Instantané – Office boring

 

– Elle a un gros cul, mais putain, quel sourire… !

Si vous saviez, chers collègues, ce qui me fait sourire quand je vous vois ! Si vous saviez comme cette phrase que vous murmurez dans mon dos m’amuse ! Parce que je vous imagine, enchaînés, les uns aux autres, assis, assoiffés, affamés et moi, passant au-dessus de vous, ne vous autorisant qu’un bref coup de langue sur mon sexe !

Je vous imagine, implorant ma venue quémandant, un arrêt de quelques secondes au-dessus de votre visage. Inverser l’ordre établi, abolir la hiérarchie… Non ! Pas l’abolir ! Me laisser, le temps d’un rêve, être celle qui dirige, celle qui commande, celle qui ordonne… et vous, misérables vermisseaux anonymes, indistincts, ne méritant pas le dédain, le mépris que j’affiche en vous regardant.

Où croyez-vous que je trouve la force de me lever le matin ? Où croyez-vous que je puise le courage d’affronter vos réprimandes, vos colères à longueur de journées ? À longueur de semaines ?

Il me faut bien ce rêve pour continuer de sourire en vous apportant ce que vous réclamez, un dossier, un café, un thé, votre déjeuner que je dois aller chercher.

Alors, oui, j’ai un gros cul, mais mon sourire restera accroché à mes lèvres et vous n’en connaîtrez jamais la raison !

Un autre instantané s’est échappé de cet album, le retournerez-vous pour en découvrir son histoire ?