Odette – « You got me so I don’t know what I’m doin’ now »

Plutôt que la sublime version originale des Kinks (ouh les frissons quand j’entends la voix de Ray Davis et le son de sa gratte !), plutôt que celle trop démonstrative de Van Halen (mais oui, Eddy, on a bien compris que tu peux jouer tout plein de notes super vite !), je préfère partager celle-ci.

Monique referma la porte en maugréant « Oh la la, c’que t’es procédurier ! ». Toc. Toc. Toc. « Entrez ! » La porte s’ouvrit. Daniel entra dans le bureau, tout sourire.

– C’est donc toi le premier ?

– Les discussions furent âpres, mais mes arguments ont fini par porter. Puisque je vais procéder à la cérémonie, je ne pourrai pas être ton témoin. Cependant, il m’a paru sensé de plaider la cause de Joseph qui a dû s’absenter avant la séance. Il mérite autant qu’un autre d’être ton témoin. Je voulais aussi en profiter pour me présenter. Sais-tu que c’est moi qui ai marié Monique avec Christian et Cathy avec Alain ?

– Il me semble que oui.

– Je vois que tu as le premier cahier de Monique dans les mains, vas directement à l’antépénultième chapitre… Je ne pourrais pas mieux me présenter à toi…

– L’antépénultième… on croirait entendre mon père ! Tu ne peux pas dire l’avant-avant-dernier chapitre, comme tout le monde ?

– Non !

– Tu me proposes de le lire avec moi pendant que…

– Non, non ! Du tout, du tout ! Si tu devais le lire devant moi, je préférerais que tu t’allonges sur le sofa, que tu le lises en silence, que tu te laisses emporter par les mots de Monique pendant que je te regarderais faire, assis devant le bureau.

– Devrais-je me déshabiller… dans l’idéal ?

– Dans l’idéal… tu te déshabillerais derrière le paravent et revêtirais le peignoir en satin… celui que Jimmy enfile à la hâte quand un importun sonne à la porte… Savais-tu qu’il passe tout son temps à poil ?

– Oui, je le savais ! J’ai vraiment du mal à réaliser que mon corps puisse être excitant pour des hommes qui ne l’ont pas connu jeune et frais, tu sais que j’aime observer le sexe des hommes à la dérobée, j’aime aussi l’idée d’être surprise prenant du plaisir à ce spectacle… J’ai aimé coucher avec Christian, mais je ne suis pas sûre de vouloir coucher avec un autre… sauf Jean-Luc, lui… j’avoue… j’en frémis de plaisir rien qu’à l’idée… En revanche, ce que tu me proposes me convient tout à fait !

Pendant que je me déshabillais derrière le paravent, Daniel poursuivit.

– Et dans l’idéal… la prochaine à venir te parler sera Mireille, si tu la recevais ainsi, elle saurait ce qui s’est passé et ça l’exciterait et… j’aime la savoir émoustillée grâce à une de mes surprises…

– La recevoir ainsi ?

Le Notaire me regarda et me transforma en sex-symbol. Troublée, je m’allongeai sur le sofa. J’avais veillé à attacher la ceinture de telle façon qu’en m’allongeant sur le flanc, mes cuisses et ma poitrine soient découvertes… J’étais déjà très excitée quand je lus les premiers mots… oubliant presque sa présence, je me laissai emporter dans cette vague légère et sensuelle. Sans m’en apercevoir, je caressai mes seins. Je pris conscience de sa présence en même temps que de mes propres caresses… Je le regardai presser nerveusement son gland au travers du tissu… Je lui fis signe d’approcher. Il glissa vers moi, toujours assis sur le fauteuil à roulettes, j’eus une pensée amusée pour sa secrétaire.

Arrivé à mes côtés, je lui pris la main et le priai de caresser mes seins pendant que je poursuivrais ma lecture… « et si tu pouvais libérer ton sexe que je puisse l’observer… ». J’imaginai la façon dont sa langue pourrait me faire jouir s’il m’en prenait un jour l’envie… Je vis sa main aller et venir, je vis son gland changer de couleur, ses doigts pincèrent délicatement mes tétons tendus. Je jouis sans avoir pris conscience de la montée de mon propre plaisir. Les douze minutes étaient largement écoulées, mais je lui demandai une dernière faveur.

– Voudrais-tu faire l’amour à mes seins pour me souhaiter la bienvenue ?

