Odette&Jimmy – « Princesse et les pirates »

Pour le séjour suivant, ce ne fut pas le lieu, mais le voyage pour y parvenir qui importa. Après notre dîner sur le bateau-mouche et la nuit dans cet hôtel où nous avons nos habitudes, Jimmy m’embarqua pour une véritable croisière sur la Seine, de Paris jusqu’au Havre. À chaque étape, je cherchais l’indice qui me renseignerait sur notre destination, à chaque fois, il souriait puisqu’elles étaient sans rapport.

Il ne m’offrit pas même la possibilité de visiter Le Havre, nous devions embarquer au plus vite et naviguer sur l’océan. Jimmy m’avait prévenue Hélas, notre capitaine est un catho intégriste, il nous faudra attendre d’être là-bas pour pouvoir donner libre-cours à nos fantaisies érotiques.

Quelques heures plus tard, alors que nous allions rejoindre notre cabine, notre bateau fut accosté, abordé par une étonnante embarcation hors du temps et nous devînmes le butin de ces étranges pirates ! Linus faisait partie de l’équipe chargée de notre enlèvement, il aurait bien eu du mal à faire peur à quiconque ! Derrière lui, la bouille hilare de Gideon promettait une traversée des plus réjouissantes !

Le thème en serait donc Princesse et les pirates. Je sautai au cou de Jimmy, battant des mains comme une enfant. Gideon nous houspilla Hurry up ! et nous aida à rejoindre leur embarcation où sur le pont nous attendaient Socrates, dans une nouvelle tenue très gentleman des océans, mais surtout Red plus pétulante qu’à l’ordinaire. Avant même de me prendre dans ses bras, elle me houspilla.

– Mais si c’est pas malheureux de voir ça ! Petronilla, une femme de ton rang ne voyage pas dans une telle… tenue ! Allons fouiller dans nos malles pour voir si on n’en trouverait pas une correcte, adaptée à la situation !

Je l’aurais dévorée de baisers ! Elle me raconta sa chance extraordinaire d’avoir répondu à l’appel à dons pour les commémorations de la Première Guerre Mondiale en offrant quelques souvenirs de son grand-oncle qui prenaient la poussière au grenier. Une tombola était organisée parmi les donateurs et elle avait eu la chance incroyable de remporter le premier prix, une croisière de luxe aux Antilles britanniques, pour une seule personne, hélas ! Et c’est l’organisateur qui était venu en personne expliquer tout ça chez elle, en lui remettant son prix. Elle me désigna Socrates qui souriait d’un air innocent.

Avant d’aller revêtir une tenue décente, Gideon me prit à part et, tout en se préparant un bon thé, -enfin ce breuvage noir comme les ténèbres, amer comme la déception, que les Irlandais nomment thé !- m’expliqua qu’il était marin de profession dans le civil et qu’il nous mènerait tous à bon port.

Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne m’étais même pas posé la question ! Jamais Jimmy ne prendrait le risque que quelque chose se passe mal.

Dans la malle, je trouvai une nouvelle version de ma robe. Pour des raisons de sécurité évidentes, il n’est plus question de courant électrique d’aussi faible intensité soit-il. Au lieu du jupon à diode, j’avais un jupon aux lambeaux artistiques. Je félicitai Red pour ses talents de couturière.

– Ah non, ça c’est l’œuvre de notre Betsy ! Moi, tu me confies ce jupon à déchirer, je t’en fais une serpillière !

– Qui se ressemble, s’assemble !

– Quoi ?!

Tout comme toi, je suis incapable de déchirer quoi que ce soit de façon artistique !

– Et puis… regarde ce que je me suis offert pour la traversée… et pas à la maison, non ! Chez le coiffeur !

Toute fière, elle me désignait sa chevelure qu’elle avait fait teindre du même roux que sa perruque. Elle se réjouissait d’entrer dans son personnage avec un soupçon de véracité supplémentaire, ce qui aida Petronilla à faire son entrée en scène.

