Les souvenirs de Tatie Monique – Fiançailles

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Nous nous retrouvions dès que nous le pouvions pour des parties fines en pleine nature.

L’été 1974 s’était écoulé doucement, Catherine avait repris sa place, place qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Notre complicité, notre amitié avait été immédiate et ne se démentait pas au fil des mois. Elle travaillait toujours à la boulangerie, en ville, mais dès que la possibilité d’une fête s’ouvrait à nous, Alain venait la chercher. 

Nous passions aussi du temps, toutes les deux, à parler de tout et de rien, en ayant bien conscience du luxe que nous apportait notre amitié. À notre première rencontre, je lui avais affirmé que les temps avaient changé, je lui avais parlé de mai 68, de la révolution sexuelle, mais si les femmes que nous étions faisaient fantasmer bon nombre d’hommes, nous demeurions, aux yeux de beaucoup, marquées du sceau de l’infamie. À deux, l’étiquette « SALOPE » était moins lourde à porter. 

Avec Catherine, j’avais découvert de nouveaux lieux, de nouveaux partenaires, de nouvelles sensations, de nouveaux plaisirs qui s’ajoutaient aux autres. C’est à la crique que j’ai découvert celui de la regarder. 

J’avais été retenue à la maison par Bonne-Maman, qui avait besoin de mon aide. Depuis la lecture de son cahier, je l’appréciais davantage, mais surtout, elle avait perdu son âge, à mes yeux. Je ne la voyais plus comme une vieille femme, certes, elle l’était, mais à cette image se superposait celle de la jeune fille, de la femme qu’elle avait été. Je lui posais souvent des questions auxquelles elle répondait avec grand plaisir, ravie d’avoir tant de choses, tant de souvenirs à me transmettre, quand elle avait cru les emporter dans la tombe.

J’étais arrivée à vélo dans la petite crique, sur le chemin, bien cachées, j’avais reconnu les voitures. Surplombant l’endroit, j’observais ces hommes qui entouraient Catherine. Je ne voyais pas Christian parmi eux, mais, avant même d’en être déçue, il me murmura dans le cou « Tu aimes le spectacle ? »

– Qu’y a-t-il de plus beau ? Regarde-la ! Regarde comme elle est belle ! Et ces hommes… c’est vraiment…

– Excitant ?

– … Romantique !

J’aimais son rire. J’aimais sentir son sexe dur contre mon ventre, quand il m’enlaçait comme ça. Nous étions encore habillés, mais nous nous sentions déjà nus.  Nous descendîmes le petit sentier, nous nous approchâmes, je tournai autour de Catherine, d’Alain, du bavard et de celui que nous appelions malicieusement, « le notaire » pour différentes raisons. Bien sûr, il raffolait des branlettes entre les seins de Catherine, mais il exerçait quelque fonction officielle et surtout, sa langue agile ne lui servait pas uniquement à discourir sur tel ou tel point de droit administratif.

J’étais tellement admirative du spectacle de ces corps, que j’en oubliai presque de me dévêtir. Joseph souleva ma robe en me demandant l’autorisation de la retirer lui-même.

Le « cas Joseph » me plongeait dans des abîmes de perplexité. Pour commencer, il était le seul à ne jamais nous tutoyer, à ne jamais employer de mots crus pour pimenter ses ébats. Je crois que le mot le plus trivial qui ait jamais franchi ses lèvres fut un « saperlipopette ! » retentissant, une nuit d’hiver. Mais surtout, bien que son sexe fut ridiculement petit, il s’en servait avec une maestria digne d’éloges. La taille enfantine de sa queue n’a jamais semblé lui poser le moindre problème ou générer le moindre complexe. Il nous faisait jouir d’une manière incroyable, nous demandant juste de ne pas retenir nos cris de plaisir, après avoir joui, il nous remerciait toujours. Un homme bien curieux que ce Joseph…

Je l’autorisai à ôter ma robe, mais restai comme paralysée par cette vague de plaisir, qui montait en moi en regardant Catherine. Je devenais elle, je devenais ces hommes qui la prenaient tout à tour. Joseph le remarqua et me demanda de faire ce dont j’aurais le plus envie.

