Chroniques matrimoniales – Un rebondissement inattendu

vintage-bachelorette-party-happyBien avant mon mariage, il arrivait que Bonne-Maman s’absente un jour ou deux, parfois une semaine entière. Je ne me posais pas plus de questions que ça. Après mon mariage, elle nous a laissé « la pleine jouissance » de la maison pendant presque trois semaines. Quelques jours après la noce, nous sommes allés, Christian et moi, chez Nathalie où nous pensions la retrouver, mais Nathalie était seule chez elle.

Devant notre air surpris, la grand-mère de Christian a ri, bienveillante, a entonné un refrain à la mélodie un peu étrange et s’est expliquée

Elle est partie fêter votre mariage avec son Valentino !

Quoi ? ! Valentino est toujours vivant ?

Bien sûr que oui ! Il a même assisté à la noce !

Nous étions estomaqués ! Comme pour m’assurer que je ne rêvais pas, que j’avais bien compris, je regardai Christian. Je regardai le buffet derrière Nathalie. Je regardai la fenêtre sur ma droite. Je regardai encore Christian, puis enfin, je regardai Nathalie droit dans les yeux.

Mes mains semblaient tout aussi perturbées que moi, la droite se crispait sur ma cuisse, froissant ma jupe, la gauche baguenaudait sur la table, triturant le briquet avant de s’accrocher aux doigts de Christian. Il posa la question qui me brûlait les lèvres.

Mais pourquoi ne pas nous l’avoir dit avant ?

Elle est comme ça, la Rosalie… elle ne veut jamais forcer personne à quoi que ce soit. Quand je lui ai demandé de vous dire pour Valentino, elle a souri « Il sera bien temps quand ils poseront la question ! »

Mais je croyais qu’il était mort, lui aussi… et si nous n’avions jamais posé la question ? Com­ment l’aurions-nous appris ? Et quand ?

Certainement jamais, mais ta grand-mère te dirait que la réponse à une question qu’on ne se pose pas n’a aucun intérêt.

Christian approuva en hochant la tête. Nathalie poursuivit.

Pense à ses filles, à ta mère et à ta tante… Pas une seule fois elles ne lui ont posé la moindre question, ni à aucun de nous autres… Pas une seule fois, elles n’ont cherché à savoir pourquoi leur mère avait quitté la Normandie pour venir s’installer en Provence… Pas une seule fois, elles n’ont demandé des nouvelles de leur famille normande… Pas une seule fois, elles n’ont voulu savoir à quoi ressemblait la vie de leur maman quand elle était enfant… Pas une seule fois elles ne se sont interrogées sur nous quatre… Pas une seule fois ! Les deux, l’Antonella et la Léonie, ont quitté notre univers « étriqué » sans se retourner, sans même songer à la liberté qu’il pou­vait leur offrir… L’une et l’autre ont préféré devenir des silhouettes anonymes dans des grandes villes, mais comme le dit Rosalie « Si c’est ainsi qu’elles sont heureuses, pourquoi leur impose­rais-je ma façon de concevoir le bonheur, la vie ? » C’est comme ça qu’elle est, la Rosalie…

Tu crois qu’elle voudrait bien nous le présenter ?

Je ne le crois pas ! J’en suis certaine ! Je sais qu’elle n’attend que ça, qu’elle l’espère de tout son cœur !

Même si nous étions en 1975, seules quelques maisons possédaient le téléphone et, tout comme Bonne-Maman, celle de Nathalie ne l’avait pas. Mais l’une et l’autre étaient restées fidèles à leur système des petits messages glissés dans des endroits secrets. Nathalie nous indiqua la cachette et dès le lendemain, je m’y rendis pour y déposer ce mot « Nous attendrons ici, samedi 13 à partir de 10 heures. Monique et Christian »

Je contemplai le paysage en me disant que même longue, l’attente y serait agréable.

J’étais en train de rebrousser chemin, perturbée par la question que Christian m’avait posée quand nous étions rentrés de chez sa grand-mère « Tu crois que mon père, mes parents, mon oncle, mes cousins sont au courant pour nos grand-parents ? », quand je reconnus le pas de Bonne-Maman. Je me retournai, un peu confuse, mais son grand sourire m’incita à la rejoindre.