Elle me regardait arranger ma poitrine dans ce corset, la mise en place était précise, il fallait que mes seins soient soutenus, mais les mamelons à l’air.

– Je peux te demander un truc ?

– Bien sûr !

– Tu ne remarques rien de changé ?

– Tes seins, tu veux dire ? Oui, mais je ne vois pas quoi, en fait.

– Justement ! C’est ça ! J’ai l’impression qu’ils sont plus toniques, plus fiers, et j’ai rien fait de spécial, sauf que je me tiens mieux, plus droite, comme si je n’avais plus honte de ma poitrine… Je voulais savoir si ça se remarquait… et tu viens de me le dire !

– Alors, fais-la pigeonner davantage, ta poitrine ! Oui ! Comme ça ! Je veux que Gideon s’assomme avec sa bite quand il te verra !

– Et Linus aussi !

– Et Linus aussi !

– Et Socrates aussi !

– Et Socrates ?! Et Socrates aussi ! Et Jimmy ! Je veux que ces quatre-là se mettent à bander comme des cachalots en te voyant !

– On m’avait bien dit que l’aristocratie c’était pas ce qu’on croyait, mais j’étais loin de m’imaginer… Petronilla, vous devrez me dépraver, si je veux pouvoir vous suivre dans vos manigances !

Quand nous remontâmes sur le pont, Red produisit l’effet escompté sur les hommes de l’équipage. Ils avaient tous revêtu leur tenue, Jimmy avait retrouvé son pantalon à la braguette flatteuse, Gideon ressemblait à une sorte de capitaine Nemo bedonnant, Linus faisait penser au savant des expéditions, celui aux connaissances éclectiques, presque universelles. Mais pour éviter tout risque d’incident lié à l’usage de courant électrique, nous avons dû adapter nos assistants masturbateurs.

Les hommes rejoignirent chacun leur fauteuil, à la droite duquel se tenaient une version mécanique de leur masturbateur. Ils devaient être assis pour pouvoir l’actionner à l’aide d’une pédale comme celle des anciennes machines à coudre Singer. Je regardai Linus droit dans les yeux.

– C’est le moment de ta vie où tu bénis le Ciel pour toutes ces années de guitare, n’est-ce pas ?

L’éclat de rire de Linus me lacéra les tripes. Tout le monde s’en aperçut et je réalisai que ça ne m’ennuyait aucunement. Il inclina la tête, me fit un clin d’œil auquel je ne résistai pas. J’aimais la façon dont il chassa les mains trop curieuses de ses amis, tss… tss… tss ! J’étais assise sur ses genoux et sa main se faufilait entre les morceaux de tissu. Je pensais qu’il allait remonter directement vers mon pubis, mais il ne se lassait pas de caresser mes cuisses, la naissance de mes fesses, mes cuisses encore. C’que t’es sexy, Petronilla ! C’que t’es sexy ! Si tu savais comme j’ai rêvé de tes cuisses…

– De mes… cuisses ?! Raconte-moi !

Linus me demanda de me lever, de m’asseoir à sa place. Il posa un genou à terre, face à moi. Mit du désordre dans les lambeaux de mon jupon. Posa ses mains sur mes genoux. Les écarta en se délectant du spectacle. Ses mains remontèrent le long de mes cuisses. Il les écarta juste assez pour pouvoir caler son visage entre elles.

– Voilà le début de mon rêve…

Il remarqua l’effet que ces quelques mots avaient eu sur moi. Tin. Tin. Tin. Touiiiiin. Je voulus lui tirer le crâne en arrière par les cheveux, mais déjà les siens étaient trop ras pour que je puisse le faire, mais surtout mon cerveau s’embrouilla. Au lieu d’éloigner son visage, je le plaquai de toutes mes forces contre mon sexe.

– Tu es un démon ! Mes amis, cet homme est un démon !

Linus ne se contentait plus d’imiter le son de la pédale wah-wah, il chantonnait les paroles en riant de ma réaction. J’étais sur le point de jouir quand il releva la tête, apostropha ses amis Si vous saviez comme elle a bon goût en pleine mer !

