Aux plaisirs discrets ~ Neuvième épisode – Valentin

– Bonjour, madame Duval !

– Bonjour, monsieur Dumont

– Ce manque d’entrain trahirait-il une déception, une déconvenue ou, comme je te le souhaite, une fatigue née d’une nuit de sexe torride ?

– Je ne saurais pas nommer précisément la raison… sexuellement, c’était plutôt bon, psychologiquement… moralement, plutôt déstabilisant… Tiens, on en reparle ensuite…

– Aaah ! Ton rapport post-coïtal ! Aurais-tu une précision à apporter en guise de préambule ?

– Tu me connais bien, monsieur Dumont !

– Je m’y efforce, madame Duval, je m’y efforce !

– Disons que j’ai un peu tiqué quand j’ai vu qu’il portait une culotte à l’effigie de Barbie…

– Quoi ?! À l’effigie de Barbie ?! Quel affront pour qui connaît la haine que tu voues aux régimes dictatoriaux et particulièrement aux méchants nazis !

– Ah ah ! T’es con ! Tu parviens toujours à me faire rire ! Je ne parlais pas de Klaus, mais de la poupée !

– Ah oui… c’est moins grave… quoique… un slip avec la poupée Barbie… c’est chelou comme on disait quand on était jeunes.

– Non, non… pas un slip, mais une culotte… Lis pendant que je vais fumer une clope… Pff… Klaus Barbie… Pff des fois, t’es tordu dans ta tête, monsieur Dumont !

– Venant de ta part, ce serait presque un compliment, madame Duval !

Valentin (mais est-ce son prénom ou s’est-il choisi ce pseudo comme j’ai choisi celui de Geneviève ?) a une photo de profil des plus séduisantes, certes il a certainement triché, en a posté une datant de quelques années, quoi qu’il en soit, il a su attirer mon attention. Il me faut reconnaître que je me découvre une appétence pour le sexe que j’ignorais jusque-là. Il me faut aussi, à mon grand regret, reconnaître que les soirées de baise avec Titi me manquent, j’en arrive à compter les jours avant notre prochain rendez-vous. Comment mon corps peut-il désirer autant un homme que mon esprit méprise au plus haut point ?

Lors des échanges que j’ai eus avec Valentin, il m’a fait part de sa peine à trouver des femmes pour jouer à la poupée avec lui. Je le rassure sur ce point, mais en mon for intérieur, j’ai du mal à croire qu’un bel homme comme lui puisse galérer à assouvir ses fantasmes. Lors de nos échanges, il me demande mes mensurations, je les lui donne avant d’oublier aussitôt ce détail noyé dans un flot de messages

Nous décidons que, quoi qu’il se passe ou ne se passe pas entre nous, nous passerons la nuit ensemble. Je réserve la chambre et deux petits-déjeuners. Nous nous retrouvons devant l’hôtel, moi avec mon petit sac de voyage à la main, lui avec une valise qui me paraît bien grande pour une seule nuit, mais peut-être est-il provincial, qu’il s’apprête à passer plusieurs nuits à Paris et que je ne suis pas son unique rendez-vous.

Parce qu’il est vraiment très beau… et paraît un poil plus jeune que sur sa photo. Il sourit en me voyant, j’ai l’impression qu’il me déshabille du regard. Ses premiers mots sont, d’ailleurs, « Aah ! Vous ne m’avez pas menti, j’en suis ravi ! » J’acquiesce en silence.

Lors de nos échanges, il m’a demandé si je serais d’accord pour ne pas ouvrir la bouche tant qu’il ne me le demandera pas, ni pour parler, ni s’il pose ses lèvres sur les miennes. J’ai accepté (tu noteras l’effort concédé !). Je ne serai donc pas une poupée qui parle.

Dans l’ascenseur, il couvre mon visage de baisers et se dit impatient de jouer avec la belle poupée que je suis. Je ne pipe pas un mot. J’ouvre la porte de la chambre, il me prend par la main et, après avoir refermé la porte, me guide jusque devant le lit.

– J’espère que tu portes la culotte que je t’avais demandé de porter !

Parce que dans nos échanges, il m’avait demandé d’acheter une culotte de coton, blanche du genre « Petit Bateau » et de la porter sous mes vêtements au moment de notre rencontre. Au point où j’en étais, j’avais accepté.