Je l’embrassai, nos yeux étaient pleins de larmes d’émotion, blottie dans ses bras, je l’entendais murmurer « Ma toute petite, ma petiote… ! » Enfin, elle souleva la pierre, prit le message que je venais de déposer, le lut et me demanda :

Tu veux attendre jusqu’à samedi, que Christian soit présent ou… ?

Elle laissa la fin de sa question en suspens, me sourit, heureuse de faire semblant de me reprocher que « la pomme ne tombe jamais bien loin du pommier ».

Nous nous rendîmes tout d’abord au village voisin où Bonne-Maman acheta du pain et de quoi « régaler un peu notre invitée ». J’aimais la voir heureuse, c’était comme si le bonheur transformait ma Bonne-Maman en Rosalie. Je lui pris son panier des mains et nous fîmes le chemin vers « le repaire » de Valentino en papotant joyeusement. Je lui racontai la belle surprise de ma nuit de noces et mes premiers jours de femme mariée.

Après les premiers arbres, quand le chemin se transforma en sentier escarpé, elle me prit par la main « Ne va pas te tordre une cheville sur un méchant caillou ». Enfin, après quelques minutes, je découvris une bicoque en contrebas. J’entendis derrière moi un étonnant sifflement, long et modulé, je me retournai surprise de voir ma grand-mère, les doigts dans la bouche. Elle éclata de rire.

Regarde ! Regarde donc !

Je ne remarquai pas tout de suite son âge, je vis un homme élancé, très alerte qui venait à notre rencontre en souriant. Quand il fut à quelques mètres de moi, qu’il me regarda, je devins Rosalie. C’est fou, toutes ces années ont passé, mais la sensation demeure. En me voyant pour la première fois, de face, sans voile pour couvrir mon visage, il fut transporté 55 ans en arrière et revit sa Rosalinetta. Il m’enlaça, m’embras­sa « comme du bon pain » avant de me désigner Bonne-Maman « Tu peux savoir quelle belle femme tu seras dans quelques années ! Tu mesures ta chance ? »

Taquine, je lui demandai à quelle chance il faisait allusion, celle d’être aussi belle que sa Rosalie ou celle de le savoir à l’avance. Valentino partit dans un grand éclat de rire et dit une phrase que je ne compris pas.

« Mela » c’est « pomme » en italien et « albero » c’est « pommier »… je pense que tu peux saisir ce que mon Valentino a voulu dire…

Comme cette journée s’annonçait prometteuse… ! Je faisais la connaissance de l’homme dont ma grand-mère était amoureuse depuis 55 ans, mais j’étais en pré­sence de deux jeunes tourtereaux, Rosalie et Valentino avaient retrouvé leur jeu­nesse… à mes yeux, parce qu’en les observant, je sus immédiatement qu’elle ne les avait jamais quittés.

Tant de questions se bousculaient dans ma tête, quand ils me demandèrent laquelle me venait spontanément à l’esprit, je fus prise de court… Aujourd’hui encore, j’ignore pourquoi je me retournai vers ma grand-mère pour lui demander qui lui avait appris à siffler comme elle l’avait fait plus tôt.

Nous avons éclaté de rire. Je peux mettre un adjectif pour chacun de ces rires. Celui de Bonne-Maman était léger comme un oiseau qui s’envole vers le ciel.. Celui de Valentino était sonore et franc comme le partage. Le mien était gêné, parce que je me trouvais si stupide d’avoir posé cette question idiote. Alors, oui, sur notre éclat de rire, je peux mettre un mot, mais toutes ces années après, je reste incapable d’ex­pliquer ce qui est arrivé ensuite.

Valentino a posé sa main, sa vieille main, sur la main, sur la vieille main de ma grand-mère, elle a tourné son visage vers lui et j’ai ressenti, au fond de ma chair, l’amour qui les unissait. J’ai su comment Valentino la touchait, la caressait, j’ai su comment ils s’embrassaient, comment ils s’aimaient. J’ai ressenti au plus profond de moi, le plaisir qu’ils prenaient ensemble. J’ai compris que leur amour, malgré leur âge avancé, restait aussi charnel qu’en 1920.

