Les balades avec Palli

1ère étape de la baladeJe vous propose de nous retrouver ici, quand vous aurez un peu de temps devant vous pour vous balader dans mes courts textes, des défis d’écriture, mais pas que… laissez-moi prendre votre main et… suivez-moi !

Une première balade, un premier parcours

Issus de mon « blog au nom imprononçable », ces textes m’ont inspiré quelques autres promenades, une thématique pour chacune. Cliquez sur l’image illustrant la thématique de chacune de ces balades et laissez-vous guider !

Balade estudiantine

Balade contractuelle

Balade artistique

Balade merveilleuse

La petite fée captive d’une capucine

À la lisière d’une forêt, détonant au milieu d’un tapis de violettes, une capucine orange surprise par l’aurore n’a pas encore déployé ses pétales. Elle retient prisonnière la petite fée imprudente qu’elle a capturée quand tombait la nuit.

La petite fée imprudente, affolée d’être la captive de ses pétales soyeux a tout d’abord tenté de s’échapper. Elle tournoyait dans la corolle, se heurtant à la soie devenue rempart. Quand elle pensait accéder enfin à la liberté, inéluctablement, elle retombait au fond de la clochette.

Elle aurait voulu pleurer, mais ses larmes restaient coincées, tout comme elle l’était.

Assise dans cette geôle, elle se calme peu à peu. Quelle est donc cette odeur qui la ravit tant ? Cette odeur délicate et entêtante ? La petite fée la suit, étonnée, curieuse et surprise par ce parfum qui lui est encore inconnu…

Arrivée à l’extrémité d’une étamine, elle ouvre sa bouche et commence à la goûter… au début, d’un bout de langue timide… sa timidité a tôt fait de se muer en gourmandise. La petite fée imprudente se fait impudique, elle lèche, avale, dévore, déguste la première étamine avec autant de plaisir que si c’était une verge offerte à ses baisers.

Repue des sucs de cette première anthère, étourdie par cette douce ivresse, la petite fée s’amuse à glisser le long du pétale comme elle le ferait le long d’un toboggan, si sa petite taille ne lui interdisait pas cette joie enfantine. C’est alors qu’elle remarque l’extrême douceur du duvet qui tapisse l’intérieur de la corolle. Son plaisir rieur et enfantin se transforme en plaisir charnel, en plaisir sensuel. La peau de son dos frémit agréablement à chaque glissade, qu’elle effectue à un rythme de plus en plus rapide.

Exténuée, en sueur, la peau rougie, elle se repose, lovée au fond de la fleur. Les yeux ouverts, elle remarque cette autre étamine qui semble l’appeler, l’inviter par son chant muet. La petite fée entreprend l’ascension, guidée par ses sens aiguisés, en alerte…. arrivée au sommet, un grain de pollen s’échappe, lui inspirant un désir fou…

Elle s’empale sur l’étamine tentatrice et lui fait l’amour avec toute la science de sa candeur… elle aime se sentir pleine, se sentir vide… pleine encore… Elle se penche en avant, elle se penche en arrière, elle se penche sur les côtés, jouissant de ces différentes vibrations qu’elle s’offre à chaque changement de position.

Elle crie de son minuscule cri de fée, presque inaudible… enfin, son plaisir explose tel une fontaine… Elle inonde sa geôle et s’endort… enfin apaisée grâce à ce plaisir fou qu’elle vient de prendre tout en étant captive.

Quand au petit matin le soleil réveille la nature, quand la chaleur de ses rayons donne envie aux pétales de s’étirer, aux corolles de se déployer, la capucine s’ouvre, délivrant sa prisonnière qui s’envole vers de nouvelles aventures…

Un peu changée, la petite fée se demande si elle devra, désormais, se montrer plus prudente… Un dernier regard… en découvrant les traces de sa jouissance, elle décide que non. Définitivement non. À tout jamais, elle acceptera de tomber dans tous les pièges que la vie lui tendra pour n’en garder que le souvenir du plaisir qu’elle y aura pris.

Je dois la photo et l’idée de ce texte, à la douce Ingrid, ma si belle et talentueuse amie.

Fin de la balade ! Pour en refaire une autre, cliquez ici !

La malédiction

– Que t’arrive-t-il donc, jeune fille ?

– Ne voyez-vous donc pas la catastrophe ? Mes cheveux mes magnifiques cheveux de jais, soyeux, ondulés à souhait… Mes cheveux, mon unique trésor, la seule grâce dont les fées m’aient dotée… Mes cheveux…

– Comment est-ce arrivé ?

