Bonheurs des jours, confidences épistolaires – Objet : À cœur vaillant, rien d’impossible !

Le 29 mars 2019

Mon petit Lucas,

Pauline est arrivée, porteuse de ta requête, au beau milieu de notre tournoi de strip-tarot, dont je te laisse deviner les règles ainsi que la finalité.

Un des avantages de la retraite, de la vieillesse tient au fait que les enfants ont quitté la maison et que nous pouvons en profiter pleinement. Enfin !

Comme elle a dû te le raconter, elle était venue à l’improviste, rendre visite à ses grands-parents, le Notaire et Madame et a été surprise quand le Bavard lui a ouvert la porte. Il lui a expliqué que la Confrérie du Bouton d’Or était en pleine réunion.

– Si tu tiens à les voir maintenant, finis d’entrer, mais on fait un strip-tarot et ils ne jouent pas aussi bien que moi ! Si j’ouvre cette porte… ils sont tous à moitié à poil…

Pauline a regardé son grand-père droit dans les yeux. Le Bavard a ouvert la porte du grand salon et nous a annoncé « Mesdames et messieurs, consœurs et confrères : la relève ! »

Nous avons tous sursauté. Jimmy ne portait plus que sa chaussette gauche. Joseph n’avait eu à retirer que sa cravate. Martial avait déjà ôté son pantalon. Le Balafré était complètement nu, mais il faut dire qu’il ne portait que son maillot de bain au début de la partie ! A contrario, Alain porte toujours toute une gamme d’accessoires vestimentaires, il devrait perdre toute la soirée avant qu’on puisse distinguer le moindre cm2 de sa peau ! Rien que pour nous faire chier puisque, circonstance aggravante, il joue super bien, presque aussi bien que le Bavard dont je me demande si je l’ai vu une seule fois perdre au tarot ! En règle générale, Christian joue plutôt bien, mais à l’arrivée de Pauline, il était aux 3/4 nu.

Monique l’était totalement, mais à l’instar du Balafré, elle ne portait qu’un seul vêtement au début du tournoi. Une vieille chemise de Christian. Leur chemise porte-bonheur parce qu’elle lui permet de perdre dès le premier tour. Dire que Monique aime être nue serait un doux euphémisme ! Ce n’est pas uniquement par goût de l’exhibition, elle aime beaucoup sentir l’air sur sa peau, il lui est même arrivé de prendre son vélo, au beau milieu de la nuit et de rouler totalement nue jusqu’à la petite crique, à une douzaine de kilomètres, rien que pour le plaisir de sentir la fraîcheur de l’air provençal sur sa peau, de l’eau quand elle nage et de rentrer au village, au mas ou chez l’un ou l’autre de ses confrères et de réveiller son prince, sa princesse charmante en lui faisant goûter sa peau salée. Fidèles aux volontés de ses grands-parents, sa porte n’est jamais fermée à clé. Tu ne peux pas t’imaginer le nombre de fois où, passant chez elle à l’improviste, je l’ai trouvée, totalement nue, penchée sur des copies qu’elle corrigeait.

Cathy n’avait ôté qu’un seul de ses longs gants de cuir. J’étais déjà à moitié dévêtue et Madame était présentement en train de dégrafer son soutien-gorge. Je ne saurais te dire qui de la grand-mère ou de la petite-fille a rougi le plus violemment ! Ce qui déclencha une salve d’applaudissements. Quel bonheur de constater qu’elle a hérité de cette particularité ! Le Bavard l’embrassait comme du bon pain.

Elle s’est assise, c’était une des raisons de sa visite. En lisant les exploits de Madame, elle avait voulu lui dire qu’elle aussi rougissait. Pauline nous a regardés les uns après les autres, comme un prof vérifie qu’il ne manque personne avant de débuter son cours. Satisfaite, elle a pris une profonde inspiration et s’est tournée vers le Bavard.

– Et puis… Vincent et moi… on aime bien commenter pendant…

Elle nous a ensuite expliqué la mission que tu lui avais confiée, cette lettre dans laquelle tu demandais à Madame, puisque je t’ai raconté certains de ses scenarii, de m’inciter à faire de même avec l’une de mes saynètes. Tu as cru bon d’ajouter « Si vous pensez qu’elle en aura le courage ». Sache, petit impertinent, puisque tu lui donnais du « chère consœur », que primo, au sein de la Confrérie, on se tutoie et que deuzio, quand on me lance un défi, je le relève !