Je choisis une place de choix, m’installai confortablement, adossée à un petit rocher, et me masturbai en ayant conscience que mon activité excitait notre petit groupe, mais je m’en moquais, toute au plaisir que j’éprouvais. 

Mon orgasme me sortit de cet état second. Je rejoignis le petit groupe, le bavard s’activait dans les fesses de Catherine, qui suçait mon Christian. Nos regards se croisèrent. J’en avais déjà parlé avec elle, je voyais le plaisir qu’elle prenait à la sodomie, mais trop de peurs me freinaient, m’empêchant de franchir le pas. Celle qui dominait était la peur de la douleur. Catherine m’avait assurée que lorsque je serais prête dans ma tête, mon corps se détendrait et que mise en confiance, bien préparée, je n’aurais pas mal. En tout cas, c’est ainsi que son Paulo l’avait initiée. 

Quand elle reprit la place, qui était la sienne, au sein de ce groupe d’amoureux du plaisir et de la liberté, elle m’avoua que ce qui lui avait le plus manqué, avait été la sensation, le plaisir de sentir son anus se dilater, sentir la pénétration et les va-et-vient. 

Je regardais souvent son visage pendant qu’elle se faisait sodomiser et je pensais comprendre l’intensité de son plaisir. 

Ce fameux jour, j’eus la curiosité de regarder à quoi ressemblait son petit trou après une sodomie. J’attendis que le bavard se retire et scrutai son derrière. Alain me demanda « Tu veux voir ? » et écarta les fesses de Catherine. Je vis surtout les lèvres de son sexe palpiter, puis l’anus. Je l’entendis psalmodier « Encore… Encore… Encore ! ». Le notaire prit la place du bavard et entendant une fois de plus les gémissements d’aise de Catherine, pendant qu’il la pénétrait, je décidai que le temps était venu pour moi de goûter à ce plaisir.

Mes partenaires préférés étaient tous présents, le soleil se couchait paresseusement, en prenant tout son temps, un joli nuage parme et orangé en guise d’oreiller, l’air était doux comme un baiser dans le cou, des odeurs salées remontaient de la mer, la garrigue exhalait les parfums de la Provence… tous ces détails ont eu leur importance dans ma décision. 

J’attendis une « pause rosé bien frais » et blottie dans les bras de Christian, j’annonçai d’un trait, m’enflammant davantage à chaque mot,

– Vous me taquinez souvent de ce rempart de vertu que je dresse entre mon cul et vos bites, Alain m’a même affirmé « tu es cruelle de te faire prendre en levrette, d’offrir ton joli petit cul si bandant à la vue et d’en interdire l’accès ! » Je suis prête à faire céder ce rempart, mais je voudrais que ce soit Christian qui le fasse devant vous tous, que vous soyez témoins de ce moment si important pour moi… mais aussi… je voudrais que vous y preniez part, en me… « préparant »…

Dans mon dos, je sentais le cœur de Christian battre presque aussi fort que le mien. Du regard, je demandai l’assistance de Catherine, de son doux sourire, elle me l’accorda. Un bref conciliabule entre elle et les hommes, puis le notaire s’approcha de nous deux, qui faisions face au reste du groupe. Révérencieusement, il s’inclina, me tendit la main et, d’un ton exagérément pompeux, tint ce discours.

– Ce soir, Monique a décidé de franchir le pas. Pour elle, ce n’est pas seulement une expérience nouvelle, mais c’est surtout un pas de plus dans l’affirmation de l’amour qu’elle voue à Christian. Elle a souhaité se faire dépuceler le cul devant nous, pour faire de nous les témoins de son amour. Dans l’esprit de Monique et de Christian, l’amour se définit par le partage. Je vous invite donc à venir, les uns après les autres, la préparer afin que Christian puisse la déflorer en toute sérénité.

En écrivant ces mots, je ne sais pas si je parviens à restituer l’humour et l’ambiance, à la fois érotique et burlesque, qui régnait alors. 

Je me mis à quatre pattes sur le matelas moelleux fait des coussins que Joseph apportait avec lui, à chaque fois qu’il venait. D’un geste de la main, le notaire invita Christian à prendre place à mes côtés et à le regarder m’écarter les fesses, avant de me lécher de sa langue habile.

