Le cahier à fermoir – Dimanche 24 juin 1945

Décidément, c’est à croire que je ne trouve le temps de prendre la plume que pour noter les bonnes nouvelles et pour être bonnes, elles le sont ! Jean-Baptiste a enfin pu surmonter les écueils de l’Administration, en déjouer les chausses-trappes et hier matin, nous avons pu déposer notre dossier de mariage ! La cérémonie aura lieu le 17 juillet. J’aurais bien aimé me marier à Avranches, mais ça aurait été compliqué parce que les trains ne roulent pas toujours et quand ils le font, ils sont bondés, que le mariage aura lieu en semaine et que je tiens à ce que Marcelle et Henriette soient mes témoins. Ceux de Jean-Baptiste seront son capitaine et Maurice. Il aurait bien aimé que le docteur Meunier soit l’un des siens, mais ce n’était pas possible, parce que le mardi, il a trop de patients pour se permettre de fermer son cabinet.

Avant de déposer le dossier, il fallait qu’on soit sûrs que ce serait possible pour les quatre témoins, on hésitait entre le 17 et le 21 juillet, mais quand j’en ai parlé aux filles samedi dernier, Henriette s’est exclamée « Le 17, s’il te plaît, le 17 ! » je n’avais même pas songé que le 17 juillet c’est le jour de sa fête (alors qu’on l’a fêtée chaque année depuis 1943 qu’on se connait). On a aussi rigolé à propos de ma robe. « Tes parents ont eu le nez creux de t’offrir un parachute ! » C’est vrai que mon ventre est énorme. Il double de volume tous les jours, quand je l’ai fait remarquer à Jean-Baptiste, il m’a dit « Ma Louison, mon amour lumineux, il me semble déceler dans ton propos une légère tendance à l’exagération, mais viens tout près de moi que je m’en assure… commençons par mesurer le volume de cette poitrine admirable ».

Autre bonne nouvelle, Marcelle est plus heureuse qu’elle ne l’a jamais été. Ça faisait déjà quelques semaines qu’Henriette et moi l’avions remarqué, à cause de soirées entre filles où elle n’était pas venue, mais comme on la voyait heureuse, on ne lui posait pas de questions, parce qu’on connaît son caractère soupe au lait et ses réparties cinglantes. « Vous êtes de la Gestapo, ou quoi ? » Enfin, hier elle nous a tout dit. Enfin presque. Pour être exacte, ce n’est pas qu’elle ne nous a pas tout dit, c’est que je n’avais pas tout compris. Je ne sais pas ce qui m’a retenu d’ouvrir ma bouche, mais bien m’en a pris, sinon, je serais encore passée pour une cruche.

Le premier soir où elle n’est pas venue, alors qu’elle était en chemin, elle a senti comme un drôle de frisson remonter le long de son dos. Elle s’est retournée brusquement et elle a reconnu son polisseur, celui dont elle nous avait parlé à la Toussaint. Il était maigre à faire peur, le teint gris, mais dans ses yeux brillait le même éclat. Il a sursauté quand elle s’est retournée, alors Marcelle lui a pris la main et ils sont allés chez elle pour « causer tranquille ».

– Même chez moi, il était pas rassuré. Il sursautait au moindre bruit et se mettait à trembler comme une feuille. Il ne voulait pas parler de son séjour chez les Boches, alors je lui ai pas posé de question. Je lui ai demandé s’il avait faim, il m’a dit que non, mais moi, j’avais faim et je peux pas manger devant quelqu’un qui ne mange pas. Alors, je lui ai servi une assiette de soupe. Vous auriez vu comment de son bras il protégeait son assiette, comment il penchait son visage, le nez trempant presque dans sa soupe, comment il gardait son poing fermé autour de son quignon de pain, vous auriez compris le calvaire qu’il a dû endurer au Bocheland ! Après avoir mangé, après avoir bu quelques verres de vin, il a voulu savoir comment c’était possible qu’une belle fille comme moi ne soit pas mariée. J’ai voulu faire ma maline, alors je lui ai répondu « Mais si, je suis mariée ! » Il s’est levé comme si sa chaise avait pris feu. J’ai attrapé sa main. « Je suis mariée avec ma liberté ! » Alors, ça nous l’a refait, on avait pas besoin de mots, on s’est compris avec les yeux.