Salle des profs

Deux tables. Sur l’une, une vieille ronéo, une pile de tracts, une ramette de papier vierge, quelques stylos, rouleaux de scotch, paires de ciseaux. Sur une cloison de vieilles affiches syndicales, divers papiers punaisés et autres autocollants. Autour de l’autre table, quatre chaises, sur l’une est assis le Bavard, sur une autre Christian, sur la troisième Martial. Alain fait son entrée, manifestant son incrédulité outrée en parlant plus fort que nécessaire.

– Non, mais… vous connaissez la dernière ? Une bonne-sœur ! Ils ont recruté une bonne-sœur comme C.P.E. ! Dans un établissement public !

– Qu’est-ce que tu racontes ?

– J’ai entendu le Proviseur prononcer « Je suis ravi de vous avoir comme conseillère principale d’éducation, sœur Marie-Thérèse » On ne peut pas laisser passer ça !

Ils évoquent alors l’idée d’une pétition, se proposent d’alerter la F.C.P.E., les parents ne pouvant que les approuver, d’agiter la menace d’une grève, quand je fais mon entrée.

S’ils portent tous leur uniforme CAMIF, costume en velours marron côtelé, chemise à carreaux, je porte une robe droite, très stricte, comme les vieilles blouses des professeurs de sciences naturelles.

– Messieurs, bonjour !

Me tournant vers le paperboard disposé entre les deux tables, un feutre à la main, je poursuis.

– Avant toute chose, mon nom de famille s’écrit Thayriez, c’est pour cette raison que mes parents m’ont prénommée Sœur-Marie… ils ont toujours eu un humour de merde…

Me retournant pour leur faire face, j’ouvre ma robe, dévoilant mon corps nu.

– Lequel d’entre vous me fera rire ?

Les quatre lèvent le doigt « Moi ! Moi ! Moi, m’dame ! ». Je m’allonge sur la table, les cuisses écartées, les pieds ballants. Je ferme les yeux et leur demande de se présenter, tout en admirant mon sexe offert à leur vue. L’un après l’autre, ils défileront entre mes cuisses et attiseront mon désir « en faisant preuve d’humour, d’originalité et de professionnalisme ». Celui qui aura le mieux réussi l’exercice aura le droit de me baiser devant ses collègues.

J’entends le raclement d’une chaise qu’on traîne sur le plancher. Le premier candidat s’assied devant moi, me demande de poser les pieds sur ses épaules.

– Je m’appelle Christian, je suis professeur de sciences naturelles. Laissez-moi vous décrire ce que je vois, je suis certain que vous ne pourrez qu’en être excitée. Tout d’abord, l’aspect général. Outre le fait que votre corps est magnifique, je pense que vous êtes adepte des activités au grand-air et des bains de soleil. Votre peau est hâlée, dorée à souhait, toutefois, les marques de votre maillot de bain trahissent une carnation très claire, presque laiteuse. J’espère ne jamais vous croiser sur la plage, parce que je ne pourrai pas vous cacher l’érection que cette vision susciterait.

Caressant, palpant mon corps tout au long de sa tirade, Christian poursuit.

– Vos seins ont la rondeur et la perfection de ces astres auxquels rêvent tous les astronomes… votre peau est douce et souple sous mes mains… je la sens vibrante, ardente… Je ne peux résister au plaisir d’observer de plus près ce trésor rosé que je distingue derrière votre splendide toison pubienne. Plus brune que votre chevelure. Oh, mes chers collègues, attendez-vous à la beauté intense de la femme dans toute sa perfection ! Je ne saurai la décrire sans l’avoir explorée, sans l’avoir goûtée ! Me permettez-vous ?

Christian, prenant tout son temps, fouille mon sexe de ses longs doigts puissants et délicats. Il les fait aller et venir, je sens mon vagin se gonfler de désir, comme s’il voulait sentir encore plus fort les doigts de Christian… ses doigts qui paraissent presque frais tant ils me font bouillir. Il ne les ressort, afin de les sucer, qu’après m’avoir fait jouir. Il se lève, s’avance jusqu’à mon visage, se penche vers moi « Souvenez-vous. Christian. Professeur de sciences naturelles. »

Je sens qu’un autre professeur s’est installé à la place laissée vacante par Christian.