Un « OooOOOoohh ! » de surprise ravie s’échappa de ma bouche. En riant, le bavard dit « Fais-la taire, Christian ! ». Semblant obéir à cette injonction, mon homme força ma bouche de son gland. Je déglutis de plaisir. J’ondulais sous les coups de langue du notaire, sous ses caresses, de mon clitoris à mon anus. Avant même que je n’en manifeste le désir, il enfonça deux doigts dans mon vagin, tout en accentuant ses baisers. Je sentais mon corps se détendre, il sortit les doigts de mon vagin et commença à caresser mon anus avec son index, ainsi lubrifié. J’ondulais, je gémissais, tétant le sexe de Christian à l’aune de mon plaisir croissant. Ses mains devenaient fébriles dans mes cheveux.

Le notaire entra une phalange dans mon cul, puis le retira et céda sa place à Joseph. Je fondais de plaisir, tant sa langue était tout à la fois douce et ardente.

– Oh, ma douce Monique, je ne puis résister au plaisir de vous prendre…

Je jouis violemment, son petit sexe allant et venant dans mon vagin, tandis que son index s’enfonçait dans mon cul, plus profondément que celui du notaire. Je ne ressentais aucune douleur.

– Votre corps sera bientôt prêt. Mais… vous jouissez encore, ma chère amie ?

Le sexe énorme de Christian, au plus profond de ma bouche, m’empêchait de répondre, seuls, mes cris s’échappaient de mes lèvres.

– Ô, petite diablesse divine, créature sensuelle, sentez… sentez… vous me faites venir !

Comme à son habitude, il me remercia avant que le bavard ne le remplace. Plus rugueux, mais tout aussi efficaces, ses attouchements me firent décoller, m’échapper de mon corps. Comme nous étions beaux, tous les sept, entourés de ce halo mordoré ! Mon ectoplasme me restituait la scène, comme si je me trouvais face à un tableau, une toile de maître. Christian face à moi, son sexe dans ma bouche, le notaire me caressant le dos, les reins, le bavard derrière moi, me caressant d’une main et semblant soutenir son sexe épais de l’autre, Joseph, un peu à l’écart, aux côtés d’Alain et de Catherine qui parlaient à mi-voix. Han ! Le bavard venait de me pénétrer.

– Boudiou ! Si ton cul est aussi accueillant que ton joli petit con… Boudiou ! Quels régals tu nous promets ! 

Il enfonça son doigt visqueux en entier. Je crus défaillir de plaisir.

– Mais tu jouis, ma coquine ! Tu aimes ça, hein ?

Il allait et venait avec aisance. Je ne ressentais toujours aucune douleur. Je ne savais pas encore qu’il avait enduit son doigt de vaseline.

– Boudiou ! Ta fougue me fait venir ! Oh boudiou ! Tu me vides les couilles !

Quelques jurons plus tard, il se retira, me laissant pantelante. Alain s’approcha à son tour, me caressa, écarta mes fesses, siffla, admiratif, et entreprit de me dilater un peu plus, de son index et de son majeur. Je sentais, sur mes fesses, les va-et-vient de son autre main le branlant.

– Viens voir, Christian, comme nous te la préparons bien, ta Monique… Viens… !

Comme à regret, Christian sortit de ma bouche.

– À toi de jouer, ma Catherine !

Avant que je puisse comprendre ce qu’il lui demandait, elle s’allongea sous moi. Alain, agenouillé, se branlait entre mes fesses, tandis qu’elle lui léchait les couilles. Se rend-elle compte que sa langue me lèche aussi le minou ? Troublée de ce contact, j’ouvris les yeux, sa toison brune, dense et frisée, humide de sa jouissance et parsemée de gouttes de sperme… Comment aurais-je pu résister ? 

Je goûtai, d’une bouche timide, pour la première fois, un sexe de femme, les caresses de sa langue se firent plus précises, quant à la mienne, elle se fit plus gourmande. Je la dégustais avec délice sous les acclamations de joie des hommes, les doigts d’Alain allaient et venaient, s’écartant doucement. Il demanda à Christian de m’écarter les fesses, sortit ses doigts, se branla à toute vitesse. Je sentis la langue de Catherine délaisser mon sexe pour s’activer sur les couilles de son homme. Quant à moi, je ne pouvais me résoudre à ne plus la sucer. Quel régal ! Et quel bonheur de la sentir jouir de ma bouche !

