
Depuis l’autre jour, mon mari passe de longues heures penché sur le dessin qui décorera le mur face au lit. De son côté, notre conjoint trace des plans, imagine l’aménagement de notre chambre, il hésite sur ce qu’il va confectionner, un cosy ou une console ? Alors, entre un époux, roi des pinceaux et un conjoint, pape de la chignole, j’ai très vite ressenti le besoin d’exprimer ma fibre créatrice. Hélas, à la différence de mes deux hommes, je n’ai aucun don pour les arts graphiques.
On me dit têtue, obstinée voire butée, en toute objectivité je me qualifierais plutôt d’opiniâtre, volontaire, tenace. J’ai donc décidé d’apprendre à modifier des images à l’aide d’un logiciel conçu à cet effet. J’y avais renoncé pendant le confinement, parce que la situation me mettait les nerfs à vif et ma patience se brisait devant la moindre difficulté, aussi sûrement qu’une assiette lancée avec force et colère à travers la cuisine.
Mon époux et notre conjoint étant installés à la grande table et puisque la météo clémente me le permet, je décide d’occuper la table de la petite terrasse à l’arrière de la maison. L’avantage c’est que si je renonce, ils n’en sauront rien.
Je suis plutôt surprise de parvenir aussi vite à maîtriser ce logiciel et à obtenir le résultat que je souhaitais. Forte de cette première réussite, je décide de bidouiller non pas une image, mais de créer toute une série. Je ne m’interromps que lorsque mes deux complices me rejoignent pour « un petit pique-nique histoire de se sustenter ». D’abord étonnés, ils deviennent curieux en me voyant rabattre vivement l’écran de mon ordinateur.
– Qu’est-ce que tu nous caches, mon ange ?
– La curiosité est un vilain défaut, sémillant conjoint !
– Et à moi, le dirais-tu, ma chérie ?
– Rien à faire, je resterai inflexible… je dirais même deux flexibles ! Et c’est pas la peine de tenter un de vos tours de cochon, je ne dirai rien. Rien de rien.
– Tant pis, alors…
Pourquoi ne suis-je pas surprise de les voir capituler sans combattre ? Pourquoi n’y détectè-je pas un piège ? Notre conjoint s’assied à mes côtés, m’embrasse… sa langue… oh, sa langue dans ma bouche… ! Mon époux, debout dans mon dos, commente la tentative de son ami. « Pour la faire changer d’avis, pourquoi ne pas user d’arguments imparables ? », il prend ma main, la glisse dans le jogging de notre conjoint et la guide jusqu’à ses grosses couilles qui semblaient n’attendre que ça.
Je la retire prestement.
– Je m’occupe à bidouiller des images, mais si c’est pour vous moquer de moi… je préfère ne pas vous montrer mes essais.
– Pourquoi crois-tu qu’on se moquerait de toi, mon ange ?
D’un coup de menton, je désigne mon époux (que j’adore un tout petit peu moins à cet instant précis). Semblant presque s’en excuser, il explique à notre conjoint à quel point je n’arrive pas à dessiner quoi que ce soit et prolonge l’explication en racontant quelques anecdotes qui ne me mettent pas spécialement en valeur. Je voudrais arracher le sourire contrit du visage de notre conjoint et m’en servir pour le gifler à pleine volée.
Le pique-nique est délicieux. Le petit vin blanc « qu’on boit sous les tonnelles, quand les filles sont belles… » fait flancher ma détermination. J’obtiens leur serment de ne pas ricaner, si le résultat ne les satisfait pas autant que je le suis. Je consens, alors, à leur montrer une de mes images.
– Mais c’est plus que pas mal, ma chérie ! C’est même très bien ! Ça t’a pris beaucoup de temps ?
– Pas tant que ça… j’en ai fait d’autres… et puis, j’ai inventé des légendes pour quelques-unes. Vous voulez voir ?
Ils rient à mes bêtises et à mes commentaires expliquant le pourquoi du comment de certaines légendes. Je suis tellement heureuse, tellement heureuse que j’en oublie d’être fière de moi. Une chose est certaine, notre conjoint ne perd pas le Nord. Alors que le café est en train de passer, il affirme qu’une remise à niveau en matière de secourisme ne serait pas superflue et puisque nous avons un sauveteur secouriste du travail… D’abord interloqué, mon époux finit par comprendre l’allusion.

L’herbe est drue, les haies auraient besoin d’être taillées, nous avons tous les trois un petit coup dans l’aile, nous pratiquerons donc la PLS dans le jardin. J’en frémis d’excitation et je remarque le même effet chez mes deux complices.
– Je choisis cette version, alors…
– Quelle est la différence avec l’autre ?
– Ben… ah oui, je ne vous avais pas dit… en bleu, c’est toi, mon cher mari et en vert c’est vous, mon amour… euh… mon sémillant conjoint !
– J’aimais bien votre « mon amour »…
– Moi aussi, ma chérie, regarde comme ça me fait bander ! Mais où vas-tu comme ça ? Ne t’enfuis pas !
Je reviens auprès d’eux, le tube de lubrifiant à la main.
– Tiens, monsieur le sauveteur secouriste du travail…
– J’hésite encore… fromage ou dessert ?
