À la Saint-Sylvestre, tombons la veste ! – Neuvième épisode

Nous avons mangé comme des ogres. Notre voisin félicite mon mari et me qualifie de chanceuse d’avoir épousé un tel cordon bleu.

– C’est que vous n’avez aucune idée de ses talents !

– Il me semblait pourtant…

Notre voisin sourit en faisant un clin d’œil.

– Je parlais de ses talents de cuisinière !

Presque deux heures après être passés à table, nous nous installons, côte à côte, un peu à l’étroit, sur le canapé.

– Vous sentez vous d’humeur à regarder un porno avec nous, sans détourner le regard, sans partir vous réfugier dans votre chambre ?

Je regarde les jaquettes et je m’étonne qu’il n’y ait aucun film postérieur à 1982. Notre voisin, qui semble incollable sur le sujet, m’explique les grandes lignes de l’histoire du film pornographique français. Il me parle des acteurs, des actrices qui ne sont pas des êtres aseptisés, épilés, comme c’est hélas le cas dans les productions actuelles.

– Je préfère de vrais seins qui tombent un peu aux poitrines siliconées… et je m’identifie davantage aux acteurs avec des poils, de la sueur, du gras sur le bide qu’à ces espèces de machines à baiser, tout autant épilés que ces dames, avec des abdos en béton… Sans parler des tatouages… mais c’est ça qui marche, maintenant… c’est ce qui plaît aux femmes…

– Ah bon ? Aux femmes ? Vous me semblez bien péremptoire ! C’est un peu cliché, non ? Les femmes qui fantasmeraient sur des bites gigantesques et les corps tatoués !

J’ai attisé la curiosité de notre voisin et celle de mon époux. Je baisse les yeux pour leur faire cette confession.

– J’ai eu un fiancé comme ça… tatoué… Enfin… presque fiancé. Je vous avoue avoir eu peur quand j’ai découvert son secret et j’ai préféré rompre.

– Quoi ?! Mais… mais tu ne m’en avais jamais parlé, ma chérie !

– Il est des souvenirs qu’on préfère oublier, n’est-ce pas ? Et son tatouage… sur… vous voyez à quelle partie du corps je fais allusion… Je vous assure, quand je l’ai vu… Ô mes aïeux, quelle frayeur !

– Qu’est-ce qui vous effrayait tant ? Le motif ? L’endroit où se situait le tatouage ?

– Un peu les deux… Laissez-moi vous expliquer. On devait coucher ensemble… il me le montre… je n’oublierai jamais ces trois lettres « Son »… et puis… et puis je me suis retournée pour me déshabiller et… une fois nue, quand je me suis tournée à nouveau… son tatouage était devenu « Saint-Remy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson » !

– Mais que t’es bête, ma chérie ! J’ai failli y croire… je t’imaginais… Veuillez l’excuser, cher ami, mon épouse se damnerait pour un bon mot, pour une plaisanterie et après toutes ces années de mariage, elle arrive encore à me faire tomber dans le panneau ! Chérie, tu es incorrigible !

– Tu sais bien que c’est ma façon de masquer ma gêne, mon trouble… et j’avoue que je suis gênée, troublée à l’idée de regarder ces filles jeunes, jolies, bien dans leur corps… vous avez de la chance, vous les hommes…

Mon époux et notre voisin me détrompent sur ce point, même en mettant de côté l’aspect purement performatif des acteurs, ils sont tout aussi complexés que moi. Le ventre bedonnant dont les années l’ont doté met mon mari mal à l’aise quand il doit se mettre torse nu, ça je le savais déjà.

– Il vous suffit de garder votre tee-shirt, mais ce qui me complexe le plus est difficile à masquer dans cette situation…

– Qu’est-ce qui vous complexe ?

Il me semble l’entendre murmurer « mes couilles », mais j’ai certainement mal entendu. Je lui demande de répéter. J’avais bien entendu. Comment un homme peut être complexé par ses couilles ? Je ne comprends vraiment pas. Il se lève, demande à mon mari d’en faire autant et de retirer son pantalon et son caleçon « mais vous pouvez garder votre tee-shirt ! » Mon époux à demi-nu, notre voisin se déshabille à son tour, il désigne le sexe de mon mari et ensuite le sien.

– Avec l’âge, mes couilles déjà un peu trop grosses dans ma jeunesse, se sont mis à pendre… regardez-moi ça, on dirait les couilles d’un taureau !

Je ne lui réponds rien, mais plus je les regarde, plus je les trouve excitantes. J’imagine le plaisir qu’elles m’offriront quand il me prendra en levrette. Cette pensée, à nouveau, m’envahit et prend possession de mon cerveau. Je me racle la gorge pour me donner une contenance. Notre voisin avance d’un pas.

– Votre silence… votre regard… vous me faites bander, madame !

– Votre bite à compris qu’en se dressant, elle m’offrait un meilleur point de vue sur vos… Oh, passez le film que vous voulez, mais faites-le maintenant… parce que, mon époux se moquera encore de moi si… je vous entraîne dans notre chambre !

