Les confessions motorisées – La confession d’Émilie

Émilie s’est invitée dans la voiture d’Odette qui sourit en s’approchant.

– C’est pour une confession ?

– J’espère que Jimmy n’a pas réparé ta boîte à gants !

– Ah ça, pour ça, tu peux compter sur lui !

Elles ont à peine roulé quelques centaines de mètres. Émilie prend une profonde inspiration. Par où commencer ?

– Je préférerais ne pas revenir sur le mois de décembre 2009, mais pour être honnête, pour t’expliquer tous les tenants et les aboutissants, je suis obligée de le faire. Pas besoin de te dire dans quel état nous a mis l’accident de pépé Jean-Baptiste et mémé Louise. Leur mort, leurs obsèques ont bouleversé non seulement nos âmes, mais aussi nos projets de vacances. On devait passer les deux semaines au ski, mais papa et maman ont préféré annuler ce séjour. Ils avaient besoin de créer un cocon dans lequel nous réfugier. Autant ce cocon les rassurait, leur faisait du bien, autant il m’étouffait. Ils s’en sont aperçu, je pourrais presque dire « avant moi ». On en a longuement parlé, c’est étonnant quand j’y pense, parce que je n’avais que quinze ans. Comme tu le sais, j’avais une correspondante anglaise, Darlene, qui m’a téléphoné pour prendre de mes nouvelles. Elle était une des rares personnes à qui j’en avais parlé. Tu avais d’autres choses en tête, alors je ne sais pas si tu te souviens de ce séjour inopiné dans le Somerset que j’ai fait fin décembre 2009.

– Je ne me souviens pas qu’on en ait parlé, en revanche, je me rappelle que tu en étais revenue pleine d’allant, que ta joie de vivre a rejailli sur tes parents… et sur moi, par ricochet.

– Oui, quand tu es revenue de ta première cure ! Ah ah ! Jimmy serait ravi d’apprendre qu’il n’y est pour rien dans ton allégresse !

– Bon. Tu disais donc que tu es allée dans le Somerset ? C’est marrant, je croyais que tu avais séjourné à Bath… ou dans ses environs…

– En effet, c’est surprenant surtout quand on sait que Bath est justement dans le Somerset !

– Bon. Donc, ton séjour…

– J’y viens, j’y viens… Quand je suis arrivée, il y avait une certaine gêne entre ses parents, son frère aîné, sa femme et moi, ils ne savaient pas trop comment se comporter, alors que Darlene avait tout de suite compris que le sujet n’était pas tabou, mais que j’avais envie de légèreté, de rire, de faire la fête comme une ado de 15 ans. Il était prévu que ses parents, son frère et sa femme passent le nouvel-an à Bristol pour changer des festivités traditionnelles à Bath. Darlene avait prévu de rester pour faire la fête avec ses amis. Qu’est-ce que je préférais, aller à Bristol ou rester avec Darlene ?

– Je suppose que ton choix a été vite fait…

– Tu supposes bien ! On a fait la fête chez une de ses copines, on a picolé, picolé, picolé. C’était ma première cuite et putain, quelle cuite ! Il était hors de question de découcher, mais on n’était pas en état de rentrer chez Darlene. Elle a appelé son cousin Matt, qui est venu nous chercher en voiture. « This is my parent’s car, don’t puke in it, please ! » ont été les premiers mots qu’il m’a dits en joignant le mime à la parole, pour être sûr que j’avais bien compris. Il était accompagné d’un pote, Nick et en chemin, on a croisé Andy qui a dit quelques mots à Matt, il est monté dans la voiture. Darlene pleurnichait « I’m so sorry… I’m so sorry… » En fait, quand elle est bourrée, elle passe son temps à s’excuser. C’est son truc.

– Qui sommes-nous, pour la juger ?

– Andy a suggéré de finir la nuit chez Darlene, il avait quelque chose à fumer, c’est ce qu’il avait dit à Matt. C’était déjà ma première cuite et j’allais fumer de la weed pour la première fois…

– Ah ben, bravo les Rosbifs ! « La Perfide Albion »… les anciens avaient raison ! Pervertir la belle innocence de la jeunesse française… ah, qu’ils soient maudits, ces salauds !