Galant homme, il prétendit, lui aussi être mon serviteur avant de s’exécuter. Il jouit à moitié dans ma bouche, à moitié sur mes seins. Je lui proposai de ne pas m’essuyer avant l’arrivée de son épouse. Il m’embrassa chaleureusement avant de partir la chercher.

Mireille fit son entrée. Un regard expert sur mon décolleté, elle sourit.

– C’était joué d’avance !

– Je peux te poser une question ? Je viens de lire la description du vin d’honneur après la double cérémonie de mariage. Sincèrement, tu ne t’es doutée de rien ?

– Peuchère non ! Si tu savais comme ça m’a pesé… J’avais peur de lui avouer, je savais qu’il me faisait cocue, mais j’avais peur qu’il demande le divorce… pour autant, je m’en voulais de lui mentir… Quand j’ai appris pour la confrérie, pour cette mise en scène avec Alain, je lui en ai voulu. De ne pas me l’avoir dit avant, de toutes ces années que nous avions perdues ! Et… il y a Marcel… Comment aurais-je pu deviner que ce paysan que je méprisais tant saurait conquérir mon corps et mon cœur comme aucun ? Je te préviens, c’est un amant redoutable ! Incontestablement le meilleur de tous les confrères !

– Et je ne dois pas m’en approcher si je tiens encore à mes yeux, c’est ça ?

– Au contraire ! De toute façon, nous ne couchons plus ensemble depuis quelque temps…

– Ah bon, mais pourquoi ?

– La dernière fois, il s’est plaint de son « palpitant », maintenant il prétend qu’il plaisantait, mais j’ai trop peur qu’il me meure dans les bras, tu comprends ?

– Il est cardiaque ?

– Non ! Il m’a même apporté un mot du cardiologue expliquant que son cœur allait très bien, mais s’il faisait un malaise ici ? Je ne sais même pas faire le massage cardiaque !

– Mais… Christian est infirmier, pompier bénévole, je suis infirmière ! S’il n’y a que ça pour te rassurer, on peut acheter un défibrillateur ! Ce serait trop con de te priver de plaisir pour un risque quasi nul !

Mireille m’a prise dans ses bras, m’a embrassée comme du bon pain. Se réjouissant à l’avance de la séance de demain soir aux côtés de son diable de Marcel, elle reprit son sérieux en reluquant ma poitrine et me demanda si elle pouvait la caresser, elle n’avait jamais vu d’aussi près un corps de femme noire. Elle caressa délicatement mes seins.

– Oh ! Tu as la même peau que…

– Martial ?

– Mais non ! T’es bête ! Que Sylvie ! C’est pour ça que Jimmy aime tant la peloter en passant… l’air de rien ! Comme tes seins sont beaux et tes mamelons… oh ! Je t’envie !

– Montre-moi les tiens, qu’on compare ! Oh, t’es toute rouge !

– Fais pas ta maline, parce que je n’ai rien dit par… décence… mais tu es au moins aussi rouge que moi !

Pour me prouver ses dires, elle déplaça le paravent, ce qui fit apparaître le miroir en pied devant lequel, nous comparâmes nos corps. Étonnées de les trouver si ressemblants, malgré la blancheur de son teint et ma peau foncée. Nos seins avaient pratiquement la même forme, sauf au niveau des mamelons, elle trouvait les siens immondes parce que ses aréoles, prétendait-elle, étaient bien trop brunes et bien trop larges. Pour ma part, je les trouvais plutôt sexy. Elle enviait les miens, leur couleur, leur texture, et ses « petits points saillants tout autour ». Je lui expliquai que c’était dû à cet état d’excitation permanente dans lequel j’étais plongée depuis mon arrivée. Nous détaillâmes avec le même plaisir les autres parties de notre corps et avant de regretter leur jeunesse perdue, nous admîmes qu’ils continuaient à nous offrir tant de plaisir que nous devions leur en être reconnaissantes.

Nous échangeâmes ainsi pendant les douze minutes, elle me fit remarquer qu’elle, au moins, respectait le contrat initial, ce qui me fit éclater de rire. On toqua à la porte, Mireille l’ouvrit.

– Et ne va pas tirer toutes tes cartouches, on a du temps à rattraper, tous les deux !

Marcel, me regarda, interloqué.

– Boudiou ! Qu’esse tu lui as fait bouffer ?

« Chez nous, à chaque instant, c’est jour de fête »