Mon mari à ma droite, notre voisin à ma gauche, nous regardons ce premier film. Ils se branlent lentement pour ne pas jouir trop vite. Je me caresse par-dessus ma culotte et quand je me sens assez mouillée, je la retire et je me rassieds, mes jambes largement écartées reposant sur les leurs. Je regarde mon époux, qui comprend ce que je souhaite. Sa main commence à me caresser. Je regarde notre voisin, qui se demande ce que mon regard signifie. Je l’embrasse et guide sa main entre mes cuisses. Je jouis très fort en oubliant presque le film que je ne cesse pourtant de regarder.

Comme il était à craindre, ce film m’émoustille trop pour que je reste sagement assise. Je commence à sucer mon époux, comme nous aimons que je le suce. Imperceptiblement, je me retrouve à quatre pattes sur le canapé. Notre voisin met une capote, il se demande s’il peut me pénétrer comme ça ou s’il doit user de lubrifiant. Le lubrifiant est dans la chambre, je préfère qu’il fasse sans.

Le sexe de mon époux dans ma bouche, je ferme les yeux pour graver dans ma mémoire l’instant où notre voisin me pénétrera. L’image de ses grosses couilles et l’attente de les sentir battre contre mes cuisses me fait frémir. Notre voisin me prend délicatement, trop délicatement à mon goût. À regret, je délaisse le sexe de mon mari et me tournant vers notre ami, je l’enjoins « Plus fort ! Plus fort ! » Comme un fauve auquel on aurait ouvert la porte de la cage, notre voisin se déchaîne enfin et me baise au grand galop. Le contact de ses couilles est encore plus délicieux que je ne l’avais imaginé.

Mon époux s’extasie.

– Elle me suce encore mieux quand vous la baisez ! Et vous savez comme ses pipes sont délicieuses, alors… Oui, allez-y fort ! Alors imaginez-vous… mais… ne me dites pas qu’elle ne vous a pas encore sucé !

– Peut-être n’en avait-elle pas envie…

– Pas envie ? Mon épouse ?!

Mon mari dégage son sexe de ma bouche, notre voisin sort du mien. Je me retourne et tout en retirant la capote, je lui dis dans un sourire.

– Si j’aime le sexe en général, il me faut vous avouer que les fellations sont mon péché mignon… Je ne vous connais pas assez pour connaître vos goûts, je craignais de vous heurter en vous suçant…

Ma langue découvre son sexe. Il me faut le lécher longtemps avant d’effacer le goût du latex… enfin, je reconnais sa saveur, alors je ferme les yeux pour que ma bouche et ma langue puissent prendre tout leur plaisir. Notre voisin grogne comme il sait si bien le faire, du bout de ses doigts, il fait le tour de mes lèvres, une douce caresse comme pour accentuer son plaisir et s’assurer qu’il ne rêve pas.

– Vous m’avez menti, monsieur, les pipes de votre épouse ne sont pas délicieuses… hmm… elles sont… oh… divines !

– Mesurez votre chance, cher ami, et dites-vous qu’il m’aura fallu attendre quarante-sept ans pour goûter au plaisir que vous allez découvrir maintenant !

Mon époux me pénètre d’un coup de reins rugueux en s’extasiant de me trouver aussi trempée. Je pourrais m’évanouir du plaisir que ces deux hommes sont en train de m’offrir. Je me demande s’ils en prennent autant que moi. Leurs exclamations me rassurent sur ce point. Sans même m’en rendre compte, ma main caresse les grosses couilles de notre voisin. Peut-on tomber amoureuse d’une paire de couilles ? Je ne leur poserai jamais la question, mais il me semble que c’est ce qui est en train de m’arriver.

J’ai dû les caresser trop fort, ou me montrer maladroite, notre voisin sort son sexe de ma bouche. Je me redresse, il m’embrasse. Il se branle un peu, mais très vite, je sens son sperme éclabousser mon bras. Un peu inquiète, je lui demande « Vous aurais-je offensé d’une quelconque manière ? »

 Offensé ?! Absolument pas ! Vous m’offrez le plaisir dont je n’aurais pas osé rêver !

– Alors, pourquoi m’avoir punie en me privant du délice ultime ?

– Du délice ultime ?

– Mon épouse raffole du goût du sperme

– Pas que du goût, la sensation aussi… sentir l’explosion dans ma bouche… la sentir inondée… C’est un tout !

– Vous êtes la première femme à vouloir… mon sperme… oh ! Si seulement j’avais su !

Je le rassure, il nous reste beaucoup de victuailles à déguster et il est convenu qu’il ne rentrera pas chez lui avant que nous les ayons finies, donc maintes occasions de le sucer encore. Comme pour me consoler, mon époux sort de mon sexe et m’offre le sien à sucer quelques secondes avant de jouir dans ma bouche. Notre voisin nous regarde comme au spectacle, comme pour anticiper ce plaisir qui lui a jusque-là été refusé.

Il pose ses lèvres sur les miennes, sa langue découvre dans ma bouche le goût du sperme de mon mari, mais il dira ensuite que ce n’était pas son intention. Toutes ces émotions nous ont ouvert l’appétit, nous nous levons pour picorer un peu. J’aime l’air faussement désabusé de mon époux et la remarque qu’il fait à notre fringant voisin.

– Vous noterez avec quel art consommé, mon épouse adorée s’est une fois de plus débrouillée pour ne pas regarder le film jusqu’au bout !