– Bon, quand t’auras fini… je peux ?

– Allez, je peux tout entendre, une cuite et une défonce… Je ne vois pas ce qui pourrait arriver de pire question débauche, je me trompe ?

– Non. Bien sûr que non ! Bon. On a fumé, j’ai toussé. Darlene aussi. Elle s’est endormie profondément, l’effet de la weed et de l’alcool, mais moi, au contraire, au lieu de m’assommer, la weed m’a complètement speedée. J’étais super fière de discuter avec des mecs de 20 ans, déjà en anglais… c’était pas évident, quand même. Mais surtout, c’était un vrai échange, d’égal à égal. À un moment, je leur ai fait remarquer qu’en France, il faut avoir 18 ans pour pouvoir boire de l’alcool, que bientôt, il faudrait avoir 18 ans pour acheter des clopes… alors pour fumer de la weed… et je faisais tout ça à 15 ans et que ça m’éclatait de ouf. Enfin, je te résume, parce que mon anglais était trop scolaire pour parler comme ça… C’est moi qui ai ajouté « À part passer le permis de conduire, le seul truc réservé aux majeurs à checker sur la liste, c’est mater un film porno ! » Qu’est-ce que j’avais pas dit là ! Les uns après les autres, ils m’ont demandé au moins dix fois de confirmer « film porno », par oral, par écrit… Classe, quand même !

– Bon, je te le concède.

– Darlene est couchée dans son lit, je suis avec Matt, Andy et Nick dans le salon, ils me demandent de choisir la vidéo sur un site dédié… Non, Dédette, je ne te dirai pas lequel, ni le titre des vidéos… Je n’ai que 15 ans, je fais un truc un peu… con… Je voulais choisir un film à regarder entre amis, trois jeunes hommes et une jeune fille… je ne comprends pas que je sélectionne un scénario… Je savais à peine qu’on pouvait être plus que deux pour… Et…

– Et… ?

Les confessions motorisées – Les tourments de Lucas (suite et fin)

– On marchait en direction de la gare depuis moins de cinq minutes quand Émilie m’a demandé si je voudrais bien attendre avec elle que la gare soit ouverte au public et, tant qu’on y était, si je pouvais attendre avec elle l’arrivée de son train. Je lui ai proposé d’attendre plutôt chez moi. J’avais à peine refermé la porte de mon studio qu’elle m’a demandé de lui accorder « une petite faveur ». « Je ne sais pas ce qu’il leur a pris, ce soir… Ils savent bien, pourtant, que j’adore avaler leur sperme ! Pourquoi ils ont tous juté sur mon ventre, sur mes seins ? Vous vous étiez donné le mot avant mon arrivée ? » Je lui ai répondu que si tel était le cas, je n’en savais rien. « Je me suis essuyée comme j’ai pu, mais si je pouvais prendre une douche… » J’allais refermer la porte de la salle d’eau quand elle m’a dit de ne rien en faire. Elle s’est déshabillée. Je lui ai fait remarquer sa cruauté. « Regarde comme tu me fais bander ! Tu me mets au supplice, tu me fais bander et puisque tu m’interdis… » « C’est Lilith qui t’a infligé cette punition, Lucas ! Et Lilith cesse d’exister à la fin de chaque soirée. C’est Émilie qui te le demande. » Je lui ai répondu qu’Émilie, ma cousine, me faisait bander encore plus dur. Elle a ri et m’a avoué l’avoir remarqué pendant la touze.

Lucas a besoin de faire une pause cigarette avant de poursuivre son récit. Odette gare son confessionnal motorisé sur le bas-côté de la route et regarde son petit-neveu allumer une cigarette, faire les cent pas. Le mégot remisé dans le cendrier de poche, Lucas reprend sa place.