Une autre chose le ravit, c’est la commode (nous sommes dans la chambre 12), il me demande de me retourner, de fermer les yeux, le temps qu’il range les petites affaires qu’il a apportées et qu’il se mette en tenue. J’obtempère (toujours en silence).

Après un moment, qui m’a paru assez long, Valentin me fait pivoter pour que je me retrouve face à lui et me demande d’ouvrir les yeux. Je crois que ma bouche s’ouvre aussi largement que mes yeux quand je le vois, vêtu d’une chemise de nuit rose qui lui arrive en haut des cuisses, je pourrais écrire « une nuisette », seulement elle est en coton, comme les chemises de nuit des fillettes et quand il écarte les bras en chantonnant un « ta-din ! » je remarque qu’il porte une culotte avec la tête de la poupée Barbie imprimée dessus.

Valentin tend ses mains vers moi et entreprend de me déshabiller, il plie mes vêtements avec soin et, comme s’il voulait s’assurer de la réalité de la situation, touche mon corps du bout de son index. Plus tard, dans la nuit, il m’expliquera que je suis la première à ne pas m’être enfuie à la vue de sa tenue, à ne pas m’être enfuie ou à l’avoir chassé de la chambre.

Dire que j’ai vécu quarante-huit ans sans savoir à quel point ma poitrine pouvait plaire aux hommes ! Valentin, comme les autres, s’extasie devant la forme de mes seins, leur tenue, la beauté de mes mamelons qu’il qualifie de virginale. Je dois reconnaître que j’aime vraiment leurs compliments et que ça participe à mon excitation.

Quand Valentin découvre ma culotte, il devient fou de bonheur, il la touche, la caresse, la renifle, me caresse un peu. Je me demande comment il fait pour ne pas se tordre de douleur tant sa bite semble compressée dans sa petite culotte. Je m’en veux un peu, mais je commence à trouver la situation hyper excitante.

Aux plaisirs discrets ~ Huitième épisode – Titi 7-7, le retour du retour

Mon cher monsieur Dumont,

Ces derniers temps, je fais régulièrement des rêves érotiques. En y repensant, je réalise deux choses qui pourraient t’inciter à rire, si tu n’étais pas mon ami.

La première, c’est que jusqu’à présent, je n’en faisais pas beaucoup. Si l’euphémisation, la fausse modestie de l’exagération, était dans ma nature (or, tu sais, il n’en est rien… ah, ah !), j’affirmerais pouvoir les compter sur les doigts d’une seule main… de lépreux.

La seconde, c’est que l’érotisme de mes rêves érotiques est pour le moins atypique. Aucun corps dénudé, même partiellement, aucune étreinte, aucun cri, soupir ou gémissement et pour tout te dire, rien d’autre qu’une pâquerette ondulant sous le vent.

Pourtant, je me réveille excitée comme un moustique qui trouverait la clé universelle ouvrant toutes les banques du sang. Mon cœur bat à tout rompre, mon corps frémit d’un désir violent et une seule pensée m’obsède au point de résonner dans ma tête « Du sexe, du sexe, du sexe ! Je veux du sexe ! »

C’est dans cet état, la tête pleine de ces mots et le corps plein de désirs qui ne demandaient qu’à être assouvis, que je me suis réveillée ce matin.

J’étais sur le point de prendre mon RER pour aller au boulot, le quai grouillait de monde quand la rame déjà bondée a fait son entrée dans la station. Ça se bousculait dans tous les sens pour monter dedans. J’ai poussé un soupir de découragement avant de faire demi-tour.

J’ai téléphoné à ma collègue pour lui dire que j’avais complètement oublié de poser un RTT alors qu’un rendez-vous avait été pris avec mon avocat pour les papiers du divorce. Pleine de compassion, elle m’a promis d’expliquer tout ça à notre chef de service et qu’il serait bien temps de régulariser lundi. À toutes fins utiles, je te précise que je n’ai conçu aucune honte à mentir de la sorte.

Puisque j’étais d’humeur téléphoniste, j’ai appelé Titi, sait-on jamais, il pourrait être disponible.

– Allô ?

– C’est moi.

– J’avais vu, c’est pour quoi ?

– Ben… un coup de tube, un coup de teub !