– Ô, putes vierges ! Ô, vous me faites venir… ! Ô…

Je sentis le flot de son plaisir m’inonder.

– Regarde… regarde… !

– Oooh !

Plus tard, Christian me dit qu’il n’avait jamais reçu de plus beau cadeau d’amour et d’amitié. Ses amis lui permettant de me déflorer, en connaissant sa « singularité sexuelle » et moi, lui offrant mon « dernier pucelage ».

Je sentis son gland bouillant me pénétrer, volontaire et bienveillant. Je me cambrai davantage, ma bouche toujours soudée au sexe de Catherine.

– Tu en veux plus, ma Monique ?

Je relevai la tête, décollai ma bouche du sexe de Catherine.

– Oui !

Un coup de rein.

– Comme ça ?

– Encore plus !

Exclamations de joie.

– Comme ça ?

– Encore… ooohh… plus !

– Je vais te faire mal, non ?

– NON ! ENCORE !

J’aurais voulu le sentir aller et venir, mais il refusait tout mouvement. Je pensai l’y contraindre en imprimant moi-même la cadence, seulement, il se reculait dès que je tendais mes fesses vers lui. Un éclair de lucidité m’apporta la solution. Je demandai son aide à Catherine « Montre-lui ce que je veux ! ». Elle se mit à quatre pattes à mes côtés et offrit ses fesses au notaire. 

Satisfait, Christian commença à aller et à venir, à chaque mouvement un peu plus profondément, chaque va-et-vient un peu plus ample. Je hurlais ma jouissance comme Ève pouvait le faire avec Adam au beau milieu de l’Eden. Je faisais corps avec la nature, avec ces hommes, avec Catherine, avec Christian.

Quand il jouit, mon corps était en sueur et tremblait de plaisir. Nous nous écroulâmes au sol, il m’embrassait, prenant les autres à témoin, nous nous disions les mots d’amour que nous réservions d’ordinaire à notre intimité.

Enfin, il me demanda officiellement en mariage. Je demandai à Catherine et à Joseph s’ils voulaient être mes témoins. Christian posa la même question à Alain et au bavard, puisqu’il allait de soi que le notaire nous unirait légalement, sa qualité d’élu municipal lui conférant le statut d’officier de l’état-civil. Tous acceptèrent. 

Ce fut à ce moment que Catherine et Alain nous demandèrent d’être les témoins de leur propre mariage.

Nous n’avions pas de Champagne pour arroser cette soirée, le rosé était bien tiède et la dernière bouteille bien peu remplie, toutefois, nous fêtâmes joyeusement la perspective de ce double mariage.

– Boudiou ! Quand je pense que ce n’étaient que les fiançailles ! Vivement la nuit de noces !

Quand Monique revit, à 50 ans d’intervalle, une aventure vécue par Nathalie

Les souvenirs de Tatie Monique – L’installation

Avant de quitter la ville, nous avions fait une pause au buffet de la gare, j’avais commandé une mauresque que Christian but pendant que je téléphonais à mes parents pour leur annoncer que je ne rentrerai pas à Paris, que je restais aux côtés de Bonne-Maman qui avait besoin de moi. Je crois qu’ils n’ont pas cru, ou pas réalisé ce que je venais de leur dire.

Nous roulions vers le village l’esprit encore tout chamboulé de la lecture du cahier de Bonne-Maman et de ce que nous y avions appris.

Nous n’avions pas envisagé cette hypothèse, mon installation définitive au village. Christian habitait encore chez ses parents, je savais que Bonne-Maman me ferait de la place dans sa maison. Je savais aussi qu’elle serait chez Nathalie quand nous arriverions. Nous craignions de les déranger en déboulant ainsi chez la grand-mère de Christian, mais je n’avais pas la clé et puis, je tenais à lui demander l’autorisation et leur dire de vive-voix que la lecture du cahier y était pour beaucoup dans ma décision. Elles nous accueillirent avec ce bonheur franc des petites gens.