Gideon vint nous rejoindre, le bateau n’avançait plus, il était ballotté par de rares vagues. Une brève discussion s’engagea entre eux pour savoir s’ils partageraient cette sensation. J’ajoutai que puisqu’il s’agissait d’une espérience ès scientifique, il était nécessaire, voire obligatoire de la mener avec Red, dans les mêmes conditions, en même temps. Ma proposition fut accueillie avec un enthousiasme bruyant.

Red me fit le clin d’œil entendu le moins discret depuis l’invention du clin d’œil entendu !

Elle prit place à ma gauche, dans le fauteuil de Socrates qui l’aida à retirer sa jupe. Ses porte-jarretelles et ses bottes lui donnaient un air de maîtresse-femme, qui ne lui convenait pas vraiment. Elle en fit d’ailleurs la remarque, mais Linus affirma que c’était l’occasion idéale pour tester un nouveau personnage Rowena, reine des pirates. Red maugréa en rosissant d’aise. J’allais ôter mon jupon quand Linus m’enjoignit de ne rien en faire.

– Non ! Le tien est sexy ! Ah, si seulement Red acceptait d’en porter de semblables…

– Tu… tu aimerais ? Mais… t’as vu mes cuisses ?!

– Pas assez souvent à mon goût, si je peux me permettre.

Red était réellement surprise, bien plus que moi qui avais compris depuis belle lurette que Linus préférait les cuisses charnues de Red à celles longilignes de Betsy.

Prévoyante, Betsy m’avait confectionné plusieurs jupons. Nos tailles étant similaires, Red se proposa d’en enfiler un. Linus fut catégorique. Non. Ce soir, tu es Rowena, reine des pirates ! En écho, ses compères approuvèrent Rowena, reine des pirates ! À voix basse, Red me demanda Elle fait comment, Rowena, reine des pirates ? Elle dit quoi ?

– Comme d’habitude, mais Rowena, reine des pirates, on l’écoute !

Red éclata de rire et topa là. Socrates, un genou à terre, ôta la culotte de Red, qui me fit le clin d’œil le plus appuyé depuis la création des clins d’yeux appuyés ! Elle avait poussé le détail jusqu’à teindre sa toison pubienne. Socrates, baba d’admiration, s’extasia Oh, Red… c’est merveilleux !

– Rowena, appelle-moi Rowena !

Clin d’œil méga appuyé.

J’étais morte de rire et Linus, qui avait repris place entre mes cuisses, riait aussi. C’était divin ! Je n’avais même pas remarqué ce léger crachin, comme on dit par chez moi. Je sentis la bouche de Gideon sur mon sein.

Jimmy prit la place de Linus. Gideon s’installa entre les cuisses de Rowena tandis que Socrates s’offrait à ses baisers. Je me laissais emporter par les caresses de la langue experte de Jimmy quand, sans m’en rendre compte, je posai le pied sur la pédale de machine à coudre et actionnai l’assistant de Linus.

Linus qui s’empressa d’y voir un signe et une fois son sexe emprisonné dans ce gant de cuir, me demanda de le branler ainsi. La mise au point fut très rapide. Tin. Tin. Tin. Touiiiiin ouiiiiin… ouiiiiin… ouiiiiin… ouiiiiin.

Pour le taquiner, j’exagérais l’effet que je chantais en même temps. Il me traita de démone. Je lui en sus gré, parce qu’à cet instant précis, c’était le plus beau compliments qu’il pouvait me faire.

Je ne savais plus à quel plaisir succomber. La langue, les mains de Jimmy me faisaient onduler, je les voulais plus intimes encore. Je plaquais son visage contre mon sexe et resserrai les cuisses. Il gémit de plaisir. À ma droite, Linus se laissait masturber par son assistant que j’actionnais au rythme de mon plaisir, de mes envies. Linus caressait mes seins, sa main plongeait parfois jusqu’à mon pubis. Jimmy écartait alors sa tête, Linus me caressait, me pénétrait de ses doigts qu’il suçait avant de m’embrasser à pleine bouche.