– Je suis le professeur de dessin, ou d’arts plastiques comme il faut dire désormais… laissez-moi… Boudiou ! Mais, cher collègue, pourquoi avoir omis de nous décrire tous ces reliefs, tous ces changements subtils de couleurs, de nuances, comme si l’on nous indiquait le chemin ? Té, je ne mens pas, venez voir et regardez ! Regardez donc, messieurs, ce brun pourpré qui se départit de sa brunissure pour ne conserver que ce pourpre profond… mais… regardez mieux, chers collègues, si l’on écarte délicate… ment… cette première… le pourpre se teinte de carmin. Et je suis sûr que pour le rendre plus lumineux, il faut le faire briller de mille feux ! En titillant ce petit soleil qui se dresse tout là-haut, par exemple ? Ce petit soleil qui se dresse et qui pointe le bout de son nez, rosé hors de l’abri qui l’encapuchonnait ? Oh ! Regardez, à peine l’ai-je effleuré… vé comme la grotte ruisselle de lumière ! Faire luire avec les doigts… et… d’un coup de… langue… faire… reluire ! Admirez ces nouveaux trésors qui s’offrent à notre vue ! Existe-t-il de tableau plus charmant ? Et si… tout en explorant les alentours de la grotte d’une main, je suivais cet autre chemin… le bistre… celui qui descend… oh ! Mais le voici plutôt qu’il vient à moi ! Regardez comme d’un coup de langue… d’une pression digitale… son abord devient accueillant… mais je ne voudrais pas abuser de votre temps… Cher collègue, c’est à vous !

Je suis pantelante. Alors que je me demande s’il est possible d’être plus excitée que je ne le suis déjà, un homme attrape ma main, les yeux toujours clos, je me redresse. Il prend place derrière moi, malgré les quolibets de ses collègues, qui craignent que la table cède sous son poids.

– Ne les écoutez pas, Sœur-Marie, on m’appelle Robin des Bois, je m’en vais par les champs et les bois et je chante ma joie par-dessus les toits ! Comme vous l’avez deviné, je suis professeur de musique. Votre corps mérite bien mieux que la description qu’en ont faite mes collègues, et néanmoins rivaux ! À l’évidence, ce que je peux imaginer rien qu’en observant votre toison doit être digne d’éloges, mais votre corps tout entier l’est ! Écartez votre bras, laissez-vous faire, je voudrais que l’espace d’une chanson, vous oubliiez votre condition humaine et acceptiez de devenir le plus beau des instruments de musique…

Le bout de ses ongles effleure ma peau, comme s’il cherchait la meilleure façon de faire vibrer cet instrument que je suis en cet instant. Je peux deviner l’intensité de son désir pour moi à la chanson qu’il interprétera. S’il veut laisser une chance à l’un de ses collègues, il fredonnera « This melody », ses caresses, le son de sa voix, son souffle sur mon épaule, m’attiseront… pour augmenter ses chances d’être choisi, il chantera « Le Sud »… il mime les arpèges sur mon ventre, titille mes seins quand il juge que la note doit être plus aiguë… surtout… il la chante si bien… ! Quand il a décidé que cette fois-ci, il sera l’élu, il entonnera « Le chanteur », ne me demande pas pourquoi, mais ça marche à tous les coups !

Pendant que je me remets de cette leçon de musique. Le dernier des professeurs s’approche de moi.

– I’m the English teacher at this school, so let me be yours tonight! My name is Dick. Big Dick. Pour vous exciter et remporter le défi que vous nous avez lancé, plutôt que vous décrire votre magnifique corps, dont vous connaissez certainement tous les secrets et tous les plaisirs qu’il peut vous offrir, tentez de garder vos yeux fermés et imaginez, rien qu’en le sentant parcourir votre peau, les plaisirs que mon membre pourrait vous offrir… sentez-vous comme il est long ? Imaginez-vous son diamètre ou dois-je vous en donner une idée en forçant votre bouche de mon gland ? Tss tss ! On n’ouvre pas les yeux ! Mais je vous sens gourmande… laissez-moi m’éloigner un peu, notez seulement les mouvements de mon coude qui, en frottant sur votre cuisse, vous indiquera comment je me branle pour vous, comment vous me donnez envie de vous combler et comment j’ai la prétention d’y parvenir. Don’t forget, my name is Dick. Big Dick!

Comme tu dois déjà t’en douter, cette compétition s’achève la plupart du temps façon « L’école des fans » et je m’offre du plaisir avec les quatre enseignants.

Je pense avoir relevé le défi, mais à mon âge, faire remonter tous ces souvenirs… je te laisse, il faut que j’aille vérifier auprès de mes confrères et consœurs, l’exactitude de ma description.

Je t’embrasse bien fort,

Sylvie, la Fiancée

Lettre n° 14