Il a failli s’étouffer en éclatant de rire. Je lui ai expliqué qu’il y a des années, en chinant dans les encombrants de mon quartier, j’avais trouvé toute un lot de cassettes audio sans titre, d’artistes aussi divers qu’inconnus, du moins de moi, et que dans l’une d’elles, il y avait une chanson où il était question d’un mec amoureux d’une sexophoniste, qui se vidait la carte bleue à coup de téléphone rose. Le refrain de cette chanson était « Un coup de tube, un coup de teub », que je venais de m’en souvenir et que ça résumait bien la raison de mon appel.

On se retrouve Porte de Bercy, je mets le bandeau sur mes yeux et on roule en silence pendant un certain temps, que je serais incapable d’estimer.

– Tiens, puisque tu sembles aimer les belles chansons d’amour, je me suis dit que ça pourrait te plaire.

Il a mis son autoradio en marche. Elmer foodbeat. Je réponds à sa question, non, ce n’était pas ce groupe qui chantait la chanson dont je lui ai parlé au téléphone. L’humeur est à la rigolade un brin paillarde quand résonne l’intro de Daniela. C’est fou comme après toutes ces années les paroles me sont revenues en tête. Soudain, un drôle de doute m’assaille

– C’est pour me signaler qu’il y aura des copains qui vont passer ?

– Ah ça non ! Je ne suis pas partageur !

– Jaloux ?

– Du tout, mais pas partageur pendant la chose… les partouzes, c’est pas mon truc, c’est tout.

– Pourquoi ?

– Ça finit toujours en concours de quéquette pour les hommes et en concours de salopes pour les femmes… Si je fais reluire une femme, je veux être sûr d’y être pour quelque chose, pas parce qu’elle est excitée par ce qui se passe à côté, tu vois ce que je veux dire ?

– Tout à fait et, quitte à te choquer, je partage ton point de vue.

– Pourquoi ça me choquerait ?

– On n’est pas vraiment sur la même longueur d’onde, en règle générale.

– Sauf question cul et là, on parle de cul, non ?

– Ta main…

– On arrive, ma belle, on arrive !

– Je note que je passe de salope à belle…

– Salope, c’est dans l’intimité ou quand j’ai la main à la place de ta culotte.

Nous entrons dans la caravane. Il fait une chaleur à crever. Je retire le bandeau qui recouvrait mes yeux. Titi se dirige vers un minuscule frigo, il en sort une bière et se dit désolé de ne pas avoir un thé gourmand à me proposer.

– T’es pas obligé de le dire avec la bouche en cul de poule !

– C’est pas comme ça qu’on fait dans ton monde ? Chez les artistes intellos ?

– Pff, le cliché ! D’où t’as vu que je fréquente ce monde ?

– Ça me plaît de t’imaginer dans ce milieu de culs serrés par les bonnes manières, entourée de tous ces mecs sapés à ton goût, parlant avec des mots choisis de sujets tellement profonds, tellement… intelligents, tellement… et pis tu te dis qu’en fin de compte, tu préférerais passer la soirée avec Titi… ouais, avec Titi et sa baguette magique…

– Je préfère ne pas répondre… Bon, avant que je meure de soif, t’as quoi d’autre de frais à me proposer ?

– De la Badoit… je peux te faire un mojito, si tu veux…

– Un mojito sans feuille de menthe ?! C’est osé !

– Mais j’en ai ! Tiens, regarde !

Il sort un bac à glaçon avec des feuilles de menthe prises dans la glace. « Jamais pris au dépourvu, toujours prêt à surmonter l’imprévu, telle est la devise du play-boy prévoyant ! » J’éclate de rire, mais je me reprends aussitôt.

Je décide, sans en avertir Titi, d’endosser le costume de Geneviève Duval, snobinarde évoluant dans le milieu de l’art, avec plein de « â », qui découvre le plaisir pulsionnel dans les bras d’un rustre banlieusard.

Les yeux dans le vague, un poing serré sous le menton je lui indique à quel point je suis plongée dans mes pensées, à quel point j’ai plongé dans leur profondeur. Du coin de l’œil, j’observe Titi amusé.