Quand Valentino a caressé la main de Bonne-Maman, c’est ma peau qui a vibré, ondulé. J’avais envie des caresses de Valentino, mais ce n’était pas Monique qui dési­rait cet homme, c’était l’héritage que Rosalie m’avait légué, ce que mon sang parta­geait avec le sien. Sans m’en apercevoir, je caressais ma joue comme Rosalie aurait voulu qu’il le fasse.

Parle-moi de… j’aimerais que vous me racontiez votre histoire… à tous les deux…

Tu ne préfères pas attendre samedi ? Que Christian soit là ?

Bonne-Maman se tourna vers Valentino, quand elle le regardait, elle redevenait Rosalie… NON ! Quand elle le regardait, je voyais enfin la Rosalie qu’elle n’avait jamais cessé d’être. Elle posa sa main droite sur leurs deux mains déjà enlacées et je connus alors la texture de la peau de Valentino. Elle lui raconta comment elle m’avait rencontrée alors que je venais de déposer ce message, qu’elle lui tendit.

C’est à cet instant précis que je sus à quel point Valentino était resté coquet ! Il plissa les yeux, rejeta sa tête en arrière pour ne pas avoir à mettre ses lunettes. Bonne-Maman souriait, indulgente. Rosalie me fit un clin d’œil, ravie tout autant que moi de la complicité qui nous unissait. Valentino fit semblant de ne rien remarquer et leva vers moi un regard interrogateur.

Je n’aurais jamais la patience d’attendre si longtemps ! Et puis, Christian pourra en profiter pour en savoir plus sur Nathalie et Toine… ou de spéculer avec Alain sur les liens qui l’uni­raient à Toine… !

Puisque tu as lu mon cahier de souvenirs, puisque tu as lu celui de Bonne-Maman, puisque tu m’as demandé de t’en raconter plus sur la grand-mère de ta grand-mère, puisque tu viendras passer les vacances de Noël avec moi, je vais essayer de te racon­ter les années qui ont suivi son mariage et comment ses souvenirs se sont enchevêtrés aux miens dans ma toute nouvelle vie de femme mariée. Parfois, je te retranscrirai nos échanges, parfois que te copierai les fragments qu’elle avait rédigés.

Et c’est ainsi que tout débuta…

Instantané – Notre histoire

Tu m’as demandé à quel point je t’aime, je t’ai répondu que mon amour est illimité, qu’il le restera jusqu’à la fin de notre histoire… Tu as souri, je sais que je titille un point très sensible chez toi quand je refuse de qualifier notre relation « d’histoire d’amour ». Elle est bien plus qu’un plan-cul, elle est plus importante qu’une amourette, pourtant elle n’est pas assez ancrée dans ma chair pour que je puisse la nommer « histoire d’amour », alors, je biaise en disant « notre histoire » et laisse planer les points de suspension. Je sais que tu les vois, ces trois points, comme trois petits nuages au-dessus de nous deux. Tu les imagines menaçants, au contraire, je les vois comme trois petits moutons sautillants, hésitants…

– Et si je te proposais une expérience que tu n’as jamais vécue avant ? Si je te précise que c’est mon plus grand secret, que je prends le risque, en te la faisant vivre, que tu me fuies, que notre histoire explose en plein vol, accepterais-tu ? Me ferais-tu suffisamment confiance ?

– Peut-être est-ce la solution… Serait-il possible que cette expérience me permette de pouvoir enfin qualifier notre histoire ?

– Je ne le sais pas… mais ça fait maintenant six mois que nous sommes ensemble, que nous faisons l’amour en prenant plus de plaisir à chaque fois… mais il me manque… il me manque un certain regard…

Tu ne veux pas m’en dire plus. Je te suis. Comme tu le souhaites, je ferme les yeux. Je t’entends me présenter « Ecce mulier! », je sens ton regard, comme si tes yeux me caressaient, comme si ces caresses étaient impudiques à l’extrême.

Enfin, une main inconnue dégage ma gorge, un peu brusquement, mon cœur s’emballe, je le sens palpiter dans cette paume inconnue… cet homme, je sais que cette main appartient à un homme, veut éprouver ma sensibilité. Il décolle sa peau de la mienne, je me penche vers lui, le suppliant dans un souffle « Encore ! »

– Encore ? Que veux-tu de plus ?

