Marcel sorti, pendant que je m’essuyais le corps, je pensais à Jean-Luc en me demandant si mon désir pour lui résisterait à un tête-à-tête, s’il n’allait pas éclater comme une bulle de savon, sans raison apparente. Je me remémorais ce que m’avait confié Monique, la discussion que nous avions eue.
– Je ne peux que te conseiller de te laisser guider sur le chemin qu’il te proposera, mais que ça ne t’interdise pas, au détour d’un sentier ou d’un buisson, si l’envie t’en prenait de lui suggérer un de tes fantasmes… Tu vois ce que je veux dire ? En tout cas, ça fait plaisir de le voir si excité à l’idée de coucher avec toi !
– Ah bon ?
– Il se frotte les mains en répétant à qui veut l’entendre « Ça va être ta fête, ma p’tite Dédette ! » On dirait qu’il a quinze ans !
– Ah bon ?
– Il a toujours envié Jimmy sur ce plan !
– Ah bon ?!
– Tu ne t’en doutais pas ?
– Pas le moins du monde !
– Tu n’as jamais remarqué qu’il bandait comme un âne quand il allait chez vous ? Chez vos parents ?
– Ah bon ? Il bandait ? Non. J’avoue que je n’ai jamais songé à… regarder… On n’est pas finaude quand on a dix-sept ans !
Monique avait salué l’astuce en tapant dans ma main. J’avais l’impression de retrouver une vieille copine alors que nous étions en train de faire connaissance… Jimmy m’avait dit que nous nous entendrions bien, que nous riions des mêmes choses, mais je ne pensais pas me sentir aussi proche d’elle.
Toc. Toc. Toc.
– Entre !
Jean-Luc est entré en chantant à tue-tête « J’ai perdu la tête depuis que j’ai vu Dédette ! Je perds la raison quand je pense à ses nichons ! » Il se dandinait, faisant tout pour faire naître un air blasé sur mon visage et y parvenant.
– C’est un complot ou quoi ? Qu’est-ce que vous avez tous avec mes nichons ?
– Ils sont superbes, voilà tout et je ne savais pas qu’on t’avait déjà complimentée à leur propos ! J’ai donc douze minutes pour te convaincre… Comment faire ?
– Tu pourrais me montrer… tes… atouts…
– Et allons donc ! Tu ne t’en tireras pas si aisément, Odette ! Avec tout le mal que tu as fait à mon honneur… ce serait trop facile !
– Quel mal ? Quel honneur ?
– Et allez donc ! Continue ! Joue les innocentes, ne t’en prive pas !
– Toi, t’es en train de jouer la montre. Tu te déballonnes et t’inventes n’importe quoi ! À quel moment ai-je porté atteinte à ton honneur ?
– Je me déballonne ?! Mais tu rigoles ou quoi ?! Quand je t’aurai donné ma proposition pour laver cet affront, tu trouveras le moindre prétexte pour ne pas l’accepter !
– Alors, exprime-toi… monsieur Jean-Luc, le juge balafré ! Balance ta sentence !
– Depuis que tu as émis des doutes… Non. Depuis que tu as affirmé que j’étais puceau, ton frère, sa femme… même Monique et Christian me traitent de petit puceau… Ça fera dix ans au premier janvier… dix ans que je dois supporter leurs sarcasmes… alors, il est…
– C’est ça mon crime ?! Tu te fous de moi ou quoi ?! Ils sont bien placés pour savoir que je me trompais ! Même Sylvie a éclaté de rire en m’affirmant que tu étais le plus grand baiseur que l’Univers ait jamais engendré !
– Elle a dit ça ?
Jean-Luc souriait comme un gamin flatté. Il reprit immédiatement son faux air sentencieux.
– Quoi qu’il en soit, Martial affirme que si tu pensais que j’étais puceau, c’est que je devais l’être… au moins dans ma tête… parce qu’avec ton D.U. de psychologie appliquée, tu étais en mesure de savoir les secrets obscurs que nous souhaitions cacher au monde entier… Donc, je suis « le p’tit puceau »… par ta faute…
– Par ma faute ? Et c’est quoi ces conneries de D.U. ? Je n’en ai jamais passé ! Les seules formations non administratives que j’ai suivies concernaient les soins d’urgence ! Rien à voir ! Martial t’a raconté des bobards ou c’est toi qui inventes ?
– On m’aurait donc menti ? Faisant, plus de sanction… what a pity ! Me voilà reparti pour cinquante ans de fantasmes… Merci bien, Dédette !
– T’es gonflé ! Tu fais ça rien que pour m’embêter, pour que je te supplie de me dire quel sort tu me réservais !
– Et j’ai réussi mon coup ?
– Tu le sais bien ! Je ne pense qu’à ça depuis que tu m’as montré ta bite !
– Pourquoi ne te l’ai-je pas montrée plus tôt ?
– Peut-être parce que t’es qu’un p’tit puceau dans ta tête ?
– Ça, ma vieille, tu vas me le payer !
– Quand tu veux !