Bonne-Maman, d’abord ravie, sembla se rembrunir et râla un peu qu’il était indécent de nous laisser dormir dans mon petit lit. Il me semblait impensable que je la prive de son lit conjugal, ne serait-ce que pour une nuit. Les glaçons ne tintaient pas encore dans les verres quand nous demandâmes à Alain d’aider Christian à déménager son lit de chez ses parents à ma petite chambre.

Qu’est-ce que nous avons ri ! Il n’en revenait pas ! J’abandonnais tout, la vie parisienne, mon emploi d’esthéticienne, pour vivre ici, sans avoir pris le temps d’y réfléchir longuement ! Mais quel risque prenais-je ? Je n’avais que vingt ans, un boulot de vendeuse, je pourrai en trouver facilement, ou bien n’importe lequel qui se présenterait, et puis, si mon histoire d’amour tournait mal, qu’est-ce qui m’empêcherait de faire le chemin inverse ? Il en convint. 

Quand le lit de Christian fut installé dans ma chambre, Alain s’exclama pour la dixième fois de la soirée « Ô, pute vierge ! ». J’éclatai de rire. « Attention, tu vas finir par inonder ton pantalon ! ». Nous nous regardâmes tous les trois, avant de reprendre la voiture pour retourner en ville. 

Ils m’attendaient sagement devant la boucherie, déjà fermée, je montai les escalier quatre à quatre et toquai à la porte de Catherine.

– Mais… mais tu n’es pas partie ?

– Je n’ai pas pu. Je m’installe au village, chez ma grand-mère… Alain nous a aidés pour déménager le grand lit de Christian, alors j’ai pensé…

Je ne savais pas comment le lui proposer, pourtant, dans la voiture, j’avais trouvé une formulation joyeuse et amusante, mais là… face à Catherine… j’avais tout oublié.

– Tu as pensé… ?

– On pourrait fêter ça tous les quatre… comme le baptême de ma nouvelle vie…

– Tous les quatre ? Avec… avec MOI ?

– Ben, oui…

J’allais lui préciser « si ça te fait plaisir », mais je n’en eus pas le temps, elle m’enlaça et m’embrassa en me remerciant.

– C’est à moi de te remercier ! Avec toi, la fête sera plus belle !

En nous voyant arriver, Alain et Christian manifestèrent leur joie. Catherine et moi voulions papoter pendant le trajet, nous nous installâmes à l’arrière de la voiture. J’observais le regard comblé de mon Christian dans le rétroviseur, et telles deux gamines, nous pouffions à chaque « Ô, pute vierge ! » d’Alain, qui se retournait régulièrement, comme pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

Bonne-Maman nous avait laissé la maison, elle passerait la nuit aux côtés de Nathalie.

J’admirais l’art avec lequel Catherine s’effeuillait. Jusqu’à ce soir précis, j’ôtais mes vêtements le plus vite possible, tant ma hâte d’être touchée, embrassée, caressée, léchée était grande. Au contraire, Catherine se déshabillait lentement, se caressant la peau, laissant monter en elle l’excitation et attiser le désir des hommes. Bon sang, que son corps était désirable ! Qu’il était beau ! Je pensai « quel gâchis, tous ces longs mois sans que personne ne le comble ! »

CNhZHCnWsAArvsG– Laisse-moi faire ! Je vais te préparer !

Assise sur le bord du lit, Catherine débraguettait Alain avec une douceur impatiente. Les bras ballants, les mains massives et puissantes d’Alain pendaient mollement le long de ses cuisses. Encore sous le coup de la surprise, il se laissait faire, totalement soumis au désir de Catherine. Au troisième bouton, il ferma les yeux, rejeta sa tête en arrière, je vis sa main gauche se soulever au ralenti et ses doigts retrouver la chevelure soyeuse de Catherine. 

Je vivais ce moment de grâce et plus de quarante ans après, j’en ai un souvenir précis, gravé dans ma chair.

Quand ses lèvres effleurèrent le sexe tendu d’Alain, je sentis les doigts de Christian caresser mes seins, descendre vers mon ventre, puis mon pubis, sa voix dans un souffle sur ma nuque « caresse-toi, ma chérie ». Alain gémit doucement et Catherine sembla revenir à la vie, telle une Belle au Bois-Dormant.

