La nouvelle vie d’Odette – Si t’es fière d’être Blanche-Neige, tape-toi sept nains !

Après une discussion entre consœurs, Sylvie et Cathy m’ont fait un cadeau dont je n’aurais jamais osé rêver. Nous avions longuement parlé de cette sensation ambiguë de nous sentir salopes et d’aimer ça. J’écoutais Sylvie me raconter le plaisir qu’elle avait pris à chaque fois où, les yeux bandés, elle s’était faite tripoter, baiser par des inconnus qui pour la plupart le lui sont restés. De fil en aiguille, l’idée de me faire ce cadeau a pris forme. C’est ainsi qu’au tout début de février, les yeux bandés, je montai dans la voiture de Monique qui me conduisit dans un lieu inconnu.

J’entrai dans une pièce, puis dans une autre. Monique me déshabilla, me fit m’allonger sur le dos. Elle menotta mes mains à une barre au-dessus de ma tête. Je sentis des mains inconnues attraper mes chevilles et les attacher à des étriers. Quand ce fut fait, Monique ôta le bandeau de mes yeux. Je constatai qu’une partie de mon corps se trouvait dans une pièce et que l’autre était dans une seconde, la frontière entre les deux se situait au niveau de mon nombril. Je ne pourrai donc par voir qui me baiserait et comme le dit Cathy,

– Pour ajouter du piment à l’affaire, tous les hommes qui te baiseront mettront une capote, que ce soient des confrères ou de parfaits inconnus ! Qu’est-ce qu’on dit à ses consœurs, Blanche-Minette ?

– Pomponnettes Power !

Cathy s’attendait à un simple « merci », mais elle, Sylvie et Monique répétèrent, enthousiastes, ce qui est devenu notre cri de ralliement. Mireille ne pouvait pas être présente, mais elle s’était consolée en se disant que la prochaine fois, elle serait là.

– Et pour que tu ne meures pas idiote, je t’ai préparé un documentaire pédagogique.

Un casque sur mes oreilles diffusait mes chansons préférées, le documentaire projeté au plafond était une compilation de vidéos de glory holes, les passages que Sylvie trouvait les plus excitants. La diffusion de ces images me donnait une idée de ce qui m’attendait et de ce qui se passerait de l’autre côté de la paroi. Je me sentais couler d’excitation bien avant l’arrivée du premier homme qui me toucha, me doigta comme s’il cherchait à deviner comment il serait dans ma chatte. Je faillis en jouir parce que je savais qu’il ne m’avait jamais baisée avant. Cet homme me baisait sans me connaître, presque sans respect. En tout cas, sans y mettre le moindre sentiment. Il prenait son plaisir en ne pensant qu’à lui et j’aimais ça.

Il se retira et un autre inconnu prit sa place. Mieux membré, à moins que sa façon de triturer l’intérieur de mes cuisses, de les pincer n’ait contracté mon vagin. Pendant qu’il me baisait, d’autres mains écartaient mes fesses et je sentais un doigt aller et venir le long de ma raie. Ça y est, tu y es, tu jouis comme une chienne, salope ! Cette pensée me comblait de bonheur. Une autre main écartait davantage mes lèvres et caressait mon clitoris d’une façon rugueuse. Ils étaient donc trois autour de moi.

Je ne parvenais pas à détourner mon regard du plafond, je voyais ces hommes passer d’une femme à l’autre, le plaisir qu’elles prenaient semblait faire écho au mien. Non ! Quatre, ils sont au moins quatre ! Pendant que les trois premiers continuaient leurs attouchements, un quatrième me suçait les orteils.

Celui qui me baisait se retira. Celui qui avait astiqué mon clito me prit très vite, très fort. Il sortait de ma chatte et me doigtait pour tenter de me faire squirter, mais il s’y prenait si mal qu’il n’avait aucune chance d’y parvenir. Il me reprit, tout aussi délicieusement rugueux. Il me semble l’avoir entendu grogner avant de se retirer, mais je pense avoir imaginé ce grognement.

Je souris en reconnaissant la queue d’Alain me pénétrer. Je me fis la promesse de partager avec mes consœurs la pensée qui me traversa l’esprit. Alain est le seul homme qui ne pourra jamais baiser incognito. Il est non seulement monté comme un taureau, mais bon sang, qu’il baise bien ! Aussi bien que Jean-Luc, ou alors pas loin. Les attouchements de mains inconnues avaient repris.

Je suivais les conseils avisés de Sylvie et de Cathy et ne cherchais pas à deviner qui me baisait, ni quand il cesserait pour laisser la place à un autre. Je ne cherchais pas plus à anticiper de quelle façon s’y prendrait le suivant. Je gardais les yeux rivés au plafond et ne les fermais que lorsque la musique éveillait en moi une source supplémentaire d’excitation. Je ne sais pas qui avait concocté cette playlist, dont certains morceaux eux aussi inconnus me donnaient la chair de poule.

Les hommes se succédaient, je reconnaissais parfois certaines caresses, certains membres. Leurs propriétaires me demeuraient inconnus, mais à leur façon de s’y prendre, je savais qu’ils m’avaient déjà baisée quelques minutes auparavant. Que j’aimais ce luxe de pouvoir jouir sans retenue, sans pudeur de ces hommes qui ne connaîtraient rien d’autre de moi que la blancheur de mon pubis et la moiteur torride de mon vagin !

Les orgasmes se succédaient avec une rapidité déconcertante. J’ai aimé quand un homme m’a prise et que des doigts (les siens ?) ont rejoint sa queue dans mon vagin.

Je fixais le plafond, mais le plaisir recouvrait ma vue d’un voile sensuel qui me rendait presque aveugle. Mon ventre vibrait comme un volcan au bord de l’éruption. Tous mes sens s’entrechoquaient, je ne distinguais plus les notes de musique de mes propres gémissements. Et mon ventre vibrait davantage. Je me laissais emporter dans ce tourbillon avec un plaisir sans nom.