– Je la regardais sous la douche, elle faisait comme si elle l’ignorait. J’adorais ce frisson qui me parcourait. Elle m’a rejoint sans prendre la peine de s’essuyer. Elle m’a tendu la serviette et m’a demandé de le faire. Je ne sais plus à quel moment on s’est mis au pieu, je me souviens juste de nos baisers, de mes mains sur son corps, des siennes sur le mien. Je priais intérieurement pour ne pas jouir trop vite. On a fait l’amour, j’adorais son regard, les tressautements de ses lèvres, de son corps, j’adorais sa voix quand elle me disait « C’est bon ! C’est tellement bon ! Tu me baises si bien, mon cousin ! Oh oui, tu me baises comme un dieu ! » On avait tout notre temps, alors, je prenais le mien. Quand j’ai senti que j’allais jouir, j’ai retiré ma capote et je lui ai demandé si elle ne voyait pas d’inconvénient à avaler le sperme de son cousin. Elle m’a répondu qu’elle n’attendait que ça. Une fois encore, ce délicieux frisson m’a parcouru. Je venais de baiser ma cousine et elle tétait ma teub comme si elle craignait de perdre la moindre goutte de mon sperme. Que c’était bon ! On s’est blottis dans les bras l’un de l’autre, on se caressait doucement et… On ne pensait pas qu’on tomberait comme ça, sans nous en apercevoir. Je me suis réveillé avant elle. Je devrais en avoir honte, mais ce n’est pas le cas… J’ai attendu que son train pour Paris soit parti avant de me lever, de préparer du café dont l’odeur l’a réveillée. « J’ai pas rêvé, tout à l’heure, tu m’as bien dit que tu kiffais faire jouir ta cousine et la regarder prendre son pied pendant que tu la baisais ? » J’ai marmonné un oui un peu embarrassé. Je lui tournais le dos, ce qui m’arrangeait bien ainsi je n’avais pas à soutenir son regard. J’ai senti sa main sur mon ventre, ses lèvres sur mon cou, son souffle brûlant et… et sa voix quand elle m’a dit « Je kifferais faire jouir mon cousin, le regarder prendre son pied pendant que je le baiserais… t’en penses quoi, cousin ? Le café peut attendre, non ? » Je me suis retourné. Émilie a vu que je bandais comme un âne. Elle a ri. « Je m’en doutais un peu ! »

Lucas s’éclaircit la voix. Odette remarque son émotion encore intacte à l’évocation de ce souvenir.

– Émilie m’a demandé de m’allonger sur le lit. « En règle générale, je préfère la levrette, mais je tiens à te regarder ». Elle s’est empalée sur moi, ondulant avec grâce… Je regardais son visage, ses yeux magnifiques, son corps… ses seins semblaient danser pour me séduire davantage… Émilie me demandait de lui dire ce que je ressentais… Elle se penchait souvent pour m’embrasser avant de se redresser et d’onduler de nouveau. À sa demande, pour la seconde fois, j’ai joui dans sa bouche… On serait bien restés plus longtemps, mais elle avait un train à prendre. Alors, nous nous sommes montrés raisonnables et nous sommes partis à la gare. Émilie voulait me taquiner. « Lucas, le studieux Lucas… si j’avais pu deviner que ce serait si bon avec toi, mon sérieux cousin ! » « Si j’avais soupçonné que la taciturne Émilie était une telle bombe au pieu ! Non, pas une bombe, un volcan ! Si je l’avais su, je t’aurais arraché ton dico des mains et je t’aurais culbutée sur un coin de table… ou mieux, dans les escaliers ! » « C’est malin, maintenant, je suis toute trempée ! Et regarde-toi, tout le monde peut voir que tu bandes ! » On a jugé plus raisonnable de rebrousser chemin. Arrivés dans le hall de l’immeuble, elle a lancé un défi « Le premier arrivé devant ta porte encule l’autre ! » J’ai monté les marches quatre à quatre, ne l’entendant pas, je me suis retourné. Elle était immobile, appuyée contre la rampe d’escalier. Je l’ai interrogée du regard. Son rire… ! « Je t’aurais cru plus perspicace, mon cousin ! » De chemins rebroussés en trains ratés, nous avons passé le week-end ensemble. Émilie n’a quitté Strasbourg que le lundi matin. J’ai écrit à Sylvie pour lui raconter ce qui nous était arrivé, mais en… comment dire ?