– Je veux tes mains, je veux qu’elles me découvrent, qu’elles me caressent, qu’elles me griffent… Je veux ta bouche, je veux qu’elle m’embrasse, qu’elle me morde… Je veux ses yeux, je veux qu’ils voient comme je m’offre à toi, je veux qu’ils pleurent de ne pas m’avoir fait cette proposition avant… Je veux que vous me demandiez, tous les deux, d’ouvrir les miens, que vous puissiez constater la puissance de mon abandon au plaisir… Je veux que tu sois aussi fou de moi, qu’il l’est… je veux… je veux…

Mon souffle saccadé suit les variations des caresses de cet homme que je n’ai toujours pas vu… ma voix devient fragile… elle semble prête à se briser, avant de redevenir ferme et assurée…

Pourquoi te tais-tu ? C’est tout ce que tu veux ?

– Non ! Et tu le sais parfaitement ! Tu sais ce que je veux… mais je n’ai jamais eu cette voix avant… rauque, féline, caressante et mordante tout à la fois… J’ai envie de luxure… j’ai envie de vous offrir du plaisir au-delà de toutes vos espérances… 

– Et tu ne veux pas en prendre ? 

– Si je parviens à vous en offrir autant que je le souhaite, j’en prendrai ma part… mon plaisir sera à la hauteur de vos fantasmes… infini…

Quand cet inconnu me demande d’ouvrir les yeux, pendant que vous me déshabillez totalement, quand tu lui proposes de découvrir mon sexe, quand il le fait avec ses yeux, avec ses doigts, avec sa bouche, je pense à mes cours de morale, à ce mot « luxure » dont je ne comprenais pas la signification, ce mot que je confondais avec « luxe », je me dis que ça y est, j’y suis, je suis en train de me vautrer dans la luxure, que c’est un sacré luxe…

Titien
J’adore les Titien !

Quand cet inconnu pare son sexe de latex, quand tu t’installes confortablement, comme au spectacle, que tu t’apprêtes à me regarder, offerte aux désir d’un autre, je comprends au plus profond de mon être que « notre histoire » restera à tout jamais une magnifique histoire d’amour, mais que je garderai ce secret aussi longtemps qu’il me sera possible de le faire…

Une boutade, un éclat de rire… un instantané pris sur le vif et gravé pour l’éternité

 

 

 

Instantané – Dialogue volé

– Tamponne-moi !

– Où ? Ici ?

– Non ! Là !

J’étais  entrée dans la cour de cet immeuble, j’ai toujours aimé ces vieux bâtiments, la façade un peu austère qui donne sur la rue, puis une cour voire un jardin dans les quartiers plus cossus, enfin, donnant sur cour l’autre bâtiment. Je sais qu’à l’époque de leur construction, le bâtiment donnant sur la rue était réservé aux plus riches, les plus pauvres logeant dans celui « sur cour ». Maintenant, c’est l’inverse, parce que le silence a plus de valeur que la lumière depuis que la fée électricité est passée par là.

Une fenêtre doit être ouverte, je la cherche des yeux. D’où viennent ces voix ? Ce dialogue entre rire et érotisme m’excite étrangement. Je suis venue pour expertiser quelques meubles, un vieil homme est mort et ses héritiers voudraient savoir si l’héritage vaut le coup avant de l’accepter.

Cet aspect charognard de mon métier me laisse souvent un goût amer, mais il arrive parfois que je tombe sur des livres, sur des papiers cachés dans des tiroirs secrets et là… le défunt reprend vie, redevient plus ou moins jeune. Je les lis, les mémorise avant d’en parler aux héritiers et toujours cette constatation qui a cessé de me surprendre, plus les héritiers sont jeunes, plus ils me demandent de garder, de me débarrasser voire de détruire ces documents qu’ils qualifient de « compromettants », a contrario, les plus âgés, les presque vieillards ont un sourire indulgent qui va de « ça ne m’étonne pas » à « quand je pense qu’il, qu’elle m’obligeait à aller à confesse plusieurs fois par an ! »

– Allez ! Tamponne-moi !

– Mais ça va déborder ! Comme ça, ça ne tiendra pas au fond !

– On s’en fout !Tamponne-moi là, maintenant !