– Vous avez compris quoi ?

– Je vous en dirais plus, mais il fait soif et mon gosier est tout sec !

Henriette a joué les idiotes et a fait mine de lui servir un verre d’eau. Marcelle a rigolé. « Ma vache, t’en auras que pour ton argent ! » Henriette s’est dirigée vers un petit meuble qui ferme à clé. « À occasion spéciale, cuvée spéciale ! » Je lui ai demandé si Maurice avait chipé un stock de vin de messe et que c’était ce qu’elle allait nous offrir. Elle a haussé les épaules en me traitant d’impie, mais bon, elle n’a pas nié et comme la bouteille n’avait aucune étiquette…

Marcelle a bu son verre d’un trait. Satisfaite, elle a fait claquer sa langue.

– Xavier. Il s’appelle Xavier.

– Et comment ça se dit en langage des yeux ?

Marcelle m’a fait les gros yeux, elle m’a menacée de son index.

– Toi, t’as d’la chance d’être enceinte et que j’sois une brave fille, sinon…

Elle s’est servi un autre verre, qu’elle a aussi bu d’un trait.

– On a compris qu’on se mariera jamais ensemble, ni qu’on se mettra à la colle. On a compris qu’on ne veut pas de ça, qu’on ne veut pas d’une vie « bien comme il faut ». On a passé la nuit ensemble, mais on a pas dormi. Non ! Rigolez pas, les filles ! C’est pas ce que vous croyez, Xavier ne peut plus dormir sans avaler des somnifères et il en avait pas sur lui. Dès qu’il piquait du nez, il sursautait comme s’il avait reçu une décharge électrique. J’avais beau le prendre dans mes bras, il ne se calmait pas. Il voulait que je lui parle, il voulait entendre le son de ma voix qu’il trouve belle et aussi mon accent. L’accent parisien lui a tellement manqué…

Marcelle a eu un drôle de sourire. Elle s’est encore servi un verre. On a compris qu’elle avait besoin d’être un peu ivre pour oser tout nous raconter.

– J’ai fini par lui faire le coup de Louisette et je lui ai raconté une histoire. Me demandez pas de quoi elle parlait, j’oubliais les mots aussi vite que je les disais. Tout ce dont je me souviens c’est que j’étais agenouillée au-dessus de son visage et que je lui ai demandé de se branler s’il en ressentait l’envie. Pourquoi c’est si bon avec lui ? Je sais pas si c’est mes mots qui guidaient sa langue ou si c’est sa langue qui m’inspirait mes mots, mais… Putain, les filles, c’était si bon ! Et pis…

Le verre de Marcelle était vide. Elle a lorgné vers le mien qui ne l’était pas. « Je peux ? De toute façon, c’est pas bon pour c’que t’as ! »

– Et pis, je le sentais se branler… mais pas comme j’avais vu Dédé le faire. Non, lui, il prenait tout son temps… Je sentais bien qu’il arrêtait quelques instants, et reprenait doucement, comme s’il voulait profiter de cette branlette. Vous voyez ce que je veux dire ? Oui. Vous voyez. Ben, pour moi c’était une première. Et sa langue… ! J’ai joui encore plus fort que la première fois, j’avais senti qu’il avait joui avant moi, mais quand j’ai voulu reprendre ma place à ses côtés, il m’a demandé de rester comme j’étais. Ça m’a fait tout drôle d’entendre sa voix étouffée par ma chatte. Il m’a dit « Continue ton histoire »… je ne savais plus où j’en étais, ni ce que je venais de lui raconter, je lui ai dit, mais il n’a pas eu besoin de me l’expliquer, j’ai compris qu’il se foutait de l’histoire, les mots n’avaient aucune importance. Ce qu’il voulait, c’était entendre ma voix et sentir ma chatte sur sa bouche. Au début, il n’a rien fait et quand j’ai été moins sensible, me demandez pas comment il l’a deviné, j’en sais foutre rien ! Quand j’ai été moins sensible, sa langue… Putain, les filles… sa langue ! Ses mains couraient sur mon corps. J’ai encore joui dans sa bouche et je me suis allongée contre lui, je voulais connaître le goût de ses baisers quand je jouis dans sa bouche. J’ai posé ma main sur sa queue. Il bandait comme un âne. Je lui ai demandé de m’apprendre à le branler comme il aime. « Comme j’aime me branler ou comme je rêve qu’une femme me branle ? » J’ai dû m’endormir vers les deux heures du matin, quand je me suis réveillée, Xavier était parti.

