Manon à l’école buissonnière – Devoir n° 1 – Enzo & Vincent

Manon à l'école buissonnière bannière devoir n° 1– Dis-toi que c’est un exercice qui nous permettra d’évaluer ton niveau !

Quand j’ai reçu la lettre de Cathy, j’ai cru que je rêvais, que les cachets me fai­saient inventer les mots que je lisais. Je suis sortie de ma chambre, maman com­mandait le repas.

– Je suppose que tu n’as pas faim ?

Je déteste quand elle me parle sur ce ton, je ne sais jamais si c’est gentil ou iro­nique.

– Tu pourrais me déposer à la gare de Lyon demain ? Je vais m’installer chez Monique et Christian.

Elle n’a pas voulu me croire quand je lui ai dit que j’y étais invitée. Elle a voulu lire la lettre, j’ai refusé.

– Comment pourrais-je te croire ? Quand on a fait ce que tu as fait… un men­songe de plus…

Je lui agitais la carte SNCF sous le nez, mais elle ne me croyait pas quand même. Pour me mettre la honte, elle a appelé tatie Monique. Tatie est une femme tou­jours souriante, elle sait choisir ses mots, sa voix est douce, posée, je ne l’aurais jamais crue capable d’une telle punchline. Maman lui a raconté sa version de l’histoire, lui a parlé de tous mes défauts, lui a dit que j’étais paresseuse, men­teuse, que j’avais été virée du lycée, que j’avais « le feu au cul », que ma conduite honteuse allait retomber sur eux à tout jamais et qu’elle ne voulait pas qu’il leur arrive la même chose.

– Tu ne penses pas que le bonheur de ta fille est plus important que sa réputa­tion, que ce que des inconnus pensent d’elle ? En tant que maman, tu ne crois pas que savoir Manon heureuse est la seule chose qui vaille la peine ?

Séchée, terminée qu’elle était, maman !

Mais que va-t-elle faire chez vous ?

– Que fait-elle à Paris, sinon se morfondre dans sa chambre ? Nous verrons avec elle, si Manon veut passer le bac, elle pourra toujours s’inscrire en candidate libre…

– Mais comment ferait-elle ? Elle n’a pas le niveau ! Aucun lycée ne l’accepte­ra ! Elle a 18 ans et un dossier scolaire catastrophique ! Tu n’as pas eu d’en­fant, Monique, tu ne sais pas…

– Je ne sais pas quoi ? Que crois-tu ? On est plusieurs à pouvoir lui donner des cours. Je fais même le pari qu’elle obtiendra son bac du premier coup et avec mention !

– Mais elle n’est encore qu’en seconde… tu vois le niveau? En seconde à son âge !

– Tu me dis ça parce que je n’ai pas pu aller au collège ? Parce que je n’ai passé le mien qu’à 25 ans ?

– Ah ? Je… je ne… je ne savais pas…

– Tu voulais savoir si ça ne m’ennuie pas de prendre Manon sous mon aile, tu as ta réponse, non, ça ne m’ennuie absolument pas. Le contraire me dérangerait davantage !

Maman avait un air que je ne lui connaissais pas, toute penaude. Voyant que je l’avais remarqué, elle a voulu reprendre la main.

– Et pour la pension ? On fait comment ?

– La pension ? Quelle pension ? Je te dis qu’elle vivra avec nous, on ne va pas l’enfermer dans une pension !

– Non ! Je voulais dire pour te rembourser les frais et…

– La savoir heureuse, lui donner les moyens de vivre la vie qui lui convient me remboursera mille fois ! Garde ton argent et mets-la au train demain !

Après l’avoir remerciée, Maman a raccroché quand Monique lui demandait de m’embrasser fort, fort, fort.

En descendant du train, j’ai vu Christian et Alain, ils riaient en me faisant de grands signes. En m’approchant, j’ai remarqué qu’ils s’amusaient à masquer Monique et Cathy. J’étais tellement heureuse ! Pourquoi ai-je éclaté en sanglots ? Alain m’a prise dans ses bras « C’est fini, ma pitchoune, tu es avec nous, tout ira bien désormais ! »

En route vers le village, j’étais installée à l’arrière, entre Monique et Cathy. Elles me câlinaient, tonton et Alain rigolaient, ils chantaient des chansons que je ne connaissais pas, mais je me sentais bien. En arrivant au village, nous avons croisé Enzo, Cathy m’a donné un coup de coude.

– Vé ! J’en connais un qui n’en crois pas ses yeux et qui va prévenir son cousin !

– Tu ne les as pas prévenus ?

– Et au nom de quoi je l’aurais fait? Comment je sais si tu as envie que je leur raconte tes malheurs ? Comment je sais si tu as envie de les revoir ?