Sont-ce les lettres que j’ai lues cette nuit qui me rendent d’humeur grivoise ? Suis-je plus sensible au double-sens de ce dialogue parce que je sais désormais que cette vieille bigote, à l’allure austère dont les portraits sans aucun sourire, sans aucun éclat ornaient un appartement terne, riait sur certains clichés que j’ai trouvés dans un coffret dissimulé tout au fond d’un tiroir secret d’une lourde armoire ?

Ces photos d’orgies familiales, avec des commentaires succincts sur « l’outil de belle taille du cousin Roger ». Je sais également que le tonton Maurice l’a « enculée de belle manière ». J’ai souri en remarquant l’emploi répété de l’adjectif « belle » ou « beau » quand elle voulait marquer son enthousiasme. Les derniers clichés m’avaient mise plus mal à l’aise, pour la première fois, j’étais confrontée de visu à la sexualité de vieillards, aux chairs flasques et usées, un côté révulsant, écœurant. Comme si la jeunesse enfuie effaçait la sensualité.

J’ai repris les premiers clichés et les ai classés par ordre chronologique, alors j’ai compris, j’ai accepté de voir vieillir ces corps, ces visages, je me suis focalisée sur les regards, sur les soupirs qu’il me semblait percevoir et j’ai fini par envier ce bonheur purement charnel, cette complicité, toutes ces années, la famille qui s’agrandit…

J’ai même été excitée par cette série, où elle précisait « Messieurs, le parrain sera celui qui me fera le plus jouir ! » après avoir lu ces mots, je remarquai l’évidence, elle était enceinte d’au moins six mois et je ne l’avais pas vu avant ! J’ai compté les hommes sur les différents clichés, pas moins de sept ! Sept hommes et quatre femmes, en comptant celui qui prenait les clichés, car je suis certaine que le photographe faisait partie des convives, ça laisse un choix presque infini de combinaisons…

Même enceinte, elle se livrait comme ça… ! La curiosité a été plus forte que tout, j’ai cherché dans les papiers, les clichés dataient de novembre 1935. Un coup d’œil sur le livret de famille, janvier 1936 naissance d’un petit Marcel. J’ai souri, continué l’expertise d’autres meubles, puis je suis retournée dans la salle à manger, ai cherché frénétiquement l’acte de baptême… j’ai souri en le lisant… Sacré Léon !

Léon au sourire goguenard, aux caleçons longs toujours aux chevilles, tire-bouchonnés, « Les couilles à Léon » une série de photos, un peu plus récentes, des années 50, où elles font l’objet de toutes les attentions de ces dames « Jolis pendants d’oreilles » « En médaillon » « Quelle belle montre ! » « La Légion d’Honneur » « À mon tour ! » sur ce dernier cliché, trois femmes agenouillées ouvrant la bouche, tendant la langue et les couilles à Léon bien visibles, bien pendantes, son sexe dressé et toujours ce sourire goguenard.

Comment s’appelaient ces femmes ? Qui étaient-elles les unes par rapport aux autres ?

– Vas-y ! Tamponne-moi !

– Hmmm… c’est bon quand je suis tout au fond… ! Tu le sens comme c’est bon ?

Je lève les yeux et croise le regard de cette jeune femme, la trentaine, son complice ne me voit pas, elle jouit de savoir que je la regarde, elle me sourit, je lui rends son sourire. J’entre précipitamment dans l’appartement dont je dois expertiser les meubles. Je m’allonge en travers du lit et sans même ôter mon pantalon, juste en le baissant à mi-cuisse, la main sous ma culotte, je me masturbe frénétiquement, au rythme des cris de plaisir de cette jeune femme en train de se faire tamponner accoudée à sa fenêtre ouverte.

En même temps que je jouis, ma décision prend forme. Dès mon retour à la maison, j’entreprendrai des recherches pour identifier tous les personnages de ces clichés, parce qu’une question me taraude, qui est Roberte, la marraine de Marcel ? Je ne connais d’elle que son corps à vingt ans, à trente ans et surtout à plus de soixante, ce dernier cliché où ces deux vieilles femmes exhibent leur sexe ouvert, leurs seins flasques à l’objectif concupiscent, mais où malgré tout subsiste la magie d’un amour non feint.

Une pensée « émue » à mes lecteurs… enfin, à mes lecteurs poilus !