– Et tu n’as aucun regret ?

– Pourquoi j’en aurais ? C’était que le premier chapitre de l’histoire, les filles ! Quand j’étais allongée contre lui et avant de m’endormir, on a décidé que si j’ai envie de le voir, ou s’il a envie de me voir d’aller devant une des entrées du Jardin des Plantes, me demandez pas laquelle, c’est notre secret. Suivant le temps qu’il fait, notre envie, on marche en silence, ou on parle. Son retour en France ne s’est pas passé comme il le croyait. Il savait bien qu’on lui reprocherait d’avoir obéi à Pétain, mais il ne pensait pas qu’il en voudrait autant à sa mère de l’avoir obligé de le faire. Il ne supporte plus sa vie avec elle, avec sa tante, son oncle et leurs chiards. Voilà, il me parle de ça, de l’usine dans laquelle il travaille, parce qu’il ne veut plus remettre les pieds dans la mienne. Il ne veut pas être encore jugé, il ne veut pas avoir à s’expliquer. Il me dit tout ça parce que je ne lui demande rien, mais que je l’écoute et que je le comprends. Parfois, on va chez moi, mais ce qu’on aime par-dessus tout, c’est le faire dans les coins dérobés, dans les arrières cours…

– Mais… tu n’as pas peur qu’il te mette enceinte ? Comment tu ferais si tu tombais enceinte ?

– Aucun danger, on passe par l’entrée de service !

– L’entrée de service ?!

– Par la porte de derrière, si tu vois ce que je veux dire…

C’est là que mon instinct m’a recommandé de me taire et de ne pas poser la question qui me brûlait les lèvres. Complice, Henriette a hoché la tête et comme chaque samedi, Maurice a toqué à la porte et nous a invitées à passer à table. Je ne sais pas comment il se débrouille, mais à chaque fois, il nous régale.

Quand je suis repartie avec Jean-Baptiste, il m’a demandé ce que cachait mon drôle d’air. Il est encore plus aux petits soins avec moi qu’il ne l’était déjà avant, c’est pas peu dire. Un chevalier servant passerait pour un goujat à côté de lui ! Je ne savais pas trop ce que Marcelle voudrait que je taise, alors j’ai résumé la situation.

– Marcelle a un amoureux, mais l’un comme l’autre ne veulent pas s’installer ensemble. Elle veut garder sa liberté et lui, il veut garder la sienne. Ils se retrouvent dans des lieux insolites, mais je ne l’aurais pas cru si naïve… tout comme Henriette, elle pense que le faire en passant par l’entrée de service l’empêchera de tomber enceinte.

Jean-Baptiste a souri et m’a demandé ce que j’entendais par « passer par l’entrée de service ». Je lui ai rappelé que jusqu’il y a peu, j’étais domestique et que je sais faire la différence entre l’entrée principale d’une maison et l’entrée de service.

– Est-ce que Marcelle a parlé de l’entrée de service d’un immeuble ou a-t-elle simplement employé l’expression « l’entrée de service » ?

– Mais… une entrée de service reste une entrée de service, non ?

Il y a eu un pétillement malicieux dans le regard de Jean-Baptiste et j’ai compris qu’il devait s’agir d’autre chose. Jean-Baptiste m’a laissé trouver la réponse toute seule. Une fois encore, je me serais donné des gifles ! Mais dans mon malheur, je me suis félicitée de ne pas avoir exprimé ma surprise aux filles.

