… Ho Monique ! Ne me fais pas venir les larmes ! Put… de toute ma vie… on m’a jamais regardé comme ça !

Nous sommes restés un long moment, les yeux dans les yeux, sa grosse queue dans ma bouche, ses mains trapues dans mes cheveux.

Espincho… où qu’ils en sont à côté ?

Je retournai à l’oeilleton.

Toujours aux hommages… Attends ! Elle va jouir, on dirait… Oh ! Comme tu vas aimer la faire jouir ! Elle est belle comme tout !

Elle jouit de qui ?

Du Siffleur…

Viens ! On y va !

Mais… tu ne voulais pas m’enculer ?

Pour ça… on a toute la vie devant nous ! Et l’autre… la Madame, si elle revient pas… ça va me coller de l’aigreur de n’avoir pas profité de l’occasion…

J’admire ton pragmatisme, mon cher !

C’est en riant que nous fîmes notre retour dans la bibliothèque. La leçon de sexe oral avait débuté.

Tu tombes bien, Monique ! Veux-tu montrer à Madame comment tu sucerais la queue de son mari ?

Avec plaisir, mon chéri ! Et toi, mon cher époux, veux-tu bien expliquer à Madame comment tu aimes être sucé ?

La femme du Notaire avait le regard perdu et soulagé du voyageur trouvant enfin un lieu sûr pour passer la nuit… pour faire une halte… Je me fis très vicieuse, très gourmande, très lubrique… mes yeux allaient de la queue du Notaire à la bouche de sa femme… qui s’y prenait assez mal… plus par timidité que par inexpérience… Je lui proposai de sucer Christian en se laissant guider par les sensations qu’elle ressentirait en se faisant elle-même lécher par… je regardai un à un nos partenaires et lui désignai le Bavard. Elle eut un hoquet de surprise, mais accepta…

C’est plus facile ainsi ?

La femme du Notaire ferma les yeux pour acquiescer… elle mit du temps avant de pouvoir les rouvrir… je l’entendais gémir, la bouche pleine de la queue de Christian, j’entendais aussi ses succions baveuses. Le sexe du Notaire vibrait dans ma bouche… J’écartai mes cuisses, offrant ma chatte à la bouche d’Alain… l’idée de titiller la jalousie de Madame m’excitait terriblement… Je suçais son mari pendant que je me faisais brouter le minou par l’étalon qui l’avait culbutée dans la réserve de la salle des fêtes… cet étalon auquel elle pensait chaque fois qu’elle se caressait… combien de fois par jour ? Matin, midi et soir ? Cet étalon qui était enfin à ses côtés et qui s’envoyait en l’air avec une autre….

J’ondulai plus que d’ordinaire, mais il faut dire qu’Alain s’en donnait à coeur joie ! Il aurait eu mille langues qu’il ne m’aurait pas mieux léchée… sucée… Je sentis le Notaire sur le point d’exploser… j’allais demander à Alain d’arrêter quelques instants, mais je n’en eus pas le temps… « Ô pute vierge ! Ô pute vierge ! J’y tiens plus ! » Il me pénétra, cette fois-ci de tout son long… Il fit quelques va-et-vient… sortit de mon vagin et fit admirer son membre« tout luisant de la mouille à Monique » à Madame le Notaire, qui rougit violemment….

Je vis ses cuisses se resserrer autour du crâne du Bavard« Pardon ! » « Y’a pas d’mal ! » étouffés comme quand on parle la bouche pleine ou la tête fourrée dans un oreiller… Alain me reprit… je ne l’avais pas vu souvent aussi félin… aussi sauvage… aussi rusé… aussi habile… Le Notaire explosa dans ma bouche… d’un geste de la main, je lui intimai l’ordre de rester, de se laisser aller aux légères caresses de ma langue…

Il fit remarquer à son épouse que je ne recrachais pas tout dans un mouchoir, comme elle le faisait… Elle interrompit ses baisers pour me demander ce que j’en faisais… taquine, je lui tirai la langue… je m’étais doutée qu’elle me poserait cette question… j’articulais péniblement « C’est bon ! Mmmm ! Tu veux goûter ? » et sans attendre sa réponse, je me penchai vers elle et lui roulai une pelle… Je sentis son corps bouillir de désir, d’envies, de rêves qui ne demandaient qu’à se réaliser…. Alain allait et venait… de plus en plus vite… de plus en plus fort… de plus en plus ample… J’avais abandonné la bouche de Madame pour m’occuper à nouveau de la queue de son époux.