– Fromage et dessert, si ça ne t’ennuie pas… sinon, ce ne serait pas une PLS…
– Madame votre épouse est gourmande, cher ami
– Vous ne croyez pas si bien dire, mon fringuant… amour…
Je ne sais pas si c’est la crainte d’être vue, surprise qui met tous mes sens en alerte, ou si c’est l’odeur herbeuse de la terre ou bien le petit vin blanc qui me fait tourner la tête, quoi qu’il en soit, jamais le sexe de notre conjoint ne m’a paru aussi délicieux. Et ses mains crispées sur mes tempes… ! Et ses mots… ses putains de mots… !
Je sais que mon époux adoré se régale du spectacle. Depuis ce fameux réveillon, il me l’a dit souvent, ce fantasme devenu réalité lui apporte, outre de nombreux plaisirs, une sérénité qu’il n’aurait jamais imaginée, le bonheur aussi de s’être trouvé, au-delà d’un complice, un véritable ami, un frère.
Je lèche la grosse pine de notre conjoint en pensant à tout cela, aux frissons qui me parcourent à l’évocation de ces mots « grosse pine » « énormes couilles ». L’odeur du vieux rosier adossé à la remise se marie merveilleusement à celle du pubis de notre voisin. Il faut que je pense à lui demander s’il a été planté à cet effet.
– Regardez, cher ami, votre épouse bave tellement que sa salive inonde mes couilles !
– Ma chérie, ne prends pas le risque de faire gercer les énormes attributs de notre conjoint !
Tandis que je me penche pour lécher, gober les bourses de mon fringuant amour, mon mari me pénètre avec art et application. J’aime l’entendre s’extasier sur la chaleur humide de ma chatte… l’entendre parler de chatte m’excite autant que lorsque je pense aux mots « grosse pine » « énormes couilles ». Quand il invite son « cher ami » à admirer comment ma mouille fait reluire sa queue, je grogne de plaisir. Notre conjoint dérobe son sexe à l’avidité de ma bouche, je lève vers lui un regard implorant, tout en caressant ma joue, il me répète « Les pointillés, mon ange… les pointillés ». Je dois alors me contenter de coups de langue sur l’aine, de baisers sur son pubis, son odeur musquée me rend folle de désir.
Et leurs mains… leurs mains complices qui me caressent en toute délicate impudeur… et mon corps qui semble naître à chaque attouchement… et ce plaisir qui gronde en moi, comme un orage d’été qui prendrait tout son temps avant d’éclater… ma gorge se noue de tous ces cris à jamais retenus…
À qui sont les mains qui écartent mes fesses ? Lequel des deux verse autant de gel entre elles ? Le plaisir fait bourdonner mes tympans, je n’entends pas ce qu’ils se disent… quelques mots seulement… « Attends… attends ! » Notre conjoint pénètre ma bouche au même rythme que mon mari m’encule… Je n’aurais jamais imaginé pendre autant de plaisir à l’évocation du verbe « enculer », jusqu’à ce mois de janvier, je préférais les litotes, mais depuis que nous sommes trois, j’ai appris à écouter, à dire ce mot avec plaisir, parce qu’il évoque la vérité du plaisir que je prends.
Mon orgasme est si puissant que je manque de m’évanouir. La conjonction de leur sexe l’un dans ma bouche, l’autre dans mon cul, la main de mon mari dans mes cheveux, celle de notre conjoint sur ma joue, leur autre main caressant ma vulve… le goût de la grosse pine dans ma bouche, l’odeur du jardin, et ces merveilleux va-et-vient de mon époux… existe-t-il, dans l’Univers, une femme plus heureuse que moi actuellement ? J’aimerais pouvoir répondre oui, mais j’en doute fortement.
– Tenez, tenez, mon ange… régalez-vous !
Je tremble comme une feuille, le plaisir ne me quitte pas. La bouche encore pleine du goût du sperme de notre conjoint, le voici qu’il s’agenouille et m’offre un de ses merveilleux baisers.
– Oh, vous me faites jouir, tous les deux… regardez comment…
J’interromps brutalement la pelle que nous nous roulions.
– Non, mon chéri ! S’il te plaît, décharge au fond de mon cul !
Sans le voir, je sens la surprise de mon époux, il n’est pas habitué à m’entendre parler ainsi et il en est tellement heureux. Il m’a tannée pendant des années, mais ces mots restaient bloqués, verrouillés dans mon cerveau. C’est aussi un des beaux cadeaux que nous devons à notre conjoint.
Nous restons de longues minutes, allongés par terre, blottis les uns contre les autres, à nous dire de jolies choses avec de vilains mots, à nous promettre d’autres galipettes dans le jardin. Je les fais sourire en leur confiant que j’ai bien aimé fêter ainsi ma réussite dans ma première tentative d’œuvre graphique.
Mon époux se lève, va faire un brin de toilette avant de se remettre aux pinceaux. Je me rhabille, notre conjoint aussi. Nous nous dirigeons vers la maison, quand je réponds à son interrogation muette, oui j’ai quelque chose à lui dire.
– Je t’aime, mon amour, je t’aime.