– En édulcorant ton récit ?

– Oui ! C’est exactement ça ! J’ai suivi son conseil et j’ai proposé à Émilie de passer quelques jours en Provence. Ça a tout de suite matché entre nous. Émilie savait que j’aime faire rougir Pauline, qu’une allusion un peu cochonne, une proposition un peu indécente la fait rougir, que plus elle est rouge, plus je la sais excitée. En guise de cadeau de bienvenue, Émilie a pu choisir la première… configuration de notre première partouze. « Levrette pour tous, les filles en face à face, Manon avec Enzo, Pauline avec Lucas et moi avec Vincent. Aucune objection ? »

Lucas sourit à cette évocation.

– On se dessapait à peine, les joues de Pauline étaient déjà rouges. Ça commence toujours par les joues, puis le front, ensuite le cou, les épaules, la poitrine… Un vrai baromètre ! « Lucas ne m’a pas menti, tu rougis vraiment, Pauline ! » « Oui. C’est dans mon sang, comme disent les vieux ! Je tiens ça de ma grand-mère maternelle. » Enzo a ajouté « De son grand-père paternel, elle a hérité le bavardage, mais elle se garde bien de l’avouer ! » J’ignorais ce détail. Pauline a froncé les sourcils avant de rougir violemment. Elle retient ses mots parce que ceux qui lui viennent à l’esprit sont trop orduriers à son goût. On était bien, on baisait à l’unisson, Émilie a demandé « Ça te fait quoi de me regarder me faire baiser par ton cousin pendant que le mien est en train de te baiser ? » Pauline a bafouillé « C’est bon… oui… c’est… bon » « Quoi ?! C’est tout ?! C’est bon et c’est tout ?! » Enzo a soutenu Émilie « Lâche-toi, ma Pauline ! Ne retiens plus tes mots ! » On l’a tous encouragée et, pour la première fois, j’ai vu son dos devenir tout rouge. Jusqu’aux fesses. Fesses incluses. Les mots orduriers qu’elle disait contrastaient avec la délicate Pauline que nous connaissons tous, mais on surkiffait ! On s’habituait à peine à eux que Pauline nous a de nouveau surpris. « Oh, Émilie, tu es si belle quand Vincent te… Oh… tu es tellement belle ! » Ses mots se sont changé en un long cri de jouissance.

Lucas se tait pour reprendre son souffle.

– Je te passe les détails, mais sache qu’Émilie était vraiment heureuse quand elle m’a dit « J’adore partouzer en laissant Lilith au vestiaire. Avec tes amis, je peux rester Émilie et putain, c’ que c’est bon ! Merci de m’avoir permis de vivre ça, mon cousin ! » Je lui ai répondu qu’il ne tenait qu’à elle de revivre de tels moments, qu’on serait tous ravis de la voir rejoindre notre petite bande. Bon, tu connais la suite, puisque tu es arrivée peu après. Comme tu le sais, contrairement à toute attente, j’ai brillamment réussi mes examens et j’avais décidé de m’offrir une année sabbatique. Il y a eu le COVID, le confinement, le séjour à Avranches, chez pépé et mémé Touré… Et j’en arrive enfin à ce qui me tourmente. Merci de ne pas avoir souri au mot “enfin”. Je ne pouvais pas t’expliquer mon tourment sans ce long préambule.

Lucas inspire profondément. Ça ne semble pas lui suffire. Il donne un coup sec sur la boite à gants, qui s’ouvre. Satisfait, il se penche pour la refermer.