C’est bon… oh… Alain… c’est bon… Alain… Alain…

Plus je gémissais son prénom la bouche pleine, plus le Notaire bandait dur… Christian demanda à Madame de me caresser le bouton… elle hésita… Alain lui prit la main et la posa sur ma toison… quand il vit les doigts aux ongles vernis se ficher entre mes poils, descendre jusqu’au clito, caressant au passage sa queue équine, Alain s’exclama « Ô, pute vierge ! Ô, pute vierge ! Ouvre ta bouche… ô, pute vierge… je viens ! Je viens ! Ouvre ta bouche… Je vais te faire aimer ça… le foutre ! Et vous autres aussi, mesdames ! Tournée générale ! »

Nous étions toutes les trois comme des oisillons attendant la béquée… Alain jouit dans nos bouches… Cathy et moi avons enjoint Madame à déguster le sperme… à ne pas en être écoeurée, mais au contraire à le recevoir comme une offrande…

La soirée se poursuivit… élégante et tourbillonnante comme le grand bal de la nouvelle année à Vienne… Nous ignorions si Madame participerait à d’autres partouzes, aussi nous voulions, si cette expérience devait être unique, qu’elle en garde un souvenir impérissable, un merveilleux souvenir. Nous lui avons donc offert le meilleur de nous-mêmes…

Avant de nous séparer, nous leur avons expliqué les raisons de cette soirée, en omettant, toutefois, d’évoquer nos spectateurs. Nous avons parlé des déménagements à venir, des projets de Catherine, de mon « mariage » avec le Balafré. Nous avons expliqué notre « code secret » au Notaire et à sa femme… celui qui nous permet de nous retrouver en toute discrétion, sans trace écrite, sans coup de téléphone… Le Notaire fit semblant d’être surpris, de l’apprendre…

Nous les avions conviés à venir partouzer avec nous s’ils en avaient l’envie. Feignant de me désintéresser de son mari, je précisai à Madame que si l’envie lui prenait de venir seule, elle serait la bienvenue. Je dis ces mots en lorgnant vers son triangle châtain. Je glissai deux doigts entre ses cuisses. « Il reste tant de trésors à découvrir… ! » Son trouble m’excitait… Quand elle fut rhabillée, alors qu’elle m’avait fait la bise et embrassait le Balafré pour prendre congé, je la regardai en humant, en léchant ces deux doigts. Christian me traita ensuite de diablesse, ce que je pris comme un compliment.

Quand nous ne fûmes que tous les sept, Christian expliqua pourquoi nous avions eu des spectateurs depuis le début de la soirée. À ce moment, il ignorait encore que l’invité de sa grand-mère était le grand-père de l’homme qui était en train de sodomiser son épouse.

Dis, Cathy… Boudiou, Monique… ! Ton cul… ! Vé comme ma pine s’y sent bien… ! Ho Christian… ta Monique… boudiou ! Je me la fourrerais bien tous les jours… ! Dis, Cathy… combien de temps il nous reste pour pouvoir te baiser ?

Tu veux savoir quand j’arrête la pilule ?

Par exemple… oui ! Monique… cambre-toi ! Écarte tes fesses… !

J’en suis au milieu de la plaquette… après… basta ! Mais… vous pourrez toujours me prendre le cul et la bouche ! Je rentre pas dans les ordres non plus !

Et tes nichons ?

Et mes nichons aussi !

– Et quand tu seras pleine ? Tu feras ceinture ?

Bah non ! Pourquoi je me priverais ?

En effet, à l’instar de Nathalie, quand Cathy fut enceinte, sa libido décupla, ce que nous n’aurions jamais cru possible !

L’amour, ce fruit défendu vous est donc inconnu ?

 

 

Chroniques matrimoniales – L’occasion fait le larron

800px-Almanach_1939Même si Valentino aime m’en attribuer tous les mérites, je voudrais te raconter ce qui s’est réellement passé, comme dans un compte-rendu, t’écrire comment les événements se sont enchaînés, comment ils lui ont permis d’échapper au pire et de lui assurer une certaine tranquillité.