– Quelle chaleur ! « Goûtez pendant quelques heures aux joies du caravaning et découvrez ce plaisir simple qui réjouit les classes populaires ! » Tu parles ! De toute façon, seule dans cette… caravane…

Je déboutonne mon chemisier et m’évente en agitant les pans de soie. Hélas, ce n’est pas suffisant pour me rafraîchir. Je prends alors le verre embué, ruisselant posé sur la table et je le fais rouler contre ma peau, entre mes seins. Soudain, je sursaute.

– Tiens, ils ont même pensé à mettre un mannequin par souci de réalisme ! C’est vrai, la promiscuité… c’est populaire… Oh, comme il est réussi ! On pourrait le croire vivant ! Voyons voir si vous bandez, monsieur l’ouvrier en congés payés !

Je pose ma main sur son bas-ventre, sursaute une nouvelle fois avant de me confondre en excuses.

– Oh ! Pardon, monsieur… je vous avais pris pour… un…

– Je sais, je suis pas sourd !

– Comment pourrais-je me faire pardonner ?

– Pour commencer en reposant vot’ main là d’où vous venez de l’ôter ! Oui… comme ça… oui… continuez comme ça !

– Mon cœur s’emballe… voulez-vous y poser les mains… à toutes fins… utiles… au cas où…

– Ça vous dirait un p’tit surclassement, qui vous serait pas facturé ? Un p’tit surclassement juste entre vous et moi ? Genre « découvrez comment les prolos prennent leur pied au milieu de toute cette misère » ?

– Oh ! Vous me feriez ce cadeau ?! Ce merveilleux cadeau ?

– Bah ça, pour sûr, quitte à œuvrer pour la promotion du prolétariat, autant y aller à fond !

Il m’invite à m’asseoir, ouvre sa braguette, se ravise et décide de retirer carrément son jean.

– Voyons voir si cette bouche est capable d’autre chose que de dire de jolies phrases…

– Vous… vous voulez dire… ma bouche… votre… Votre… dans ma bouche ? Comme dans les romans ?!

– Je sais pas quels romans tu… Oh, putain ! Oui… comme ça ! Oh… oui ! Ouvre les yeux… regarde-moi comme la femme respectable que tu es et qui a envie de libérer la salope qui sommeille en elle entre mes bras !

Il se tait. Je le suce, guidée par ses grognements, ses soupirs qui déchirent le silence comme autant de coups de fouet lacérant un paravent de soie. Titi m’entraîne vers le lit. Il sort une capote du tiroir de la table de chevet, me montre l’emballage.

– Ça, c’est de la capote de prolétaire ! Vous en avez pas des comme ça, chez les aristos !

Je ne peux réprimer un éclat de rire, cependant, je rendosse aussitôt le rôle de Geneviève Duval.

– Comme on dit par chez nous, les nantis, les intellos, les bourgeois, les bobos, bref ceusses de la haute, ils ont le cœur sec comme un coup de trique, voyons voir si c’est le cas des chattes de leurs dames… Ah ben, non ! Mais c’est qu’elle mouille comme une gentille prolo, mâââdâme l’intello ! Oh la la, voyez-moi ça, ça glisse tellement, c’est tellement ouvert qu’on pourrait y mettre le poing !

– Je vous assure que c’est la première fois que ça m’arrive ! Dois-je m’en excuser ?

– Pas le moins du monde ! C’est juste que sans le savoir, vous aimez le sexe inter… euh… inter classes sociales !

Il décide d’opter pour ce que nous appelons « la formule entrée, plat, dessert et café gourmand ». La formule nous devient habituelle, mais puisqu’elle nous convient à tous les deux, pourquoi nous en priverions-nous ?

Dans le but de réellement promouvoir la baise prolétaire, après une première levrette, une première cravate de notaire (ou branlette espagnole, Titi m’a expliqué la différence, mais je ne m’en souviens pas au moment d’écrire ce rapport post-coïtal), au lieu de jouir dans ma bouche, il décide de m’offrir une seconde levrette. Pendant qu’il enfile une nouvelle capote, je me mets à quatre pattes sans me coucher sur le flanc. Titi sait ce que ça signifie, toutefois, je veux lui en expliquer la raison.