Il la releva soudain, l’enlaça, sa queue désormais taurine contre le ventre ardent de Catherine, il lui dit « Oh, tu m’as tellement manqué, Catherine ! », l’embrassa. Une fois encore, j’eus une vision du dessus de la pièce. Christian se caressant dans mon dos, une main sur ma toison, Catherine dans les bras d’Alain, l’embrassant, le corps de Catherine ondulant lascivement, se frottant contre le sexe, contre le ventre d’Alain, moi, me régalant de ce beau spectacle, me caressant pour la première fois à quelques centimètres d’une autre femme, ma bouche entrouverte, prête au baiser.

Au ralenti, Catherine s’allongea sur le dos. Alain voulait qu’ils se regardent quand il la pénétrerait. Ce regard ! J’étais tout à la fois Catherine, ressentant la pénétration du sexe d’Alain, millimètre par millimètre, écartant les parois du vagin pour le remplir totalement, mais j’étais aussi Alain au regard brûlant de désir, sa voix vibrante chuchotant presque un timide « Oh, que c’est bon ! Que c’est bon, ma Catherine… Ma Catherine ! »

Christian s’approcha d’elle, offrit sa queue aux talents de sa bouche.

Que mon sexe était doux sous mes doigts !  J’imposais la lenteur à mes caresses. Je voulais garder intacte la perfection de ce moment. J’aimais regarder les ondulations du bassin de Catherine, j’aimais l’éclat de son regard quand ma main effleura son sein avant de caresser le mien. J’embrassai Christian tandis qu’Alain allait et venait plus vite, plus fort, jusqu’à retrouver le rythme en lequel leurs corps aimaient danser, aimaient s’aimer. « Ô, pute vierge ! Comme tu me manques ! Comme tu me manques ! »

Par son baiser, Christian me transmettait tout l’art avec lequel il aimait que Catherine le suce. Il me semblait que sa langue dansait avec la mienne par l’intermédiaire de celle de Christian. 

Les ondulations de Catherine devinrent de plus en plus amples, je sentais son plaisir enfler, gronder en elle. Elle dégagea sa bouche pour nous supplier « Faites-moi jouir ! Je veux jouir de nous tous ! » avant de sucer Christian comme on boit après avoir trop attendu pour le faire. Nos mains aux doigts presque enlacés, caressèrent son clitoris, je jouis presque de la sentir jouir. Un bref instant, le temps se figea. Nous goûtions tous les retrouvailles de Catherine avec ce plaisir précis.

La bouche pleine de la queue de Christian, elle marmonna « Encore ! Encore ! Encore ! Encore ! » comme en écho, Alain psalmodiait « Ô, pute vierge ! Je vais venir ! Tu me fais venir… ! Ô, pute vierge ! Un mot de toi et je vais venir ! ». Ce fut de ma bouche que sortit la réponse de Catherine « Viens ! Viens ! Viens, Alain ! »

En écrivant ces mots, je ne sais pas si je peux transmettre cette sensation de communion absolue qui nous animait, qui nous reliait les uns aux autres.

Alain jouit longuement, se retira comme il le faisait toujours, pour laisser la place à Christian. Avant qu’il ne le fasse, je regardai attentivement le sexe de Catherine coulant du sperme d’Alain, et je compris le plaisir que mon homme pouvait prendre à pénétrer ce paradis humide et chaud.

Le creux des jambes de Catherine dans le creux de ses bras, Christian la pénétra, écartant ses cuisses de gitane pour mieux se régaler du spectacle. J’allais jouir de cette vision, de mes doigts fiévreux, quand je sentis la langue, pour une fois rugueuse, d’Alain.

– Ooohhhooohhh… !