La vie au village s’écoulait au rythme des événements internationaux, parfois de longues semaines d’apaisement, qui s’achevaient dans le fracas des bruits de bottes, bruits qui finissaient par s’évanouir dans ce mouvement perpétuel que je comparerais à celui des vagues s’écrasant sur une plage.

L’amicale des anciens combattants se réunissait plus souvent qu’au début des années 30. La crainte d’une nouvelle guerre faisait ressurgir les horribles cauchemars et nous demeurions les confidentes de ces hommes. Il n’y a jamais eu d’accord formel, mais nous ne parlions jamais de politique entre nous, nous savions que notre amitié, que notre complicité n’y résisteraient pas, qu’elles risquaient de voler en éclats ce qu’aucun de nous ne souhaitait.

Valentino vivait caché, tapi dans le repère que lui avait trouvé Toine.

À l’occasion du 14 juillet 1939, alors que nous batifolions tous près de « la source aux fées », Barjaco nous annonça, quelque peu dépité, que son cousin « le parisien » avait décidé de passer ses vacances « au pays ». Avec sa mauvaise foi coutumière, Barjaco le regrettait.

– Qué « au pays » ? Je ne l’ai vu qu’une seule fois ! Son père est parti bien avant ma naissance, avant même son mariage ! Et il n’a même pas marié une femme normale, non ! Monsieur a épousé une… parisienne !

Me voyant froncer les sourcils, il s’était adressé à Pierrot.

– Ça aurait pu être plus pire, tu me diras, il aurait pu tomber sur une…
(enchaînant les signes de croix, telle la bigote se préservant du Malin)… une… une Normande ! Dieu soit loué, elle n’était que Parisienne… !

J’avais fait mine de ne rien avoir entendu ou de m’en moquer, mais quand Barjaco s’était approché de moi, j’avais fait semblant de m’enfuir.

– Boudiou, la Rosalie ! Ne me laisse pas dans cet état ! Vé comme môssieur (c’est ainsi qu’il surnommait son membre) a besoin que tu le soulages !

– Je l’aurais bien volontiers sucé… voire je lui aurais bien volontiers offert mon corps, mais vois-tu… je suis Normande… si ça se trouve, c’est contagieux… Je m’en voudrais de te contaminer… que tu attrapes la Normandite aiguë… !

Claironnant un « Tu parles d’or ! », Barjaco s’était tourné vers Nathalie, qui lui ouvrit les bras en grand.

Il n’avait jamais évoqué Valentino, comme s’il ignorait son retour, mais il est vrai que nous ne nous rencontrions presque jamais rien que tous les deux. Valentino se terrait comme l’animal traqué qu’il était, je ne connaissais pas sa tanière. Par mesure de sécurité, seul Toine savait où elle se trouvait exactement. De temps à autre, ils arrivaient chez nous, à la nuit tombée. Je restais avec Toine pendant que Valentino se confiait à Pierrot.

Parfois, nous faisions l’amour, parfois, non, mais à chaque fois, Toine me demandait de soulever ma robe, il regardait ma « blonde toison » et passait ses longs doigts entre mes poils qu’il lissait, comme on peigne des cheveux. À sa façon de prononcer « Bouton d’Or », je savais si ses doigts allaient s’aventurer plus bas, écarter délicatement les lèvres de « cette bouche que l’on se délecte à faire miauler » comme il aimait à le dire, caresser la peau humide juste au-dessus du « bouton caché de Bouton d’Or », l’appeler d’un doux baiser, le faire éclore, le téter d’une bouche avide et délicate, de glisser ses doigts jusqu’à l’entrée de « la grotte miraculeuse »… ou si son « Bouton d’Or » n’était qu’une incantation, le phare auquel raccrocher son espoir, espoir de savoir les cauchemars envolés, de savoir que le pire était passé, qu’il était derrière nous.

Il arrivait que Toine propose à Valentino de passer la nuit avec moi, dans la chambre qu’il retapait pour le retour de son aîné, le père de Christian. Nous faisions alors l’amour avec plus d’absolu qu’avant, nous avions viscéralement conscience que ce pouvait être la dernière fois. Les menaces, le danger étaient constants, omniprésents, tapis dans les bosquets du manque de vigilance né de l’habitude, prêts à bondir et à anéantir Valentino.