– À chaque fois que j’ai tenté l’expérience, j’en ai retiré plus de douleur que de plaisir. En fait, que de la douleur et aucun plaisir. Mais quelque chose au fond de moi me dit qu’avec toi, il pourrait en être autrement… alors, si ça te tente…

– Si ça me tente ?! Si ça me tente ?! Et comment que ça me tente ! Seulement, tu vois…

Sa main glisse le long de ma raie, s’arrête sur mon anus.

– Seulement, tu vois… si tu te sens prête dans ta tête, ton corps n’est pas vraiment convaincu… Remarque comme son premier réflexe est d’éviter mon doigt… tout de suite, ton cerveau corrige le truc, mais moi, ça me prouve que ton corps n’est pas encore prêt… Alors, non, malgré que ça me coûte, je ne t’enculerai pas aujourd’hui.

Cette seconde levrette, à demi sur le flanc, me fait davantage jouir que d’ordinaire, alors que tu sais à quel point l’ordinaire avec Titi est jouissif. Quand il retire la capote qu’il met sa queue entre mes seins, je le supplie de ne pas jouir dans ma bouche, mais sur eux.

L’image de mon corps et de mon visage couverts de sperme s’impose à moi. Elle m’excite au plus haut point alors qu’elle m’avait jusque-là toujours révulsée. Titi, gentleman de la classe ouvrière, s’exécute. Je lui en suis reconnaissante et le lui dis.

Nous avons davantage de temps cette fois-ci, nous avons rejoint la caravane avant midi et il me redéposera devant l’hôtel en début de soirée. Nous en profitons pour nous papouiller, nous tripoter, nous embrasser. Partout.

– Tiens, mets-toi en position… comme je vais être absent tout le mois et pour te donner matière à réflexion…

Tremblante d’un mélange subtil d’excitation, de curiosité teintée de crainte, je lui obéis. Ses mains écartent mes fesses. Oh, putain ! Sa langue… oh, putain ! C’ que c’est bon ! Oh, pu…

– Non ! N’arrête pas !

– Tu vois… t’aimes ça, hein ?

– Et toi ?

– Si tu ouvrais les yeux et que tu voyais ma bite, tu poserais pas la question !

– Continue, alors… s’il te plaît !

Je ne sais pas comment il s’y prend, mais il me fait jouir rien qu’en léchant mon… Titi m’apprend qu’on appelle ça « une feuille de rose ». C’est plus élégant que les mots qui me venaient à l’esprit pour décrire cet instant précis.

La bite à Titi ayant retrouvé sa forme, nous baisons (« Baiser, c’est faire l’amour sans se croire obligé de se faire des promesses » dixit Titi). À nouveau, nous optons pour une « formule complète », il rigole quand je précise « avec supplément levrette ». Comme un reproche, il me dit « Tu vas finir par me faire craquer pour toi, ma jolie salope ! »

Épuisés, accablés par l’atmosphère étouffante de la caravane, nous nous allongeons sur le lit. Il fait tellement chaud, nous sommes si fatigués que nous ne trouvons pas la force de faire les trois ou quatre pas nécessaires pour atteindre le frigo garni de boissons fraîches. Je souris béatement en regardant le plafond de la caravane. Je tourne mon regard vers le visage de Titi et constate qu’il en est de même pour lui. Il me regarde presque aussitôt. On se sourit.

– Un mois, dis-tu ? Un mois à attendre ton retour ? Dans un mois, mon corps aura tout oublié… déjà, il me semble que…

– Pourrais-je vous offrir une autre feuille de rose, charmante Geneviève ? Histoire de…

– C’est proposé si gentiment… oui… Offre-moi une feuille de rose, prévenant Titi… et fais-moi encore jouir en me bouffant le cul !

Je ne sais pas combien de fois la scène s’est répétée, mais je ne sentais plus mon corps quand nous avons rejoint la voiture. Mon bandeau sur les yeux, j’ai poussé un petit cri de plaisir quand mes fesses ont touché le tissu du siège auto, chauffé par le soleil. Il me semblait sentir encore le contact de la bouche, de la langue, des doigts de Titi.

Voici, cher monsieur Dumont, le compte-rendu post-coïtal de mon dernier rendez-vous avec Titi 7-7 avec l’annonce du programme de nos frasques post congé estival à venir !