Un homme me pénétra, s’agrippant à mes hanches tandis que d’autres doigts écartaient mes lèvres, effleuraient savamment mon clitoris ne se contentant pas de s’arrêter au gland. La musique semblait venir d’ailleurs. Je me revis à Londres quand avec Jimmy nous avions goûté au plaisir subtil d’une étreinte dans les toilettes d’un pub entre deux sets d’un groupe de rock. La musique présente mais indistincte qui se mélange au brouhaha des conversations anonymes et par conséquent incompréhensibles, des souffles, des respirations.

La main qui se détache de ma hanche. Le son de ce doigt qui se dresse vers moi. Celui d’un visage qui se tourne. She’s cheating ! She’s cheating ! La mélodie du sourire de Jimmy qui fait signe à son ami de se taire. Chut ! La voix du Bavard. Tu triches, capoune ! Le son de sa gifle qui renvoie mon ectoplasme de l’autre côté de la paroi. J’ai eu le temps d’entendre les battements du cœur de Jimmy et son amour pour moi, l’excitation de Christian attendant son tour en respirant comme on siffle, les ailes de son nez vibrantes de désir.

Ai-je eu le temps de leur crier « Encore ! Encore ! » avant de décoller pour mieux plonger dans l’océan infini du plaisir ? Quand je remonte à la surface, à l’exacte frontière de la conscience, quand j’aspire une grande bouffée de réalité, j’ai une pensée pour mes consœurs dont la présence à mes côtés me semble palpable ainsi que leur soutien et je me sens envahie d’une reconnaissance infinie envers Jimmy et son amour qui me permettent de vivre enfin la vie qui est la mienne et dont j’ai failli ignorer l’existence. Plus que jamais l’idée d’unir mon nom au sien dans les registres officiels me semble essentielle pour laisser une trace à tout jamais.

Je me sens décoller une seconde fois et plonger à nouveau dans l’océan infini du plaisir. J’y plonge plus profondément et quand je remonte à la surface, toutes mes pensées se concentrent sur mon plaisir, sur celui que prend cet homme dans mon vagin et de cet autre forcément à genoux dont la langue court le long de la raie de mes fesses vers mon anus. Trop entravée pour réussir à me cambrer, je me délecte de cette frustration. L’homme qui me baise, accélère soudain. Se retire et d’un seul mouvement, m’encule jusqu’à la garde.

Je décolle aussitôt accompagnée d’un bruissement d’ailes, mais avant d’entendre le souffle, le sang de cet homme et de pouvoir le reconnaître, je plonge tout au fond de cet océan de jouissance. J’ai l’impression d’éclabousser mon partenaire comme si nous étions tous les deux au milieu des flots. Il se fige quelques instants, se retire pour laisser la place à un autre au moment précis où je refais surface. La pression de sa main sur ma cuisse lève son anonymat. Je suis stupéfaite et incrédule. Mes sens ne peuvent que me tromper. Il est impossible qu’il soit là. Pourtant ses mains, puissantes, caleuses… Mon ectoplasme ne m’est d’aucune utilité, suspendu au-dessus de moi, il ne me fait entendre que la rumeur, les bruissements de mon propre plaisir.

Un autre décollage, je sens les vibrations dans mon ventre et un courant allant de la plante de mes pieds jusqu’à mes mollets, comme un circuit parallèle. Des mains malaxent mes fesses. Un homme me prend. Je plonge. Des images stroboscopiques se superposent à celles projetées au plafond. Une clairière de forêt en plein été, des hommes qui se branlent pour moi. Des mains qui me touchent. Des mains qui remontent ma jupe. Ces queues inconnues sous mes yeux, rien que pour moi. Ma chatte offerte à la vue des hommes derrière ces queues. L’orgasme est violent. Je remonte à la surface. Des doigts ont pris la place du sexe précédent. Mon ventre ondule. Je m’accroche aux notes de musique, aux images projetées. Combien de fois ai-je vu ce passage ? Qu’il est doué cet homme dans sa façon de me baiser ! La mélodie de ses va-et-vient comme le contre-chant des slut !slut !que je crois lire sur les lèvres de ces hommes.

– Mais c’est ça que tu veux voir, capoune ? Vé coumpan, t’as vu comme elle me fait oui de la tête ? Vé, petite Blanche-Minette, t’as vu comme tu me fais bander quand tu me regardes avé la gourmandise ? Qué « chut ! » ? De toute façon, elle sait déjà qu’on est de la fête. Qu’est-ce t’as à rigoler, coumpan ? Qué wizard ? Tu trouves que ça pue ?!

L’éclat de rire de Jimmy et d’Alain.

– Il dit que t’es un sorcier, couillon !

– Vous me fézé débander avé vos conneries ! Té, qu’elle te réclame, Jimmy ! Je te laisse la place.

La curiosité de mon ectoplasme a ses limites, il réintègre mon corps dans ce bruissement d’ailes que j’ai appris à reconnaître. Jimmy oublie qu’il est là pour me baiser, au lieu de ça, il me fait l’amour. Je me concentre à nouveau sur les images projetées au plafond et sur la voix d’Irène Papas que j’ai reconnue à la première écoute. I was, I am, I am to come, I was*. Jimmy s’efface pour céder sa place à un inconnu. Au plafond, des voyeurs se branlent en attendant leur tour.

Le casque de mon walkman sur mes oreilles, assise sur un transat, j’écarte les cuisses et je me masturbe en regardant le ciel comme si mon image se reflétait dans les nuages. Mes mamelons pointent sous le chemisier que je me suis acheté la veille, la mousseline de soie ajoute à mon excitation. Je sais qu’il remarque tous ces détails et qu’il se branle dans son jardin, n’attendant que mon regard pour cesser de m’observer et faire semblant d’être excité par les photos du Penthouse d’août 1983. Je décolle une fois de plus m’arrachant à ce souvenir que je croyais oublié pour plonger dans la réalité du plaisir que je prends maintenant.