Barjaco était furieux, parce que depuis l’instauration des congés payés, nous avions pris l’habitude de fêter la veille des vacances le 31 juillet, par une orgie où le vin coulait à flots, où les corps s’échangeaient, se mélangeaient et que son cousin l’importun avait annoncé son arrivée pour le 30.

– C’est un vieux garçon, en plus ! Vé si ça se trouve, il est encore puceau !

– Dans ce cas-là, viens avec lui, Bouton d’Or se chargera de le déniaiser… !

– Tu m’ôtes les mots de la bouche, Toine !

– Dis-moi, coquine, montre-moi comment tu t’y prendrais pour le déniaiser, mon cousin le parisien… !

– Ton cousin le parisien ? Je croyais que tu parlais de ton cousin l’importun…

– Té, mais c’est le même peuchère ! Il a le double-nom ! Mon cousin le Parisien-L’importun !

Je m’étais approchée de lui, m’étais faite câline, j’avais soulevé la combinaison de soie que je portais, découvrant ainsi mon triangle doré, l’avais contraint à lever les yeux, à croiser mon regard.

– Montre-moi comment tu voudrais que je m’y prenne avec lui…

Barjaco avait juré en patois, m’avait caressée à m’en arracher la peau, me demandant de lui apprendre comment faire pour préparer le corps d’une femme à d’autres attouchements. J’avais décollé ses mains, m’étais assise à califourchon sur ses cuisses, les yeux dans les siens, lui avais demandé d’imaginer une apparition féerique, comme un halo de lumière, une bulle de savon qu’un geste trop brusque ferait éclater.

– Essaie de la caresser avec toute la délicatesse cachée au bout de tes doigts…

Les caresses de Barjaco se firent idéalement aériennes, mon corps ondulait, s’échauffait… Je m’enivrai de mes mots quand je lui susurrai

– Que tes lèvres soient mille Sylphides, qu’elles volent sur ma peau et y déposent de chauds baisers, là… et puis là… et là encore… oui ! là… plus bas… que ta langue lèche ma rose tétine… Oh ! Sens-tu comme ton gourdin frappe à ma porte ? Veux-tu me prendre à la hussarde ? Ou préfères-tu, au contraire, faire ton entrée sur la pointe des pieds ?

– Pierrot ! C’est le diable que tu nous as rapporté là !

Je lui souris de toute mon amitié, de toute notre complicité, de tout mon désir aussi. Semblant se raviser, il pria ses « collègues et néanmoins amis » (la formule nous amusait beaucoup) de ne surtout pas chercher à l’exorciser, que c’était trop…

– Fatché ! Regarde-moi ça ! Môssieu est entré sans même demander la permission !

Il bougonnait, sans chercher à masquer le plaisir qu’il prenait. J’interpellai Nathalie. Nous aimions ce code secret, comme une langue des signes, que nous avions inventé, nous en changions dès qu’un de nos partenaires commençait à le décrypter, pour le plaisir de les surprendre à chaque fois que l’envie nous en prenait.

– Nathalie, viens par ici ! Barjaco ne doit pas pâtir de ses obligations familiales… !

Je fis un signe des doigts.

– Boudiou ! Qu’est-ce que vous manigancez toutes les deux ?

Je m’empalai d’un coup, au plus profond, sur le sexe dur et épais de Barjaco, je sentis ainsi à quel point mon minou était trempé. Je me relevai lentement, laissant à Nathalie le temps de s’agenouiller. Qu’elle était ravissante, juvénile, à plus de quarante ans, avec son éternelle robe de bergère ! Nous l’avions à peine modifiée au fil des ans, tant son corps et elle étaient restés les mêmes… Qu’il était attendrissant ce petit bout de langue gourmande qui apparaissait derrière son sourire… ! Et l’éclat de son regard, pétillant et léger comme des bulles de Champagne !

Elle léchait chaque centimètre carré de peau que je découvrais en me relevant. Quand je coulissais sur le sexe de Barjaco jusqu’à ce qu’il disparaisse, les baisers de Nathalie me précédaient et quand il avait disparu, elle léchait la cuisse, l’aine de Barjaco… Mais, toujours aussi gourmande, elle m’incitait presque aussitôt à hâter la cadence.