J’étais dans les bras de Jean-Baptiste qui avait du mal à garder son sérieux. Je me laissais dévêtir. J’aime quand il couvre mon corps de baisers légers comme le souffle d’un ange. Une fois nue, je l’ai regardé se déshabiller. La précision du moindre de ses gestes ne cessera de me charmer.

– Attention, ma Louison ! Ton regard et ton sourire sont en train de s’engager sur la pente dangereusement glissante de la lubricité !

– Trop tard !

– Regarde dans quel état ça met Albert !

– Mais c’est bien le but recherché, mon cher !

Il y a quelques semaines, je me suis plainte auprès du docteur Meunier de la peau de mon ventre qui me démangeait à la limite de la brûlure. Après l’avoir examinée, il m’a remis un flacon de son « huile miraculeuse dont j’ai élaboré la composition secrète » (depuis, je l’ai aidé à en fabriquer : 80 % d’huile d’amande douce + 20 % d’huile d’onagre). Je dois me masser le corps de cette huile afin d’assouplir et d’hydrater ma peau.

Dès le premier soir, Jean-Baptiste s’est proposé pour effectuer ce « massage délicat ». Il y prend autant de plaisir que moi. Ce que j’aime par-dessus tout c’est, une fois le massage terminé, refermer le flacon et (zut, alors !) laisser échapper malencontreusement quelques gouttes qui atterrissent sur ses cuisses ou sur son pubis. J’étale alors consciencieusement l’huile et va savoir pourquoi, Albert s’en trouve tout recouvert !

Albert est très beau au naturel, mais quand je viens de l’oindre d’huile miraculeuse, le spectacle est à couper le souffle. Je pourrais le regarder des heures entières, à en admirer son éclat, les reliefs qui le parcourent, si Albertine ne se manifestait pas avec autant de virulence.

Hier soir, Jean-Baptiste massait mon ventre, mes cuisses, mes seins quand il a remarqué mon air mi-songeur mi-amusé. Il m’a demandé à quoi je pensais.

– J’ai failli te poser une question, mais j’ai imaginé une réponse un peu loufoque.

– Je suis curieux d’entendre ça !

J’ai pouffé parce que même Albert semblait tendre l’oreille, si je puis m’exprimer ainsi.

– Je me demandais comment on fait pour passer par la porte de derrière et j’ai pensé « en faisant attention » !

Jean-Baptiste a ri avec moi.

– Dois-je y voir une proposition ?

– Je ne sais pas l’idée est… excitante, mais…

– Mais ?

J’ignore pourquoi j’ai soudain pensé à notre mariage.

– J’aimerais que ce soit mon cadeau pour notre nuit de noces… puisque je ne pourrai t’offrir ma virginité.

Que j’ai aimé son regard et son large sourire ! Même Albert frétillait de bonheur, j’ai tendu ma main vers lui, je l’ai caressé doucement quand une nouvelle question s’est imposée à mon esprit.

– Tu crois qu’on aimera ça ? Toi, moi, Albert ? Tu crois qu’Albertine n’en sera pas jalouse ?

Jean-Baptiste a mis sa tête entre mes cuisses pour lui poser la question. Albertine se laissait cajoler par sa langue. Ma bouche a appelé Albert. Nous avons changé de position. Jean-Baptiste allongé sur le dos, j’étais accroupie au-dessus de son visage et je me penchais vers Albert encore tout resplendissant d’huile. Qu’il m’est désirable ! Perdue dans la contemplation de cette merveille, puis dans le plaisir de le sentir dans ma bouche, j’avais totalement oublié Jean-Baptiste ! Sa langue vibrait sur Albertine puisqu’il lui parlait tout en la léchant. « Serais-tu jalouse si Albert te délaissait le temps d’honorer…? » Comme si un coup de fouet m’avait cinglée, je me suis redressée.

– Non ! Jean-Baptiste arrête !

Il a obéi sur le champ.

– Ou alors, promets-moi de ne pas céder à ma supplique si je te demande de ne pas attendre notre nuit de noces. Je tiens vraiment à préserver ce pucelage jusque-là.

