Accoudée à la fenêtre, je réponds, en grimaçant un sourire douloureux, au signe de la main de Lucas. Malgré les trois étages qui nous séparent, je vois son visage se décomposer. Il a dû monter les escaliers quatre à quatre, car je n’ai pas entendu l’ascenseur avant qu’il n’ouvre la porte de l’appartement.
– Ça va, Émilie ?
– J’ai dû me niquer le dos avec la bombonne d’eau quand je suis allée voir Marcelle, mais si je ne bouge pas, la douleur est presque supportable.
– T’as pris un cachet ?
– Non. Je t’attendais pour avoir ton diagnostic.
– Allonge-toi…
– Non ! Non ! Si je change de position, je meurs. Rien que de tourner la tête vers toi me fait super mal.
– À ce point ?
– À ce point.
– Mais comment je fais pour t’ausculter ? Avec ton jean… t’as même pas retiré tes baskets !
– T’as qu’à baisser mon jean jusqu’aux genoux… et laisse tomber les baskets…
Lucas s’applique.
– Ça t’amuse de me faire onduler du bassin ?! T’es pas drôle, vraiment pas drôle !
– Mais… comment veux-tu que je fasse ?
– Mets ta main sur mon ventre pour me bloquer le bassin
– Comme ça ?
– Un peu plus bas… encore… encore un peu… là… descends un peu…
– C’est plus le ventre à ce niveau… c’est… Oh, putain ! Quel blaireau je fais !
– T’auras mis du temps à piger, mon cœur ! Maintenant que c’est fait, tu veux bien sortir ton gros stéthoscope pour la suite de la consultation ?
– Tu m’as appelé « mon cœur » !
– Tu préfèrerais « ma couille » ?
– Pas vraiment ! Viens…
– Non. C’est comme ça que je veux. Penchée à la fenêtre, pratiquement habillée, toi derrière moi, en jogging, le stéthoscope à la main.
– Je baisse ton string ?
– C’est toi qui vois… Pour le string, c’est toi qui vois…
– Ouah ! Putain, comme tu mouilles ! Pourquoi tu mouilles comme ça ?
– C’est pour mieux t’exciter, mon enfant !
– Arrête tes conneries, dis-moi…
– J’ai bu du thé avec Marcelle. Oh !
Mes cuisses sont assez rapprochées, serrées. La queue de Lucas m’envahit. Putain ! Que j’aime sa conquête ! Il marmonne des mots que je ne comprends pas. Je les imagine flatteurs.
– Ça te fait toujours ça quand tu bois du thé ?
– J’ai aussi bu un verre de Sauvignon…
– Un seul ?!
– Un seul. Oh oui, bouge comme ça !
Dès notre première nuit à Strasbourg, Lucas a trouvé la recette magique pour me faire perdre la tête. D’une main, des caresses légères sur mon clito et de l’autre, plus ferme, des caresses appuyées sur mes seins. Puis les pressions de ses caresses s’inversent, appuyées sur le clito, légères sur les seins. Et ça recommence. Encore et encore. Quand à ces caresses s’ajoutent les va-et-vient de son sexe dans le mien… Ouah, je me mets à croire au Paradis.
– Vive le Sauvignon, alors !
– Ooh… Ooh… et deux… deux… ooh !
– Deux quoi, ma chérie ?
– T’as dit… ooh… ma chérie !
– Ça t’ennuie ?
– Non… t’avais raison… ooh… c’est pas… oh… ringard les mots doux…
– Je réitère. Deux quoi, ma chérie ?
– Deux verres… deux verres… ooh… deux verres de Calva, mon amour !
Comme si ces mots l’avaient ensorcelé, semblant soudain penser uniquement à son propre plaisir, Lucas accélère ses va-et-vient, pour précipiter l’explosion de son orgasme. Il jouit en criant à pleins poumons « Vive la Normandie ! » avec l’accent provençal. Une voisine qui promène son chien, lève la tête. Nous la saluons d’un geste de la main.
Satisfaite, je referme la fenêtre. Je m’apprête à remonter mon jean.