Barjaco était aux anges. Fidèle à sa tradition familiale, il commentait au gré de ses sensations…

– Fatché, la Nathalie… libère-moi donc tes belles mamelles ! Qué « Non » ? Qu’est-ce qui te ferait changer d’avis ? Qu’un de… outch… doucement, Rosalie… tu vas me faire venir ! Alors, Nathalie, tu dirais oui si un de ces… chhhhu Rosalie… tout doux… si un de ceux-ci te culbutait par derrière ? Vai ! Fallait le dire ! Messieurs… un volontaire ?

Toine, dont le sexe énorme se dressait tel un flambeau avait fait un pas vers nous. Il souleva le jupon de Nathalie.

– Oh, ma pitchoune ! Tu as pensé à moi… !

Depuis peu, il s’était découvert une passion pour les vieux dessous, les vieilles culottes fendues d’antan, en cotonnade, maintenues par des rubans multicolores, il ne s’en expliquait pas la raison, mais de nous voir ainsi attifées le remplissait d’une joie lubrique. Il aimait nous prendre ainsi pendant de longues minutes, nous ramoner jusqu’à nous laisser au seuil de la jouissance… Alors, il se retirait, préférant quand nous le suppliions, nous ôtait la culotte, la lançait au loin et reprenait ses va-et-vient. « Voilà, c’est ainsi que jouissent les honnêtes femmes ! Le con, le cul et les reins à l’air ! »

Toine me demanda de me relever un peu plus « Cambre-toi aussi, tant que t’y es, que je ne sois pas venu pour rien ! » Je ne relevai même pas la mauvaise foi et lui obéis.

– Ho, Barjaco !Tu préfères comme elle te suce quand je la prends comme ça ?

Rien qu’à ses petits cris, je devinai comment il était en train de prendre Nathalie, alors que je lui tournais le dos, comment il bougeait en elle.

– Oh boudiou… ouh fan… ouh que c’est bon ! Oui ! Oui ! Comme ça !

– … ou quand je… Hou, Pitchounette ! Venez tous voir comme…  Hou, ma Pitchoune… Si t’étais pas déjà mon épouse, je te marierais !

– Boudiou ! Elle… ô fan de Diou ! C’est encore meilleur !

Barjaco m’attrapa par la taille et me fit aller au rythme des coups de langue de Nathalie qui le léchait au rythme des coups de boutoirs de son Toine. Elle dégagea enfin sa poitrine du carcan de tissu en criant à Barjaco qu’elle ne le faisait que pour lui. Barjaco se déversa en moi, noyant ses jurons habituels de tendres remerciements.

La journée s’était ensuite écoulée paisiblement, comme une rivière lascive, par endroits agitée de tourbillons, je veux parler de nos galipettes, nos cochonneries réjouissantes et joyeuses, comme nous les appelions.

Le lundi 31 juillet au matin, nous préparions la maison pour recevoir nos amis et fêter les congés payés, même si la plupart étaient des paysans et ne prenaient donc aucun jour de vacances, spécialement à cette période ! Antonella et Léonie étaient déjà depuis 15 jours chez leur tante, Marie, la soeur de Pierrot, elles aimaient s’occuper de leur cousin, jouer avec lui comme avec un baigneur, « de vraies petites mères » comme on disait alors.

Barjaco toqua à la vitre, le béret ainsi tenu à la main indiquait qu’il ne rendait pas une visite amicale, mais qu’elle était plus formelle. Pierrot lui ouvrit tout grand la porte et le fit entrer. Quand il fut assis, après s’être assuré que nous n’étions que tous les trois, il nous demanda

– Il compte se cacher ainsi combien de temps ?

Pas la peine de prononcer son nom, nous savions de qui il parlait. D’un haussement d’épaules, Pierrot et moi lui signifiâmes notre ignorance. Baissant la voix, avec des airs de conspirateur, d’espion comme dans les films que nous voyions au cinéma itinérant, il nous confia « Parce que j’ai peut-être la solution… » et il nous raconta l’incroyable aventure qu’il avait vécue.