– Mais… tu as aimé ?

– Autant qu’Albert, me semble-t-il.

– Et toi, Albertine ?

Albertine s’est resserrée autour des doigts de Jean-Baptiste pour lui signifier son contentement. Je ne sais quel diable malicieux m’a alors suggéré l’idée de lécher Albert du haut de son crâne jusqu’aux bourses et de m’amuser à les titiller du bout de ma langue. Pour ce faire, j’ai dû me pencher davantage. L’esprit scientifique de Jean-Baptiste lui a recommandé de laisser ses doigts dans Albertine tandis que sa langue explorait l’entrée de service. Comme si mon gros ventre avait fondu, je me suis suffisamment penchée pour pouvoir goûter aux bourses de Jean-Baptiste.

J’aurais pu devenir folle de plaisir, mais le bébé s’est manifesté en tambourinant dans mon ventre. Jean-Baptiste m’a suggéré de me mettre à quatre pattes. Il a continué à questionner Albertine, mais d’une autre façon. Sa bouche et sa langue s’encanaillaient avec elle tandis que son index « sonnait à la porte de derrière ». Quand le plaisir était trop fort, je donnais une pichenette sur les bourses de Jean-Baptiste sans cesser de régaler Albert de mes caresses, de mes baisers (pour être tout à fait honnête, je me régalais autant que lui).

Nous aurions pu passer la nuit entière à nous câliner de la sorte, mais une voix étrangère sortie de ma gorge a crié « Centaure ! » À quatre pattes sur le lit, Jean-Baptiste derrière moi, Albert allait et venait dans Albertine, en sortant à chaque fois. Je me cambrais pour sentir ses bourses taper contre mes lèvres. « Plus fort ! Plus fort ! »

Je pensais avoir atteint le paroxysme du plaisir quand Jean-Baptiste « a sonné à la porte de derrière » avec son doigt exactement quand Albert faisait une énième entrée fracassante dans Albertine. Si j’apprenais que mon cri de plaisir a été entendu jusqu’à Moscou, je n’en serais pas étonnée. Albert a inondé Albertine de sa semence.

Jean-Baptiste a senti le bébé bouger dans mon ventre. Avant de nous endormir, il m’a demandé si je le sentais aussi et si je pensais que le bébé ressentait quelque chose.

– Tout ce que j’espère c’est qu’il ressente à quel point son papa et sa maman s’aiment et ce que l’amour peut offrir de plaisirs.

Ce matin, avant de nous rendre chez Maurice et Henriette pour le désormais traditionnel déjeuner dominical (depuis le mois de juin, outre nous quatre, nous le partageons avec Marcelle, la petite Marcelle et sa maman), nous nous sommes livrés à la non moins traditionnelle séance photo, les deux clichés de Jean-Baptiste et moi de face et de profil et les moins conventionnels clichés pour l’album d’Albert et Albertine. J’ai demandé à Jean-Baptiste de photographier l’entrée de service afin que je puisse voir à quoi elle ressemble aux yeux d’Albert.

– Si tu pouvais aussi en prendre une avec Albert qui se tient prêt à passer par l’entrée de service.

– Tu me mets au supplice, mon amour lumineux !

– Parce que tu crois que je ne le suis pas ?!

Jean-Baptiste a pris la photo que je lui demandais, en me disant qu’il craignait qu’on ne distingue pas grand-chose.

– Ce n’est pas si important, parce que nous saurons à quel moment la photo aura été prise et quelles étaient nos sensations. C’est bien à ça que servent les souvenirs, non ?

– Oh, mon amour lumineux… la vue de ta croupe… si tu voyais Albert…

– Mon pauvre Albert toutes ces misères que ces deux-là te font subir, viens donc te réconforter en moi !

Une fois encore, Jean-Baptiste et moi sommes tombés d’accord, Albert et Albertine sont de véritables obsédés, mais bon « Puisque telle est notre croix, nous devons la porter ».

Connaissez-vous l’histoire d’Albert le déménageur ?