
Dépité, assis, recroquevillé dans un coin du salon, je regarde ma femme jouir d’un autre homme. De mon meilleur ami. C’est la seconde fois que je le vois baiser ma femme.
La première remonte à bientôt 32 ans. Notre libido était déjà flageolante et quand elle ne l’était pas, il arrivait à mon corps de ne pas être à la hauteur de mes rêves. Nous avions évoqué nos problèmes à ce couple d’amis et nous avions décidé de vivre ce fantasme… échange de partenaires…
J’avais été surpris de l’ambivalence de mes sentiments, de mes sensations en regardant ma femme prendre du plaisir avec lui. J’étais à la fois jaloux et terriblement excité. J’aurais voulu qu’elle me réclame à cor et à cri, tout en souhaitant la voir s’offrir davantage, faire « sa salope » avec lui comme elle ne le ferait jamais avec moi.
Mon sexe était impressionnant de vigueur quand je m’étais dirigé vers la femme de mon ami, vers la meilleure amie de ma femme. Elle me suçait comme une actrice porno, avec vice et gourmandise, alors que je savais qu’elle refusait la fellation avec son époux.
J’avais aimé la baiser longtemps, je regardais ma femme et je lisais dans ses yeux l’ambivalence des sentiments, des sensations que j’avais éprouvée un peu plus tôt. Nous avions passé une bonne partie de la nuit à baiser comme on s’affronte en duel « regarde le plaisir que je prends, regarde ce que je lui offre de moi ! »
Nous avons rangé cette nuit unique dans la boîte à jolis souvenirs. Nous n’en avons jamais reparlé, mais aucun de nous quatre n’a regretté le plaisir incroyable que nous avons pris cette nuit-là…
Mais aujourd’hui, aucune érection. Je regarde nos corps vieillis en regrettant qu’ils ne parviennent plus à m’émoustiller. Je regarde ma femme jouir, s’offrir et j’ai juste envie de la gifler. Ou de me recroqueviller en pleurant à chaudes larmes sur mon impuissance. Pourquoi parvient-il à bander et pourquoi je n’y parviens pas ? Pourquoi cette femme qui se caresse devant moi ne parvient pas à susciter la moindre réaction de mon corps ? J’aimerais tant la baiser ! Elle m’excite, j’ai une folle envie de son corps, mais mon sexe est comme mort, flasque, mou, inutile…
– Lèche ma femme, salope ! Fais-la jouir et je te défoncerai !
Sidéré, je regarde mon épouse obéir à cette injonction et je me sens encore plus seul. Je me recroqueville davantage, m’avachis comme un vieux cartable, dépité, déçu de cette soirée que j’attendais comme une fête. Je ferme les yeux.
Combien de temps ? Quand je les rouvre, je suis à la même place, mais au milieu d’humains miniatures, comme si je m’étais transformé en statue monumentale. J’entends les commentaires de ces visiteurs qui parlent de moi comme d’une œuvre d’art, ces inconnus qui me touchent, qui me caressent…
Je note que le contact des petites mains légères des asiatiques éveille en mon corps des fourmillements d’excitation très agréables… J’aime aussi le contact rugueux des mains plus viriles. Il y a longtemps que je ne me suis senti aussi bien. En y réfléchissant, c’est bien la première fois où je me sens en parfaite harmonie avec moi-même, où je me sens à ma place…
Oh ! Ces deux japonaises qui s’amusent de leur audace en s’asseyant entre mes cuisses ! Comme elles me troublent à se photographier ainsi ! Je voudrais leur hurler de continuer à caresser mon sexe comme elle le font! Leur rire est joyeux et plein d’espoir comme une cascade au jardin d’Eden…
Mais je ne puis émettre aucun son. Pour elle, je ne suis, je ne serai qu’une gigantesque statue. Je sens une vague monter du plus profond de moi, je la sens enfler, et j’ai envie de hurler « Non ! Ce n’est pas un mécanisme qui fait gonfler et se dresser mon sexe ! »
Pourquoi posent-elles leurs lèvres sur mon gland ? Pourquoi me lèchent-elles ? Pourquoi l’écho de leur rire gêné m’excite autant ? Je ferme les yeux pour me concentrer sur ces sensations, tant d’autres mains, tant d’autres bouches, tant de commentaires flatteurs… c’est si bon de me sentir vivant en étant statue… !
Quand j’ouvre les yeux, les visiteurs se sont évaporés, tout est à nouveau à mon échelle, mais mon érection est intacte.
Je me lève, arrache la femme de mon ami à l’étreinte de la mienne, lui écarte les cuisses, pose ses chevilles sur mes épaules et la pénètre en la regardant droit dans les yeux. J’aime son air admiratif quand elle constate la dureté de mon sexe, qu’elle soit surprise de tant de vigueur… surprise et flattée de la susciter. Je ne veux pas la détromper, c’est pour ça que je lui dis :
– Avoue que ça t’a manqué, ces trente dernières années !