– Je suis allé le chercher à la Blancarde, parce que le Parisien voulait goûter à l’ivresse marseillaise avant de passer son mois d’août « en famille »… ô pute borgne, je t’en ficherais, moi, de la famille ! Heureusement qu’il m’a reconnu, sinon je serais passé devant lui sans le savoir… Nous voilà partis pour la tournée des grands ducs… il me demande si j’ai quelques bonnes adresses à lui conseiller, me propose de passer quelques heures dans un « lupanar local »… ce qui répond à notre interrogation… le cousin n’était pas puceau ! Je lui rétorque que je n’ai aucune envie d’attraper la vérole avec une fille qui s’ennuie, que je connais deux charmantes créatures qui s’offrent avec plaisir et que si ça lui dit… Le cousin était bigrement intéressé, mais il a quand même voulu « se perdre dans les rues de Marseille ». Et que je veux visiter ci, et que je compare tout à Paris… et que je veux voir ça et que je te raconte ma vie… Boudiou ! Il me farcissait le crâne de toutes ses histoires ! Qué bavard ! Rigolez pas ! Plus pire que moi, je vous dis ! Avec tout ça, le temps de rentrer avec ma carriole… qu’il a moquée, en plus ! Le temps de rentrer, tout le monde dormait. Sauf la mamé, mais de toute façon, la mamé, elle s’économise… elle se désaltère d’une goutte de vin, se nourrit d’une miette de pain et se repose d’un battement de cils… On avait déjà soupé, on est allés au lit… pas ensemble, hein ! Allez pas vous imaginer… ! Et ce matin… c’est vrai que je le trouvais rougeot… tout le dimanche, il s’est plaint de la chaleur, de la soif, mais moi, je croyais que c’était un prétexte pour boire un coup ! Ce matin… ô peuchère ! Je me le suis pas trouvé raide mort dans son lit ! Alors, je me suis pensé puisqu’il est venu mourir ici, puisque personne ne le connaît de par ici… autant qu’il soit pas mort pour rien… que ça serve à quelqu’un ! La mamé ne dira rien et en plus, elle y voit plus très bien… c’était la nuit… On pourrait habiller Valentino avec les affaires du cousin… échanger les papiers… ni vu, ni connu ! Qu’est-ce que vous en pensez ?

Nous étions abasourdis ! Pierrot fut plus prompt que moi à réagir, à réfléchir.

– Il faudrait prévenir Toine. On ne sait pas où se cache Valentino et il faut faire l’échange avant que ta femme découvre le corps, qu’elle…

– Té… mais t’es couillon comme…

En éclatant de rire, il me désigna.

– … comme cette femelle ! Pourquoi crois-tu qu’il y a une bâche sur ma carriole?

– Allons chez Toine sans tarder, alors !

– Parce que tu crois que je ne sais pas où il se cache, ton Valentino ? Allez… vai ! On fait comme ça… j’ai ma petite idée…

C’est ainsi que le corps d’un va-nu-pieds fut découvert par Barjaco parti inspecter ses champs, qu’il en avisa monsieur le Maire et que le cousin de Barjaco vint s’installer au pays, un mois avant le début de la drôle de guerre… !

En vérifiant sur son livret militaire que « tout collait », pendant que Valentino échangeait les photos d’identité, je constatai que les patronymes n’étaient pas les mêmes. Je m’en étonnai, Barjaco m’expliqua alors que son oncle était le fruit d’une liaison adultère que son grand-père avait entretenue avec la jeune fille qui aidait sa femme, qu’il l’aurait bien gardée parce qu’elle avait la galipette rieuse et bavarde, mais que malheureusement, son épouse n’avait rien voulu savoir. Quand le bambin était né, comme c’était un garçon et que la grand-mère de Barjaco n’avait eu jusque là que des filles, la gamine était montée à Paris avec son enfant, mais qu’ils étaient tous restés en très bons termes, que l’existence de cet « enfant de l’amour » n’avait jamais été tenue secrète. Cet enfant qui avait grandi à Paris, épousé une parisienne, avait eu un fils qui venait de mourir sur les terres de ses ancêtres.

– Comme un cercle… la fin est l’origine et l’origine est la fin…

Barjaco est un homme à l’aspect, aux manières rustres, ses mots sont souvent grossiers, il semble dénué de toute délicatesse, je peux témoigner qu’il en déborde, au contraire ! Tout comme il regorge d’une loyauté sans faille.

Tu comprends, Monique, pourquoi je refuse que Valentino parle de moi comme d’une héroïne, parce que s’il devait y avoir un héros dans cette histoire, ce serait Barjaco et personne d’autre ! Je me suis contentée d’enregistrer le décès d’un homme sous l’identité d’un autre.

Monique va de surprise en surprise…