Déconner, c’est se vider de la connerie osmosement acquise. *

J’étais avec Jimmy, chez Sylvie et Martial. Nous essayions d’organiser les fêtes de fin d’année en conciliant la présence de nos amis irlandais avec la venue de nos enfants accompagnés des leurs. Pour arranger le tout, les parents d’Émilie m’en voulaient toujours de l’avoir soutenue dans son désir de changer d’orientation pour finalement décider de prendre une année sabbatique. Comment faire pour que ces retrouvailles se passent au mieux ? Comment nous arranger pour consacrer du temps à la galipette sans nous faire griller ?

Sylvie avait fait preuve de diplomatie et avait un peu rassuré Sébastien et son épouse. Lucas étudiait désormais à Paris et partageait mon studio avec Émilie. En cousin sérieux, il saurait sans aucun doute la ramener à la raison et sur le droit chemin.

Jimmy avait ri de leur aveuglement. Je lui avais fait remarquer que mon fils et son épouse étaient au moins aussi perspicaces qu’il l’avait été à propos de Jacques et Jacqueline. Il se demandait comment aborder le sujet sans passer pour le dernier des pervers si jamais je m’étais trompée quand il avait reçu un appel de son frère qui voulait nous inviter à fêter l’anniversaire de Jacqueline avec eux.

– Mais seulement à notre retour d’Italie. Tu sais, nous nous offrons un petit voyage chaque année. Comme toi et Odette vous vous en offrez un…

– Comme moi et Odette ? Tu es bien sûr ? Parce qu’Odette et moi… on pourrait parler de voyages de noces, si tu vois ce que je veux dire…

– Oui. Comme toi et Odette.

– Jacques, qui dit voyage de noces, dit aussi nuit de noces !

– C’est bien ce que je te disais, comme toi et Odette !

– Odette avait donc raison ! Mais ça dure depuis combien de temps ?

– Depuis mon retour de l’armée, mais… tant qu’on vivait au Paradou, avec le père et la mère, on faisait attention… Tu sais… ils n’auraient pas aimé… Pour eux, on aurait été des pervers… Tu vois ? Et puis, je me suis installé à Arles… Tu sais bien, les parents m’ont demandé de lui trouver un travail parce qu’ils savaient qu’aucun des enfants qu’ils avaient élevés ne reprendrait la ferme. Et j’ai obéi au père. Pour surveiller Jacqueline, je l’ai gardée chez moi… Tu sais bien pourquoi… l’hérédité, quoi !

– Ah ah ! C’est vrai ! J’avais oublié cette histoire d’hérédité !

Contrairement à Jacques et à Jimmy, tous deux des enfants nés sous X, on connaissait la mère de Jacqueline. Prostituée notoire, la Justice avait estimé que pour préserver la salubrité morale de sa fille, elle devait être déchue de son autorité parentale et Jacqueline avait été placée dans cette famille, mais leurs parents adoptifs pensaient que le vice était héréditaire et que si l’on n’y prenait pas garde, la petite Jacqueline belle comme un cœur risquait de finir sur le trottoir voire dans le caniveau.

– Mais à moi… pourquoi ne m’avoir jamais rien dit ?

– On pensait que tu avais compris depuis le temps et que si t’en parlais pas, c’est que tu nous jugeais mal, parce que t’étais coincé du cul… T’étais professeur des universités tout de même ! Et vieux garçon… Et pis si t’avais pas compris, on voulait pas te choquer !

– Alors, si Odette n’avait pas vu clair dans votre jeu…

– On t’en aurait pas parlé, mais je suis bien content que les choses soient claires, maintenant ! Alors, on pourra compter sur vous ?

– Et comment, mon frère ! Et comment !