– Non, pas tout de suite ! J’adore regarder mon sperme coulant sur tes cuisses… c’est comme… comme la preuve…
– Comme une preuve de quoi ?
– Comme la preuve que je n’ai pas rêvé.
– Alors, aide-moi à le retirer.
Lucas me soulève, fait deux ou trois pas et me dépose délicatement sur le canapé. Il redresse mes jambes de telle façon que mes genoux me masquent la vue.
– Je croyais que tu aimais te sentir entravée, serrée… M’aurais-tu leurré une fois de plus ? Aurais-tu profité de ma candeur légendaire ?
– Tu rebandes déjà ?!
– Oui. Et même plus fort que la première fois ! Tiens, regarde…
– Ooh… par là, je ne vois pas… grand chose, mais… ooh… c’est bon… ooh… c’est… bon…
– C’est toi qui es bonne !
– Dis-le-moi encore !
Je ne sais pas combien de fois il me le répète. J’arrête de compter après la deux centième. Lucas prend tout son temps. Malgré l’inconfort de ma position, je ferme les yeux pour mieux me concentrer sur le plaisir que je prends. Cependant, je ne peux m’empêcher de les rouvrir régulièrement.
Lucas est plutôt du genre beau gosse, mais quand il baise, ou qu’il fait l’amour, il est si beau que c’en est presque plus humain. « Beau comme un dieu », « la beauté faite homme »… je ne trouve pas la formulation exacte pour le décrire précisément.
Le soleil semble attendre que nous ayons fini pour décider à se coucher enfin.
Lucas me connait si bien qu’il peut lire dans mes yeux les mots que je souhaite entendre et ceux qu’il lui faudra bannir. C’est une des composantes de notre magie sexuelle.
J’ai l’impression de sentir la chair de poule s’épanouir sur ses reins juste avant qu’il ne se penche vers moi. Mes genoux contre mes tempes, je lui demande un baiser et l’obtiens. Il se fige. Un vigoureux coup de rein. Lucas décolle ses lèvres des miennes.
– Tu le sens ? Je décharge, ma chérie. Je décharge au fond de toi.
Sa bouche à nouveau sur la mienne, je pousse un long cri dans un soupir.
J’ouvre les yeux pour le regarder sourire, mais la nuit est tombée comme on éteint la lumière.
Lucas avait rapporté des sushis, à moitié nus, nous les dévorons dans un demi-silence.
– J’ai raconté à Marcelle pour nous deux et notre désir d’enfant.
– Qu’est-ce qu’elle en a dit ?
– Ah.
– Tu ne veux pas me le dire ? Elle t’a fait jurer le secret ?
– Non. Elle a dit “Ah” et c’est tout !
– C’est plutôt surprenant de sa part, elle qui est plutôt du genre bavarde…
– C’est ce que j’ai pensé, sur le coup. Maintenant, je me dis qu’elle a encaissé le choc et qu’elle m’en parlera une autre fois…
– Demain, peut-être ?
– Non. Paske demain, c’est mercredi et que le mercredi c’est cinoche !
– Ouah ! Tu l’imites super bien !
– C’est-à-dire ?
– Quoi « c’est-à-dire » ?
– À défaut de ciné, on a la télé. Viens t’asseoir à côté de moi, que j’ te fasse l’imitation. Tu seras Xav’, je serai Marcelle.
Je suce Lucas avec une gourmandise non feinte. Il ne pense pas tout de suite à poser sa main sur ma nuque. Je suis obligée de la lui prendre pour qu’il percute. On est bien. On profite de ce bonheur qui n’attendait que nous vivions ce moment pour s’épanouir.
Lucas jouit dans ma bouche. Je ne relève pas la tête pour autant. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, ses mains courant sur mon corps, les miennes les laissant faire. Avant d’aller nous coucher, nous nous disons que la prochaine fois, il faudra penser à allumer la télé.

Et on espère qu »il arrivera très vite, ce prochain épisode !
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Samedi prochain, ça vous ira, Madame ?
Je t’embrasse
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