J’aimais comme il me suçait, me léchait, me dégustait, j’aimais jouir comme ça, debout, sentir mes jambes trembler, lutter pour ne pas se refermer quand elles étaient écartées, pour ne pas s’écarter quand elles étaient serrées, se plier pour que mon sexe palpitant soit au plus près de la bouche d’Alain. Je voulais le sentir au plus profond de moi, il me fouillait de ses doigts impudiques, quand il me sentait jouir. Enfin, le sexe dressé, massif comme un pieu, il s’allongea aux côtés de Catherine, lui prit la main tandis que je m’empalai sur lui, en regardant Christian aller et venir dans le sexe accueillant de ma nouvelle amie.

Que nous étions beaux, tous les quatre ! J’embrassais Christian, Catherine embrassait Alain, entre deux baisers, nous nous disions des mots d’amour. 

Catherine était transpercée par un orgasme quand Alain la demanda en mariage. Les yeux humides de fatigue, de plaisir, de surprise, d’émotion, Catherine accepta. N’osant y croire, puis réalisant enfin, il sembla hésiter avant de s’exclamer « Ô, mon Dieu ! Bon Dieu, c’est le plus beau jour de ma vie ! » alors que nous nous attendions à un « Ô, pute vierge ! »

– Bouge sur mon homme, Monique ! Montre-moi comment tu le fais jouir !

Mes mouvements se firent plus amples pour qu’elle puisse regarder la grosse queue veineuse luire de mes va-et-vient. J’aimais comme sa main féminine sur mes fesses m’incitait à monter plus haut et comme les mains viriles d’Alain sur mes hanches m’obligeaient à m’enfoncer davantage, d’un coup, jusqu’à ce que je sente son gland heurter le fond de mon vagin.

– C’est trop de bonheur… ! Vous me faites venir, mes douces coquines… ! Vous me… ô, pu…

J’entendis la voix d’Alain comme assourdie, mes oreilles bourdonnaient, je regardais Christian jouir de Catherine, ses yeux me hurlaient « JE T’AIME ! ».

En 1974, le clocher de l’église carillonnait encore toutes les heures. Nous entendîmes sonner 11 heures. Catherine travaillait le lendemain. Il était temps de dormir. En se rhabillant, Alain et Catherine rirent en voyant l’état des draps, du boutis tachés de spermes et d’autres fluides.

– Pense à nettoyer tout ça avant que ta grand-mère revienne, Monique !

J’interrogeai Christian du regard qui hocha la tête en signe d’assentiment, alors, le sperme d’Alain coulant sur mes cuisses, je fis quelques pas qui me séparaient de ma valise, l’ouvris et tendis le cahier de Bonne-Maman à Catherine.

– Non seulement, je n’en ferai rien, mais de plus, je dédie cette soirée à la belle Rosalie et à la charmante Nathalie !

– Et moi, je la dédie au courageux Toine et au viril Pierrot !

Pour la première fois, Catherine dormit dans les bras d’Alain, chez lui, tandis que Christian et moi passions cette première nuit dans ce qui allait devenir notre lit conjugal.

Les fiançailles (du latin confiare « confier à ») sont une déclaration d’intention de mariage.  (Définition Wikipédia)

La malédiction

Une image inspire forcément des récits différents. Pour ce premier défi « en miroir », un dessin d’Apollonia Saintclair.
Voici l’histoire qu’il m’a inspirée, en cliquant sur ce lien, vous trouverez la version de François à l’accent chantant (et rigolo ;) !)

– Que t’arrive-t-il donc, jeune fille ?

– Ne voyez-vous donc pas la catastrophe ? Mes cheveux mes magnifiques cheveux de jais, soyeux, ondulés à souhait… Mes cheveux, mon unique trésor, la seule grâce dont les fées m’aient dotée… Mes cheveux…

– Comment est-ce arrivé ?

– Je me suis endormie, j’ai fait ce rêve… cet homme que je séduisais, cet homme que j’échauffais, cet homme que j’enflammais, cet homme à qui je me refusais, cet homme qui s’embrasait et qui, avant de disparaître en fumée, me lançait cette malédiction « Vois ce qui arrive aux allumeuses de ton espèce ! » Dans mon rêve, il empoignait mes cheveux de ses mains de braise, m’arrachait au sol, poursuivait son envol et mes beaux et longs cheveux s’enflammaient, se transformaient en torche « Ceci est mon  butin, ma rançon et ta malédiction ! » Dépourvue de cheveux, je tombais… Je me suis réveillée au matin, heureuse d’être délivrée de ce cauchemar, à l’abri dans mon lit… mais sur mon oreiller, telle une couronne mortuaire, ma chevelure éparse. Et me voici chauve ! Que vais-je devenir ? J’ai couvert mon crâne nu, presque… impudique, je suis venue vous voir, puisqu’on vous prête quelques talents de sorcière…