Mon cri me déchire les tympans autant que les cordes vocales. Je ne veux pas savoir pourquoi j’ai joui si fort, ni comment, ni par qui. Tout ce qui m’importe c’est la puissance du plaisir que je viens de prendre. Je me surprends à jouir en égoïste et à me contrefoutre de savoir si le sien a été à la hauteur de mon orgasme.

Des mains libèrent mes chevilles de leurs entraves. Sylvie me rejoint, détache mes mains, me pose une question que je n’entends pas, me sourit, retire le casque de mes oreilles. Pas besoin de te demander si tu as apprécié ! Elle noue le bandeau sur mes yeux, me guide jusqu’à la voiture de Monique. Sylvie à ma gauche, Cathy à ma droite, je me sens comme une reine de beauté entourée de ses dauphines pendant les quelques mètres que nous parcourons.

La voiture démarre, je leur offre l’exclusivité du récit de cette journée. Ce n’est qu’à l’approche du mas que Sylvie dénoue le bandeau. Je les regarde et plus que jamais comprends ce que signifie faire partie de la Confrérie du Bouton d’Or et les en remercie.

Chevauchée fantastique

*∞ in 666, Aphrodite’s Child (1972)

La nouvelle vie d’Odette – L’amour est enfant de bohème, il n’a jamais jamais connu de loi *

Le mois de janvier s’écoulait paresseusement, la vie avait repris son cours normal au mas après l’agitation de la fin décembre. Jim avait trouvé sa place parmi nous et passait beaucoup de temps avec Marcel et Vincent à parler avenir et agriculture. J’aimais quand l’un ou l’autre venait nous raconter leurs discussions épiques voire leurs disputes sur tel ou tel choix, mais ils finissaient toujours par s’accorder sur un point : Le petit Vincent est bien gentil, mais il n’y connaît rien. Ce qui n’était rien d’autre qu’une marque d’affection et l’affirmation nette que Jim avait enfin trouvé sa famille, son chez-soi.

Cathy m’avait proposé d’aller au cinéma avec elle. Le film nous avait plu, nous en avions parlé sur le chemin du retour. En me garant devant sa maison, elle me dit soudain « Il en a mis du temps, mon Alain, pour avoir des cheveux blancs ! » Elle éclata de rire et se demanda pourquoi cette idée lui avait traversé l’esprit. J’en profitai pour lui demander de me raconter leur histoire.

– Tu as du temps devant toi ?

– Oui et de toute façon, si je ne l’avais pas, je le prendrais !

Je repris donc le volant et me laissai guider. À environ trente kilomètres de sa maison, elle me demanda de me garer.

Je repris donc le volant et me laissai guider. À environ trente kilomètres de sa maison, elle me demanda de me garer. Nous marchâmes quelques minutes, Cathy râlait parce que les lieux avaient été tout salopés pour accueillir les touristes.

– Voilà. C’était là… c’est ici que je l’ai rencontré la première fois… Hou fan… si j’avais pu deviner qu’on ferait notre vie ensemble ! J’étais mariée depuis six ans avec Paulo. En six ans, je m’étais fait un nom parmi les partouzeurs du coin. Té, me regarde pas comme ça ! J’aimais ça, être la Cathy la belle salope, la reine des parties fines ! Paulo n’avait pas encore acheté sa belle camionnette… On nous avait parlé d’un gars monté comme un taureau, mais je demandais à voir, parce qu’entre ce qu’ils pensent d’eux-mêmes et la réalité, il y a souvent un monde. Remarque, c’est pareil pour nous autres… des fois, on se croit super ceci ou super cela, que les hommes pensent à nous comme ci, comme ça… et pis les hommes… Bé… ils pensent pas comme nous croyons qu’ils pensent ! C’était en 69… au printemps 69…

– Mireille te dirait qu’il faut y voir un signe du destin… 69…

– Parce que toi, t’y crois pas aux signes du destin, toi peut-être ?!

– Pas autant que vous deux, c’est sûr !

– Tu sais pourquoi ? C’est parce que vous, les filles du Nord, c’est du jus de navet qui coule dans vos veines ! C’est quoi ce sourire ironique ?

– Fille du Nord… c’est ça qui m’a fait sourire… avec un père ivoirien…

– Je me comprends.

Je repensais à ce que Monique dit tout le temps à propos de Cathy. Elle n’a pas sa pareille pour attiser le désir, que ce soit pour le sexe, la nourriture ou te raconter un film,une anecdote

– Tu te souviens de cette époque ? Les hommes avaient les cheveux longs, au moins la nuque, certains portaient la barbe, ou la moustache, d’autre des rouflaquettes… Même les plus sérieux… Le Notaire, par exemple… Hou fan de Diou, faudrait demander à Madame qu’elle te retrouve des photos de l’époque ! Avec ses belles boucles, oui, des boucles ! Et ses longues pattes… ! Même s’ils ne les gardaient pas longtemps, les pantalons « pattes d’eph », les chemises avec les cols pelle à tarte… Mais bon, que veux-tu, c’était la mode…

J’étais occupée avec quelques amis quand il est arrivé sur son solex. Les cheveux ras du bidasse, maigre comme un coucou dans son treillis… J’ai tout de suite remarqué qu’il en avait une grosse, mais j’ai pensé que c’était à cause de la coupe de son pantalon. Quand il l’a retiré…

– T’as compris ton erreur !

– Exactement ! Je t’ai dit qu’il avait fini son service, mais ce n’est pas tout à fait ça… C’était sa dernière perm, avant celle de presque un mois et d’être… heu…

– Libéré des obligations militaires.

– Oui, c’est ça « Libéré des obligations militaires ». Il avait un peu picolé pour fêter son retour prochain à la vie civile et un peu plus pour se donner du courage… Comme je te l’ai dit, j’avais déjà ma petite réputation et il n’avait jamais partouzé avant. Il avait déjà couché de-ci de-là, mais de façon plus traditionnelle, si tu vois ce que je veux dire… Quand il s’est mis à poil… hou, fan de Diou ! J’ai eu envie de me le régaler de partout ! Je devais faire une drôle de tête parce qu’il a eu un petit sourire… tu sais, celui de quand on s’excuse. Je me suis assise là… Ils l’ont retiré, mais il y avait un banc. Pourquoi ils l’ont retiré si c’est pour rien mettre à la place ?!