Jean-Luc s’approcha de moi, desserra la ceinture du peignoir, regarda mes seins avec gourmandise. Sa main glissa le long de mon ventre. Pourquoi ma peau distendue, mes vergetures m’avaient complexée toutes ces années ? Il me semblait que j’étais la seule à les remarquer, à leur prêter importance. Il jouait avec mes poils en me disant sa crainte de découvrir que j’étais tombée dans le camp de l’épilation intégrale. Il fourra son nez dans mon cou et me renifla, embrasant mon désir. Je voulus ouvrir sa braguette. Il retint mon geste, mais maintint ma main fortement appuyée sur son pantalon. Je le sentais durcir dans la paume de ma main.
– Je te caresserai, te baiserai de partout, la bouche, la chatte, le cul, à t’en faire hurler de plaisir… ensuite, je te ferai l’amour pour t’accorder mon pardon…
– Ça va, la sanction sera… supportable… je m’attendais à pire !
– Mais je te ferai tout ça devant les moqueurs… devant Jimmy pour lui apprendre à avoir téléphoné à Sylvie… devant Monique qui me taquine trop souvent à mon goût… devant Sylvie qui a lâché le morceau aux autres… et devant Martial qui a inventé ce pucelage mental…
– Devant Martial ?! Mais tu n’y songes pas ! Devant Martial ?! Mais tu sembles oublier qu’il est mon frère !
– Aïe ! Et tu comptes assister au spectacle des gamins, demain soir ?
– Ben oui, pourquoi ?
– Ah… tu n’es donc pas au courant des spectacles que l’on donne au mas… en un mot comme en cent, attends-toi à voir Émilie ou Lucas… ou les deux baiser sur scène…
– Martial et Sylvie regardent baiser leur petit-fils ?!
– Ce sera leur premier spectacle, mais quand ils verront Lucas, s’ils le voient, ils ne verront pas leur petit-fils, mais un futur confrère… Il est vrai que tu n’es pas encore au courant de toute notre histoire… En résumé, Monique, Christian, Marcel jouaient déjà des saynètes cochonnes devant leurs grands-parents… moi-même, je faisais l’amour, je baisais devant Valentino qui aurait pu être mon aïeul tant son histoire d’amour avec Rosalie était similaire à celle que je vis avec Monique… Ça ne nous a jamais posé le moindre problème, mais je suis heureux de t’avoir avertie avant… Tu n’as pas à rougir de ne pas te sentir capable d’assumer ça… Tu viens de débarquer, nous avons presque un demi-siècle de complicité derrière nous… Ne te sens pas obligée d’y assister… des spectacles, il y en aura d’autres…
Jean-Luc, d’une pression sur mes reins, m’avait rapprochée de son corps. Sa voix était douce, posée, envoûtante. Tout en me parlant, il caressait ma poitrine. Je fermai les yeux, me laissai guider.
– Ta peau est fraîche… douce et fraîche…
– J’ai fait mes ablutions il y a peu…
– Sous le regard de Daniel, de Mireille ou de Marcel ?
– Marcel
– Tu me raconteras ?
– Tu me montreras ta bite à défaut de me baiser ? Tu me laisseras la toucher ? La goûter ?
Nous dansions sans vraiment nous en apercevoir, son corps collé au mien, le mien au sien. Jean-Luc prit ma main, me demanda de m’asseoir sur le bureau pendant qu’il s’installerait sur la chaise. Il dégagea mes cuisses, écarta les pans du peignoir de telle façon qu’ils ne couvraient plus mes seins. Il les caressa avec assez de science pour que j’écarte mes cuisses sans qu’il ait besoin de me le demander.
Alors, il consentit à se débraguetter et à me montrer son sexe que je trouvais de plus en plus tentant. Il me demanda si je voulais toucher sa balafre et n’attendit pas ma réponse pour se lever afin que je puisse le faire. Il releva son visage, nos regards se croisèrent, nous nous embrassâmes. À nouveau son baiser me transporta sur le chemin agréablement glissant du désir. Pourquoi Sylvie ne m’a pas prévenue que Jean-Luc maîtrise à ce point l’art du baiser ? Suis-je la seule à qui ils font un tel effet ?
Je m’allongeai à demi sur le bureau. Jean-Luc caressait mon corps avec ses doigts, avec son sexe, avec ses lèvres et je me laissais faire, totalement passive. Il me rendait folle à effleurer ma bouche avec son gland et à l’éloigner dès que je l’ouvrais. « Tss tss, tu es trop avide, trop pressée ! ».
À force de minauderies, je finis par le convaincre de me prendre ainsi, sur le bureau. Il y consentit, se plaça face à moi, me complimenta pour mon joli petit con, se demanda à voix haute quels plaisirs il allait lui procurer. Je sentis son gland à l’entrée de mon vagin, j’étais admirative de sa maîtrise, il parvenait à me pénétrer au ralenti, millimètre par millimètre, alors que je le savais bouillant de désir. Grâce à un savant jeu de miroirs, je pouvais regarder sa lente pénétration. Il avait pratiquement entré son gland quand une alarme sonna.
Jean-Luc se retira d’un coup. « Hélas, le temps qui m’était imparti étant écoulé, je dois interrompre mon intervention ». Il éclata de rire avant de sortir de la pièce pour rejoindre ses confrères et consœurs.
Je le poursuivis « T’avais pas le droit ! Ça c’est de la dégueulasserie dégueulasse ! T’as pas le droit de me faire ça ! »