Personne ne m’avait proposé cette école buissonnière, pourtant Cathy venait de me donner ma première leçon, le respect passe par la discrétion. Après quelques jours, où je me suis reposée, où j’ai lu les « Chroniques matrimoniales », je me suis sentie prête. J’ai demandé à tatie de m’expliquer un peu plus précisément comment je pourrais reprendre mes études sans aller au lycée. Elle m’a souri et m’a demandé de la suivre. Ça m’a fait tout drôle de la voir sur son vélo, je me suis sentie rougir, parce que je l’imaginais à mon âge. Nous avons roulé presque une demi-heure, puis elle m’a désigné un sentier.

– Pose ton vélo, on va finir à pied…

– C’est… la maison de Valentino ? !

Monique s’est retournée, m’a prise dans ses bras et m’a serrée très très fort contre elle.

– Nathalie aurait dit « Elle a ton sang et celui de Rosalie, la Nine ! »

Et quand je l’ai vu, j’ai tout de suite reconnu celui qui habite cette maison, maintenant.

– Bonjour, Manon ! Bienvenue chez moi !

– Bonjour… euh…

– Tu te demandes à qui tu as affaire, n’est-ce pas ?

– Non ! Je sais qui tu… vous êtes…

– Tu peux me dire « tu » !

– Je sais qui tu es, mais je ne sais pas ton nom ! Ça me gêne un peu de t’appe­ler… « le Balafré »… c’est gênant, quand même !

Monique et lui ont éclaté de rire.

– En effet, la situation est pour le moins… cocasse ! Tu n’as qu’à m’appeler par mon prénom, si tu trouves mon surnom gênant ! Je me prénomme « Jean-Luc »…

– C’est encore plus gênant !

J’ai cru que les yeux de Jean-Luc allaient sortir de sa tête et qu’ils allaient rouler à mes pieds !

– De toute ma vie, seules deux filles m’ont fait ce genre de remarque à propos de mon prénom ! Et ces deux filles sont là… devant moi !

– Tu peux constater… après toutes ces années… toutes ces longues années… toutes ces trop longues années… que je ne t’avais pas menti ! Par chez nous, les « Jean-Luc » on les appelle « Jean-Cule »… c’est notre patois en quelque sorte… lou pastouïss’ de nouss’ païss’… !

– Et en plus tu te fous de moi ? ! Et en plus, la gamine est de ton côté !

Nous avons parlé de l’idée de Monique pour continuer mes études, bien que j’aie été virée du lycée… Ils pensent que puisque je ne suis pas pressée, je dois prendre mon temps pour réfléchir à la vie que j’ai envie de vivre. J’aimerais en savoir plus sur la maison, sur la vie de Rosalie, de Pierrot, de Nathalie… j’ai envie de savoir tout ce qui s’est passé depuis 1976 pour eux tous… j’aimerais bien pouvoir trans­mettre cette histoire plus tard… alors, il vaudrait mieux que je la connaisse ! J’ai­merais que Jean-Luc m’apprenne l’art de l’écriture, comme il l’a fait pour Monique… à ce moment là, j’ai rougi parce que je me suis souvenue de certaines leçons qu’elle a reçues du Balafré. J’ai bégayé, bafouillé.

– C’est pas ce que je voulais dire ! C’est marrant… je sais des trucs sur toi et en même temps… c’est comme si c’était pas toi… c’est bizarre… !

Monique nous a laissés seuls une bonne partie de la journée. Jean-Luc m’a pro­posé ce programme, j’écris sur un sujet, un texte de la longueur que je veux et après l’avoir lu, il me dira ce que ça lui inspire, On en débattra et on verra ensuite quel point approfondir.

Alors, voici mon premier devoir. J’aimerais apprendre les mots pour écrire des textes cochons, mais pas pornos… mais excitants quand même. Alors, je me lance.

Devoir n° 1 Enzo&Vincent

Ce que j’ai aimé avec Enzo et Vincent, c’est que je pouvais être la pire des salopes avec eux, faire ma pute… mais quand ils me croisaient au village, ils me respectaient. Vincent m’avait demandé si j’étais vierge, j’avais répondu oui et puis, quand il s’était rendu compte que non, il m’a dit

– Tu sais que tu n’es plus vierge ?

J’ai rougi.

– Désolée…

– Désolée de quoi ? C’est pas une maladie ou une tare ! Pourquoi voulais-tu me le faire croire ? Et comment je l’aurais pas remarqué ?