– Surtout que ça mériterait une stèle commémorative, avec une petite plaque et tout !

– Vas-y, moque-toi, femme sans cœur ! Moque-toi ! Je me suis assise et je lui ai fait signe d’approcher… Avec ses cuisses toutes maigres… fan… on aurait cru que son membre était plus épais qu’elles ! De tout près, même si le soleil était couché, je voyais bien qu’il était super excité à l’idée que je le suce…

– Ben, quel homme ne le serait pas ?

– Non ! Pas excité « normalement », mais… un peu trop… Un tel membre… Je ne voulais pas gâcher cette première pipe en le faisant venir trop vite. Tu vois ce que je veux dire ? Je voulais qu’il en profite longtemps et m’en régaler longtemps aussi. Je ne savais pas que je le reverrai. Alors, je lui donnais que des petits coups de langue. Les autres me regardaient et me moquaient de ma timidité. Pour les faire taire, je les suçais chacun leur tour et je revenais à Alain… À chaque fois, je lui en faisais plus… Hou fan ! Je n’avais jamais eu une queue aussi grosse dans ma bouche, mais on s’accordait bien quand même… Il regardait les autres se branler, commenter, m’encourager. Je me souviens que ça me faisait tout drôle quand je levais les yeux, ses cheveux étaient si courts et ses poils si longs… et puis, il m’a posé une drôle de question.

Cathy interrompit son récit, elle ferma les yeux comme pour se replonger dans ses souvenirs. Elle cherchait les mots exacts, ce qui la rendait à la fois plus belle et plus fragile. Les yeux toujours fermés, elle sourit, les rouvrit.

– « Je peux vous toucher les seins ? » Ils ont tous ri, Paulo lui a dit « Au point où tu en es, tu peux la tutoyer ! » J’ai réalisé que je ne connaissais pas son prénom. Je l’ai regardé, lui ai tendu la main. « Je m’appelle Catherine, enchantée de faire ta connaissance ! » Il m’a fait le plus beau des sourires. « Tout le plaisir est pour moi, Alain pour vous servir ! » Avant de lâcher sa main, je l’ai posée sur mon épaule pour qu’il touche mes seins, mais il a d’abord caressé ma joue. Quand il a fait courir ses doigts vers mes seins, j’ai arrêté de le sucer. J’ai tendu mon visage vers le sien, il s’est penché, on s’est embrassés. Il s’est mis à genoux devant moi. Il me caressait les jambes, les cuisses, le ventre, les seins, je sentais son souffle sur ma peau. J’ai écarté mes cuisses… hou fan ! Quand j’y repense, j’ai des frissons de partout ! Je me disais « s’il me baise aussi bien qu’il me lèche… » J’entendais la voix de Paulo, celle des autres hommes, mais je ne cherchais pas à écouter leurs mots, ils parlaient au même rythme que les ondulations de mon plaisir. La langue d’Alain faisait connaissance avec mon minou et tout le monde appréciait…

– Tout le monde ?!

– Oui… Paulo était dans ma bouche et les autres se branlaient. Ils me connaissaient et savaient qu’au plus je prendrai mon plaisir avec Alain, au plus je leur en donnerai après… N’y tenant plus, Alain s’est relevé, il m’a demandé « Je peux ? » Je n’avais pas envie que Paulo sorte de ma bouche, parce que… J’aimais vraiment Paulo, on se connaissait si bien… Il a répondu pour moi « Elle n’attend que ça ». Comme il avait peur de me blesser, de me faire mal, il m’a prise tout doucement. Moi, je croyais qu’il y allait lentement pour mieux profiter, mais non. Il me l’a dit bien plus tard… bien plus tard…

Quand j’ai senti mes lèvres s’écarter, ma chatte accueillir son gland, Paulo a crié « Oui ! Comme ça ! » parce qu’il sentait… Ma bouche lui donnait la mesure de mon plaisir… Il disait à haute voix comment Alain me faisait… comment les mouvements d’Alain, le plaisir qu’il me donnait, se ressentaient dans la façon que je le suçais. Un des hommes caressait mes seins, un autre titillait mon clito. Alain et Paulo m’ont senti jouir… « Tu sens comme tu la fais bien jouir, la Cathy ? » Je sentais Alain trembler de partout, mais il n’arrêtait pas pour autant, toujours au même rythme. Il ne disait pas un mot, mais je devinais qu’il avait peur de jouir trop vite. « Vas-y plus fort ! Regarde ses yeux, ses mains, son ventre ! Oui ! C’est ça ! Plus fort ! Plus vite ! Oui, comme ça ! » Et pour la première fois, j’ai entendu Alain dire « Ô, pute vierge, je viens, je viens ! » Il n’arrêtait pas pour autant, mais… Comment j’aurais pu deviner pour sa particularité particulière ? Même quand le nettoyeur a dit…

– Le nettoyeur ?!

– Ah oui, tu ne l’as pas connu ! C’était un monsieur très bien, très comme il faut, avec une belle situation, bien élevé et tout et à lui, ce qu’il aimait, c’était de lécher les chattes pleines de foutre. Il venait aux partouzes rien que pour ça… C’était comme ça qu’il prenait son plaisir. Souvent, il n’avait même pas besoin de se branler pour jouir. Et tant mieux dans un sens, parce qu’il voulait qu’on lui attache les mains dans le dos… et avé les menottes, s’il vous plaît ! Au début, je trouvais ça bizarre parce que dans son métier, il donnait des ordres, mais j’ai constaté que c’était souvent le cas. Au plus ils avaient une bonne situation, au plus ils étaient sévères dans leur vie officielle, au plus ils aimaient… enfin, ceux que je connaissais qui aimaient se faire humilier, dominer étaient ceux qui étaient les plus dominateurs dans leur vie de tous les jours. Mais cette fois-là, il n’avait pas les mains attachées, il remerciait Alain et faisait remarquer aux autres comment j’avais été si remplie que ça dégoulinait. Alain faisait des yeux de gòbi.