Nous étions tous réunis à table quand Jimmy nous avait raconté cet échange. Je m’étais demandé à voix haute si un éventuel micro-climat à Paradou n’obscurcissait pas l’esprit, parce que si Jimmy n’avait rien remarqué, de leur côté Jacques et Jacqueline se gouraient dans les grandes largeurs quant à lui. Jean-Luc m’avait souri d’un air moqueur.

– Oui, mais moi… c’est pas pareil !

– Et pourquoi ça ne serait pas pareil ?

– Parce qu’elle te le dit et pis c’est tout !

J’avais envoyé un bisou de reconnaissance à Cathy, assise à l’autre bout de la table pour la remercier d’avoir ainsi clos la conversation avant qu’elle ne tourne à mon désavantage.

Nous étions donc chez Martial et Sylvie. En se penchant en avant pour remplir une case de son grand planning, elle avait laissé entrevoir l’échancrure de son chemisier. Jimmy avait voulu y glisser la main avant de se raviser.

– Pff… pourquoi t’as mis un soutif ?

Je levai les yeux au ciel.

– De toute façon, t’es jamais content ! Si on n’en met pas, tu nous reproches notre manque de goût pour la lingerie fine et si on en met un, ça ne te va pas non plus !

– Sauf que Sylvie me connaît bien, depuis le temps… elle sait que le fantasme de la secrétaire lubrique m’émoustille…

– Quel fantasme ? Quelle secrétaire lubrique ? C’est quoi cette histoire ?!

– Complique pas tout, Sylvie ! J’me comprends…

Martial et moi étions morts de rire.

Nous avions presque fini d’organiser le logement de chacun de nos invités ainsi que le programme des réjouissances des premiers jours quand le téléphone de Sylvie se mit à vibrer. C’est Marcel. Elle décrocha.

– Allô ? Oui, ils sont avec nous… Quoi ? Ben oui, ils ont dû le mettre en mode avion… on ne voulait pas être… Bien sûr, on vous attend ! Quoi ? Mais bien sûr que oui ! Depuis quand y a rien à boire chez nous ?!

Marcel, Mireille, Alain et Daniel firent une entrée tonitruante. Jim les accompagnait, il resplendissait d’un bonheur incrédule.

– On a trouvé une escuse valable pour son visa de longue durée ! Rapport à l’esploitation agricole…

– Mais… On y avait déjà pensé… Toi-même tu avais reconnu que ça ne tiendrait pas… Finalement, vous avez trouvé un biais juridique pour qu’il puisse la reprendre ? C’est ça ?

– Mieux que ça ! Mieux que ça !

Tout en répétant ces mots, Marcel se dirigea vers la porte du salon qu’il ouvrit en grand et annonça fièrement

– Le héros du jour ! Notre sauveur !

– Si ça marche, papé Marcel… si ça marche…

– Brave petit, va pas nous porter la scoumoune avé tes doutes ! Bien sûr que ça va marcher ! Bien sûr que oui !

Se tournant vers nous, il nous expliqua l’idée soumise par Vincent. Depuis que Marcel avait cessé son activité, une bonne partie de ses terres étaient restées en friche. Il ne cultivait que la surface nécessaire pour subvenir à ses besoins alimentaires, mais ne s’était jamais résolu à vendre le reste. L’idée de Vincent était de reprendre l’exploitation, il avait les compétences et la formation nécessaires, mais le temps qu’il obtienne son diplôme, il aurait besoin de l’expérience de Jim. Daniel avait passé quelques coups de fil à ses relations préfectorales et la solution semblait plus qu’envisageable.

Martial demanda à Vincent ce qui le motivait. Allait-il se lancer dans l’horticulture comme il en avait toujours rêvé ou allait-il simplement reprendre l’activité maraîchère de son grand-père ? N’avait-il pas prévu, à l’issue de ses études, de tenter de s’installer dans l’arrière-pays niçois ?

– Si mais… en m’installant ici, je serais plus près de Manon… Et de vous aussi. Et puis, je pense tenter la conversion vers la permaculture. Les terres en friche seraient idéales.