– Je suis amoureux fou d’Émilie. Je m’en suis aperçu à Avranches quand on a lu les journaux intimes de Louise, quand j’ai vu les photos de Louise et de Jean-Baptiste. Je regarde Émilie, je trouve qu’elle ressemble tellement à Louise, même si sa peau est aussi noire que celle de Jean-Baptiste. Émilie m’a fait remarquer que je lui fais de mieux en mieux l’amour, alors que dès notre première fois, le plaisir a toujours été là. Elle m’a même dit, sur le ton de la plaisanterie, que je lui fais si bien l’amour qu’elle pourrait presque ne plus avoir envie de partouzer. Or, quand je lui fais l’amour, je n’ai qu’une idée en tête, un rêve, un fantasme, qu’elle tombe enceinte de moi. Je suis effrayé à l’idée qu’Émilie s’en aperçoive. Alors, je m’isole pour me branler en pensant, en imaginant, le corps d’Émilie enceinte de moi. Voilà. Je ne m’attends pas à ce que tu m’apportes une solution « clé en main », j’avais juste besoin de raconter tout ça pour qu’elle m’apparaisse. Et aussi, parce que je sais que mon secret sera bien gardé.

Les confessions motorisées – Les tourments de Lucas (suite)

– Je mettais toute mon énergie dans mes études, absolument toute. Ça a payé, j’ai intégré la fac de médecine de Strasbourg. Au bout d’un mois, je savais déjà que je n’irai pas jusqu’au bout, que je ne serai jamais médecin. La charge de travail, les conditions dans lesquelles on devait étudier, l’ambiance, cette compétition permanente… Non, rien ne me convenait. J’ai décidé de finir ce module, trois ans et basta ! Et pis, c’est pas toi qui seras étonnée, je ne voulais pas prendre d’amphétamines, peur de devenir accro… Et sans amphétamines, je ne sais pas si on peut tenir, réussir ses examens, enchaîner les gardes, galérer avec le quotidien. Non, je n’aurais pas pu.

Pour appuyer son propos, Lucas fait de grands gestes. La boîte à gants s’ouvre, ce qui le surprend. Il s’en excuse auprès d’Odette, qui, magnanime comme elle l’est, lui pardonne aussitôt.

– Essaie de la refermer, mais que ça ne t’empêche pas de continuer ton récit…

– Comme je te le disais, j’ai su dès les premiers mois que les études de médecine n’étaient pas pour moi. J’ai fréquenté un club en Allemagne, enfin… quand je dis « j’ai fréquenté », je n’y allais pas souvent, mais j’aimais bien. Là-bas, j’ai reconnu un mec de Strasbourg, on aurait pu se croiser dans une partouze, mais c’est dans ce club qu’on a fait connaissance. Il m’a présenté des amis, il organisait régulièrement des soirées, et c’est dans l’une d’entre elles que j’ai… croisé… Émilie.

Lucas bataille avec la boite à gants. Il s’énerve dessus. Les mots franchissent enfin ses lèvres.

– J’ai eu quelques relations monogames, mais… rapidement, je me lasse. J’aime la diversité, j’aime être regardé, j’aime regarder, et j’aime la multiplicité des regards… Je n’ai jamais vécu avec une… polyamoureuse. Il y a un frisson particulier qui te parcourt quand on te parle des prouesses sensuelles d’une nana avec laquelle, il est probable que tu coucheras bientôt… C’est bon… J’aime tout particulièrement ça. Et là, j’apprends la venue de la Fameuse Lilith ! Une amante exceptionnelle et exceptionnellement gourmande, avide de plaisirs. Au pluriel, les plaisirs. Deux mecs me racontent l’agréable surprise la première fois qu’elle les avait sucés, quand l’un d’eux me donne un coup de coude. « La voilà ! » je m’aperçois que la Fameuse Lilith n’est autre que ma cousine Émilie. Elle est belle à couper le souffle. « Lucas, laisse-moi de présenter Lilith. La légendaire Lilith ! Lilith, je te présente Lucas qui avait hâte de faire ta connaissance ! » « Je vais devoir m’isoler avec lui, s’il veut faire ma connaissance ! » On s’est isolés, le temps de nous promettre de ne rien en dire à nos parents. Je n’ai pas trahi mon serment, puisque je n’en ai parlé… qu’à ma grand-mère !