On lui a expliqué comment nous contacter s’il voulait recommencer. Je croyais qu’on ne le reverrait plus, j’en étais sûre et certaine. Paulo disait que je me trompais. C’était déjà presque la fin de l’été quand il est revenu. Té, c’était le Notaire qui avait organisé la fête, d’ailleurs ! Quand c’était lui qui organisait, c’était toujours bien parce qu’il nous trouvait toujours de beaux endroits, dans de belles villas… C’était ça le plus compliqué pour nous, trouver un lieu où on n’était pas connus, où on ne risquait pas de voir débouler les gendarmes, d’être surpris par les commères du village ou des piliers de comptoir à la langue trop pendue… Après, quand on a eu la camionnette, c’était bien parce que je ne savais jamais où Paulo allait m’emmener, combien d’hommes me prendraient, ni qui ils seraient. Ô fan… que j’aimais ça ! Tu sais, quand dans ta tête tu te dis « Tu te fais prendre comme une chienne et ça te fait jouir comme une salope », mais qu’au lieu d’en avoir honte, tu en es super fière et que tu en es tellement fière que ça te fait jouir encore plus fort…

– Oui, je vois parfaitement ce que tu veux dire. Mais Alain ? Raconte !

– Alain ? Il est revenu ce soir-là, il avait fini son armée, il avait les cheveux à la… Tu te rappelles de Zig et Puce ? Hé bé, voilà, il avait les cheveux à la Zig et Puce, la moustache à la mode gitane… et son pantalon… Mon Dieu ! Tout serré sur ses miches de rat… Il était vraiment pas gros à l’époque… Son pantalon tout serré en haut et des pattes… même pas des pattes d’éléphant, non. Des pattes de mammouth… de dinosaure ! En velours violet… enfin, lui il dirait que je déparle que le velours n’était pas violet, mais pourpre. De toute ma vie, je n’ai jamais connu quelqu’un qui portait les fringues les plus ridicules avec autant de classe et d’élégance que lui. Et ce pantalon serré d’en haut… côté face… tu me comprends. Il revenait de Londres, il s’était offert quelques semaines de vacances avant de chercher du travail. Il ne s’en faisait pas parce qu’il avait un bon métier, dessinateur industriel, avé le diplôme et tout…

Les premiers temps, il ne venait pas souvent parce qu’il voyageait, surtout à Londres et à Amsterdam, il y trouvait des disques qu’on ne trouvait pas par chez nous. Et des vêtements, aussi. Il a commencé à venir à presque chaque fois après une discussion avec Paulo et moi. Il me baisait super bien, de mieux en mieux, mais à chaque fois, il voulait jouir dans ma bouche et quand il le faisait, il me massait la gorge pour me forcer à avaler. Un soir, il est arrivé bien avant les autres et je lui ai demandé pourquoi il le faisait, si ça l’aidait à venir ou quoi. Il m’a répondu que non, mais qu’il ne voulait pas être vu comme une bête de foire, comme un monstre, que déjà avec la taille de son membre… Alors Paulo lui a dit qu’au lieu d’en avoir honte, il devait apprendre à en tirer sa gloire et il lui a parlé de nous. Il lui a demandé s’il me méprisait d’aimer me faire baiser encore et encore, le plus souvent par des inconnus. Alain a répondu que non. Paulo a continué. « Tu me vois plutôt comme un brave cocu ou plutôt comme un sale maquereau ? » Alain ne le voyait ni comme l’un, ni comme l’autre. Alors, Paulo lui a fait comprendre qu’il ne devait pas rougir de sa particularité particulière. C’est Paulo qui a inventé l’expression.

Alain a sorti sa queue… hou fan de Diou, que j’aime le voir faire ça ! Il m’a fait son sourire charmeur, son sourire coquin et il m’a demandé « Où tu la veux, ma grosse queue ? » « Dans mon cul, mais à condition que tu jutes pas dedans, que tu me montres si c’est autant que je crois ! » Son sourire s’est crispé. « Je ne demanderais pas mieux, mais à chaque fois que j’ai essayé, j’ai fait mal à ma partenaire et j’aime tant te regarder pendant… » Paulo lui a dit ce qu’il me répétait souvent. « Pour résoudre un problème, le mieux est de commencer par l’énoncer ». Il a été chercher de la vaseline… Tu sais bien, à l’époque, on n’avait pas tous ces gels super lubrifiants, on n’avait guère que la vaseline…

– Ou les mottes de beurre !

– Misère ! J’ai l’impression d’entendre la Rosalie ! Même Monique lui préférait l’huile d’olive !

– Quoi ?! Monique trahissait donc ses origines sans vergogne ?!

– Paulo a aussi installé un miroir pour qu’Alain puisse voir ma figure, mais j’ai dit que je préférais plutôt qu’il s’installe sur le fauteuil et que je m’empale sur lui. Comme ça, je pourrai maîtriser la pénétration, la guider et aussi donner la cadence. Paulo m’a préparée, il a montré à Alain comment le faire et comment être super attentif à mes réactions. Je me souviens aussi qu’on avait mis un disque et pendant qu’Alain refaisait les gestes de Paulo, il chantait. Et que c’était la première fois que j’entendais quelqu’un dire les vraies paroles, pas des « gnouin ouingue hin hin love you ». Je crois qu’à l’époque, de tous ceux que je connaissais, il devait être le seul à parler anglais. Ça m’excitait encore plus. Il l’a remarqué. Ça l’a fait rire, surtout quand je lui ai dit que quand il parlait de Londres, c’était comme s’il était Christophe Colomb racontant sa découverte des Amériques. Il riait tellement qu’il en avait oublié ce qu’il me faisait avec ses doigts. Il s’en est souvenu quand il m’a senti jouir. « Tu es rassuré, maintenant ? Tu vois à quel point j’aime ça, il y a pas de raison pour que ça se passe mal ! » Il s’est assis. Je lui ai demandé de tenir sa queue bien droite, d’une main ferme. Je l’ai guidée jusqu’à mon petit trou et là, je lui déboutonnais sa chemise au même rythme que je m’empalais sur lui. On se regardait, on se souriait, on s’embrassait. Paulo m’a retiré mon soutien-gorge pour qu’Alain puisse sentir mes seins caresser son torse et il nous a laissés tous les deux. Il a dit que c’était pour faire patienter les « convives » qui n’allaient pas tarder, mais on savait bien tous les trois que c’était pour nous laisser ce moment rien qu’à Alain et à moi. Paulo était vraiment un brave homme ou un mec bien, comme vous dites, vous autres. Il avait à la fois une bite en acier et un cœur en or.