– Écoute mon conseil, jeune fille. Apprends à aimer ton crâne nu, montre-le avec fierté ! Regarde autour de toi et apprends à aimer ! Apprends à aimer ! Aimer est le secret. Seul l’amour sans condition mettra un terme à ta malédiction.

Je suis rentrée à la maison. J’ai dit adieu à mes cheveux, en ai rempli un de mes bas, enterré le bas au fond de la forêt, au pied du premier arbre dont j’ai entendu l’appel et j’ai appris à aimer. J’ai observé, jugé, critiqué puis accepté.

Les gens se sont habitués à me voir passer, la tête nue, la tête haute… et plus je les aimais, plus il me devenait facile de les aimer.

L’été est passé, je me souviens de ce premier hiver…

Combien d’étés, combien d’hivers avant que je m’accepte, avant de m’aimer pour celle que je suis, pas uniquement pour celle que je me plaisais à vouloir être ? Avant de comprendre que pour pouvoir offrir de l’amour, il faut s’aimer soi-même ?

Ce matin, à mon réveil, mes longs cheveux de jais, mes longs cheveux soyeux, mes longs cheveux ondulés à souhait avaient repoussé, comme s’ils n’avaient jamais brûlé…

Je me regarde sereine et je retrouve les gestes pour les tresser savamment, comme j’aime qu’ils le soient, comme ils aiment l’être…

Je déambule dans la ville, les gens me sourient comme s’ils n’avaient rien remarqué. Peut-être est-ce le cas ? Peut-être que pour eux, rien n’a jamais changé…

Au pied d’un livre abandonné, je te trouve. Tu lèves la tête, tu me regardes, me souris. Nous nous observons, nous nous sourions… Un pas l’un vers l’autre, les bras que nous tendons avant de les ouvrir. Nous nous parlons, nous nous apprenons, nous nous reconnaissons… Le premier baiser comme on retrouve le chemin de la maison. La première caresse, comme une porte qui s’ouvre. Me voici chez toi, te voilà chez moi…  Ta langue qui découvre ma nuque, mon cou, tes doigts qui courent…

– Laisse-toi transporter…

Comme par magie, ma tresse s’anime… Mes cheveux s’enroulent autour de toi, comme un boa sensuel… Tu aimes leurs différentes caresses… tantôt coups de fouet, tantôt bruissements d’ailes… mes cheveux doux par lesquels je jouis des caresses qu’ils t’offrent… Ton corps ondule… tantôt serpent, tantôt branche de saule…

Je regarde mes longs cheveux de jais s’enrouler et repter à leur tour… je vois le plaisir et tu m’interdis de bouger… oubliant que tu es le captif… ! Lis-tu dans mes pensées ? Tu me souris…

– Je ne le suis point… regarde le plaisir que tu m’offres !

À cet instant précis, je sens une chaleur… ce feu qui me consume… et je repense à la malédiction… Combien de temps me reste-t-il avant qu’ils ne s’enflamment ? Je m’accroche à ton regard… Que signifient ce sourire énigmatique et cette lueur sereine qui brille au fond de tes yeux ?

– Quel était le conseil ?

Je repense à cette femme que l’on disait sorcière… « Apprends à aimer ! » … je suis ce conseil, je te souris confiante… enfin rassurée… mes cheveux autour de ton sexe… une petite braise et avant qu’elle ne devienne flamme, tu laisses exploser ton plaisir… ce sont ses petites gouttes qui éteignent cette petite braise avant qu’elle ne devienne flamme…

– Oui ! Ouvre la bouche… prends des forces… il nous reste tant de plaisirs à partager… imaginons-les ensemble… !

Le sort est conjuré. La vie peut commencer.

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Dessin d’Apollonia Saintclair

Un autre « ami », tout aussi virtuel, me propose un défi que je décline sur trois textes