J’aimais vraiment le goût de ses baisers. Je le retins quand il voulut se redresser. Kiss me ! Kiss me ! Sa main se crispa sur mon sein et je sentis la chaleur de son sperme éclabousser mon poignet. Je décalai mon pied de la pédale le temps que Linus sorte de l’engin. L’étreinte de mes cuisses se desserra autour de Jimmy, qui écarta mes lèvres de ses doigts, donnant à voir mon clitoris bandé à qui voudrait l’admirer. Un coup de langue légère. Une goutte de pluie ou de salive. Les dents de Jimmy contre ma cuisse. Je jouis dans un cri de force douze sur une échelle allant de zéro à dix.

– Approchez, Cyrus Sawyer, que je vous suce un peu !

Je croisai le regard ébahi de Red qui n’en revenait pas que Rowena ait ordonné ceci avec autant d’aisance. Et d’efficacité ! Notre scénario s’élaborait par petites touches.

Rowena, reine des pirates, avait Cyrus Sawyer pour prince consort, Gid pour marin et amant attitré, le seul auquel elle acceptait parfois de se soumettre et Linus, son âme damnée, pour musicien de cour.

Princess Hope et Sir Osborne étions leurs otages, mais rapidement, il apparut que ce rapt n’en était pas vraiment un, que j’avais tout fomenté avec ma complice afin de mettre à l’épreuve les nerfs et la sensualité de Sir Osborne, qui voulait obtenir ma main.

Nous avons longuement évoqué le rôle de Jimmy durant cette traversée. Je craignais que personne ne me comprenne si j’expliquais que si entendre Jimmy prendre du plaisir avec une autre et lui en offrir ne me posait aucun problème, le voir était une toute autre affaire, que je n’étais pas sûre de le supporter. En fait, tous me comprirent et c’est ainsi qu’il fut convenu de me bander les yeux à certaines occasions ou que Sir Osborne soit invité à boire le thé dans la cabine de Rowena, reine des pirates.

Cyrus en profitait pour tenter de me soudoyer Renoncez à Sir Osborne, madame, et acceptez de devenir mon épouse.

– Et pour quelle raison accepterais-je votre proposition, jeune homme ?

– Regardez le trésor que je vous offre ! Regardez-le, oui, madame, observez-le de plus près ! Notez-vous tous ses reliefs ? Voyez-vous comme il appelle vos caresses ? Oh ! Le voici tout ému… Voulez-vous le… consoler ? Outch ! Vous le consolez… outch ! si bien !

Je me montrais, ou plutôt Princess Hope se montrait odieuse et méprisante envers les hommes d’équipage qu’elle confondait tout le temps et appelait indistinctement Machin. Il arrivait que ses remarques acerbes les fassent sortir de leurs gonds. Spécialement quand ces remarques portaient sur la cuisine.

– Si elle ne se tait pas…

– Si je ne me tais pas ? Hey, Machin, que m’arrivera-t-il si je ne me tais pas ?

– Si ne vous cessez pas vos remarques, je ne répondrai plus de rien ! Je vous mettrai face à la mer, le visage fouetté par les vents et les embruns, j’arracherai votre robe… que vous avez déjà ôtée… et je vous ferai jouir devant votre futur, Sir Osborne.

– Et donc ce truc… cette… que vous avez servie au dîner porte un nom ou même vous… estimez que ça n’en vaut pas la peine ?

Le couple Batchelor nous attendait sur l’île de Tortola que nous rejoignîmes après une traversée de quelques jours. Ils nous avaient réservés d’autres rôles, d’autres aventures, même s’il nous est arrivé de rejouer la suite de Princesse et les pirates.

En débarquant, alors que j’ajustais ma sandale sur le ponton, mon regard fut attiré par un reflet lumineux. En me penchant, je vis cette petite breloque, probablement un pendentif échappé de la chaîne en or d’une gamine. Je la mis dans la paume de ma main pour la montrer à Jimmy, qui me sourit et affirma, péremptoire et laconique C’est un signe, ou je ne m’y connais pas !