Geneviève Duval

Aux plaisirs discrets ~ Septième épisode – Laurent

– Vous avez laissé tomber ça…

J’allais descendre du RER quand cet homme m’a tendu une enveloppe. Je n’ai pas eu le temps de me demander d’où elle venait et comment elle était tombée de mon sac, je l’ai prise, je l’ai ouverte et sur l’escalator, j’ai lu la lettre qu’elle contenait.

Après mûre réflexion, je décide de répondre à ses avances. Dès le lendemain matin, profitant d’un soubresaut de la rame, je glisse, sans qu’il s’en aperçoive, ma réponse dans la poche de sa veste.

Le jour suivant, debout dans la travée, il me demande si j’ai du réseau. Pour prouver sa bonne foi, il me montre l’écran de son téléphone. « Disons plutôt 17 heures ». J’acquiesce et je passe la journée à penser à ce Laurent en comptant les heures qui me séparent de lui. Elles sont au nombre de trente-trois. Trente-trois heures à me demander si j’ai bien fait, à me demander comment ça va se passer.

Le vendredi arrive. Je n’ai pas la patience d’attendre dans ma chambre. À 16 h 45, je descends dans la rue, j’en profite pour allumer une cigarette. Je n’ai pas le temps de la fumer que je vois Laurent s’engager dans la rue et se diriger vers l’hôtel à grands pas. Il est surpris de me trouver là. Un peu intimidés, nous nous saluons d’un hochement de tête.

Dès qu’il franchit le seuil de l’hôtel et jusqu’à notre entrée dans la chambre, Laurent marche la tête baissée. Il me demande tout à trac d’éteindre mon téléphone et fait de même avec le sien.

– Je n’ai pas envie d’être filmé à mon insu et d’apprendre que la sex-tape tourne sur les sites pornos !

Je n’avais jamais songé à cette éventualité ! Je maudis ma candeur en la matière.

– Tu avais peur d’être mal vue par le réceptionniste si je lui demandais le numéro de ta chambre, c’est pour ça que tu m’attendais sur le trottoir ?

– Oh non ! Officiellement, je fais une enquête sur un sujet brûlant, cet hôtel sans vidéosurveillance, ni connexion internet me garantit, ainsi qu’à mon interlocuteur toute la discrétion requise…

– Mais c’est génial comme couverture ! Genre « Panama papers » ?

– Je préfère rester évasive en employant le terme “enquête” qui s’applique autant au journalisme qu’au renseignement.

Le regard que Laurent pose sur moi, le sourire qu’il m’adresse caressent agréablement mon orgueil. J’y puise l’audace de déboutonner mon chemisier, de l’ouvrir en grand « pour qu’aucun doute ne subsiste, pour que tu puisses constater l’absence de micro ! »

Les yeux de Laurent s’écarquillent, ses lèvres bougent sans qu’aucun son n’en sorte. Je réalise à quel point je suis excitée par la vue d’une bosse se formant dans un pantalon et ce depuis ma première rencontre dans cet hôtel.

– Tes seins… ! Je me demandais quel soutif pouvait les maintenir tout en restant invisible… en fait, t’en portes pas… Je peux ?

Laurent tend sa main vers ma poitrine.

– Je me vexerais si tu ne le faisais pas !

– Comment fais-tu pour qu’ils soient si parfaits ? Leur tenue, leur forme… quel est ton secret ?

– L’injustice.

– La justice ?!

– Non ! Au contraire, l’in-justice. Je n’ai jamais rien fait, ni sport, ni crème, ni chirurgie. Rien. Il y a quelque temps, j’ai viré mon mari et j’en ai profité pour jeter mes soutifs. Dans un même mouvement libérateur. Voilà, tu connais mon secret. L’injustice !

Mon chemisier reboutonné, je me tiens debout face au bureau. Laurent est derrière moi, contre mon dos. Son souffle sur ma nuque me grise. Sa main se faufile dans mon encolure. Je sens durcir mes mamelons. Il les sent aussi, son grognement ne laisse planer aucun doute.

– Laurent, enchanté de faire votre connaissance.

J’attrape son autre main, je la plaque contre mon pubis pour l’inciter à se coller davantage contre mon corps.

– Geneviève, également enchantée !

Nous nous chauffons un certain temps. Tout en conversant de tout et de rien, surtout de rien, Laurent remonte ma jupe. Je lui tourne toujours le dos. Sa main se glisse entre mes cuisses.