Grâce au Notaire, j’ai compris le plaisir que je pouvais prendre quand j’en offrais avec mes seins. Alors, je profitais du contact de mes mamelons sur la poitrine d’Alain. Je lui demandais s’il aimait ça, mais il ne me répondait pas. Par chance, ses yeux, son sourire, ses mains parlaient pour lui.

J’ai posé ses mains sur mes hanches, je l’ai embrassé et je lui ai demandé de me faire coulisser sur son membre. J’aimais le sentir au plus profond. J’aimais la douceur avec laquelle il me faisait aller et venir. Il ne détachait pas son regard du mien. « Qu’est-ce qui te fait sourire ? Je m’y prends si mal que ça en devient risible ? » Je n’en revenais pas ! Comment pouvait-il penser ça ? « Tu déparles, Alain ! Je pensais juste l’inverse, que je me demandais si tu n’avais pas un peu exagéré en te disant novice… » Il a de nouveau souri. « Vraiment ? » Et il est redevenu silencieux. Je lui avais dit de se faire confiance, d’être attentif à ses sensations, aux miennes et de suivre son instinct, ce qu’il l’incitait à faire. Hou, fan de Diou ! Il me faisait tellement… presque jouir à chaque va-et-vient, et son regard quand il espinchavo mes seins… Il sortait le bout de sa langue, mais ne cherchait pas à me les lécher. Je savais que le contact de sa langue sur ses propres lèvres augmentait son plaisir et lui permettrait de se souvenir de ce moment, plus tard. Mes seins personne ne savait quand il aurait l’occasion de les lécher tandis que ses propres lèvres… Il me faisait pousser les petits cris que j’aime tant pousser. Je me cambrais parce que j’aimais le sentir au plus profond de moi et la sensation d’avoir les fesses ouvertes comme un fruit bien mûr… et mes seins pouvaient mieux profiter de sa poitrine. Et aussi, j’aimais le contact de mon minou sur ses poils et en me cambrant, quand il m’empalait… pfiou…!

Le disque était fini, on entendait des éclats de rire et les échos d’une joyeuse discussion derrière la porte. Alain a serré mes hanches plus fort, il a pris une longue inspiration et il a accéléré les va-et-vient en les faisant plus amples, plus saccadés. Il était maigrichon, aussi je ne l’aurais pas cru capable d’une telle poigne. Fatché ! D’un seul coup, il m’a soulevée, décollée de son corps, il est sorti de moi… son membre semblait avoir triplé de volume… « Ô, pute vierge, je viens, je viens ! » Et c’est la première fois où je l’ai vu jouir. Ça ne s’arrêtait pas ! Mes seins et mon ventre en étaient couverts, j’en avais même reçu sur le front ! Alain regardait mon corps. Je lui ai demandé de me faire la promesse de ne plus jamais avoir honte de sa particularité particulière. Hou fan ! Son sourire quand il m’a répondu « Promis ! » Il a ouvert la porte et la soirée a vraiment commencé.

Les années ont passé, il venait souvent, mais ne proposait jamais de parties fines. Alain n’était pas très bavard, je ne savais rien de sa vie. Au fil des ans, il s’était étoffé. C’était vraiment un très bel homme, avec une belle situation… Je le savais de ce que j’en entendais dans ses conversations avec le Notaire et plus tard avec Christian. Pour moi, il était marié ou en concubinage. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’aucune femme n’ait songé à lui mettre le grappin dessus.

Un voile noir a soudain obscurci le regard de Cathy. Sa gorge s’est nouée, elle déglutit bruyamment, les larmes remplirent ses yeux, elle voulut s’en excuser. Je la serrai fort contre moi et lui répondis qu’en aucun cas la vivacité de son chagrin, même quarante-sept ans plus tard était ridicule. Nous remontâmes en voiture et sur le chemin du retour, elle me raconta la mort de Paulo, son monde qui s’était soudain effondré.

– Paulo n’aurait pas dû mourir. Il ne pleuvait pas, la camionnette était en bon état, presque neuve. Il revenait de sa tournée. Il n’avait pas bu, il ne roulait pas trop vite. Il n’a pas vu un bout de ferraille sur la route, il a roulé dessus. Le pneu a éclaté et Paulo… a perdu le contrôle… il est sorti de la route et la camionnette a plongé dans un ravin. Il est mort avant qu’on le découvre. Il est mort tout seul.

Cathy me raconta les obsèques, les condoléances des partouzeurs qui avaient une bonne raison d’y participer.