Vincent se retourna vers Marcel l’air blasé. Celui-ci mit la main sur sa poitrine, outragé. J’ai rien dit ! Alain nous expliqua que le Bavard n’avait cessé de parler de sperme à culture depuis que Vincent avait fait cette proposition.

– Reconnaissez au moins que pour la sperme à culture, Jim aurait de quoi ensemencer mes terres, ah ah ! Et Alain pourrait l’aider en cas de panne sèche !

Nous avions pas mal trinqué quand la sperme à culture revint sur le tapis.

– C’est vrai que t’es comme Alain et Enzo ? Que tu… des litres ?

Jim avoua ne pas le savoir. C’était ce qu’il se disait, mais ils n’avaient jamais comparé. Quant à Enzo, il ignorait jusque-là qu’il éjaculait autant…

– Vous n’avez jamais comparé ?!

– Et pourquoi on l’aurait fait, petit ?

– Je sais pas moi… pour le fun ! Vous aimez pas vous branler, comme ça ? Juste… je sais pas moi… juste parce que c’est bon… Pour le fun, quoi !

– Si, bien sûr que si !

– Ben alors ? Vous n’avez jamais eu la curiosité de comparer ?

Vincent semblait bien déçu de notre manque de curiosité. Mireille voyant venir le truc, demanda à Marcel d’arrêter de remplir le verre du petit. Sinon, il allait finir par demander à Alain et à Jim de comparer tout de suite et que ce serait gênant.

– Parce qu’on devrait être gênés quand on joue des saynètes devant vous ? Tu crois que je ferme les yeux quand tu apparais dans une vidéo ? Ou quand c’est papy Christian ou mamé Cathy ou papé Marcel ?

– Mais ça n’a rien à voir ! C’est… c’est du spectacle ! C’est de l’art !

– Aah… j’avais pas remarqué que vous faisiez semblant…

– Mais non ! La question ne se pose pas quand c’est une saynète !

– Ben, tu sais quoi ? Tu en écris une. Je suis sûr que tu nous surprendras encore ! Et pense à mettre Enzo au casting !

Nous nous accordâmes pour trouver l’idée acceptable et c’est ainsi qu’eut lieu, douze jours plus tard, cette représentation exceptionnelle, qui mit le bazar dans l’établissement du planning prévisionnel de Sylvie.

Life on Mars Project

Le rideau s’ouvre sur une salle de réunion. Sur le mur du fond, un diaporama est projeté en boucle. On entend « Life on Mars ? » de David Bowie. Alain entre en scène, une brochure promotionnelle à la main. Il est accompagné d’Enzo. Ils s’asseyent.

– Tu vois ? Je te l’avais bien dit, personne d’autre que nous n’aurait les couilles de passer le test !

– Oui. Les couilles… tu as raison. C’est vraiment l’expression adéquate, petit !

Ils ricanent. Jim entre, la même brochure à la main, les salue et s’assoit à son tour. Personne ne sait quelle contenance prendre. Seront-ils rivaux ? Seront-ils collègues ? Doivent-ils prendre un air dégagé ? Vont-ils assurer ou se ridiculiser ? Comme souvent dans ce genre de situation, pour masquer la gêne, chacun regarde dans le vide et puis ses pieds avant de se replonger dans la lecture de cette brochure qu’ils connaissent pourtant par cœur. Le diaporama ne semble pas les intéresser.

À la fin de la chanson, Sylvie arrive, une liasse de papiers à la main. À l’aide d’une télécommande, elle arrête le diaporama.

– Messieurs, bonjour. Je pense qu’il n’y aura aucun autre participant à cette réunion d’information. Je suppose que chacun d’entre vous a lu la brochure présentant notre projet international, le « Life on Mars Project »…

Les trois hommes confirment en hochant la tête.