– Tu ne portes pas de culotte ?!

– Je les ai jetées en même temps que mes soutifs. Ça t’ennuie ?

– Non, au contraire, mais j’y penserai quand on se croisera dans le RER !

– Avec émotion, j’espère…

Laurent est en sueur, l’hôtel n’est pas climatisé et en cette fin juin, la chaleur est étouffante. J’ai pris une douche avant de l’attendre sur le trottoir, il me dit de me mettre à l’aise pendant qu’il prend la sienne.

Assise au bord du lit, les jambes légèrement plus écartées que prescrit par la bienséance, mon chemisier est néanmoins boutonné. Une main posée sur ma cuisse, l’autre jouant avec un collier imaginaire, je regarde au loin, comme absente.

La porte de la salle d’eau s’ouvre. Laurent est nu, je regarde son corps, mais très vite seule la vue de son sexe focalise mon attention. Je ne réalise pas tout de suite que ma main a glissé entre mes cuisses, que l’autre caresse mon sein dont le mamelon pointe si fort qu’il semble ne faire qu’un avec la soie.

Pour masquer mon trouble et jouer mon rôle de la belle indifférente, je tourne mon regard vers la fenêtre. Laurent s’approche. Il pose sa main sur mon épaule. Je soupire d’aise et, dans un même mouvement, donne un petit coup de langue sur son gland.

Je regarde enfin Laurent. Il me sourit et ferme les yeux comme lorsqu’on veut être sûr de ne pas oublier. Le goût de son sexe est divin. J’en oublie le plaisir que je procure à Laurent tant celui que je prends me submerge.

Les mains de Laurent caressent doucement mes joues, mes lèvres. Le grognement continu du plaisir qu’il prend fait vibrer tout son corps, jusqu’au bout de son sexe. Cette vibration se propage dans ma bouche. Le temps arrête sa course dans cette communion de nos deux corps, il me semble que de l’atmosphère suinte la mélodie d’Amazing Grace.

La voix de Laurent est d’une douceur incroyable quand il me dit « Viens ! » Nous faisons l’amour tendrement alors qu’on s’était mis d’accord pour baiser fougueusement. Néanmoins, loin de nous désoler, ce changement de programme nous réjouit.

Je prends un plaisir fou à regarder son corps, dont les imperfections, en le rendant humain, l’embellissent et me rassurent. Si je rêvais, je ne les verrais pas. Le regard que Laurent pose sur moi me séduit au-delà du raisonnable et ce petit cri animal qu’il pousse quand il jouit hérisse mes poils de plaisir, alors, enfin mon orgasme explose.

– D’habitude, je n’embrasse pas, mais je sais que tu n’y verras pas le début d’une histoire d’amour. N’est-ce pas ?

– Oui. Je n’ai pas envie de me lancer dans une histoire sérieuse, surtout si, comme je le présume, tu es en couple.

– Alors, je peux te dire deux secrets. J’ai une super envie de t’embrasser et… je ne m’appelle pas Laurent.

– Ça tombe bien, parce que figure-toi que j’en ai aussi envie… et que je ne m’appelle pas Geneviève !

Nous passons au moins un quart d’heure à nous embrasser, à nous appeler Laurent et Geneviève. On rit comme des ados et comme cela arrive plus vite aux jeunes hommes qu’à ceux de notre âge, la bite de Laurent retrouve une vigueur toute juvénile. Il en est émerveillé.

– T’as vu, Geneviève, je rebande déjà ! Si j’osais…

– Hé bien, ose, Laurent, ose !

L’étreinte torride que nous avions espérée arrive enfin, avec un peu de retard certes, mais je préfère y voir une forme de politesse, elle a sans doute jugé plus décent de s’effacer devant cette grâce arrivée à l’improviste.

Nous nous promettons de ne pas chercher à réitérer, la magie de cette soirée tenant au fait qu’elle restera unique et son intensité gravée à jamais dans nos mémoires. Laurent, tout comme Geneviève, feront semblant de rien quand ils se croiseront, dès lundi matin, dans le RER. Ce secret, leur pacte restera à jamais leur trésor. Le plus difficile sera de ne pas sourire, de ne pas rosir, et, si j’en crois Laurent, de ne pas bander en imaginant le corps nu de Geneviève.

Geneviève Duval

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