– Ce n’était vraiment pas le moment d’attirer l’attention des voisins, des clients sur nos relations… amicales. Le Bavard est venu parce qu’il fournissait Paulo en fruits et légumes. Le Notaire, parce qu’il estimait souvent les biens avant les ventes aux enchères et qu’il était conseiller municipal du village voisin. Tout le monde savait qu’on se connaissait, alors il a pu venir. Joseph est venu aussi parce qu’il était un client fidèle de la boulangerie, sa femme et ses enfants étant très gourmands de pâtisseries, il est d’ailleurs venu avec elle et leur aîné. Mais Alain n’avait aucune raison d’y assister, pas plus que Christian ou Jimmy. Le Balafré m’avait saluée à la sortie du cimetière parce qu’il était le maître d’école des neveux de Paulo. Tu sais, on a beau te dire « Si tu as besoin, n’oublie pas que je suis là », tu n’oses pas demander de l’aide ou des nouvelles. Je pensais aussi que j’avais mangé tout mon pain blanc, que je mourrai veuve. Avec qui aurais-je pu refaire ma vie ? Je n’aurais pas pu mentir à mon mari en ne lui parlant pas de ma vie avec Paulo, mais en parler… Déjà, il m’aurait vue comme une moins que rien et puis, j’aurais dû « dénoncer » les partouzeurs, briser le sceau du secret et ça… Plutôt crever toute seule dans mon fauteuil que révéler nos secrets !

Peu avant d’arriver au village, Cathy me demanda si j’étais d’accord pour poursuivre son « road-movie ». Nous avons donc traversé le village, continué vers le Nord. Son silence attisait ma curiosité. Nous nous arrêtâmes sur une place. Elle ne sortit pas de la voiture, mais baissant la vitre, me désigna la boulangerie et un petit immeuble en face, au-dessus de ce qui fut une boucherie.

Peu avant d’arriver au village, Cathy me demanda si j’étais d’accord pour poursuivre son « road-movie ». Nous avons donc traversé le village, continué vers le Nord.

La suite, la suite, la suite !

*Georges Bizet, Henri Meilhac, Ludovic Halévy, L’amour est un oiseau rebelle in Carmen (1875)

Après la pluie, vient le beau temps, pendant la pluie, prenons du bon temps !

Chaque jour passé ensemble nous unissait davantage à Jim. Bien que mâtiné de provençal, ses progrès en français étaient impressionnants. Une fois*, j’avais osé lui reprocher une formulation, il m’avait alors répliqué « Fas cagua Blann’che Minette ! » avant d’éclater de rire et de me prendre dans ses bras. J’avais tenté de l’amadouer en lui confessant que je ne comprenais pas tout quand il parlait cette langue. Jimmy était présent et je sais mieux que quiconque comment le rallier à mes arguments. Devant mon air de Caliméro, il me fit son joli sourire et de sa voix la plus douce, me dit « Tu n’as qu’à l’apprendre. Tout est question de motivation. Tu veux qu’on te motive ? »

Les provençaux sont des fourbes, mais bon sang, comme j’aime leur fourberie !

Je découvrais une Provence bien éloignée de celle que j’avais imaginée. Je la croyais aride et mollassonne comme une vieille biscotte oubliée derrière un bocal d’olives et ce mois de novembre si pluvieux me la révélait vivante, stimulante et indomptable. J’avais accompagné Jim et Marcel chez Jean-Luc pour constater l’état du verger, nous devions ensuite rejoindre nos amis dans la maison de la rue basse et avions décidé de nous y rendre à pied puisque le temps le permettait.

Un violent orage nous contraignit à trouver refuge chez Marcel. Je m’essuyais les cheveux quand Jim voulut nous montrer ses progrès en français.

– Il pleut comme vache qui pisse !

– Non, non coumpan ! Il pleut comme femme qui jouit !

Je haussai les épaules en faisant non de la tête, me dirigeai vers la fenêtre pour tenter de déchiffrer le ciel à travers la vitre. Cette pluie allait-elle bientôt cesser ? Mes vêtements étaient trempés et je frissonnais. Marcel m’apporta une serviette et m’invita à faire sécher mes affaires avec les leurs au coin du feu. Je me déshabillais entièrement et, en lui tendant mes vêtements, lui reprochai de s’être moqué de moi, ils n’avaient ôté que le haut et s’il y avait bien une cheminée, elle n’avait sans doute pas fonctionné depuis des décennies.

– Vous n’êtes vraiment que deux gamins !

– Parce que toi, t’en es pas une peut-être ?

Marcel me désignait le graffiti que j’avais dessiné du bout des doigts sans m’en apercevoir. Une fois encore, je devais m’avouer vaincue.

– T’aurais pas une chemise ou un truc, histoire que je ne chope pas la crève ?

– On pourrait aussi se réchauffer… à la chaleur animale…

– Tu perds pas le Nord, toi !

Marcel sourit, prenant mes derniers mots pour ce qu’ils étaient, un vrai compliment. Il montra la vitre à Jim.

– Tu sais comment qu’on dit en français, coumpan ? « Brochette »

– Yes « Brochette », La brochette à Dédette !

– Non, non ! « La brochette de Dédette » parce que c’est Dédette au milieu…

Pestant contre son traducteur, qui décidément avait été une dépense inutile, Marcel réussit tout de même à lui expliquer la différence entre une Dédette’s brochette et une Dédette brochette. Jim se grattait la tête, semblant se dire que la langue française était pleine de subtilités bien subtiles. Convaincue de la justesse des arguments de Marcel sur le causer simple, je décidai de m’abstenir de préciser à Jim qu’en français correct, il fallait dire Brochette de Dédette que j’en sois la propriétaire ou l’ingrédient principal.

S’il est une chose que j’apprécie dans les leçons que Marcel donne à Jim, c’est leur évidence, leur naturel. Mon corps, les leurs, ceux de nos consœurs et ceux de nos confrères, ce que nous en faisons, comment nous en jouissons ou n’en jouissons pas sont abordés avec la même aisance que les noms des différents vents, des reliefs, des aliments, des plantes ou des animaux.

Il me fallut déterminer nos places respectives. Pour la mienne, elle allait de soi puisque c’était une brochette de Dédette, mais quand je dus choisir lequel serait devant, lequel serait derrière, l’expression choix cornélien prit tout son sens. Marcel approuva ma configuration par une formule dont il a le secret. Ta bouche pleine de ma queue c’est bien… ça t’évitera de dire des conneries ! Son sens inné du compliment me ravira toujours !