– Je me suis endormie, j’ai fait ce rêve… cet homme que je séduisais, cet homme que j’échauffais, cet homme que j’enflammais, cet homme à qui je me refusais, cet homme qui s’embrasait et qui, avant de disparaître en fumée, me lançait cette malédiction « Vois ce qui arrive aux allumeuses de ton espèce ! » Dans mon rêve, il empoignait mes cheveux de ses mains de braise, m’arrachait au sol, poursuivait son envol et mes beaux et longs cheveux s’enflammaient, se transformaient en torche « Ceci est mon  butin, ma rançon et ta malédiction ! » Dépourvue de cheveux, je tombais… Je me suis réveillée au matin, heureuse d’être délivrée de ce cauchemar, à l’abri dans mon lit… mais sur mon oreiller, telle une couronne mortuaire, ma chevelure éparse. Et me voici chauve ! Que vais-je devenir ? J’ai couvert mon crâne nu, presque… impudique, je suis venue vous voir, puisqu’on vous prête quelques talents de sorcière…

– Écoute mon conseil, jeune fille. Apprends à aimer ton crâne nu, montre-le avec fierté ! Regarde autour de toi et apprends à aimer ! Apprends à aimer ! Aimer est le secret. Seul l’amour sans condition mettra un terme à ta malédiction.

Je suis rentrée à la maison. J’ai dit adieu à mes cheveux, en ai rempli un de mes bas, enterré le bas au fond de la forêt, au pied du premier arbre dont j’ai entendu l’appel et j’ai appris à aimer. J’ai observé, jugé, critiqué puis accepté.

Les gens se sont habitués à me voir passer, la tête nue, la tête haute… et plus je les aimais, plus il me devenait facile de les aimer.

L’été est passé, je me souviens de ce premier hiver…

Combien d’étés, combien d’hivers avant que je m’accepte, avant de m’aimer pour celle que je suis, pas uniquement pour celle que je me plaisais à vouloir être ? Avant de comprendre que pour pouvoir offrir de l’amour, il faut s’aimer soi-même ?

Ce matin, à mon réveil, mes longs cheveux de jais, mes longs cheveux soyeux, mes longs cheveux ondulés à souhait avaient repoussé, comme s’ils n’avaient jamais brûlé…

Je me regarde sereine et je retrouve les gestes pour les tresser savamment, comme j’aime qu’ils le soient, comme ils aiment l’être…

Je déambule dans la ville, les gens me sourient comme s’ils n’avaient rien remarqué. Peut-être est-ce le cas ? Peut-être que pour eux, rien n’a jamais changé…

Au pied d’un livre abandonné, je te trouve. Tu lèves la tête, tu me regardes, me souris. Nous nous observons, nous nous sourions… Un pas l’un vers l’autre, les bras que nous tendons avant de les ouvrir. Nous nous parlons, nous nous apprenons, nous nous reconnaissons… Le premier baiser comme on retrouve le chemin de la maison. La première caresse, comme une porte qui s’ouvre. Me voici chez toi, te voilà chez moi…  Ta langue qui découvre ma nuque, mon cou, tes doigts qui courent…

– Laisse-toi transporter…

Comme par magie, ma tresse s’anime… Mes cheveux s’enroulent autour de toi, comme un boa sensuel… Tu aimes leurs différentes caresses… tantôt coups de fouet, tantôt bruissements d’ailes… mes cheveux doux par lesquels je jouis des caresses qu’ils t’offrent… Ton corps ondule… tantôt serpent, tantôt branche de saule…

Je regarde mes longs cheveux de jais s’enrouler et repter à leur tour… je vois le plaisir et tu m’interdis de bouger… oubliant que tu es le captif… ! Lis-tu dans mes pensées ? Tu me souris…

– Je ne le suis point… regarde le plaisir que tu m’offres !

À cet instant précis, je sens une chaleur… ce feu qui me consume… et je repense à la malédiction… Combien de temps me reste-t-il avant qu’ils ne s’enflamment ? Je m’accroche à ton regard… Que signifient ce sourire énigmatique et cette lueur sereine qui brille au fond de tes yeux ?

– Quel était le conseil ?

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Dessin d’Apollonia Saintclair

Je repense à cette femme que l’on disait sorcière… « Apprends à aimer ! » … je suis ce conseil, je te souris confiante… enfin rassurée… mes cheveux autour de ton sexe… une petite braise et avant qu’elle ne devienne flamme, tu laisses exploser ton plaisir… ce sont ses petites gouttes qui éteignent cette petite braise avant qu’elle ne devienne flamme…

– Oui ! Ouvre la bouche… prends des forces… il nous reste tant de plaisirs à partager… imaginons-les ensemble… !

Le sort est conjuré. La vie peut commencer.

Quand le mystère se fait mystérieux…