– De nombreuses études scientifiques incontestées ont démontré qu’afin de rendre possible la vie sur Mars, il convient d’en ensemencer la surface avec du sperme humain. Pour ce faire, nous organisons des sélections à travers le monde en vue du recrutement d’un bataillon de 162 ensemenceurs chargés de préparer le terrain avant l’arrivée des premiers terriens.

Si vous décidiez de participer à cette première sélection, je vous demanderais de vous dévêtir afin que je puisse vérifier que nous ne cachez aucun artifice, aucun récipient contenant un ou plusieurs éjaculats. Je vous remettrai une éprouvette graduée dans laquelle vous déposerez votre semence. À la fin de cette session, une assistante viendra les récupérer, en mesurer la quantité et la qualité.

À l’issue de cette première campagne, les candidats retenus seront avisés par courrier. Si ce mode de sélection devait vous poser problème, libre à vous de ressortir de cette pièce, votre anonymat serait garanti puisque j’ignore votre identité.

Les trois candidats se déshabillent. Ils tournent le dos au public. Sylvie les inspecte avec grande minutie. Elle commence par Enzo.

– Avez-vous subi un traitement médical ? Il est évident que vous êtes pubère, néanmoins ce pubis, ces testicules absolument glabres m’inquiètent quelque peu, serait-ce le signe d’une pathologie ?

– Oh non, madame, c’est juste que je me suis épilé…

– Épilé ?! Et pourquoi donc ?

– Parce que c’est plus… hygiénique… plus net… Tous les jeunes de mon âge s’épilent. Les filles comme les garçons…

– Eh bien, vous me voyez ravie de ne pas être de votre génération !

Elle lui tend une éprouvette géante avant de se tourner vers Alain.

– Ah ! Voilà qui est plus agréable à regarder, à… hmm… palper… Je me sens soudain… Quelle chaleur !

Elle détache deux boutons de son chemisier et s’évente d’un mouvement de la main. Les candidats sifflent d’admiration en découvrant son magnifique décolleté. Alain ayant prouvé qu’il ne cachait aucun artifice, elle lui tend une éprouvette similaire à celle d’Enzo en le gratifiant d’un clin d’œil coquin.

– Et notre dernier candidat… Oh ! Mais quel membre magnifique ! Et quelle… vigueur ! Laissez-moi… ooohh… laissez-moi le caresser encore un peu… Hmm… seriez-vous partant pour m’accorder quelques heures en tête à tête à l’issue de cette… hmm… épreuve de sélection ? Je loge pour quelques jours encore dans un hôtel très confortable…

Jim fait un grand oui de la tête. Elle lui tend son éprouvette.

– Vous n’avez pas froid aux yeux, si je peux me permettre…

– Jeune homme, je ne suis pas que la responsable des recrutements pour la France du Life on Mars Project. Sachez que je suis avant tout une secrétaire hautement qualifiée et si vous aviez un peu plus d’expérience de la vie, vous n’ignoreriez pas ce que tous les anciens savent : une secrétaire ne peut être que lubrique ! Sinon, à quoi bon exercer ce métier ?

Sylvie les invite ensuite à prendre place sur des sièges plus confortables et leur propose de visionner des vidéos pendant qu’ils se masturberont. La lumière se tamise, à l’écran débute un petit film d’effeuillage datant de la fin des seventies. Quand le strip-tease de Monique débute, Enzo s’exclame « Ouah !Qu’elle est bonne ! » ce qu’Alain et Jim approuvent. On peut deviner qu’ils se branlent vaillamment. Le strip-tease est relativement bref, quand il s’achève, ils en sont dépités. Commence alors celui de Cathy.

– Ouah ! Celle-là… ouah ! Elle est plus que bonne ! T’en penses quoi ?

– Ô, pute vierge ! Si j’avais eu la chance de rencontrer une telle beauté… ô, pute… j’ai jamais vu une femme… Ô, pute vierge ! Elle me met les sangs en ébullition !