Lucas éclate de rire à cette pensée toute en fourberie.

– Une fois d’accord sur ce point et sur le fait de garder nos liens familiaux secrets pendant cette soirée, on a rejoint les autres. On n’avait pas prévu de baiser ensemble, ça ne nous était pas venu à l’idée… on aurait eu qu’à dire qu’on l’avait fait, personne ne serait venu vérifier. Mais bon, on n’y avait pas pensé. On a dû s’isoler plus longtemps que prévu, parce qu’on est arrivé au milieu d’un jeu. Un jeu de bonne société. Bon, t’as compris. Je tire une carte au hasard et je tombe sur « Fais jouir la personne à ta gauche avec ta bouche ». Et la personne en question était Émilie. Putain ! C’ que c’était bon ! Et troublant. Troublant, mais… tellement bon ! Et tellement bon parce que… si troublant !

Lucas s’interrompt. L’index sur sa bouche, il semble se demander s’il doit s’arrêter là ou bien tout dire. Odette se tait pour ne pas influencer le choix que Lucas aura à faire. Elle pressent, elle ressent le dilemme de Lucas. Il se dit que, de toute façon, si la situation, ses mots choquaient Odette, elle lui demanderait de se taire.

– « Inflige une sévère punition à la personne de ton choix ». Lilith m’a choisi. Au début, son concept de punition m’a étonné, agréablement. Je n’étais pas le seul, du reste. Elle a dit « Voici la pire des punitions, la punition la plus sévère que Lilith infligera à… Lucas. Tu t’appelles bien Lucas, n’est-ce pas ? » Elle m’a demandé de m’allonger sur le dos, m’a mis une capote et… (Lucas ferme les yeux) elle s’est empalée sur mon sexe. En prenant tout son temps. Elle me chevauchait, montait et descendait en me demandant de décrire mes sensations. Nos amis riaient, faisaient semblant de reprocher la nature de la punition, peu digne de la Lilith qu’ils connaissaient. Elle m’a brusquement laissé en plan. « Maintenant que tu as une idée du plaisir que je peux offrir, que je vais offrir aux autres, sache que je te le refuserai. Pour cette fois, tu regarderas les autres hommes en profiter, mais tu n’y auras pas droit. Voici la sévère punition de Lilith. »

Lucas se tait. À nouveau, il semble hésiter. La boîte à gants refermée, il regarde au loin droit devant lui. Il prend une profonde inspiration et replonge dans ce souvenir, comme un enfant apeuré au bord de la piscine ferme les yeux, se pince le nez avant de sauter dans l’eau.

– Si tu savais à quel point j’ai aimé regarder ma cousine coucher avec ces hommes, la regarder prendre son pied et combien j’ai aimé qu’elle regarde son cousin baiser d’autres femmes. Pour aggraver sa punition, Lilith m’ordonnait, d’un claquement de doigts, de m’approcher d’elle pour… Putain, sa bouche… et son art de la pipe. Elle me suçait et cessait dès qu’elle me sentait sur le point de jouir. Lilith me chassait alors d’un geste de la main avant de claquer des doigts dix minutes plus tard. Je la regardais alors redevenir Émilie, ma cousine. C’est ainsi que j’ai compris la raison du trouble qui m’envahissait. Tout se superposait, Émilie, Lilith… Lilith, Émilie… et c’était bon ! Au fil de la soirée, j’ai réalisé que la punition n’était pas sévère, elle était cruelle. Je rêvais du corps d’Émilie, c’était Émilie que je voulais faire jouir, mais Lilith me l’interdisait. Bizarrement, j’aimais ça. Cette frustration m’excitait.

Quand la soirée s’est achevée, que tous les participants se sont séparés sur le traditionnel « À la prochaine ! », Lilith s’est approchée de moi. « À bientôt, Lucas ! » Je pensais qu’on se ferait un simple smack, mais nos bouches se sont ouvertes et nos langues… Putain, quelle pelle ! Lilith m’a demandé si je voulais bien la raccompagner à la gare, elle reprenait le train pour Paris.