– Je sais pas…

Après, il m’a demandé ce que j’aimais faire, ce que j’aimerais faire et que je n’avais jamais osé. Je n’ai pas trouvé les mots, j’avais honte, alors il m’a dit qu’on avait le temps, je ne rentrerai à Paris qu’à la fin du mois. Je l’ai embrassé et pen­dant que je me rhabillais, je regardais sa queue… et puis ça m’a fait comme si une vague d’air chaud me poussait les reins… je ne voulais qu’une chose… regar­der, toucher cette queue ! Et j’aurais voulu qu’il se branle pour moi. Pour m’exci­ter !

Il l’a remarqué, il avait un super joli sourire quand il a penché sa tête sur le côté, qu’il a commencé à se caresser le ventre, puis la queue…

– Tu es belle quand tu me regardes comme ça… tu aimes ce que tu vois ?

– Oui…

– Tu me montres ?

– ?? Que je te montre quoi ?

– Comme tu aimes…

– Comment je te le montre ?

– Écarte tes cuisses et montre-moi comment tu te touches…

– Je ne l’ai jamais fait !

– Tu n’as jamais fait quoi ?

 – Me toucher…

– … devant un mec ?

– Non. Me toucher… tout court…

– Tu n’en as pas envie ?

– Je ne sais pas… je ne me suis jamais posé la question ! Mais… là, j’en ai envie et je ne sais pas trop… comment faire…

– Fais comme tu veux ! Comment tu voudrais faire ?

– Que tu me guides au début et après…

Il a posé ma main entre mes cuisses et je me suis caressée pour la première fois. J’aimais beaucoup ce que je ressentais, je n’arrivais plus à le regarder faire, parce que quand je le regardais, j’arrêtais de me caresser. Après, il m’a prise dans ses bras et j’ai continué de me caresser. À un moment, j’ai ressenti un truc super fort et j’ai retiré ma main. Vincent m’a dit que c’était dommage, que je m’étais arrêtée à un mètre de la ligne d’arrivée.

Je sortais avec Vincent, mais un soir, j’ai rencontré Enzo et il m’a plu tout de suite. Je suis sortie avec lui en cachette de Vincent. J’aimais bien ça, d’avoir une double-vie, mais en même temps, je me trouvais salope et ça me gâchait mon plaisir. Ma mère dit que je suis une menteuse, mais souvent je mens parce que j’ai peur de dire la vérité. Par exemple, avec Vincent et Enzo, j’avais peur qu’ils me traitent si je leur disais la vérité, j’avais peur d’être obligée de choisir. Je ne voulais pas gâcher mes vacances avec des histoires, c’était plus simple de tout cacher et d’aller avec l’un ou avec l’autre.

Un jour, tatie et tonton m’ont laissé la maison parce qu’ils avaient des trucs à faire. Ils ne devaient rentrer que tard le soir ou dans la nuit. Je l’ai dit à Enzo, parce que c’était lui que j’avais vu en premier. On était tous les deux dans ma chambre, on s’embrassait, on se caressait quand j’ai entendu Vincent m’appeler. Je ne savais pas quoi faire, je suis allée à la fenêtre pour lui dire que j’étais fatiguée, mais il avait vu le scooter d’Enzo. J’aurais voulu me cacher, disparaître, mais ça n’arrive jamais dans la vraie vie.

– Je peux entrer ou tu préfères rester à moitié nue à ta fenêtre ?

Quand il est entré, on a parlé tous les trois, je pleurais parce que je savais que j’avais mal agi, que je devrai faire un choix et les deux me plaisaient, j’avais peur aussi qu’ils me mettent la honte et que tatie et tonton l’apprennent et le disent à mamie qui l’aurait dit à mes parents… déjà que j’étais ici en punition… mais ça ne s’est pas passé comme ça. Ils m’ont dit qu’ils me trouvaient jolie et qu’ils savaient dès le début que je sortais avec les deux et aussi qu’ils étaient cousins. Je ne me rappelle plus comment on en est arrivés là, mais on a décidé de ne pas gâcher cette journée et on a fait ça tous les trois. J’ai adoré et ils ont adoré aussi ! Alors, dès qu’on le pouvait, on le faisait tous les trois. De ce jour là, je ne l’ai plus fait à deux, avec l’un ou avec l’autre, parce que j’aime mieux à trois.

Jusqu’à la fin des vacances, j’ai eu un peu honte vis-à-vis de tatie, parce qu’elle ne se doutait pas de ce que je faisais en cachette d’elle et qu’elle me faisait super confiance. Et la veille de mon départ, j’ai trouvé son cahier où elle me racontait sa vie, après j’ai lu celui de Bonne-Maman et je me suis sentie toute bête de ne pas lui avoir dit avant et de m’être sentie coupable.

Avec Enzo et Vincent on a décidé de se revoir à chaque fois que je viendrai ici, mais maintenant que je suis venue y habiter, je ne sais pas s’ils voudront bien qu’on continue, parce que moi, j’en ai envie. Manon devoir n° 2 moyen