– Té, à moi c’est pas que les sangs !

Se penchant vers Jim, Enzo lui demande

– Parce que vous la connaissez ?

– Ô misère… té petit, si je la connaissais… j’irais pas sur Mars !

– Bien dit, l’ami ! Ô, pute vierge, elle me fait languir à prendre tout son temps… C’est pas comme la première… elle, en plus d’être belle… hmm… elle sait s’y prendre ! Ouh fan de Diou, quelle belle paire de nichons !

Jim et Enzo approuvent bruyamment. La vidéo se poursuit.

– Vé ! Elle se retourne… oh que je me la niquerais bien ! Oh comme j’ai envie d’y mettre ma queue !

– Je croyais que dans ta génération, on n’aimait pas les poils… Ô… Ô, put… quand elle se penche… Ô…

À l’image, on voit Cathy ramasser ses vêtements jetés à terre et s’en aller prestement. Les trois candidats poussent un oh non de déception.

– Mais c’est quoi ça maintenant ?! Une bourgeoise coincée… Je suis sûr qu’elle sort de l’église… Je vais pas pouvoir me branler sur elle !

– Petit… mon petit… c’est les plus pires ! C’est comme si elles prenaient une dose de vice à chaque fois qu’elles communient ! Vé !

En effet, quand elle débute son effeuillage, les craintes d’Enzo fondent comme neige au soleil…

– Je sais pas si c’est pareil pour vous, mais moi… j’aimerais mettre ma grosse queue noire à la place de sa médaille de baptême ! Oh… oh…

– Oh, elle rougit en nous regardant… c’qu’elle est bonne ! T’avais raison, c’est la pire ! Hmm… tu crois qu’elle… suce aussi ?

Poussant un juron flatteur, Jim attrape son éprouvette et jouit alors que Mireille se lèche les lèvres en faisant pigeonner sa poitrine, le regard en dessous. Elle fait un signe de croix et se sauve comme les deux précédentes créatures.

– Comme elle a l’air sérieuse, celle-là avec ses lunettes… tu sais ce qu’on dit des femmes à lunettes, petit ?

– 

– Petit ? Ça va ?

Enzo a tout juste eu le temps d’attraper son éprouvette et comme s’il devait en avoir honte, confesse « Je me suis imaginé juter sur sa chatte poilue ».

– Et ça t’a fait quoi ?

– Putain ! C’était trop bon !

Les quatre effeuilleuses se retrouvent devant la caméra, nues, elles se caressent, s’embrassent, font des mines, provoquent le spectateur, l’invitant avec des clins d’yeux, des sourires coquins.

– Ô, pute vierge ! Ô, pute vierge, je viens… je viens !

Après qu’Alain a rempli son éprouvette, Sylvie les rejoint. Elle tend à chacun une étiquette qu’ils devront signer afin d’éviter toute contestation ultérieure. Elle appelle son assistante, qui arrive toute rougissante, vérifie que les éprouvettes sont bien étiquetées, les dépose sur un plateau et s’en va procéder aux divers tests et mesures.

Depuis les coulisses, on entend un énorme fracas, un bruit de verre brisé. Seigneur, Marie, Joseph ! Il est à craindre qu’il faille tout recommencer !

Le rideau se baisse sous les applaudissements, les éclats de rire de certains et les cris de déception des plus jeunes.

Jim se livre sans fard aux membres de la Confrérie du Bouton d’Or

*Frédéric Dard, Les Cons (1973)

4 commentaires sur “Déconner, c’est se vider de la connerie osmosement acquise. *

    1. Merci ! C’est ce que je voulais apporter, un peu de légèreté dans ce monde de pseudo-science (parce que si les études scientifiques sont incontestées, elles ne sont pas annoncées comme incontestables) et puis, quelle meilleure façon de refuser d’entrer dans une quelconque compétition qu’en la faisant éclater par le rire ?

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