J’étais penchée au-dessus de la table, me tenant à ses bords. Marcel à mes côtés plus que devant, cette position était plus stable pour moi, Jim étant trop grand, je devais me tenir sur une sorte de marchepied et je craignais de perdre l’équilibre. Va pas lui faire une fracture de la bite à notre coumpan ! Nous étions tous les trois bien d’accord sur ce point précis.

J’aimais me sentir la raison de leur complicité autant que j’aimais sentir leurs mains rugueuses parcourir mon corps, se rencontrer sur mon pubis. Blann’che Minette. J’aimais sentir les grosses mains carrées de Marcel sur mes joues.

– Oui… suce-moi comme ça ! Tu vois, coumpan, là… elle me suce… regarde ! Et là… je lui baise la bouche. Répète !

– Baise la bouche…

– Oui ! C’est ça ! Et là ?

Jim se pencha pour être certain de sa réponse.

– Une pipe andante !

– Une pipe quoi ?!

– Andante ! No… sorry… allegro !

– Qu’est-ce tu racontes ?

Je m’efforçais de suivre le tempo et de garder mon sérieux tout à la fois. Jim s’était fiché en moi et me donnait les indications. Adagio. Andante. Moderato. Allegro. Presto ma non troppo.Soudain, il s’exclama, en s’adressant à Marcel baise la bouche ! Je sentis une goutte de salive atterrir sur mes reins tandis qu’il reprenait ses va-et-vient.

Marcel était enchanté de ces pipes musicales et demanda à son coumpan de lui indiquer à nouveau les différents tempos. Pour être sûr d’avoir tout bien saisi les nuances. J’aimais sa façon de caresser mon crâne, mes joues.

Jim avait repris ses va-et-vient, de ses grandes mains puissantes, il écartait mes fesses et s’extasiait de regarder sa grosse et dure queue noire aller et venir dans mon vagin. Une de ses mains glissa sous mon ventre, rejoignit celle de Marcel sur ma poitrine.

En me cambrant, j’avais redressé la tête et la bouche libérée, j’enjoignis Jim.

– Fuck ! Fuck ! Fuck ! Fuck me ! Fuck me hard ! Fuck me strong ! Fuck me deep ! Fuck me… wild !

– On cause pas angliche chez moi, Blanche-Minette !

Et comme si je pouvais considérer son geste comme une punition, remit sa bite dans ma bouche.

– Qu’est-ce qu’elle t’a dit, coumpan ? Ça veut dire quoi exactement tout ce qu’elle t’a dit ?

Jim, ravi de lui rendre ce service, s’appliqua à montrer les différentes variations. J’étais au Paradis ! Marcel pouvait s’en rendre compte à l’ardeur avec laquelle je le suçais.

– Remontre-moi le phoque arde… aahh… oui… hmm… et le phoque dip… ooohh… Et le phoque strongue… Elle va me faire venir à force… Vas-y adagio, Blanche-Minette… Oui… Encore un coup de phoque arde… Ô putain, j’ai déjà oublié… c’est comment déjà le phoque oualde ? Ah…hmm… oui… reste sur le oualde… C’est bien comme… Adagio, j’avais dit ! Ô, pute borgne, elle m’a fait venir !

– Non ! Reste dans ma bouche, Marcel… même si tu débandes… c’est meilleur en…

– En brochette, capoune ?

– Yeah ! La brochette de Dédette !

– T’apprends vite, coumpan, c’est bien ! Vé comme vous êtes beaux ! Oui… comme nous sommes beaux, mais pour moi, c’est une évidence, Blanche-Minette la gourmande des brochettes ! Té… elle va venir ! Titille-lui son bouton, coumpan !

Je jouis si fort que je faillis tomber par terre. Je suppliai Jim. Encore ! Encore ! Marcel s’était retiré de ma bouche. Manquerait plus que tu me la coupes avec tes acrobaties ! Jim était déchaîné et par là même me déchaînait.

– Oui, c’est ça ! Phoque-la oualde ! C’est bon pour toi ?

Et comment que ça l’était ! Je me sentais couler de plaisir, mon dos était couvert de sueur et de salive. Jim criait son bonheur, sa surprise dans un mélange d’anglais et de franco-provençal. Il prenait son Dieu à témoin et lui demandait de regarder comment lui, Jim O’Malley, faisait jouir sa Princess. J’attrapai sa main crispée sur mon épaule, l’approchai de ma bouche et la mordis de toutes mes forces quand je le sentis sur le point de jouir.

Mon sexe dégoulinait de son sperme et de ma propre jouissance mêlés. Jim m’assit sur la table, le temps que je reprenne un peu de force et me téta le sein comme il sait si bien le faire. Comme s’il s’agissait d’un secret honteux, il attendit que Marcel soit parti récupérer mes vêtements secs pour me murmurer à l’oreille I love you, Princess. I’m really in love with you. Je l’embrassai pour que ma langue dansant avec la sienne lui fasse comprendre à quel point je l’aime aussi.

La nuit était sur le point de tomber, la pluie avait cessé quand nous nous remîmes en chemin.

Nous n’avions pas fait cent mètres qu’une voiture nous klaxonna. C’était la familiale de Daniel dans laquelle nous prîmes place à l’arrière, aux côtés de Jimmy. Mireille nous demanda si nous nous étions abrités de la pluie chez Marcel.

– On n’a pas fait que s’abriter, on en a profité pour améliorer mon angliche !

– Et pour te donner une leçon de solfège…

– Et pour me donner une leçon de solfège.

Mireille, incrédule, se retourna pour s’assurer que nous ne nous moquions pas d’elle.

– Une leçon d’anglais et une de solfège ? Vraiment ?

Jimmy traduisit la réponse de Jim. C’est l’exacte vérité ! Et nous nous abstînmes de rire.

Comme l’affirme le dicton « À la Sainte-Catherine »…

*Bon, il semblerait que ce soit arrivé plus d’une fois…